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moyen de connaissance

La perspective métaphysique n'est pas un système, mais une vision de l’Être et du Monde qui ne saurait, en raison même de son illimitation interne ou de son universalité, être emprisonnée dans les limites d'une formulation quelconque. Les doctrines que nous croyons devoir rattacher à cette perspective ne sont que des véhicules occasionnels et des tremplins vers une vérité qui fait éclater le cadre des systèmes et des exposés systématiques. Et c'est pourquoi la métaphysique intégrale de la perspective métaphysique ne saurait jamais revêtir la forme d'une "science rigoureuse". Husserl lui-même a reconnu que les sciences les plus exactes ne sauraient être totalement rigoureuses, c'est-à-dire absolument adéquate à leur objet.
L'absence de rigueur dans le cas des métaphysiques dogmatiques tient au fait que le système en tant que "vision du monde" laisse échapper un aspect du réel qui, dans la perspective d'un autre système, est posé comme fondamental. L'absence de rigueur dans le cas de la perspective métaphysique tient uniquement à l'inadéquation entre l'expression formelle ou doctrinale, nécessairement limitée, et l'universalité de la vision du monde. Elle n'est pas inhérente à la vision du monde elle-même. L'absence de rigueur qui se trouve liée à l'absence d'une prétention à épuiser dans une expression formelle l'infinité des implications de cette perspective n'est autre chose qu'un signe de l'extrême rigueur interne de cette dernière. Aussi bien son objectivité et son universalité sont-elles d'un autre ordre que celles de la science. Cette universalité qui nous paraît apporter une réponse à certaines exigences contemporaines tient au fait que la perspective métaphysique, identique à la "philosophia perennis" qui par définition n'appartient pas au passé, peut correspondre à une exigence actuelle tout en dépassant l'actualité du présent, aussi bien que l'inactualité du passé.
Sans doute, cette réponse ne saurait-elle être acceptée par le penseur contemporain en tant qu'il demeure attaché aux implications dogmatiques et passionnelles de la problématique qui caractérise les systèmes philosophiques en général. Mais il nous semble que certaines des formes que revêt actuellement la systématisation philosophique peut laisser espérer la possibilité d'une attention et d'une ouverture à la perspective métaphysique.

Auteur: Vallin Georges

Info: La Perspective métaphysique, avant-propos de Paul Mus, introduction, pp. 53-54, éd. Dervy, 1977

[ intuition intellectuelle ] [ légitimité scientifique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

divertissements à la demande

Il n'est pas étonnant que les industries de la radio et de la télévision aient pu entrer en concurrence avec le film malgré la gigantesque expansion que celui-ci avait connue : ces deux industries avaient précisément l'avantage de pouvoir écouler comme marchandise, en plus de la marchandise à consommer elle-même, les instruments qu'exige sa consommation, et cela — à la différence du film — chez presque tout le monde. Il n'est pas étonnant non plus que presque tout le monde ait marché : ils n'avaient plus à aller consommer la marchandise au cinéma, c'était la marchandise qui venait à eux, livrée à domicile par les postes de radio et de télévision. Bientôt les Schmid et les Smith, les Müller et les Miller consacrèrent les nombreuses soirées qu'ils passaient auparavant ensemble au cinéma à “recevoir” chez eux les jeux radiophoniques ou bien le monde. La situation qui au cinéma allait de soi — à savoir la consommation, par une masse, de marchandises de masse — avait été supprimée sans que cela entraîne, bien sûr, la moindre baisse de la production de masse : au contraire, la production de masse destinée à l'homme de masse et celle de l'homme de masse lui-même avaient plutôt accéléré leur cadence quotidienne. On servit aux oreilles de millions d'auditeurs la même nourriture sonore : chacun fut traité en homme de masse, en “article indéfini”, par cette nourriture produite en masse ; elle confirma chacun dans sa qualité ou dans son absence de qualité. Mais du même coup, et à cause précisément de la production en masse de postes de radio et de télévision, la consommation collective était devenue superflue. Voilà pourquoi les Schmid et les Smith consommaient désormais les produits de masse en famille, ou même seuls ; d'autant plus abondamment d’ailleurs qu'ils étaient plus isolés. Le type de l'ermite de masse était né. Maintenant, ils sont assis à des millions d'exemplaires, séparés mais pourtant identiques, enfermés dans leurs cages tels des ermites — non pas pour fuir le monde, mais plutôt pour ne jamais, jamais manquer la moindre bribe du monde en effigie.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 120-121

