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père-fils

Je ne m’aime pas. Je n’éprouve que peu de sympathie, encore moins d’estime pour moi-même ; de plus, je ne m’intéresse pas beaucoup. Je connais mes caractéristiques principales depuis longtemps, et j’ai fini par m’en dégoûter. Adolescent, encore jeune homme, je parlais de moi, je pensais à moi, j’étais comme empli de ma propre personne ; ce n’est plus le cas. Je me suis absenté de mes pensées, et la seule perspective d’avoir à raconter une anecdote personnelle me plonge dans un ennui voisin de la catalepsie. Lorsque j’y suis absolument obligé, je mens.

Paradoxalement, pourtant, je n’ai jamais regretté de m’être reproduit. On peut même dire que j’aime mon fils, et que je l’aime davantage à chaque fois que je reconnais en lui la trace de mes propres défauts. Je les vois se manifester dans le temps, avec un déterminisme implacable, et je m’en réjouis. Je me réjouis sans pudeur de voir se répéter, et par là même s’éterniser, des caractéristiques personnelles qui n’ont rien de spécialement estimable ; qui sont même, assez souvent, méprisables ; qui n’ont, en réalité, d’autre mérité que d’être les miennes. D’ailleurs, ce ne sont pas exactement les miennes ; je me rends bien compte que certains sont recopiées telles quelles sur la personnalité de mon père, ce con ignoble ; mais, chose étrange, cela n’enlève rien à ma joie. Cette joie est plus que de l’égoïsme : elle est plus profonde, plus indiscutable.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, page 87

[ ressemblances ] [ répétition ] [ fatalité familiale ] [ transmission ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Vierge

En 1858, à Lourdes, quatre ans après la proclamation du dogme, "quelqu’un" apparaît à une adolescente illettrée qui d’abord ne désigne cette apparition que par un pronom neutre : aquero, "cela". Quand, ensuite, à l’invitation du curé, elle demande son nom à l’apparition, elle finit par obtenir, le 25 mars 1858, la réponse suivante : Que soy era Immaculata Conceptiu, "Je suis l’Immaculée Conception". L’adolescente court répéter au curé ces quelques mots dont le sens lui échappe. Le curé, lui, en saisit la signification, il connaît le dogme qui a été proclamé quatre ans plus tôt. Et cependant, la formulation est déconcertante : on attendrait quelque chose comme "Je suis celle qui a été conçue immaculée", tandis que par sa réponse, Marie identifie son être, sa personne, au privilège dont elle a été gratifiée. Encore comprendrait-on qu’elle se définisse comme l’ "Immaculée", la "Préservée", mais elle s’identifie à une "conception" ? Quel sens cela peut-il bien avoir ? Un être est conçu par ses parents, mais il ne peut s’identifier à cette conception même.

Tel est le fait qui a travaillé la pensée théologique et qui l’a conduite à ce que l’on peut appeler la métaphysique de l’Immaculée Conception. Ce travail de la pensée, très curieusement, s’est effectué chez des théologiens qui ne se connaissaient pas, fort éloignés les uns des autres dans le temps et dans l’espace, mais qui furent comme guidés vers des conclusions presque identiques.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, page 117

[ miracle ] [ christianisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désir

Nous savons aujourd'hui que la sexualité humaine n'est pas innée : elle est apprise et construite par les images que nous propose la société. Même chez nos cousins les primates, qui vivent en milieu naturel, la sexualité s'apprend par l'expérience : les jeunes singes assistent à la séduction et aux ébats des adultes. La nécessité du modèle s'impose ; un jeune chimpanzé, isolé de ses congénères, est paradoxalement incapable, à l'âge adulte, de s'accoupler.
Or, différence fondamentale, par le phénomène de la pudeur, l'amour des humains se fait toujours à l'écart du groupe. C'est l'une des grandes difficultés de la sexualité : d'une part elle a besoin d'éducation, d'autre part la culture et les religions censurent tout modèle et souvent toute éducation sexuelle. [...]
Une véritable éducation à la sexualité devrait prendre en compte les aspects biopsychologiques, émotionnels et sociaux de la sexualité ; permettre de comprendre la différence des sexes, les relations interpersonnelles, de développer le sens critique, l'ouverture d'esprit et le respect de l'autre. [...]
En l'absence d'une véritable éducation à la sexualité, le jeune ado va chercher des informations auprès de ses pairs et du seul modèle iconographique de la sexualité : le porno. C'est bien évidemment le plus mauvais modèle et la raison pour laquelle un solide accompagnement serait indispensable, depuis le primaire jusqu'à la fin des études. A l'âge de 11 ans, un adolescent sur deux a déjà vu une scène pornographique.

