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éducation

Pourquoi la plupart du temps les hommes, dans la vie de tous les jours, disent-ils la vérité ? - Assurément ce n'est pas parce qu'un dieu a défendu de mentir. Mais c'est premièrement parce que cela est plus aisé, mentir exigeant invention, dissimulation et mémoire. (Voilà pourquoi Swift dit : celui qui ment se rend rarement compte du lourd fardeau qu'il s'impose ; il lui faut en effet, pour soutenir cette vérité-là, en inventer vingt autres.) C'est ensuite : parce qu'en des circonstances simples il est avantageux de parler franc : je veux ceci, j'ai fait ceci, et ainsi de suite ; donc parce que la voie de la contrainte et de l'autorité est plus sûre que celle de la ruse. - Mais pour peu qu'un enfant ait été élevé dans des circonstances domestiques compliquées, il ment tout aussi naturellement et dit involontairement toujours ce qui répond à son intérêt : un sens de la vérité, une répugnance à mentir, lui sont tout à fait étrangers et inaccessibles, et il ment en toute innocence.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain, Oeuvres I, Robert Laffont, Bouquins 1990 <p.477>

[ mensonge ]

 

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judaïsme

Les juifs, par contre, influencés par le genre d'affaire et le passé de leur nation, s'attendent à tout sauf à être crus: examiner à cet égard leurs savants; ils font tous grand cas de la logique, c'est-à-dire de l'art de forcer l'approbation par des raisons; ils savent qu'ils vaincront fatalement avec elle, même quand ils se heurteront à des répugnances ethniques ou sociales et quand on ne voudra les croire qu'à contrecoeur. Rien n'est en effet plus démocratique que la logique : elle n'a pas égard aux personnes et met les nez crochus dans le même sac que les droits. (L'Europe, soit dit en passant, ne doit pas aux Juifs mince reconnaissance en ce qui concerne la logique et l'habitude de la propreté intellectuelle; surtout les Allemands, déraisonnable race, auxquels il faut toujours commencer par "laver la tête". Partout où les Juifs ont acquis de l'influence ils ont enseigné à distinguer plus finement, à conclure plus rigoureusement, à écrire plus clairement et plus proprement: ils ont toujours eu pour tâche de mettre les peuples "à la raison").

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Le gai savoir, 1882, p.298

[ éloge ] [ rationalisme ] [ égalité ]

 

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fantasme d'auto-détermination

Ce qui nous pousse à n'accorder aux philosophes, dans leur ensemble, qu'un regard où se mêlent méfiance et raillerie, ce n'est pas tant de découvrir à tout bout de champ combien ils sont innocents, combien de fois et avec quelle facilité ils se trompent et s'égarent, bref, quelle puérilité est la leur, quel enfantillage ; c'est de voir avec quel manque de sincérité ils élèvent un concert unanime de vertueuses et bruyantes protestations dès que l'on touche, même de loin, au problème de leur sincérité. Ils font tous comme s'ils avaient découvert et conquis leurs opinions propres par l'exercice spontané d'une dialectique pure, froide et divinement impassible (à la différence des mystiques de toute classe, qui, plus honnêtes et plus balourds, parlent de leur "inspiration"), alors que le plus souvent c'est une affirmation arbitraire, une lubie, une "intuition", et plus souvent encore un vœu très cher mais quintessencié et soigneusement passé au tamis, qu'ils défendent par des raisons inventées après coup. Tous sont, quoi qu'ils en aient, les avocats et souvent même les astucieux défenseurs de leurs préjugés, baptisés par eux "vérités".

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Par delà le bien et le mal

[ inconscient ] [ philosophe-sur-philosophe ] [ critique ] [ orgueilleux ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe-sur-philosophe

Alors qu'il [Spinoza] se frottait à je ne sais quel souvenir, il se mit à réfléchir à la question de savoir ce qui était demeuré en lui du fameux morsus conscientiæ* — en lui qui avait rangé le bien et le mal parmi les imaginations de l’homme et avait défendu avec colère son Dieu "libre" contre ces blasphémateurs qui prétendaient que Dieu n’agit que sub ratione boni ("ce qui s’appellerait assujettir Dieu au destin et serait la plus étrange des absurdités" — ). Le monde, pour Spinoza, était revenu à cet état d’innocence où il se trouvait avant l’invention de la mauvaise conscience : que devenait alors le morsus conscientiæ ? "L’antithèse du gaudium, se dit-il enfin, — une tristesse accompagnée de l’image d’une chose passée dont l’événement a trompé toute attente." (Eth., III, propos. XVIII, schol. I. II.) Des milliers d’années durant les malfaiteurs n’ont eu, au sujet de leur "méfait", d’autre impression que celle dont parle Spinoza, comme d’une impression non personnelle : "ici il y a eu un accident imprévu", et non : "je n’aurais pas dû faire cela."