[ déréalisation ] [ uniformisation ] [ médiatisation du monde ] [ isolement ] [ cercle vicieux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

médias

La contribution des nouveaux langages de la représentation à l'extermination douce du sens
"Les nouveaux langages de la représentation : ceux de l'information en direct, de l'actualité c'est à dire du flash et du gros plan - un attentat terroriste + une inondation + un viol + une exposition de peinture, tout se vaut - ceux de la publicité ou culte de la nouveauté, c'est à dire de ce qui est immédiatement identifiable, ceux de la performance sportive ou commerciale (ou au contraire du malheur) font trop de bruit et vendent trop de camelote pour être considérés comme "la réalité". Car "la réalité", exhibe et illuminée au néon, scotchée avec une étiquette indiquant le prix, enveloppée dans un emballage choc comme pour mieux nous prouver (mais surtout vous faire acheter) que ce que vous avez sous les yeux existe totalement, sans faille, sans "ombre", cette "réalité" là n'est pas la réalité. La lumière attire toujours ceux qui se réclament du dogme de la représentation, lequel est aussi celui de l'identité. Il ne leur vient jamais à l'esprit que le fait de clairement identifier, révéler à la lumière ou souligner au Stabilo tout ce qui évoque dans l'ombre, le clair-obscur, se dissimule et se dérobe dans le flou et l'incertitude de la présence - absence pourrait non pas éclairer, mais à dissiper le sens. Ce qu'il convient d'attaquer aujourd'hui - oui d'attaquer, nous y reviendrons - n'est rien moins que l'idéologie ambiante contemporaine sous toutes ses formes (économique, politique, esthétique) qui a le culot inouï de se faire passer pour réelle - et y parvient - alors qu'elle n'est que la redondance de l'univers déréalisant dans lequel nous évoluons : celui de l'hyperpositivité, de l'hyperprotection, de l'hyperexclusion, de l'hyperréalisme, l'univers de l'accomplissement même du sens dans un éternel présent au sein duquel plus rien ne peut advenir. Le monde est si plein qu'on y étouffe... Nous pouvons seulement imiter un geste antérieur, déclare Sherry Levine qui, afin de faire saisir cet arrêt du sens dans lequel il n'y a plus que des images d'images infiniment recyclées, procède à la reprographie de reproductions d'oeuvres d'art.

Auteur: Laplantine François

Info: Je, nous et les autres, Être humain au-delà des appartenances, Editions Le Pommier, 1999, pp. 129-130

[ vingtième siècle ] [ insignifiant ]

 

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président

Le tic de syntaxe de [François] Hollande, enfançon et bébête, consiste à redoubler le sujet avec un pronom détaché en tête : une sorte de veulerie syntaxique qu'on peut trouver mignonne chez les enfants..."Elle va mieux, la France"

Mais Hollande ne se contente pas de disloquer la syntaxe.

Je suis de plus en plus frappé par sa voix qui s'accorde bien à sa syntaxe enfançonne : même dans les circonstances les plus tragiques elle est comme primesautière. Elle sautille, elle module, elle pateline.

Il y a quelque chose de flûté, de mièvre, de doucereux, de niais, même, dans cette voix et qui s'accorde toujours miraculeusement mal aux circonstances.

Rien de *grave* dans tous les sens du mot grave : la voix n'est pas posée, trop aiguë. Le phrasé manque d'ampleur et d'épaisseur, de résonance aussi, et pour tout dire, de mâle noblesse.

Il y a toujours quelque chose d'espiègle en elle, de "trotte-menu", qui fait qu'il est rigoureusement impossible de la prendre au sérieux.