Auteur: Brenot Philippe

Info: Sex story, p. 191

[ fesse ] [ historique ]

 

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extraterrestres

Lorsque nous n'avons pas à notre disposition la méthodologie habituelle, celle qui permet de reproduire un phénomène ou une expérience, il ne nous reste plus que la spéculation. Celle-ci est aussi très limitée puisqu'elle fonctionne toujours à base d'analogie, d'associations, de comparaison des ressemblances, mises en parallèles et autres parentés que peuvent générer notre cerveau après x millions d'années d'évolution... Comme s'il y avait des archétypes définitifs pour toutes les races et les espaces potentiels, ce qui reste à voir puisque nous sommes probablement limités par nos sens et notre éducation.
A moins peut-être de prendre la vie comme une naissance perpétuelle. De rester toujours apte à voir, sans préjugés ni représentations.
Ainsi des OVNIS et autres ET'S. Comment reconnaître quelque chose configuré pour et par une autre intelligence ?
Les intelligences sont-elles proches, suivent-elles des modes opératoires similaires, à base de survie, de camouflage et d'évitement... de jeu... d'observation méditation ?
Et puis, quelle dérision, quand à l'observation d'un phénomène inexpliqué on se permet d'affirmer que l'apparition se comportait de manière intelligente...
Faut-il tenter de transcender cette spéculation ? Ou se laisser gagner par l'avidité de "savoir", comme ces adolescents qui s'enflamment devant le phénomène en voulant tout expliquer à la sauce science-fiction. Une science-fiction imaginée et limitée par les représentations humaines.
Ou revenir vers la quête intérieure, celle d'une humilité qui redonne leur part au rêve et au mysticisme... Nous débarrasser du rationalisme pour recommencer un voyage intérieur que la société de consommation a tout fait pour empêcher ?

Auteur: Mg

Info: 2 novembre 2013

[ dépassement ] [ question ]

 

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adolescents

Pour les jeunes qui ne sont pas sportifs, pour ceux qui aiment la lecture, ceux qui sont gays, ceux qui commencent à être révoltés par les injustices sociales, "afficher sa différence" est à la fois une découverte de soi et de l'autodéfense. Lors des grands rassemblements avant une compétition sportive, ils vous crèvent le coeur. Blottis les uns contre les autres, tout en haut des gradins, dans leurs impers trop grands et leurs vêtements de l'Armée du Salut, ils contemplent d'un air malheureux la consécration des élèves les plus populaires, approuvée par l'institution scolaire. Ils subissent des brimades, ces gosses - surtout ceux qui refusent de raser les murs. On leur fait des croche-pieds dans les couloirs, on les pousse contre les casiers aux vestiaires, on les bombarde de mie de pain au réfectoire. Leurs bourreaux sont pour la plupart extrêmement malins. Un prof accaparé, sortant des bureaux de l'administration ou se hâtant vers le photocopieur entre deux cours lancera peut-être un regard noir ou laissera tomber sèchement un "Ça suffit !", mais il ne s'arrêtera sans doute pas pour autant. Et si une petite brute sans finesse dépasse les bornes et se fait pincer, il y a de fortes probabilités pour que le CPE soit un ex-sportif et un ex-bourreau - quelqu'un qui comprend ce mode de fonctionnement, réprimande la petite brute et la renvoie en cours. Les marginaux savent où se réfugier : à la bibliothèque, au club de théâtre, au cours d'arts plastiques ou dans les ateliers d'écriture.

