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spiritualité

On trouve, dans l'ésotérisme de l'Islam, trois étapes de la voie mystique, trois étapes qui sont, d'une certaine manière, des degrés de l'amour. La première –shari'ah– est l'étape de la prudence humaine, qui fait que nous séparons nettement ce qui nous appartient, de ce qui est à un autre: "ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à toi." Suit une nouvelle étape –tariqah–, étape d'une première sortie de soi, d'un glissement significatif vers l'autre: "ce qui est à toi est à toi et ce qui est à moi est aussi à toi." Cette phase est consommée dans la chimie intime de l'amoureux, indépendamment de la participation de sa partenaire. Enfin, dans la troisième étape –ma'rifah– la distinction entre le "mien" et le "tien" disparaît. Entre les partenaires s'épanouit une parfaite homogénéité, une fusion intense, presque un effacement de la personne.

Je me souviens que, sans connaître le soufisme, Constantin Noica avait sa manière à lui de dire une chose semblable. Il déplorait, parfois, la médiocrité de la formule: "Ne fais pas à l'autre ce que tu n'aimes pas que l'on te fasse." Cela lui semblait d'un minimalisme inacceptable. Il aurait fallu dire, au moins: "Fais à l'autre ce qui te plaît à toi." Cela aurait un air plus généreux, plus noble. La formule idéale serait: "Fais à l'autre ce qui lui plaît."

Les versions islamique et nicassienne culminent par la perte de soi, par le déversement dans l'autre. C'est une des définitions traditionnelles de l'amour. Mais la perte de soi est seulement une moitié, la première moitié de son mouvement respiratoire. Si les choses s'arrêtent là, si après "solve" ne suit pas "coagula", l'amour reste une pure dissolution du moi, une sorte de possession médiumnique. Le cycle complet de l'acte d'amour inclut un deuxième temps, une réintégration de la personne, les retrouvailles de soi dans une variante améliorée. C'est cela, le modèle de l'amour existant entre l'homme et l'ange. Il faut nous perdre dans notre ange pour découvrir le contour personnel de notre humanité, tout comme l'ange doit se perdre, un instant, dans notre humanité, pour retourner, comblé, à la splendeur de son angélicité. 

Auteur: Plesu Andrei

Info: Actualité des anges, "L'amour de l'ange", p.180-181

[ triade ] [ incarnation-maturation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

effort

L'amour est une sollicitude active pour la vie et la croissance de ce que nous aimons. Là où manque ce souci actif, il n'y a pas d'amour. Cette dimension de l'amour a été admirablement décrite dans le livre de Jonas. Dieu dit à Jonas de se rendre à Ninive et d'avertir ses habitants qu'ils seront châtiés s'ils ne renoncent pas à leur conduite perverse. Mais Jonas, craignant que le peuple de Ninive ne se repente et que Dieu ne lui pardonne, se dérobe à sa mission. C'est un homme qui possède au plus haut point le sens de l'ordre et de la loi, mais sans amour. Cependant, dans sa tentative de fuite, il se retrouve dans le ventre d'une baleine, symbole de l'état d'isolement et d'emprisonnement auquel l'a conduit son manque d'amour et de solidarité. Dieu le sauve, et Jonas se rend à Ninive. Il prêche aux habitants comme Dieu le lui avait prescrit, et voilà qu'arrive cela même qu'il craignait. Les hommes de Ninive se repentent de leurs péchés, rectifient leur conduite, et Dieu leur pardonne et décide de ne pas détruire la ville. Jonas en conçoit un profond dépit et une vive irritation, il voulait que "justice" fût faite, non miséricorde. Finalement, il puise quelque réconfort à l'ombre d'un arbre que Dieu avait fait croître pour lui afin de le protéger du soleil. Mais quand Dieu fait en sorte que l'arbre se dessèche, Jonas déprimé se plaint avec colère. Dieu lui répond : "Tu te prends de pitié au sujet d'un ricin pour lequel tu n'as pas travaillé, que tu n'as pas fait croître, qu'une nuit a vu naître et qu'une nuit a vu périr. Et moi, je, n'épargnerais pas Ninive, cette ville florissante, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille personnes qui ne savent distinguer leur main droite de leur main gauche, et aussi beaucoup de bétail ?". La réponse de Dieu à Jonas est à comprendre symboliquement. Dieu explique à Jonas que l'essence de l'amour est de "se donner de la peine" pour quelque chose et de "faire croître" quelque chose, que l'amour et le travail sont inséparables. On aime ce pour quoi l'on peine et l'on peine pour ce qu'on aime.

