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annales

Lavisse notamment, et l'historiographie républicaine, ont construit cet unanimisme sur des fondements beaucoup plus anciens qui étaient pratiquement une historiographie remontant à Grégoire de Tours et représentait les rois de France comme les héritiers des rois francs. Et par conséquent, on construisait un récit du passé qui commençait avec Clovis du point de vue de l'historiographie royaliste, et comme entre temps le mythe gaulois s'était développé, [...] on accrochait en amont de l'historiographie qui venait en fait des grandes chroniques de France, des ancêtres gaulois qui apparaissaient brusquement et ont été cristallisés dans les manuels de Lavisse.

Auteur: Citron Suzanne

Info: janvier 2006, in La Fabrique de l'Histoire d'Emmanuel Laurentin, dans un débat autour de la question du récit national français, et dans lequel l'historienne revenait sur la manière dont l'histoire de France avait été fabriquée :

[ officielles ] [ chroniques ]

 

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lecture

Il lisait peu, de rares livres occupaient son temps, il préférait pianoter les infos sur Internet, ça convenait à son esprit inconstant, ça glissait lentement sur tout, ça n'accrochait pas, ça occupait et ne remplissait rien... Il était informé et ne savait évidemment que faire de ces flux permanents si ce n'est de reproduire les lieux communs de son temps. Il observait, annotait l'Histoire et vérifiait chaque jour l'éternité des bassesses serties dans de somptueux discours de bénitiers new tendance. Les jeunes n'échappaient pas à la volupté des clichés et s'y donnaient à coeur joie, construits dans la bêtise du gavage et des rebellions sponsorisées.

Auteur: Simon Daniel

Info: A côté du sentier

[ Internet ] [ surf ]

 

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vent

Entre des blocs, les courants d'air faisaient la météo, jouaient tout l'été avec les sacs plastiques et les vieux dans la cour, avec leurs dominos sous les détritus du ciel. Les sacs claquaient comme des fusils. À condition de regarder les ordures s'amasser assez longtemps, on pouvait dire exacrement d'où venait le vent. Faute de mieux dans le décor, les arabesques ailées, multicolores, ces grands huits dans les airs, ces hélices, ces spirales et ces tire-bouchons avaient peut-être un certain charme. Parfois un bout de sac s'accrochait au tuyau, rencontrait la clôture en chemin, alors il reculait de mauvaise grâce, comme si on l'avait mis en garde. Ou il s'effondrait les poignées arrachées. Pas d'arbre, pas de branches à orner.

Auteur: McCann Colum

Info: Et que le vaste monde poursuive sa course folle

[ bourrasques ] [ tourbillon ] [ souffle ]

 

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infini

Don Rodrigue :
Je le sais ! C'était cela qu'elle était venue m'apporter avec son visage !
La mer et les étoiles ! Je la sens sous moi ! Je les regarde et je ne puis m'en rassasier !
Oui, je sens que nous ne pouvons leur échapper et qu'il est impossible de mourir !
Frère Léon :
Fouillez dedans tant que vous voudrez ! Vous n'arriverez pas au bout de ces trésors inestimables ! Il n'y a plus moyen de leur échapper et d'être ailleurs ! On a retiré autre chose que Dieu ! On a enchaîné l'exacteur ! Tout ce qui en vous s'accrochait misérablement aux choses une par une et successivement ! C'est fini des oeuvres serviles ! On a mis aux fers vos membres, ces tyrans, et il n'y a qu'à respirer pour vous remplir de Dieu !