Auteur: Lamb Wally

Info: Le chagrin et la grâce, p. 51-52

[ Etats-Unis ] [ culture des vainqueurs ] [ école ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femme-par-femme

Je ne peux m'empêcher de penser que, peut-être, Anne Frank aurait souri de lire qu'un négationniste affirma, comme preuve ultime de falsification, qu'aucune jeune fille de quinze ans n'aurait été capable de penser et encore moins d'écrire ce qu'il avait lu dans le Journal : c'était bien trop intelligent et irrévérencieux, pour une gamine.

L’irrévérence des jeunes filles devrait être l'objet de toutes nos attentions, elle devrait être archivée et transmise. Il faudrait les chérir, ces trop courtes années durant lesquelles les jeunes filles ignorent la prudence, le respect et le remords. Elles mentent avec métier et sans état d'âme, mangent avec les doigts, grimpent sur des toits et, bras dessus bras dessous, elles prennent toute la place sur les trottoirs. Leur seule peur est de nous ressembler. De devenir ces êtres à bout de souffle qui se plaignent qu'elles "ne manquent pas d'air".

Les parents aiment à raconter les mots d'enfants de leurs tout-petits ; ils s'émeuvent de leur fantaisie, de leur drôlerie. L'adolescence à venir, elle, est redoutée à la façon d'une maladie, d'une comète menaçant le paysage, dévastatrice. Comme nous la craignons, l'extralucidité adolescente, ce regard de "voyant" qui met à nu nos compromis.

Relire son journal intime, c'est se confronter à l'adolescente qu'on a été. Lui ferait-on honte, ou de la peine ? A-t-on baissé les bras ? Est-on devenue sage, trop sage, par manque de courage ? Il faudrait relire régulièrement son journal pour rester à la hauteur de son adolescence. 


Auteur: Lafon Lola

Info: Quand tu écouteras cette chanson, pp.188-190

[ génie de la puberté ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

adolescence

Tout ceci, d’ailleurs, peut aboutir au suicide véritable, équivalent d’une scène primitive, celle de sa conception, dont l’adolescent se refuse à reconnaître qu’il a pris sa part dans l’acte initial de sa vie. Ces jeunes gens ne peuvent admettre que c’est de leur propre désir qu’ils sont nés, qu’il a été au jour le jour réassumé, et qu’ils ont survécu par lui jusqu’à aujourd’hui. On entend fréquemment un "Je n’ai pas demandé à vivre", sur un ton persécuté et revendiquant ; parfois, c’est un "Personne ne m’aime" qui, en réalité, traduit un "Je n’ai personne à aimer", et on peut dire même plus : "Moi-même, je me supporte avec difficulté." Ce désespoir de la solitude du cœur, au lieu de le reconnaître et d’en parler clairement, cet adolescent le retourne en revendications magnifiées, il se phallicise, oserais-je dire, dans un "Je m’aime vaincu". Et c’est dans un transport d’amour pour soi-même, un acting impulsif du désir de quelque chose d’autre, de quelque chose de nouveau, du désir d’en sortir, qu’ils se suicident, je crois, dans un ultime désespoir de sensation érotique-nirvanique. Heureusement il y en a qui se ratent (et c’est à partir de là qu’on peut psychanalytiquement étudier avec eux les processus qui les ont menés à ce point). Le sujet a veillé au cours de ce coma, et il est plus lucide après la tentative de suicide du Moi qu’avant. Et puis il est peut-être déculpabilisé de vivre, après avoir dépassé une occasion de mort imminente : puisque celle-ci a été refusée, cela veut peut-être dire qu’il faut jouer le jeu de la vie.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, page 341