Auteur: Fromm Erich

Info: L'art d'aimer

[ définition ] [ christianisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

souffrance

Considérez la capacité du corps humain pour le plaisir. Parfois, il est agréable de manger, de boire, de voir, de toucher, de sentir, d'entendre, de faire l'amour. La bouche. Les yeux. Le bout des doigts, le nez. Les oreilles. Les parties génitales. Nos facultés de volupté (si vous voulez bien me pardonner l'expression) n'y sont pas exclusivement concentrées. Tout le corps est sensible au plaisir, mais par endroits il y a des puits d'où il peut être extrait en plus grande quantité. Mais pas inépuisablement. Combien de temps peut-on connaître le plaisir? Les Romains riches mangeaient à la satiété, puis purgeaient leurs ventres surchargés et mangeaient à nouveau. Mais ils ne pouvaient manger éternellement. Une rose est douce, mais le nez s'habitue à son parfum. Et qu'en est-il des plaisirs les plus intenses, des extases du sexe qui anéantissent la personnalité? Je ne suis plus un jeune homme; même si j'avais choisi de me débarrasser de mon célibat, j'aurais certainement perdu mon endurance, parvenant à bander en une demi-heures, là où c'était trois minutes autrefois. Et pourtant, si la jeunesse m'était pleinement restituée, et que je m'engageais à nouveau dans ce qui fut jadis mon plus grand plaisir - me faire faire une fellation par une nymphette à la bouche encore sanglante des précautions nécessaires - que se passerait-il alors? Et même si mon stock de prémenstruels anodontiques était sans fin? Sûrement qu'avec le temps je me lasserai.
Même si j'étais une femme, avec pouvoir d'enfiler orgasme sur orgasme comme des perles sur un collier, avec le temps, j'en aurais marre. Pensez-vous que Messaline, dans sa compétition avec une courtisane, connut autant de plaisir la première fois que la dernière? Impossible.
Pourtant, réfléchissez.
Pensez à la douleur.
Donnez-moi un centimètre cube de votre chair et je pourrais vous faire subir une douleur qui vous engloutira comme l'océan avale un grain de sel. Et vous serez toujours mûre pour elle, d'avant votre naissance jusqu'à votre mort, nous sommes toujours disponibles pour l'étreinte de la douleur. Faire l'expérience de la douleur n'exige aucune intelligence, aucune maturité, aucune sagesse, aucun lent travail des hormones dans le midi humide de nos entrailles. Nous sommes toujours prêts. Toute vie est mûre pour elle. Toujours.

Auteur: Aldapuerta Jesus Ignacio

Info: The Eyes: Emetic Fables from the Andalusian de Sade

[ loka-dhamma ] [ masochisme ] [ sexe ]

 

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hommes-femmes

Qu’il me suffise, pour donner ici une idée des choses, d’évoquer par exemple une histoire comme celle qui s’est passée en pleine période de floraison de cet amour courtois, l’histoire de cette comtesse DE COMMINGES, fille d’un certain Guillaume DE MONTPELLIER, qui, à ce titre, se trouvait l’héritière naturelle d’un comté qui est précisément le comté de Montpellier. Un certain Pierre D’ARAGON, roi d’Aragon et fort ambitieux de s’installer au nord des Pyrénées - malgré l’obstacle que lui a fait à cette époque la première poussée historique du Nord contre le Midi, à savoir le fait de la croisade des Albigeois, et des victoires de Simon DE MONTFORT sur les comtes de Toulouse - du fait que cette femme se trouve l’héritière naturelle, quand son père mourra, d’un comté de Montpellier, il veut à ce seul titre l’avoir.

