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humour

[...] après les injections et masturbations d'usage, je fus inséminée un dimanche par un interne italien qui sifflotait 'Avanti o popolo alla riscossa, bandiera rossa trionfera' * tout en poussant sur la seringue qui envoyait les spermatozoïdes de Monsieur Poignet dans mon utérus. L'infirmière me tenait la main en souriant, et m'affirma qu'après les avoir examinés au microscope, elle les trouvait "très sympas". Je ne savais pas qu'on pouvait distinguer le caractère des spermatozoïdes au microscope. [...]
Neuf mois plus tard ou quasi, je donnais naissance à une petite fille porteuse du patrimoine génétique "très sympa" - même si à l'adolescence ce côté de son caractère s'atténua quelque peu, sans doute en raison du versant maternel sur lequel personne n'avait jugé bon de faire des remarques encourageantes lors des séances de monitorage.

Auteur: Thiébaut Elise

Info: Ceci est mon sang, p. 203-204. * En avant ô peuple, à la révolte, le drapeau rouge triomphera !

[ insémination artificielle ]

 

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adolescence

On lisait parfois mes rédactions en classe, car j'avais vite appris le mensonge et la nécessité d'une rouerie intelligente... "Et le soleil se jouait dans les grands arbres roux". De ces phrases entières - les pompeuses métaphores dont ils semblaient friands - je chargeai ma mémoire pour une heure afin de flatter la gourmandise qu'ils avaient d'eux-mêmes. J'écrivais exactement comme on avait envie que j'écrive.

Mais un jour j'osai écrire à propose du lavoir de village qu'il régnait autour de lui une "certaine" odeur de lessive... Je savais pour ma part très exactement ce que portait "certaine", un trouble, c'était déjà la sensation d'une odeur qui vous renverse érotiquement, le mélange des brumes froides de l'Est et d'une tiédeur ensavonnée, dont l'institutrice immédiatement me castra en m'accusant d'incorrection. Anodin-vitriol. Je m'étranglai sous leur désir.

Auteur: Bing Élisabeth

Info: Et je nageai jusqu'à la page : Vers un atelier d'écriture

[ sexualité ] [ éveil ] [ écriture ] [ normalisation ]

 

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envoûtement

Ses camarades avaient disparu de la classe. La porte fermée, elle lui parlait, assise à son pupitre. Le regard au sol, le jeune homme la devinait, à deux mètres de lui, ombre à l'orée de son champ de vision. Mais les chaines de mots de la maîtresse ne faisaient pas sens. L'air suffisait, en lui effleurant la nuque, à induire ce réflexe de la peau qui se rétracte insensiblement, et se couvre de minuscules protubérances, mais sans aller jusqu'au frisson. Et maintenant c'était tout son épiderme, douce frontière électrisée, qui isolait son moi organique confortable d'un univers extérieur maintenant moins hostile, dû à la présence de la femme mûre qui, à cent lieues d'imaginer la torpeur qu'induisait sa présence, s'adressait à lui de manière professionnelle. Elle faisait son boulot. Lui se laissait caresser par les ondes du monde.

Auteur: Mg

Info: 4 mai 2012

[ confort ] [ adolescence ] [ rapports humains ] [ kilig ] [ femme-homme ]

 

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exister

Je voulais être danseuse. Je crois que ce qui m'importait le plus, à l'époque, c'était qu'on me regarde. Je passais des heures devant la glace, touchant mes hanches, attrapant mes seins. Je maîtrisais à merveille toutes les moues sexy des actrices qui paradaient sur les cartes postales en noir et blanc épinglées sur mon mur. J'étais Bardot, j'étais Monroe. Je me trouvais aussi belle qu'elles, et mon avenir était tout tracé. Danseuse, puis actrice. Je danserais, puis je serais repérée, puis je serais adulée et malheureuse et je mourrais. (...)
Montrer mon corps, que je trouvais sublime, est devenu, à cette époque, un besoin, une urgence. Oui, j'étais celle qui finit nue sur la table quand la musique est trop belle. J'étais une Marilyn de province, prête à tout montrer à chaque instant pour être "repérée", pour qu'on me regarde.

Auteur: Julie Bonnie

Info: Chambre 2, p. 29-30, aux jeunes filles/femmes qui rêvent de gloire et se brûlent les ailes

[ adolescence ] [ espérance ]

 

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stratégie capitalistique

De l'enfance à l'adolescence, de celle-ci à l'âge adulte. L'enfant doit être un pseudo-adulte. L'adolescent infantile. Et l'adulte un éternel adolescent. Tel est le processus de l'infantilisation d'une société : faire de l'immaturité un adulte irresponsable. Par la médiation de l'adolescence, d'une contestation qui n'est qu'une voie d'accès à la consommation mondaine. Pour cela, produire un enfant à la coule, un usager averti et difficile. Écarter de l'éducation les conduites d'apprentissage du procès de production. Ainsi que toutes les valeurs qui s'y rattachent. Ne proposer que les conduites de consommation ludique et marginale, libidinale.

Pour que l'adolescent reconduise cet univers ludique dans la société adulte. En tant qu'immaturation devenue irresponsabilité civique. Mais, nous l'avons vu, irresponsabilité prise en charge par le système : irresponsabilité programmée du consommateur, lequel ne fait qu'accomplir le plan du néo-capitalisme qui conquiert ainsi un immense et nouveau marché.

