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moralisation

Plus la réalité échappe, et plus on se venge sur les mots. Plus le monde concret s’évanouit, devient insaisissable, immaîtrisable, noyé dans le flot clinquant des images ou désagrégé sous l’action de la technique et de la science, et plus on exerce des représailles sur le langage, la pensée et les arrière-pensées. Ainsi rétablit-on son empire sur la réalité, mais seulement par le biais de la toute-puissance infantile, c’est-à-dire de l’illusion. [...]

C’est d’abord cela, le "politiquement correct" : une rage impuissante qui se transforme, de manière pour ainsi dire magique, en revanche contre la parole, supposée opérer directement sur la réalité.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1601

[ performatif ] [ déréalisation ] [ imaginaire ] [ défini ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

prévoyance

Ces livres qu'écrivent des gens bien-pensants, pour nous expliquer que ce qu'ils appellent "la réussite" consiste à envoyer promener notre jeunesse et à sacrifier notre âge mûr, de façon à avoir les moyens, arrivés à quatre-vingts ans, de passer notre vieillesse à faire la foire, m'agacent prodigieusement. Nous économisons toute notre vie pour investir notre or dans Dieu sait quel attrape-nigaud ; or, à force d'épargner et de tirer des plans sur la comète, nous sommes devenus mesquins, étroits d'esprit, durs. Nous remettons la cueillette des roses à demain, parce qu'aujourd'hui tout notre temps est pris à travailler, à faire des affaires, à tramer des manigances. Mais hélas ! quand vient demain, les roses sont fanées ; d'ailleurs, nous nous en fichons de ces roses qui ne servent à rien et n'ont pour ainsi dire aucune valeur marchande ; quand vient demain, ce sont plutôt les choux gras qui nous intéressent.

Auteur: Jérôme K. Jérôme

Info: Arrière-pensées d'un paresseux, 1898, Arléa 1998 <p.164>

[ tiédeur ]

 

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conseils

Joue le jeu, menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets toi dans tes couleurs, sois dans ton droit et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis.

Auteur: Handke Peter

Info: Par les villages

[ présence ] [ indépendance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

abrutissement

Les apologistes du travail : Dans la glorification du 'travail', dans les infatigables discours sur la 'bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Aurore, 1881

[ pouvoir ]

 

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vice

N'avons-nous pas oublié le sens du mot "vertu" ? Jadis elle représentait tout ce qu'un homme avait de bon, sans tenir compte de ce qu'il pouvait avoir aussi de mauvais, à l'instar de l'ivraie dans le bon grain. Or, nous avons aboli la vertu pour lui substituer les vertus. Notre idéal moderne, ce n'est plus le héros - il avait vraiment trop de défauts - mais le sous-fifre qui n'a rien à se reprocher ; ce n'est plus l'homme qui fait du bien, mais celui qu'on ne prend pas en train de faire du mal. Conformément à cette nouvelle théorie, l'être le plus vertueux dans l'état de nature doit être l'huître. Elle est toujours à la maison, toujours sobre. Elle ne fait pas de bruit. Elle n'a jamais maille à partir avec la police. Je ne crois pas qu'il lui arrive jamais d'enfreindre un seul des Dix Commandements. Elle ne s'amuse jamais et elle ne donne jamais, de son vivant, un seul instant de plaisir à aucune autre créature.

Auteur: Jerome K. Jerome

Info: Arrière-pensées d'un paresseux, 1898, Arléa 1998 <p.56>

 

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vieillesse

Avec la sonde dans l'estomac, elle aurait pu encore tenir des semaines, sinon des mois. C'est ce qu'on nous assurait. Je n'ai rien à faire de ces sortes d'assurances. On peut dire ce qu'on veut du Moyen-Age, avec sa Mort Noire et son hygiène défaillante, ses furies et ses bûchers, avec l'espérance de vie en rapport, mais quand il était temps de partir, on pouvait partir. La mort était une vieille connaissance, pas une raison de tomber dans l'hystérie. Le peu de science ne s'était pas encore transformé en un mal grotesque capable de maintenir en l'état tous les maux et de les augmenter au lieu de les combattre. Et en arrière-pensée n'existait pas encore cette méfiance lancinante: quand donc notre formidable sécurité sociale, consolatrice des faibles, s'est-elle convertie en un jackpot pour l'industrie pharmaceutique et ses filiales? Les patients qu'on prolonge rapportent plus qu'une vache laitière. Chaque jour supplémentaire est un jour de bénéfices. Cela rend les recommandations de résignation et de patience plus rentables que la vente de souffrance courte.

Auteur: Lanoye Tom

Info: La langue de ma mère

[ acharnement thérapeutique ] [ big pharma ]

 

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arrière-pensée

[le professeur Gradov vient de soigner Staline]
Demande-moi ce que tu veux, professeur, je te donnerai tout. Demande-moi de libérer tes fils, dans deux jours, ils seront près de toi. Demande le tout de suite professeur, tant que j'ai envie de te remercier, après il sera trop tard.
Non, tyran je ne peux rien te demander, se disait Gradov. Un médecin ne peut rien demander à son patient au moment des soins, et tu es mon patient, à cette heure, et non un sale tyran, un tyran...
[quelques jours plus tard]
Molotov descendit une marche et tendit la main à Gradov :
- Mes félicitations pour votre élection au Soviet Suprême, professeur Gradov. Je veux vous présenter au camarade Staline.
Et Staline lui serra la main. Il était en parfaite santé (...) Ils se regardèrent quelques instants dans les yeux. S'il me parle de ses fils, je l'écrase se disait Staline.
- Je vous remercie, camarade Staline, dit Gradov en s'écartant avec discrétion vers le flot des députés.
Staline le suivit d'un coup d'oeil approbateur.