La personne semble, elle, être fort peu de nature à s’impliquer dans ces intrigues plus ou moins sordides. Tout semble indiquer qu’il s’agit d’une personnalité extrêmement réservée, voire proche d’une certaine sainteté, au sens religieux du terme. C’est en effet à Rome, et en odeur de sainteté qu’elle finit. Cette personne se trouvera, par l’intermédiaire des combinaisons politiques et avec la pression d’un seigneur de même puissance, Pierre D’ARAGON, contrainte de quitter son mari. Une intervention papale force celui-ci à la reprendre, mais à la mort de son père plus rien ne tient, tout se passe selon les volontés du plus puissant seigneur.

Elle est effectivement répudiée par son mari qui en a fait d’autres, et qui en a vu d’autres, elle épouse ledit Pierre D’ARAGON qui n’a d’autre conduite avec elle que de la maltraiter, au point qu’elle doit s’enfuir, et c’est ainsi qu’elle termine sa vie à Rome sous la protection du pape qui, à l’occasion, se trouvait fonctionner comme le seul protecteur de l’innocence persécutée. Le style de cette histoire est simplement pour vous montrer quelle est, dans une société féodale, la position effective de la femme.

Elle est à proprement parler ce que les structures élémentaires montrent - les structures élémentaires de la parenté - c’est-à-dire un corrélatif des fonctions d’échange social, un support d’un certain nombre de biens et de signes de puissance.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire VII, L'éthique

[ moyen-âge ] [ historique ] [ rapports ] [ valeur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bovarysme

Elle avait été élevée par une mère athée, et dans une société de philosophes athées. Elle avait été tout juste une fois à l’église, pour se marier ; encore ne le voulait-elle pas. Depuis son mariage, elle lisait toutes sortes de livres. Rousseau et Mme de Staël lui tombèrent entre les mains : ceci fait époque, et prouve combien ces livres sont dangereux.

Elle lut d’abord l’Émile ; après quoi elle se crut le droit de bien mépriser intellectuellement toutes les jeunes femmes de sa connaissance. Notez bien qu’elle n’avait pas compris un mot de la métaphysique du vicaire savoyard.

Mais les phrases de Rousseau sont très travaillées, subtiles et très malaisées à retenir. Elle se contentait de risquer quelquefois une pointe de religiosité, pour faire effet, dans une société sans religiosité, et où il n’était pas plus question de ces choses que du roi de Siam.

Elle lut Corinne, c’est le livre qu’elle a le plus lu. Les phrases sont à l’effet et se retiennent bien. Elle s’en mit un bon nombre dans la tête. Le soir elle choisissait dans son salon les hommes jeunes et un peu bêtes, et, sans leur dire gare, elle leur répétait très proprement sa leçon du matin.

Quelques-uns y furent pris, ils la crurent une personne susceptible de passion, et lui rendirent des soins.

Cependant, elle n’avait amené là que les gens les plus communs et les plus niais de son salon ; elle n’était pas bien sûre que les autres ne se moquaient pas un peu d’elle. Le mari, tenu sans cesse hors de chez lui par ses affaires et d’ailleurs un bon homme, What then (que m’importe ?), ne s’apercevait pas, ou ne s’occupait en rien de ces coquetteries d’esprit.

Félicie lut la Nouvelle Héloïse. Elle trouva alors qu’il y avait dans son âme des trésors de sensibilité ; elle confia ce secret à sa mère et à un vieil oncle qui lui avait servi de père ; ils se moquèrent d’elle comme d’un enfant. Elle n’en persista pas moins à trouver qu’on ne pouvait vivre sans un amant, et sans un amant dans le genre de Saint-Preux.


Auteur: Stendhal

Info: De l'amour

[ rêveries romantiques ] [ romans à l'eau de rose ] [ vacheries ] [ moquerie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

juvéniles divinités

La terre est aujourd'hui comme un radeau qui sombre.