Auteur: Clouscard Michel

Info: Le capitalisme de la séduction (1981, 340 p., éditions delga, 2006)

 
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maturité

Suzanne disait qu'une vie d'adulte, ce n'était parfois rien d'autre que tous les mensonges dont on recouvrait avec une féroce patience l'illumination de l'adolescence. Une sorte de deuil intarissable qui tombait sur l'incrédulité qui avait mis fin à la jeunesse. Avec le sentiment terrible de retrouver enfin le scepticisme de notre père, celui qu'il opposait silencieusement, de façon détournée, à nos désirs de justice et de bien. Nous ne voulions pas le comprendre alors. On ne savait pas qu'il nous attendait, là-bas, depuis sa douleur de père, avec la certitude désolante de ceux qui souffrent d'avoir raison et voudraient tant avoir tort par amour. Il devait se dire que nous connaîtrions ça, à notre tour, que nous n'échapperions pas à ce moment de vertige quand la vérité nous rattrape sous les traits compassés de notre père, par un rebondissement cruel. Peut-être serait-il mort... et malgré tout, il aurait sa victoire.

Auteur: Boyer Frédéric

Info: Est-ce que tu m'aimes ?

[ décalage générationnel ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

assujettissement tribal

Plus tard, une fois adulte, un enfant possédant ces dons [de qualités d’esprit supérieures] pourra faire preuve d’une extraordinaire perspicacité pour critiquer les idéologies diverses […] parce qu’il dispose dans ces cas-là de ses facultés intellectuelles intactes. Mai à l’intérieur du groupe auquel il appartient lui-même (un courant idéologique ou une école théorique, par exemple) qui reflète la situation familiale de l’enfance, cet être conservera une docilité naïve et une incapacité de critique qui semblent démentir les qualités brillantes qu’il montre par ailleurs. […] C’est ainsi par exemple que Martin Heidegger était tout à fait capable de se démarquer de la philosophie traditionnelle et d’abandonner ce faisant les maîtres de son adolescence tandis qu’il ne sut pas déceler les contradictions de l’idéologie hitlérienne qui devaient pourtant apparaître de façon évidente à son intelligence. C’est qu’il vouait à cette idéologie la fascination infantile et la fidélité qui n’autorisent pas la critique.

Auteur: Miller Alice

Info: C'est pour ton bien

[ nazisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

maturité précoce

Fait étrange, lorsque j'étais enfant je tâchais d'avoir l'air d'un jeune homme; mais plus tard, j'ai souvent désiré ressembler à un enfant. Et combien de fois la crainte de passer pour un gamin aux yeux de Serioja m'a obligé à dissimuler un sentiment qui voulait s'exprimer. Je n'osais pas l'embrasser, bien que souvent j'en eusse envie; je n'osais pas lui prendre la main, lui dire combien j'étais heureux de le voir; je ne me risquais même pas à l'appeler Serioja, mais toujours Sergueï, et cela devint une habitude. La moindre manifestation de sensibilité était considérée comme une marque de puérilité révélant que celui qui s'y laissait aller était encore un petit garçon. Ainsi avant même d'avoir connu de ces amères expériences qui amènent les adultes à être prudents et froids dans leurs rapports avec autrui, nous nous privions de joies pures d'un attachement enfantin à seule fin de ressembler à des grands.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Dans "Enfance et adolescence"

[ expression des sentiments ] [ regrets ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

plaisir

L'homme dépasse toujours, par quelque côté, les définitions par lesquelles on prétend le cerner. Du moins, l'homme dont je parle. Celui-là ne veut pas son bonheur, comme il vous plaît de le dire, il veut sa Joie, et sa Joie n'est pas de ce monde, ou du moins elle n'y est pas tout entière. [...] Je ne dis pas que vos définitions soient absurdes, mais elles ne nous seront jamais communes. Car je puis utiliser les vôtres, et vous ne pouvez vous servir des miennes. Elles vous ont permis parfois d'atteindre un temps à la grandeur - un temps seulement - car vos civilisations s'effondrent au moment même où vous les croyez immortelles, comme ces enfants éblouissants qui portent en eux le germe fatal et ne dépassent pas l'adolescence. [...] Vous ne ferez rien de durable pour le bonheur des hommes parce que vous n'avez aucune idée de leur malheur.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Les grands cimetières sous la Lune

[ consumable ] [ ignorance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

adolescence

C'est cette année-là, cette première année-là puisque la précédente ne comptait plus, que je nouai amitié avec Marie.
Quand il m'arrive de penser à cette amitié, et j'y pense souvent, j'y rêve souvent - j'y rêve toujours ! -, il me semble qu'il n'y eu rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien, dans ces année d'exil, qui me tint le coeur plus au chaud. Et ce n'était pas, je l'ai dit, que je manquais d'affection ; mes tantes, mes oncles me portèrent alors une entière affection ; mais j'étais dans cet âge où le coeur n'est satisfait qu'il n'ait trouvé un objet à chérir et ou il ne tolère de l'inventer qu'en l'absence de toute contrainte, hormis la sienne, plus puissante, plus impérieuse que toutes. Mais n'est-on pas toujours un peu dans cet âge, n'est-on pas toujours un peu dévoré par cette fringale? Oui, a-t-on jamais le coeur vraiment paisible.

Auteur: Laye Camara

Info: L'Enfant noir, 164 Press Pocket n° 1249, p.182

[ quête ] [ absolu ]

 

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