Le signifiant sonore ne claque pas, chaud et haut, dru et distinct, il se fait mignardise un peu sucrée et gracile.

Ce qui saisit, également, c'est l'absence de majesté, d'allure, d'élévation.

Je veux bien croire que cet homme fade, ce technocrate sans imagination, n'entend rien à la littérature ni à l'oralité dont elle procède : tout son corps, jusqu'à son pharynx impotent, le clame.

La matière sonore n'est pas lancée, virilement, détachée de soi, elle coule à petits hoquets sur sa bavette rose d'énarque. Son consensus mou s'exprime bien dans cette phonation indécise qui refuse de trancher dans le vide du silence, de tailler le néant par le Verbe.

Elle ne s'impose pas mais s'efface aussitôt qu'apparue en grelottant. Elle ne résonne jamais.

Édulcorée, pateline, sa voix pralinée et cucul pourrait être celle d'une nurse ou d'une nounou tentant d'apaiser un enfant qui ne veut pas dormir. Avec un zeste d'onctuosité ecclésiastique : un doux prélat un peu patelin, un peu hypocrite, qui entre miel et componction, distille une berceuse gnangnan.

Auteur: Desjardins Antoine

Info: Publication facebook du 15.11.2020

[ vacherie ] [ élocution ] [ portrait vocal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

féminisme

Les récits de viols, de femmes battues, de grossesses forcées, de massacres médicaux, de meurtres motivés par le sexe, de prostitution contrainte, de mutilations physiques, d'abus psychologiques sadiques et autres lieux communs de l'expérience féminine devraient laisser le cœur brûlé, l'esprit angoissé et la conscience bouleversée. qui sont exhumés du passé ou racontés par des survivantes contemporaines devraient rendre le coeur lourd, l'esprit angoissé, la conscience bouleversée. Mais ce n'est pas le cas. Quelle que soit la fréquence à laquelle ces histoires sont racontées, quelle que soit la clarté ou l'éloquence, l'amertume ou la douleur, elles pourraient aussi bien avoir été murmurées dans le vent ou écrites dans le sable : elles disparaissent, comme si elles ne comptaient pas. Les personnes qui les racontent et leurs histoires sont ignorées ou ridiculisées, menacées de retour au silence ou détruites, et l'expérience de la souffrance féminine reste invisible et enterrée sous le mépris culturels... la réalité même de la violence subie par les femmes, malgré son omniprésence et sa constance accablantes, est niée. Niée dans les activités de la vie quotidienne, tout comme elle est niée dans les livres d'histoire, laissée de côté, et elle est aussi niée par ceux qui prétendent se soucier de la souffrance mais qui sont aveugles à cette souffrance.

Le problème, en termes simples, est qu'il faut croire en l'existence de la personne pour reconnaître l'authenticité de sa souffrance. Ni les hommes ni les femmes ne croient en l'existence des femmes en tant qu'êtres significatifs. Il est impossible de considérer comme réelle la souffrance de quelqu'un qui, par définition, n'a pas d'accès légitime à la dignité ou à la liberté, quelqu'un qui est en fait considéré comme une chose, un objet ou une absence. Et si une femme, une femme singulière multipliée par des milliards, ne croit pas en sa propre existence discrète et ne peut donc pas créditer l'authenticité de sa propre souffrance, elle est effacée, annulée, et le sens de sa vie, quelle qu'elle soit, quelle qu'elle ait pu être, est perdu. Cette perte ne peut être ni calculée ni comprise. Elle est vaste et terrible, et rien ne pourra jamais la compenser.

Auteur: Dworkin Andrea

Info: Right-Wing Women

[ patriarcat omnipotent ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

anonymat de masse

Supposons que la bombe ait été utilisée.

Il serait déplacé de parler encore ici d’ "acte". Le processus qui aboutirait à un tel fait compterait en fin de compte tant de médiations, il serait si peu transparent, il se composerait de tant d’étapes intermédiaires et ferait intervenir tant d’instances – sans qu’aucune ne soit plus décisive que les autres – que pour finir tout le monde aurait fait quelque chose mais personne n’aurait "fait" cela. En fin de compte, personne n’aurait rien fait.