Les dieux, ces parvenus, règnent, et, seuls debout,

Composent leur grandeur de la chute de tout.

Leur banquet resplendit sur la terre et l'affame.

Ils dévorent l'amour, l'âme, la chair, la femme,



Le bien, le mal, le faux, le vrai, l'immensité.

Ils sont hideux au fond de la sérénité.

Quels festins ! Comme ils sont contents ! Comme ils s'entourent

De vertiges, de feux, d'ombre ! Comme ils savourent

La gloire d'être grands, d'être dieux, d'être seuls !

Comme ils raillent les vieux géants dans leurs linceuls !

Toutes les vérités premières sont tuées.



Les heures, qui ne sont que des prostituées,

Viennent chanter chez eux, montrant de vils appas,

Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas.



[...]



Toute la terre tremble à leurs métamorphoses ;

La forêt, où le jour pâle pénètre peu,

Quand elle voit un monstre a peur de voir un dieu.

Quelle joie ils se font avec l'univers triste !

Comme ils sont convaincus que rien hors d'eux n'existe !

Comme ils se sentent forts, immortels, éternels !

Quelle tranquillité d'être les criminels,

Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles !



[...]



Et les hommes ? Que font les hommes ? Ils frissonnent.

Les clairons dans les camps et dans les temples sonnent,

L'encens et les bûchers fument, et le destin

Du fond de l'ombre immense écrase tout, lointain ;



Et les blêmes vivants passent, larves, pygmées ;

Ils regardent l'Olympe à travers les fumées,

Et se taisent, sachant que le sort est sur eux,

D'autant plus éblouis qu'ils sont plus ténébreux ;

Leur seule volonté c'est de ne pas comprendre ;

Ils acceptent tout, vie et tombeau, flamme et cendre,

Tout ce que font les rois, tout ce que les dieux font,

Tant le frémissement des âmes est profond !

Auteur: Hugo Victor

Info: La Légende des Siècles. Le cycle des Titans.

[ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

empyrée

Un monde divin multiple, divisé par conséquent au-dedans de lui-même par la pluralité des êtres qui le composent ; des dieux dont chacun, ayant son nom propre, son corps singulier, connaît une forme d'existence limitée et particulière : cette conception n'a pas manqué de susciter, dans certains courants religieux marginaux, dans des milieux de sectes et chez des philosophes, interrogations, réserves ou refus. Ces réticences, qui se sont exprimées de façons fort diverses, procèdent d'une même conviction : la présence du mal, du malheur, de la négativité dans le monde tient au processus d'individuation auquel il a été soumis et qui a donné naissance à des êtres séparés, isolés, singuliers. La perfection, la plénitude, l'éternité sont les attributs de l'Être totalement unifié. Toute fragmentation de l'Un, tout éparpillement de l'Être, toute distinction de parties signifient que la mort entre en scène avec l'apparition conjointe d'une multiplicité d'existences individualisées et de la finitude qui nécessairement borne chacune d'elle. Pour accéder à la non-mort, pour s'accomplir dans la permanence de leur perfection, les dieux de l'Olympe devraient donc renoncer à leur corps singulier, se fondre dans l'unité d'un grand dieu cosmique ou s'absorber dans la personne du dieu morcelé, puis réunifié par Apollon, du Dionysos orphique, garant du retour à l'indistinction primordiale, de la reconquête d'une unité divine qui doit être retrouvée, après avoir été perdue.

En rejetant catégoriquement cette perspective pour placer l'accompli, le parfait, l'immuable, non dans la confusion de l'unité originelle, dans l'obscure indistinction du chaos, mais à l'inverse, dans l'ordre différencié d'un cosmos dont les parties et éléments constitutifs se sont peu à peu égarés, délimités, mis en place et où les puissances divines, d'abord incluses dans de vagues forces cosmiques, ont pris, à la troisième génération, leur forme définie et définitive de dieux célestes, vivant dans la lumière constante de l'éther, avec leur personnalité et leur figure particulières, leurs fonctions articulées les unes aux autres, leurs pouvoirs s'équilibrant et s'ajustant sous l'autorité inébranlable de Zeus, la Théogonie orthodoxe d'Hésiode donne à la nature corporelle des dieux son fondement théologique : si les dieux possèdent plénitude, perfection, inaltérabilité, c'est qu'au terme de ce progrès qui a conduit à l'émergence d'un cosmos stable, organisé, harmonieux, chaque personne divine a désormais son individualité clairement fixée.

