cycle
La répétition des jours est interminable. Celle des nuits l'est moins. Il est probable que la succession des nuits a un sens, alors que celle des jours ne nous mènent nulle part. Le jour ne devrait que se lever, et être immédiatement terminé. Les choses ne devraient qu'apparaître, et être immédiatement abolies.
Auteur:
Baudrillard Jean
Années: 1929 - 2007
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: sociologue et philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Cool memories (1993, 281 p., journal :1980-1990, le livre de poche/essais)
théorie dépassée
On n’est plus du tout dans la société du spectacle, avec son homme aliéné, spectateur, passif, séparé de l’expérience directement vécue. La fusion a eu lieu. Les séparations ont été abolies. La participation de tous, ou de presque tous, a été obtenue. Les représentations et les représentés ne font plus qu’un. La communication est totale, incessante, atroce de persévérance.
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 118
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inclusion hyperfestive
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fausse abolition des différences
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infobésité
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obscurité
La nuit est illimitée, immense, piquée d'étoiles. On frotte une allumette, - et toutes les étoiles sont abolies du coup ; il n'y a plus de distances ni de profondeurs. L'univers est réduit à la petite caverne lumineuse creusée dans la noirceur solide encombrée de visages brillamment éclairés, de mains et de corps, et des objets proches et familiers de la vie courante.
Auteur:
Huxley Aldous
Années: 1894 - 1963
Epoque – Courant religieux: Industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Contrepoint
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lumière
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réminiscence
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Auteur:
Proust Marcel
Années: 1871 - 1922
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
À la recherche du temps perdu, tome 1 : Du côté de chez Swann
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parfum
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association
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classiques et poncifs
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