Pour écarter tout risque d’un ultime sursaut de la conscience, on a construit des êtres sur lesquels rejeter la responsabilité, c’est-à-dire des machines à oracles, des consciences-automates électroniques [...]. [...]

Quand bien même il n’y aurait pas de robots, la complexité de l’organisation moderne à elle seule, le fait que cette chose monstrueuse soit le résultat d’un travail mille fois divisé et médiatisé, suffirait à en faciliter l’exécution. Cela semble paradoxal. Ce n’est pourtant pas un paradoxe parce que les innombrables procédures organisationnelles, en consommant beaucoup d’énergie, affaiblissent ou épuisent les énergies morales contraires, et remplissent ainsi une fonction analogue à celle des résistances électriques.

En outre, lorsqu’une organisation est au travail, l’idée d’une moralité de l’action est automatiquement remplacée par celle d’un parfait fonctionnement. [...] Chacun des innombrables travailleurs spécialisés intégrés au processus considérant exclusivement la tâche qu’il doit accomplir et n’étant lui-même considéré comme consciencieux que dans la mesure où il accomplit consciencieusement la tâche dont il est chargé, il n’y a pas pour lui matière à la moindre considération morale. Autrement dit, s’il n’y a pas là pour lui la moindre perspective d’immoralité, c’est parce qu’il n’a pas de "perspective" du tout. [...]

Et comme il ne sait pas comment sa tâche se combine avec celle des autres, il ne peut prendre conscience du fait que la somme des tâches spécialisées et consciencieusement accomplies pourrait se révéler une monstrueuse absence de conscience morale. [...]

Rien ne peut donc contrecarrer la production et l’utilisation de la bombe : ce sont le grand nombre des participants et la complexité de l’appareil qui empêchent d’empêcher.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pp. 272-274

[ responsabilité diluée ] [ ignorance ] [ totalitarisme ] [ pions ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

intelligence artificielle

Résumé et explication du texte "Attention is All You Need"



Le texte "Attention is All You Need" (Vaswani et al., 2017) a révolutionné le domaine du traitement du langage naturel (TLN) en introduisant l'architecture Transformer, un modèle neuronal basé entièrement sur le mécanisme d'attention. Ce résumé explique les concepts clés du texte et son impact sur le TLN.



Concepts clés:





  • Attention: Le mécanisme central du Transformer. Il permet au modèle de se concentrer sur des parties spécifiques d'une séquence d'entrée (par ex., une phrase) lors du traitement, capturant ainsi les relations à longue distance entre les mots.




  • Encodeur-décodeur: L'architecture du Transformer. L'encodeur traite la séquence d'entrée et produit une représentation contextuelle. Le décodeur utilise ensuite cette représentation pour générer la séquence de sortie.




  • Positional encoding: Ajoute des informations de position aux séquences d'entrée et de sortie, permettant au modèle de comprendre l'ordre des mots.




  • Apprentissage par self-attention: Le Transformer utilise uniquement des mécanismes d'attention, éliminant le besoin de réseaux récurrents (RNN) comme les LSTM.





Impact:





  • Efficacité: Le Transformer a surpassé les modèles RNN en termes de performance et de parallélisation, permettant un entraînement plus rapide et une meilleure scalabilité.




  • Polyvalence: L'architecture Transformer s'est avérée efficace pour une large gamme de tâches en TLN, telles que la traduction automatique, le résumé de texte et la réponse aux questions.




  • Impact durable: Le Transformer est devenu l'architecture de base pour de nombreux modèles de pointe en TLN et continue d'inspirer des innovations dans le domaine.





En résumé:



"Attention is All You Need" a marqué un tournant dans le TLN en introduisant l'architecture Transformer. Le mécanisme d'attention et l'absence de RNN ont permis d'améliorer considérablement l'efficacité et la polyvalence des modèles de TLN, ouvrant la voie à de nombreuses avancées dans le domaine.