Auteur: Vernant Jean-Pierre

Info: L'Individu, la mort, l'amour. Soi-même et l'autre en Grèce ancienne

[ déités ] [ divinités ] [ mythologie ]

 

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obsédés

Le créateur de Maigret était un "sex addict" qui devait faire l'amour plusieurs fois par jour, obsession qui le mènera de prostituées en maîtresses pour "connaître la vérité" (Simenon comme beaucoup mélangeait jouissance physique et illumination mystique), mais aussi celle qui fait la matière de son oeuvre et qui s'est aussi matérialisée par l'expression "l'homme aux dix mille femmes", fanfaronnade enregistrée lors d'un entretien croisé avec Federico Fellini. Même si Simenon a ensuite parlé de "boutade", cette étiquette lui resta, marque d'une sexualité exposée dans ses Mémoires intimes et ses Dictées. Bref il expérimentera beaucoup en ce domaine : maîtresses multiples, partouzes, échangisme... Il lui fallait trois rapports sexuels par jour, disait-il. Les anecdotes pleuvent sur son goût pour le sexe brut, cru, animal. Les femmes l'attirèrent tôt. A 7 ans, il se régalait l'oeil et la narine aux nudités dévoilées et aux odeurs fortes charriées par les jeunes pensionnaires de sa mère. Son premier amour l'éblouit à 11 ans, à l'église où il est enfant de choeur, et son dépucelage par une fille plus âgée que lui, un an plus tard, lui laisse un souvenir à la fois douloureux et fasciné. A moins de 17 ans, il est embauché à la très catholique Gazette de Liège. Il y rencontre un marlou qui lui fait découvrir le monde de la prostitution. C'est une révélation. Sa vie durant il aimera plus que tout celles qu'il appelle les "professionnelles", refusant les mots de "pute" ou "putain", dédaignant les mauvais gags qui entourent leur métier. "Jamais je ne les ai considérées comme ça, dira-t-il un jour... Je les ai toujours étreintes avec la même tendresse humaine... Ce sont des femmes avides d'un contact humain. Quand elles le trouvent, je vous assure que vous vous trouvez devant de vraies femmes, et presque de petites filles. Elles retrouvent toutes leur joie innocente".

L'auteur de ces lignes compilées logea quelques mois dans un petit immeuble de Lausanne, propriété d'un gendarme vaudois pour l'anecdote. Y étant l'unique locataire à gagner sa vie hors du "pain de fesse" il verra ainsi défiler tout un inventaire de mâles en quête de décompression. Parmi eux, une unique fois, "calure d'écrivain la pipe au groin", un peu gêné : Simenon.

Auteur: Mg

Info: 16 mai 2020

[ éléments biographiques ] [ littérature ] [ femmes-par-homme ]

 

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poussée inconsciente

"Je pense, donc se jouit." (Lacan, La troisième)

La jouissance telle qu’elle apparaît dans l’enseignement lacanien n'est pas à entendre comme un synonyme de plaisir intense, c'est le nom d'un paradoxe, un étrange excès qui nous rend capable de tirer un certain plaisir (un plaisir non reconnu de nous-même) ... du déplaisir lui-même.

La jouissance sexuelle, qui est considérée comme la manifestation la plus intense de la jouissance, est en définitive d'ordre masturbatoire, réduisant le partenaire à être l'instrument de ma propre jouissance.