[ révolte ] [ provocation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

- Qu'est-ce que le Dadaïsme ?
Une pâquerette au milieu de l'autoroute, le vol du papillon au milieu du béton, un pique nique dans le tramways, faire l'amour alors que le monde se fissure autour de nous, marcher nus au milieux de la foule, pétrir du pain à Pouldresic, a la claire fontaine te dire que jamais je ne t'oublierais, marcher légèrement au milieu de la désolation, la petite souris qui trotte dans ma tête, les coquelicots au milieu des blés, une fée légère perdue dans les pages de mon roman, te porter ma raison comme un fruit sans raisons, te gratter la noreille au milieu de mon cynisme, une poussière d'étoile accrochée au balais, des petites notes de musique qui se mêlent à la pluie qui tombe, avoir mal alors que tu es la, crever de trop t'aimer, un couteau sans manche et sans lame, réfléchir les miroirs, conter l'argent, le goût de menthe de mon café, la beauté de la laideur, le lutin qui passe sur mon lit pendant que je dors, ta main qui ne trouve pas mes cheveux, le goût sucré de l'océan, l'amer amertume de nos baisers d'adolescents, le goût d'amande de tes taches de rousseurs, le bruit assourdissant des flocons de neige venus mourir à mes pieds, un chat qui est un chien, Je qui est un autre mais qui est moi, un lapin blanc en retard et qui me bouscule, le bruit rose de l'amour de mes voisins, mon regard usé sur le nouveau né, la force de ta main qui serre ma faiblesse, le noeud au creux de mon ventre quand je déploie mes sentiments, les traces de pollens sur ta peau silencieuse, ton odeur d'absence.... Dis je peux t'appeler Shalaoshou ?

Auteur: Aghouchy Sofiya

Info:

[ littérature ] [ perdu ]

 

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infinitude fantasmatique

Le mythe freudien de la construction subjective se construit en trois temps de renoncement.

En premier lieu, le sujet doit renoncer à être l’objet du désir capable d’assurer la jouissance de son premier objet de réalité, la Mère. [...]

En second lieu, le petit sujet doit se rendre compte que son objet d’amour est soumis, pour son désir, à la loi d’un Autre détenteur de cet objet qui lui permet de satisfaire à ce désir. L’introduction du Tiers, le Père, dans la dynamique infantile est ici incontournable, et il s’introduit dans cette dynamique sous la forme du rival de l’enfant, du rival qui peut "priver" la mère de sa satisfaction. [...]

En troisième et dernier lieu, le petit sujet néotène en vient à s’identifier au détenteur de l’objet phallique s’il est garçon, et à le désirer s’il est fille. Le père alors s’introduit dans la constellation infantile comme "donateur" du phallus, soit comme celui qui peut satisfaire l’autre, objet du désir. Mais cette identification, noyau de l’Idéal du Moi instance qui porte les valeurs de ce que le sujet doit être pour être aimé, s’accompagne du renoncement à l’objet premier et du report à plus tard de la mise en acte de la satisfaction. [...]

La construction de la capacité de jouissance est donc construite pour le néotène par le passage dans les trois temps de la Loi décrits par Freud dans le complexe d’Œdipe. En effet, seul le barrage imposé par l’opération du Nom-du-Père, revalidé par la castration œdipienne, puis par l’opération adolescente, pose une limite à cette recherche mortifère de "fortes jouissances". Or, dans notre société occidentale, la technologie semble assurer au plus grand nombre des vivants qu’il pourra éviter "douleur et privation de joie".

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 13-14

[ suppléance instrumentale ] [ nouvelle organisation discursive ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sagesse

J'ai appris des autochtones américains que nous prouvons seulement notre appartenance à l'endroit où nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la détruire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite être ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-même le lieu où l'on est déjà dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poète et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracé à l'avance, et que j'écris le mieux en puisant dans mon expérience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrée où il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment à une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intéressant que de lire la meilleure critique à laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractère sacré de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant à toute vanité. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est éternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espèces sont douées de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les défendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas à comprendre que la réalité de la vie est un agrégat des perceptions et de la nature de toutes les espèces, nous sommes condamnés, ainsi que la terre que déjà nous assassinons.

Auteur: Harrison Jim

Info: En marge : Mémoires

[ humanisme ] [ tâtonnement ]

 

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