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Généalogie de la morale, §15. *douleur de conscience

[ culpabilité ] [ moralité ] [ anthropocentrisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

espérance

L'Espoir. - Pandore apporta la boîte remplie de maux et l'ouvrit. C'était le présent des dieux aux hommes, un présent beau d'apparence et séduisant, surnommé la "boîte à bonheur". Alors sortirent d'un vol tous les maux, êtres vivants ailés : depuis lors ils rôdent autour de nous et font tort à l'homme jour et nuit. Un seul mal n'était pas encore échappé de la boîte : alors Pandore, suivant la volonté de Zeus, remit le couvercle, et il resta dedans. Pour toujours, maintenant, l'homme a chez lui la boîte à bonheur et pense merveilles du trésor qu'il possède en elle, elle est à sa disposition, il cherche à la saisir quand lui en prend l'envie ; car il ne sait pas que cette boîte apportée par Pandore est la boîte des maux, et tient le mal resté au fond pour la plus grande des félicités - c'est l'Espoir. Zeus voulait en effet que l'homme, quelques tortures qu'il endurât des autres maux, ne rejetât cependant point la vie, continuât à se laisser torturer toujours à nouveau. C'est pourquoi il donne à l'homme l'Espoir : elle est en vérité le pire des maux, parce qu'elle prolonge les tortures des hommes.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain trop humain, Oeuvres I, Robert Laffont, Bouquins 1990, 71 p.483

[ Grèce antique ] [ mythe féminin ]

 

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fixation amoureuse

[…] l’amant veut la possession exclusive de la personne qu’il désire, il veut exercer une puissance non moins exclusive sur son âme que sur son corps, il veut être aimé d’elle à l’exclusion de tout autre, habiter et dominer cette âme comme ce qu’il y aurait de suprême et de plus désirable pour elle. Si l’on songe que tout ceci ne revient à rien de moins que d’exclure le reste du monde de la jouissance d’un bien et d’un bonheur précieux : que l’amant vise à l’appauvrissement et à la privation de tous les autres concurrents et ne demande qu’à devenir le dragon de son trésor, le "conquérant", l’exploiteur le plus dénué de scrupules et le plus égoïste ; et qu’enfin aux yeux de l’amant même le monde entier paraît indifférent, décoloré, sans valeur et qu’il est prêt à tout sacrifier, à troubler n’importe quel ordre, à fouler au pied tout autre intérêt ; on aura de quoi s’étonner que cette cupidité et cette injustice sauvages de l’amour sexuel aient pu être glorifiées et divinisées à ce degré, ainsi que cela s’est fait à n’importe quelle époque, que même l’on soit allé jusqu’à tirer de cette sorte d’amour la notion de l’amour en tant que le contraire de l’égoïsme, alors qu’il s’agit peut-être de l’expression la plus désinvolte de ce dernier.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Le gai savoir

[ passion ] [ romantisme ] [ égocentrisme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

quête

Oui, vous me faites rire, hommes actuels et surtout quand vous vous étonnez de vous-mêmes. Malheur à moi si je ne pouvais rire de votre étonnement et s'il me fallait avaler tout ce que vos écuelles contiennent de répugnant ! Mais je vous prends à la légère, puisque j'ai des choses lourdes à porter ; et que m'importe si des mouches se posent sur mon fardeau. En vérité mon fardeau n'en sera pas plus lourd. Et ce n'est pas de vous, mes contemporains, que me viendra la grande fatigue. Hélas ! Où dois-je encore monter avec mon désir ? Je regarde du haut de tous les sommets pour m'enquérir de patries et de terres natales. Mais je n'en ai trouvé nulle part : je suis errant dans toutes les villes, et, à toutes les portes, je suis sur mon départ. Les hommes actuels vers qui tout à l'heure mon coeur était poussé, sont maintenant pour moi des étrangers qu'excitent mon rire ; je suis chassé des patries et des terres natales. Je n'aime plus que le pays de mes enfants, terre inconnue parmi les mers lointaines : et c'est elle que je demande à ma voile de chercher et de chercher encore, afin de me racheter aux yeux de mes enfants d'être le fils de mes pères, et de tout avenir, je veux racheter... ce présent !