Mais pour autant, cela ne veut pas dire que je doive renoncer à cette jouissance sexuelle dans l'idée d'affirmer la "pureté" de mon amour, par exemple, une telle renonciation étant toujours un leurre qui cache une autre jouissance, inconnue de moi-même, qui est de jouir de la renonciation elle-même. Rien n'est plus morbide pour le sujet que ce sacrifice à un idéal, rien de plus problématique que cette jouissance "insue" qui émane de la renonciation au plaisir, rien de plus dévastateur que se sacrifier au nom de l'Autre, le grand Autre s'entend...

Pour la psychanalyse, la jouissance est moins ce qui est difficile à atteindre, que ce dont il est impossible de se défaire.

Pour le psychanalyste, l'acte véritable, le seul acte digne de ce nom, est celui d'une suspension de la réalité constituée. La psychanalyse s’inscrit dans le droit fil initié par Hegel pour qui la réalité est quelque chose de posé par le sujet, et non pas simplement quelque chose qui s'impose de l'extérieur.

Avec le développement et la légitimation universitaire de la psychologie (egopsychology américaine), ce que la psychanalyse "molle" a perdu (ce en quoi elle n’est plus du tout psychanalyse...) c'est cette dimension d'une réalité posée par le sujet, qui la faisait s'opposer au sens commun (et simultanément à l'approche "scientiste") qui pose la prétendue "réalité externe" comme quelque chose de donné par avance, une "normalité"à quoi l'appareil psychique devrait se raccorder, se connecter, "s'adapter"...

Les mots qui viennent structurent notre "réalité", comme dit le poète, les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux...

Ce que nous appelons "monde" n’est que le fantasme qui se soutient d’un certain type de pensée.

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 24.04.2021

[ lieu de l'énonciation ] [ ascèse ]

 

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littérature

[…] Thomas Mann lui-même, et c’était extrêmement grave, avait été incapable d’échapper à la fascination de la jeunesse et de la beauté, qu’il avait finalement placées au-dessus de tout, au-dessus de toutes les qualités intellectuelles et morales, et devant lesquelles il s’était au bout du compte lui aussi, sans la moindre retenue, abjectement vautré. Ainsi toute la culture du monde ne servait à rien, toute la culture du monde n'apportait aucun bénéfice moral ni aucun avantage, puisque dans les mêmes années, exactement dans les mêmes années, Marcel Proust concluait, à la fin du "Temps retrouvé", avec une remarquable franchise, que ce n'étaient pas seulement les relations mondaines, mais même les relations amicales qui n'offraient rien de substantiel, qu'elles étaient tout simplement une perte de temps, et que ce n'était nullement de conversations intellectuelles que l'écrivain, contrairement à ce que croient les gens du monde, avait besoin, mais de "légères amours avec des jeunes filles en fleurs". Je tiens beaucoup, à ce stade de l'argumentation, à remplacer "jeunes filles en fleurs" par "jeunes chattes humides" ; cela contribuera me semble-t-il à la clarté du débat, sans nuire à sa poésie (qu'y a-t-il de plus beau, de plus poétique, qu'une chatte qui commence à s'humidifier ? Je demande qu'on y songe sérieusement, avant de me répondre. Une bite qui entame son ascension verticale ? Cela pourrait se soutenir. Tout dépend, comme beaucoup de choses en ce monde, du point de vue sexuel que l'on adopte).
Marcel Proust et Thomas Mann, pour en revenir à mon sujet, avaient beau posséder toute la culture du monde, ils avaient beau être à la tête (en cet impressionnant début du XXe siècle, qui synthétisait à lui seul huit siècles et même un peu plus de culture européenne) de tout le savoir et de toute l’intelligence du monde, ils avaient beau représenter, chacun de leur côté, le sommet des civilisations française et allemande, c’est-à-dire des civilisations les plus brillantes, les plus profondes et les plus raffinées de leur temps, ils n’en étaient pas moins restés à la merci, et prêts à se prosterner devant n’importe quelle jeune chatte humide, ou n’importe quelle jeune bite vaillamment dressée – suivant leurs préférences personnelles, Thomas Mann demeurant à cet égard indécidable, et Proust au fond n’étant pas très clair non plus.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 333-335

[ défaite ] [ instincts primaires ] [ bestialité ]

 

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