Auteur: Claudel Paul

Info: In "Le Soulier de Satin", éd. Gallimard-folio, p. 495

[ prisonnier ] [ théâtre ] [ présence ] [ exclamations ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

relativité

Les imprévus de l'existence, souvent des choses très banales, un mot d'enfant, une histoire que ma mère m'a racontée pour voir mes yeux quand elle me peignait, les mots d'accueil d'un homme, une phrase, toujours une phrase : voilà que cela cristallise et génère un bout de savoir d'un autre ordre, quelque chose comme un concept, une idée philosophique. Comment procède-t-on parfois, de manière imprévue et précise, comme autoritaire, de la vie à la pensée ? Un souvenir m'a suffi pour comprendre ce que je voulais capter. Passant à côté de Samuel, mon fils tout petit qui s'accrochait au radiateur pour tenir debout devant le mur en miroirs, je lui dis : "Toi, tu pues, tu as fait dans ta culotte." Il me répond distinctement : "Non, maman." Puis il se tourne face aux miroirs et dit : "Menteur !" Qu'est ce qui s'invente là de la vérité, qui fait qu'elle ne sera plus unique ni majuscule ? La Vérité avec un grand V ? Très peu pour moi. Comment l'exiger ou même la désirer ?

Auteur: Cassin Barbara

Info: Le bonheur, sa dent douce à la mort : Autobiographie philosophique

[ mémoire sélective ] [ quête ] [ enracinée curiosité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chronos

Le temps n’est pas un cadre général mais le résultat provisoire de la liaison des êtres. La discipline moderne rassemblait, accrochait, systématisait pour faire tenir ensemble la cohorte des éléments contemporains et éliminer ainsi ceux qui n’appartenaient pas au système. Cette tentative a échoué, elle a toujours échoué. Il n’y a plus, il n’y a jamais eu que des éléments qui échappent au système, des objets dont la date et la durée sont incertaines. Ce ne sont pas simplement les Bédouins ou les Kung qui mélangent les transistors et les conduites traditionnelles, les seaux en plastique et les outres en peau de bêtes. De quel pays ne peut-on pas dire qu’il est "une terre de contrastes" ? Nous en sommes tous venus à mélanger les temps. Nous sommes tous redevenus prémodernes. Si nous ne pouvons plus progresser à la façon des modernes, devons-nous régresser à la façon des antimodernes ? Non, nous devons passer d’une temporalité à l’autre puisque, en elle-même, une temporalité n’a rien de temporel. C’est un mode de rangement pour lier des éléments. Si nous changeons le principe de classement, nous obtenons une autre temporalité à partir des mêmes événements.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 49

[ nouveau paradigme ] [ philosophie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

historique

Beaucoup s'imaginent que l'amour maternel est un sentiment humain naturel et automatique.
Rien de plus faux. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la plupart des femmes appartenant à la bourgeoisie occidentale plaçaient leurs enfants en nourrice et ne s'en occupaient plus.
Les paysannes n'étaient guère plus attentionnées. On emmaillotait les bébés dans des langes très serrés puis on les accrochait au mur pas trop loin de la cheminée afin qu'ils n'aient pas froid.
Le taux de mortalité infantile étant très élevé, les parents étaient fatalistes, sachant qu'il n'y avait qu'une chance sur deux pour que leurs enfants survivent jusqu'à l'adolescence. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que les gouvernements ont compris l'intérêt économique, social et militaire de ce fameux "instinct maternel". En particulier lors de recensements de la population, car on s'aperçut alors du grand nombre d'enfants mal nourris, maltraités, battus. A la longue, les conséquences risquaient d'être lourdes pour l'avenir d'un pays. On développa l'information, la prévention, et, peu à peu, les progrès de la médecine en matière de maladies infantiles permirent d'affirmer que les parents pouvaient dorénavant s'investir affectivement dans leurs enfants sans crainte de les perdre prématurément. On mit donc à l'ordre du jour l'"instinct maternel".
Un nouveau marché naquit peu à peu : couches-culottes, biberons, laits maternisés, petits pots, jouets. Le mythe du Père Noël se répandit dans le monde.
Les industriels de l'enfance, au travers de multiples réclames, créèrent l'image de mères responsables, et le bonheur de l'enfant devint une sorte d'idéal moderne.
Paradoxalement, c'est au moment où l'amour maternel s'affiche, se revendique et s'épanouit, devenant le seul sentiment incontestable dans la société, que les enfants, une fois grands, reprochent constamment à leur mère de ne pas s'être suffisamment souciée d'eux. Et, plus tard, ils déversent... chez un psychanalyste leurs ressentiments et leurs rancoeurs envers leur génitrice.