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Ainsi Parlait Zarathoustra - 1885

[ espoir ] [ misanthropie ] [ lucidité ]

 

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Ajouté à la BD par Neshouma

anticléricalisme

Heureusement que pour la plupart des gens, les livres ne sont que de la littérature. Il ne faut pas se laisser éconduire : "Ne jugez point !" disent-ils, mais ils envoient en enfer tout ce qui se trouve sur leur chemin. En laissant juger Dieu, ils jugent eux-mêmes ; en glorifiant Dieu, ils se glorifient eux-mêmes ; en exigeant la vertu dont il sont capables — plus encore, celle dont ils ont besoin pour se maintenir, — ils se donnent la grande apparence de lutter pour la vertu, l’apparence d’un combat pour le règne de la vertu. "Nous vivons, nous mourons, nous nous sacrifions pour le bien", (la "vérité", la "lumière", le "royaume de Dieu") : en réalité ils font ce qu’il ne peuvent s’empêcher de faire. En faisant les humbles comme des sournois, assis dans des coins, vivant dans l’ombre comme des ombres, ils s’en font un devoir : l’humilité de vie leur apparaît comme un devoir, elle est une preuve de plus de leur piété. Ah ! cette sorte de mensonge humble, chaste, apitoyé ! "La vertu elle-même doit rendre témoignage pour nous…" Qu’on lise les évangiles comme des livres de séduction par la morale : la morale est accaparée par ces petites gens, elles savent ce qu’il en est de la morale ! L’humanité se laisse le mieux mener par le bout du nez par la morale !

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: L'Antéchrist, aphorisme 44

[ colère ] [ hypocrisie ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

contraste nécessaire

Qu’est-ce à dire ? La fin dernière de la science serait de procurer à l’homme le plus de plaisir possible et de lui éviter le moins de déplaisir possible ? Mais qu’en sera-t-il, dès lors que le plaisir et le déplaisir se trouveraient ne former qu’un seul nœud, si bien que, quiconque veut avoir le plus de plaisir possible, doit souffrir au moins autant de déplaisir […] ? […] ou bien le moins possible de déplaisir, l’absence de douleur – et au fond, les socialistes et les politiciens de tout parti devraient honnêtement ne pas en promettre davantage à leurs gens- ou bien le plus de déplaisir possible pour le prix de la croissance d’une abondance de joies et de plaisirs raffinés, rarement savourés jusqu’alors ! Vous décidez-vous pour la première alternative, dans l’intention de déprimer et de réduire la capacité de douleur des hommes, eh bien il faudra aussi rabaisser et réduire leur capacité de joie. En réalité à l’aide de la science on peut favoriser l’un comme l’autre but ! Peut-être est-elle davantage connue aujourd’hui par les puissants moyens qu’elle a de priver l’homme de ses joies, de le rendre plus froid, plus semblable à une statue, plus stoïque. Mais il se pourrait bien qu’un jour elle se révélât en tant que la grande pourvoyeuse de la douleur – et alors peut-être découvrirait-on simultanément sa force contraire, l’immense pouvoir de faire luire de nouvelles constellations de la joie !

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Le gai savoir

[ inversion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

amour-propre

Les moeurs et leurs victimes. - L'origine des moeurs doit être ramenée à deux idées : "la communauté a plus de valeur que l'individu", et "il faut préférer l'avantage durable à l'avantage passager" ; d'où il faut conclure que l'on doit placer, d'une façon absolue, l'avantage durable de la communauté avant l'avantage de l'individu, surtout avant son bien-être momentané, mais aussi avant son avantage durable et même avant sa survie. Que l'individu souffre d'une institution qui profite à l'ensemble de la communauté, soit que cette institution le force à s'étioler ou même qu'il en meure, peu importe, - les moeurs doivent être préservées, il faut faire le sacrifice. Mais un pareil sentiment ne prend naissance que chez ceux qui ne sont pas victimes, - car la victime fait valoir, dans son propre cas, que l'individu peut être d'une valeur supérieure au nombre, et, de même, que la jouissance du présent, du moment paradisiaque pourrait être estimée supérieure à la médiocre perpétuation d'états sans douleur et de conditions de bien-être. La philosophie de la victime se fait cependant toujours entendre trop tard, on s'en tient donc aux moeurs et à la moralité : la moralité n'étant que le sentiment que l'on a de l'ensemble des moeurs, sous l'égide desquelles on vit et l'on a été élevé - élevé, non en tant qu'individu, mais comme membre d'un tout, comme chiffre d'une majorité. - C'est ainsi qu'il arrive sans cesse que l'individu se majore lui-même au moyen de sa moralité.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain 1879/Oeuvres I/Robert Laffont/Bouquins 1990 <89 p.730>

 

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