Points importants:





  • Le Transformer repose sur le mécanisme d'attention pour capturer les relations à longue distance dans les séquences.




  • L'architecture encodeur-décodeur avec self-attention offre une grande efficacité et une grande flexibilité.




  • Le Transformer a eu un impact profond sur le domaine du TLN et continue d'inspirer de nouvelles recherches.



Auteur: Internet

Info: Compendium de gemini

[ historique ] [ traitement automatique du langage ] [ écrit célèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

architecture

Si la civilisation française fut durable, c'est à la pierre qu'elle le dut : le bois d'Europe nordique, le stuc italien, la brique anglaise ou flamande, le béton soviétique sont des matériaux fragiles dont la vieillesse sans patine est précoce et dont les ruines informes auront depuis longtemps disparu que nos édifices seront encore debout. Issus des carrières molles ou dures, roches, marbres, monolithes ou agglomérés forment de surprenantes variétés. Lorsqu'il est question d'une de nos villes, lorsqu'on nous parle d'une de nos provinces, nous pensons d'abord à leur visage de pierre. Truffeau des villages troglodytes de la Loire, murs tendres où la renaissance sculpta ses motifs italiens, murs de l'Anjou et de Touraine, verdâtres comme le teint des héroïnes Balzaciennes. Craies ponctuées de noirs silex, riverains de la Seine, plongeant sous la Manche pour reparaître à Douvres. Doux calcaires du Valois et du Soissonnais. Enfin les produits des vieux massifs cristallins, sombres villages de l'Armorique, noirs étables du Massif central, couleur de pierre à aiguiser. Plaques de schiste des toits d'Auvergne. Mica des entablements alpins scintillants au soleil, gâlets roulés des maisons du Rhône, orgues et tables de lave de la Limagne débités en murs d'enceinte, en donjons incurvés, en abbayes verticales. 

L'histoire de notre art ne s'explique que par là, depuis les maladroits alignements d'Armor jusqu'aux pierres de belle hache, débitées à la scie lisse, de cette île de France qui exportait sa chair pour bâtir les cathédrales anglaises ou les résidences américaines. (Les carrières Buttes Chaumont où les voyous d'Eugène Sue ne se nomment-elles pas les carrières d'Amérique ?) Les noms de leurs pierres sont bien de chez nous : le vergelet, la lamarde, le saint-leu, le conflans.

La France, coin de l'Europe. Pierre d'encoignure, pierre d'attente, pierre de touche. La France, ossature et squelette de l'extrême occident. C'est pourquoi notre fonds national est rude, avare, de grain serré, d'un génie enclin à la résistance et à la pétrification. Matériau résistant au feuilletage superficiel des gelées, pierre éprouvée qui a fait son unité, qui a jeté son eau, comme disent les carriers. Chair bien jointoyée et équarrie.

Profitons de la disette actuelle de ciment, de l'absence de cette hideuse boue durcie, de cette substance plastique sans forme, couleur ni nationalité qu'est le béton.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.371)

[ géographie hexagonale ] [ beauté ] [ type de construction ]

 
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handicap

Un enfant qui n’a qu’un bras peut, avec ce bras, arriver à la manipulation des objets qui lui sont nécessaire. Ce qui rend l’enfant mal socialisé, voire caractériel, avec une image du corps malsaine, non castrable au moment du sevrage oral, puis de la castration anale (agir autonome) par rapport à sa mère et qui le laisse en dépendance par rapport à elle, en fixation philique ou phobique, c’est que sa mère n’ait jamais voulu lui parler de son infirmité, alors qu’il observe la différence entre son corps et celui des autres enfants.