Auteur: Werber Bernard

Info: L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu

[ parents ] [ enfants ] [ natalité ]

 

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philosophie

- Qu'est-ce que c'est, un virus ? À première vue, il s'agit d'une simple entité biologique. Mais toutes sortes de choses, semble-t-il, peuvent devenir "virales". Zizek a même récemment modifié le célèbre jugement infini de Hegel ("l'esprit est un os") de sorte qu'il se lise "l'esprit est un virus". La viralité n'est peut-être pas quelque chose, mais plutôt une qualité ou une caractéristique qui expose un étrange statut ontologique ou phénoménal ou peut-être même la capacité de certaines entités ? 

- A un certain moment de la Phénoménologie de l'Esprit, Hegel lui-même utilise la notion de contagion, d'infection, d'Ansteckung* en relation avec l'esprit. C'est dans le chapitre qui traite de la lutte des Lumières contre la superstition : la pure perspicacité éclairée, dit-il de façon assez surprenante, se répand comme un parfum ou une infection pénétrante, et la conscience ne s'en aperçoit que trop tard. L'infection est déjà généralisée, "il est trop tard pour lutter, et tous les remèdes adoptés ne font qu'aggraver la maladie, car elle s'est emparée de la moelle de la vie spirituelle." L'esprit agit de manière "invisible et imperceptible", "il s'infiltre dans les parties nobles et s'est bientôt emparé des parties vitales et de tous les membres de l'idole inconsciente ; et puis un beau matin, il donne à son camarade une poussée du coude, et bang ! crash ! l'idole se retrouve par terre". La dernière partie est la citation du Neveu de Rameau de Diderot, elle montre comment la persistance muette de l'esprit (das stumme Fortweben des Geistes) sape les idoles auxquelles la superstition s'accrochait. Hegel parle en outre de "l'infection par les Lumières", sous-entendant, par extension, que la raison est un virus. Cette image de l'esprit en tant que contagion est frappante, non seulement parce qu'elle dépeint le progrès de l'esprit comme une propagation virale qui se fait sans effort, mais surtout parce que cette qualité infectieuse virale était traditionnellement réservée aux pouvoirs de la sensualité, des passions, de la folie, des comportements et des croyances "irrationnels" (comme la superstition) ; en ultime analyse à la matière et au matériel. Il y avait toujours la crainte explicite que le matériel contamine les royaumes spirituels supérieurs. L'image traditionnelle est plutôt que la matérialité est virale et que l'esprit est là pour restreindre et contenir cette contamination. La matière comme maladie, l'esprit comme remède - le chemin spirituel était sur base de purification. Le péché étant syndrome d'immunodéficience. Mais là Hegel renverse cette image et conçoit une partie de l'avancement spirituel comme homologue à la propagation d'une maladie contagieuse. Mais seulement en partie, une face - l'envers nécessaire, sa contrepartie, est "l'action de l'essence négative" qui présente "le tumulte pur et la lutte violente". Pas question de s'en remettre simplement à l'esprit comme contagion. L'idée est tentante de voir dans le virus quelque chose qui relie esprit et matière, quelque chose à leur intersection, une propriété commune qu'ils partagent, si bien conçue, et de construire à partir de là une proposition d'"ontologie virale".

Il faut aussi penser aux très élémentaires mécanismes de la mimésis qui s'articulent  autour de quelque chose qui ressemble à la contagion (j'ai écrit en détail à ce sujet). Le virus apparaît comme un péril externe contingent, mais en même temps il indique une dimension au cœur (son extimité ?) de l'humain.

Auteur: Dolar Mladen

Info: https://crisiscritique.org/uploads/24-11-2020/interview-with-mladen-dolar.pdf. Trad Mg. *contamination

[ rationalisme ] [ covid 19 ] [ corps-esprit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel