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transformation

Dans la cave intérieure de mon amour j’ai bu et comme je sortais

Dans cette immense plaine, je ne savais plus rien

Et j’avais perdu le troupeau qu’auparavant je suivais.



Là, il me donna son cœur, là, il m’enseigna une très savoureuse science,

Et moi je me donnai à lui, réellement, tout entière,

Là je lui promis d’être son épouse.



Mon âme s’est mise, et tout mon avoir, à son service.

Je ne garde plus les bêtes, je n’ai plus d’autre office,

Aimer est à présent mon seul exercice.



Alors si dans les prés on ne me voit ni ne me trouve,

Allez dire que je me suis perdue, qu’amoureuse je suis allée

Me perdre et que j’ai été gagnée.


Auteur: Saint Jean de la Croix Juan de Yepes Álvarez

Info: Le Cantique spirituel, trad. Jean-Marc Sourdillon, strophes XXVI, XVII, XVIII, XIX

[ créateur-créature ] [ foi ] [ abandon ] [ dévotion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

silence

Je retournai dans le cabinet de toilette, ouvris la fenêtre et m'y penchai. La nuit était belle, froide et claire. Au-dessous de moi, j'apercevais les herbes folles du fossé et ses murs de pierres brutes recouvertes de lierre ; au-delà s'étendaient ce qui avait dû être autrefois des jardins à la française et dont les pelouses, à présent abandonnées aux vaches, séparaient d'anciennes allées qui allaient se perdre dans l'ombre des arbres. Un petit bâtiment rond comme les tours jumelles gardiennes du pont qui franchissait le fossé se dressait, isolé, devant moi, parmi les herbes et je compris à sa forme que ce devait être un colombier ; une balançoire d'enfant pendait non loin, au bout d'une seule corde, l'autre était cassé.

Une mélancolie indéfinissable enveloppait ce décor silencieux comme dans les lieux d'où les rires et la vie se sont enfuis et où des spectres accoudés comme moi dans l'ombre de vieux murs couvent leurs regrets et leurs chagrins.

Auteur: Du Maurier Daphné

Info: Le bouc émissaire

[ abandon ] [ décor ] [ obscurité ]

 

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christianisme

Les mystères de la foi catholique ne sont pas faits pour être crus avec toutes les parties de l’âme. La présence du Christ dans l’hostie n’est pas un fait à la manière de la présence de l’âme de Paul dans le corps de Paul (l’un et l’autre d’ailleurs sont complètement incompréhensibles, mais pas de la même façon). L’Eucharistie ne doit donc pas être un objet de croyance pour la partie de moi-même qui appréhende les faits. Là est la part de vérité du protestantisme. Mais cette présence du Christ dans l’hostie n’est pas un symbole, car un symbole est la combinaison d’une abstraction et d’une image, c’est quelque chose de représentable pour l’intelligence humaine, ce n’est pas surnaturel. En cela les catholiques ont raison, non les protestants. Seule la partie de soi-même qui est faite pour le surnaturel doit adhérer à ces mystères.

La part de l’intelligence – de la partie de nous-même qui affirme et nie, pose des opinions – est seulement la soumission.

Auteur: Weil Simone

Info: "La pesanteur et la grâce", Librairie Plon, 1988, page 209

[ abandon de l'esprit critique ] [ humilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sagesse

Lorsque l'ombre de la voûte atteignit les rideaux, on était entre sept et huit heures et je fus alors ré-intégré dans le temps par le bruit de la pendule. C'était celle de Grand-père et quand Père me l'avait donnée, il avait dit, je t'offre la tombe de tous les espoirs et de tous les désirs, c'est un peu atroce - mais tout à fait approprié - que tu l'utilise pour rapporter ce réducto ab absurdum de toute expérience humaine à tes besoins individuels tout comme ce fut le cas pour moi ou pour mon père. Je te l'offre non pour que tu te souvienne du temps, mais pour que tu puisse à l'occasion  l'oublier un court instant afin de ne pas dépenser tout ton souffle à tenter de le conquérir. Parce qu'aucune bataille ne se gagne en aucun cas dit-il. Elles n'ont même jamais existé. Le terrain des combats ne fait que révéler à l'homme sa propre folie et son propre désespoir, et la victoire une illusion pour crétins et philosophes. 

Auteur: Faulkner William

Info: The Sound and the Fury. Trad Mg

[ cadeau familial ] [ abandon ] [ lâcher prise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

alcoolisme

Mais au milieu de la nuit, peu après une heure, je me trouvai à nouveau dans le cellier, pieds nus et en pyjama, en train de vider à toute vitesse ce qui restait des trois bouteilles. Et alors que la dernière bouteille était encore à ma bouche, je pris conscience avec une certitude effroyable que j’étais perdu, qu’il n’y avait plus rien pour me sauver, que j’appartenais corps et âme à l’alcool. Il était désormais indifférent que j’arrive à maintenir encore pour quelques jours ou quelques semaines un semblant de respectabilité et de bienséance – c’en était fini. Elle n’avait qu’à venir, la Magda, et me regarder boire. Je lui dirais en pleine face que j’étais devenu un vrai buveur, un ivrogne, et que c’était elle qui avait fait ça de moi, elle, avec sa compétence infernale ! Mais elle ne vint pas. Si bien que je laissai les trois bouteilles vides sur la table, leurs bouchons posés à côté ; qu’ils le sachent, que tout le monde le sache, Magda, Else, qui encore : je m’en fichais pas mal !

Auteur: Fallada Hans

Info: Le Buveur

[ introspection ] [ soiffard ] [ abandon ]

 

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spiritualité

Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire je. C'est cela qu'il faut donner à Dieu, c'est-à-dire détruire. Il n'y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je.

Offrande : on ne peut pas offrir autre chose que le je, et tout ce qu'on nomme offrande n'est pas autre chose qu'une étiquette posée sur une revanche du je.

Rien au monde ne peut nous enlever le pouvoir de dire je. Rien, sauf l'extrême malheur. Rien n'est pire que l'extrême malheur qui du dehors détruit le je, puisque dès lors on ne peut plus le détruire soi-même. Qu'arrive-t-il à ceux dont le malheur a détruit du dehors le je ? On ne peut se représenter pour eux que l'anéantissement à la manière de la conception athée ou matérialiste.

Qu'ils aient perdu le je, cela ne veut pas dire qu'ils n'aient plus d'égoïsme. Au contraire. Certes, cela arrive quelquefois, quand il se produit un dévouement de chien. Mais d'autres fois l'être est au contraire réduit à l'égoïsme nu, végétatif. Un égoïsme sans je.

Pour peu qu'on ait commencé le processus de destruction du je, on peut empêcher qu'aucun malheur fasse du mal. Car le je n'est pas détruit par la pression extérieure sans une extrême révolte. Si on se refuse à cette révolte par amour pour Dieu, alors la destruction du je ne se produit pas du dehors, mais du dedans.

Auteur: Weil Simone

Info: La pesanteur et la grâce, p.35, Pocket-Agora no99

[ ego ] [ abandon ]

 
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