L’évolution saine de ce sujet, symbolisée par une image du corps non infirme, dépend donc de la relation émotionnelle de ses parents à sa personne : de ce que des informations véridiques, en paroles, lui sont délivrées très précocement, concernant son état physique d’infirme. Ces échanges humanisants – ou au contraire, leur absence, déshumanisante – proviennent de ce que les parents ont – ou non – accepté l’infirmité du corps de leur enfant. Sont-ils culpabilisés dans leur génitalité ? Sont-ils angoissés ? Cet enfant se trouve-t-il narcissisé d’être aimé tel qu’il est, ou, au contraire, dénarcissisé dans sa valeur d’interlocuteur qui, en tant qu’infirme, n’est pas aimé, dont l’infirmité n’est pas reconnue ni parlée ? [...] S’il est reconnu comme sujet de ses désirs, symbole de la parole conjointement accordée de deux humains tutélaires, qui sont responsables de sa naissance et qui l’aiment dans cette réalité sienne, qu’ils ne cherchent pas à lui faire oublier, ses parents (puis ses éducateurs) pourront donner à ses questions, par des médiations de langage et de façon pour eux inconsciente, la structure d’une image du corps saine. "Si tu étais un oiseau, tu pourrais voler..." "Si tu avais des pieds, des mains, tu pourrais faire comme ce petit garçon... tu es aussi malin que lui."

Et l’on voit ces enfants, sans bras ni jambes, arriver à peindre avec la bouche aussi bien que ceux qui ont des mains : et ceux qui n’ont que des pieds arriver à être aussi adroits avec leurs pieds que d’autres le sont avec des mains. Mais cela ne peut se faire que s’ils sont aimés et soutenus dans les moyens qui leur restent pour devenir créateurs, et qui sont représentants de leurs pulsions dans les échanges avec autrui.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, page 20

[ psychanalyse ] [ parents-enfant ] [ éducation ]

 
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déclaration d'amour

[...] Tu sais, mon bien aimé, et tous le savent, combien j'ai perdu en toi ; tu sais dans quelles terribles circonstances l'indignité d'une trahison publique m'arracha au siècle en même temps que toi, et je souffre incomparablement plus de la manière dont je t'ai perdu que ta perte même. Plus grand est l'objet de la douleur, plus grands doivent être les remèdes de la consolation. Toi seul, et non un autre, toi seul, qui seul es la cause de ma douleur, m'apporteras la grâce de la consolation. Toi seul, qui m'as contristée, pourras me rendre la joie, ou du moins soulager ma peine. Toi seul me le dois car aveuglément j'ai accompli toutes tes volontés, au point que j'eus, ne pouvant me décider à t'opposer la moindre résistance, le courage de me perdre moi-même, sur ton ordre. Bien plus, mon amour, par un effet incroyable, s'est tourné en tel délire qu'il s'enleva, sans espoir de le recouvrer jamais, à lui-même l'unique objet de son désir, le jour où pour t'obéir je pris l'habit et acceptai de changer de coeur. Je te prouvai ainsi que tu règnes en seul maître sur mon âme comme sur mon corps. Dieu le sait, jamais je n'ai cherché en toi que toi-même. C'est toi seul que je désirais, non ce qui t'appartenait ou ce que tu représentes. Je n'attendais ni mariage, ni avantages matériels, ne songeais ni à mon plaisir ni à mes volontés, mais je n'ai cherché, tu le sais bien, qu'à satisfaire les tiennes. Le nom d'épouse paraît plus sacré et plus fort ; pourtant celui d'amie m'a toujours été plus doux. J'aurais aimé, permets-moi de le dire, celui de concubine et de fille de joie, tant il me semblait qu'en m'humiliant davantage j'augmentais mes titres à ta reconnaissance et nuisais mois à la gloire de ton génie. [...] Quel roi, quel philosophe, pouvait égaler ta gloire ? Quel pays, quelle ville, quel village n'aspirait à te voir ? Qui donc, je le demande, lorsque tu paraissais en public, n'accourait pour te regarder et, quand tu t'éloignais, ne te suivait du regard, le cou tendu ? Quelle femme mariée, quelle jeune fille, ne te désirait en ton absence, ne brûlait quand tu étais là ? Quelle reine, quelle grande dame, n'a pas envié mes joies et mon lit ? [...]

Auteur: Héloïse

Info: à Abélard, 12 e siècle

[ regrets ]

 

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