Auteur: Axionov Vassili

Info: Une saga moscovite, tome 1

[ sous-entendu ] [ dictateur ] [ instinct ] [ rapports humains ]

 

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lassitude

Voici un an que je recule - idée intolérable ! Tout ce que j'écris est mauvais, ma morale est en lambeaux, mes croyances métaphysiques plus vagues que jamais. Je vis sans appétit, sans goût, rien ne m'inspire. Même mon amour pour Marianne est en ce moment un amour de faible, un refuge de pleutre.

Le plus urgent est de durcir ma vie: il me faut deux cents heures de travail dans les trente jours qui viennent. Enquête sur Arts, un ou deux articles, puis mon roman dont le poids retenu me déchire.

Ecrire mon ouvrage de morale. Fonder, conformément à cette morale, une aristocratie d'âmes fortes.

Avant toute chose, retrouver ma puissance et mon cœur. L'enfer, c'est d'agir malgré soi. Je suis fatigué des hantises, des scrupules, des arrière-pensées, des retours en arrière qui me divisent. Je suis fatigué de me remettre en question. J'ai envie d'attaquer.

Ne plus hésiter, ne plus reculer devant rien. Aller jusqu'au bout de toute chose, quelle qu'elle soit, de toutes mes forces. N'écouter que mon impérialisme.

Auteur: Huguenin Jean-René

Info: Journal

[ projets ] [ remède ] [ résolutions ] [ réagir ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

amitié transgénérationnelle

La perte, telle qu’elle peut affecter quelqu’un de beaucoup plus jeune, dirige son regard peut-être pour la première fois sur ce qui peut prévaloir entre deux hommes séparés par une grande différence d’âge et réunis pourtant par l’affection. La mort offrait un partenaire avec lequel, bien sûr, on ne pouvait aborder la plus grande part, l’essentiel de ce qui vous touche. Mais la conversation avec lui en était remplie d’une fraîcheur et d’une paix comme jamais avec quelqu’un du même âge que soi. Il y avait deux sortes de raison à cela. D’une part, toute reconnaissance, même la plus discrète, obtenue l’un de l’autre par-delà le fossé des générations, était infiniment plus indiscutable que celle qui vient de gens de même génération. D’autre part, le plus jeune trouvait quelque chose qui, plus tard, lorsque les anciens l’auraient quitté, s’éclipse complètement jusqu’à ce qu’on soit devenu vieux à son tour : un dialogue exempt de tout calcul et de toute arrière-pensée parce qu’aucun des deux n’attend quelque chose de l’autre, parce qu’aucun des deux ne croise un autre sentiment que, chose rare, la bienveillance sans rien qui s’y ajoute.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Images de pensée" in Images de pensée, pages 235-236

[ transmission ] [ relations ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bullshit jobs

L’univers de conte de fées, qui remplace peu à peu le vieux réel dont personne ne veut plus, lance aux romanciers d’aujourd’hui un défi sans commune mesure avec ceux d’hier. En sont-ils conscients ? Se rendent-ils compte vraiment de l’ampleur de la tâche ? Qu’est-ce qu’un agent accompagnateur ? Par quel bout ça se prend exactement ? Et un développeur du patrimoine ? Et un coordinateur petite enfance ? Comment décrire avec justesse un coordinateur petite enfance ? Ses pensées ? Ses gestes ? Ses arrière-pensées ? Le surprendre en plein travail, accomplissant sa mission qui consiste, je cite, à "aiguiller les familles vers les structures existantes", sans oublier au passage de "faciliter le décloisonnement entre les différents services d’accueil" ? Ça se peint comment, des choses comme ça ? Des activités de ce genre ? Ça se raconte comment ? Un magistrat du temps de Balzac, un usurier, une femme de chambre, un ancien soldat de l’Empire, on savait plus ou moins ce qu’ils voulaient, ce qu’ils fabriquaient. Leurs histoires, leurs drames, même les plus complexes, sont d’une limpidité, d’un réalisme, d’une palpabilité formidables à côté de ce qu’on peut supposer comme aventures, comme drames, à un agent d’ambiance ou à une adjointe de sécurité. Qu’est-ce que ça peut être, le comportement d’un type en train d’aiguiller des familles ou de faciliter un décloisonnement ? Et qu’est-ce que c’est un faciliteur de décloisonnement qui ne fait pas bien son boulot ? Ça s’attrape par quel bout ? Et un coordinateur petite enfance qui tire au flanc ? Un agent de médiation qui bâcle ? Un accompagnateur de personnes dépendantes placées en institution qui cochonne le travail ? Un développeur du patrimoine qui sabote ? 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 467-468

[ fonction tertiaire ] [ emploi ] [ virtualisation ] [ professions émergentes ]

 
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