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harmonie

Ce qu'on appelle plénitude n'est pas tant peut-être une abondance qu'un accord ; c'est un échange de réponses, un concert où chacun ne chante que soi, mais l'oreille nourrie du chant des autres.

Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude

[ appartenance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

automne

Le vent traîne sur le perron de ciment, avec le bruit de journaux qu'on froisse, de grosses feuilles d'aristoloches desséchées. Puis il se jette dans les rideaux bombés comme des voiles et tire de leurs plis la triste odeur des cigares éteints. Le lait fume sur la grosse nappe grise, près du pain gris et du beurre couleur d'orange. Une cuiller de plomb est fichée de biais dans un verre à côtes plein d'une gelée de fruits trouble comme un vin mort. Je reste seul dans cette salle avec le matin de novembre qui commence, comme lui sans force, inexplicablement heureux.

Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude

[ nature morte ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

arrière-été

Qu'il est donc rapide, le glissement d'une saison moribonde vers la saison future ! Hier encore (il semble que c'était hier), ce grand pays sous le soleil sec de septembre s'abandonnait aux charrues. Elles ouvraient dans l'herbe rase des prairies de longues blessures roses d'heure en heure élargies. A la pointe du dernier sillon, Fernand, l'épaule nue et dorée comme au plein de l'été, une main sur le soc éblouissant, portait de l'autre à ses lèvres une pomme si rouge que le ciel autour d'elle avivait son bleu trop doux. Les chevaux las s'endormaient au repos et leurs crinières, en se penchant vers le sommeil, démasquaient par à-coups le ruban d'horizon, ses pans de collines, ses villages minuscules délicatement dessinés, avec le compte exact de toitures et des arbres, leurs couleurs posées côte à côte sans une bavure, à peine amorties au fond de l'air mûri comme un vin d'or.

Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude

[ impressionnisme littéraire ] [ tableau écrit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

épuisement

Je crois que seuls certains états extrêmes de l'âme et du corps : fatigue (au bord de l'anéantissement), maladie, invasion du cœur par une subite souffrance maintenue à son paroxysme, peuvent rendre à l'homme sa vraie puissance d'ouïe et de regard. Nulle allusion, ici, à la parole de Plotin : "Ferme les yeux, afin que s'ouvre l’œil intérieur". Il s'agit de l'instant suprême où la communion avec le monde nous est donnée, où l'univers cesse d'être un spectacle parfaitement lisible, entièrement inane*, pour devenir une immense gerbe de messages, un concert sans cesse renouvelé de cris, de chants, de gestes, où tout être, toute chose est la fois signe et porteur de signe. L'instant suprême aussi où l'homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels venus d'un ailleurs indubitable.

De ces messages, la poésie seule (est-il besoin de le dire?) est digne de suggérer quelque écho.




Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude. *qui ne sert à rien

[ écriture ] [ étisie ] [ agonie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

songe

Hier matin aussi je suis descendu ici par un beau vent de premier automne - mais un petit garçon est venu s'asseoir près de moi et je n'ai rien écrit. R. et son maître chargeaient dans la grange des chars de froment. Reparti vers une averse brève. L'après-midi sommeil et le rêve absurde de la cathédrale de Lausanne. Je choisissais le terrain où la faire bâtir; il fallait arracher une plante de "pissenlicus" en faire quatre morceaux, les réunir, les replacer dans leur trou de terre. Si la plante repoussait par miracle, l'endroit était propice ! J'étais à la fois l'acteur de cette scène et son lecteur dans une vieille chronique où le mot de pissenlicus m'émerveillait. Puis je voyais comme sur une estampe lumineuse les dons reçus pour l'érection de la cathédrale : beaucoup de montres ! Enfin autre scène, j'écoutais de dehors la cérémonie d'"inauguration" : on chantait du Honegger... Assis sur les fils du tram, je voyais passer Edmond J. avec tout ce qu'il fallait pour faire un gâteau du Jeûne.

Auteur: Roud Gustave

Info: journal 18 sept 1935

[ témoignage ]

 

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