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empyrée

Un monde divin multiple, divisé par conséquent au-dedans de lui-même par la pluralité des êtres qui le composent ; des dieux dont chacun, ayant son nom propre, son corps singulier, connaît une forme d'existence limitée et particulière : cette conception n'a pas manqué de susciter, dans certains courants religieux marginaux, dans des milieux de sectes et chez des philosophes, interrogations, réserves ou refus. Ces réticences, qui se sont exprimées de façons fort diverses, procèdent d'une même conviction : la présence du mal, du malheur, de la négativité dans le monde tient au processus d'individuation auquel il a été soumis et qui a donné naissance à des êtres séparés, isolés, singuliers. La perfection, la plénitude, l'éternité sont les attributs de l'Être totalement unifié. Toute fragmentation de l'Un, tout éparpillement de l'Être, toute distinction de parties signifient que la mort entre en scène avec l'apparition conjointe d'une multiplicité d'existences individualisées et de la finitude qui nécessairement borne chacune d'elle. Pour accéder à la non-mort, pour s'accomplir dans la permanence de leur perfection, les dieux de l'Olympe devraient donc renoncer à leur corps singulier, se fondre dans l'unité d'un grand dieu cosmique ou s'absorber dans la personne du dieu morcelé, puis réunifié par Apollon, du Dionysos orphique, garant du retour à l'indistinction primordiale, de la reconquête d'une unité divine qui doit être retrouvée, après avoir été perdue.

En rejetant catégoriquement cette perspective pour placer l'accompli, le parfait, l'immuable, non dans la confusion de l'unité originelle, dans l'obscure indistinction du chaos, mais à l'inverse, dans l'ordre différencié d'un cosmos dont les parties et éléments constitutifs se sont peu à peu égarés, délimités, mis en place et où les puissances divines, d'abord incluses dans de vagues forces cosmiques, ont pris, à la troisième génération, leur forme définie et définitive de dieux célestes, vivant dans la lumière constante de l'éther, avec leur personnalité et leur figure particulières, leurs fonctions articulées les unes aux autres, leurs pouvoirs s'équilibrant et s'ajustant sous l'autorité inébranlable de Zeus, la Théogonie orthodoxe d'Hésiode donne à la nature corporelle des dieux son fondement théologique : si les dieux possèdent plénitude, perfection, inaltérabilité, c'est qu'au terme de ce progrès qui a conduit à l'émergence d'un cosmos stable, organisé, harmonieux, chaque personne divine a désormais son individualité clairement fixée.

Auteur: Vernant Jean-Pierre

Info: L'Individu, la mort, l'amour. Soi-même et l'autre en Grèce ancienne

[ déités ] [ divinités ] [ mythologie ]

 

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occident

Joachim [de Flore] rompit avec la conception augustinienne d’une société chrétienne en appliquant le symbole de la Trinité au cours de l’histoire. D’après sa conception, l’histoire de l’humanité se décomposait en trois périodes, chacune d’elles correspondant aux trois personnes de la Trinité (…) ces trois âges se caractérisaient par un accroissement sensible de plénitude spirituelle (...) l’eschatologie trinitaire de Joachim créa l’ensemble des symboles qui préside à l’auto-interprétation de la société politique moderne jusqu’à nos jours.

Le premier de ces symboles est celui de l’histoire conçue comme une séquence de trois âges, le troisième représentant clairement le Troisième et dernier Règne. La périodisation humaniste et encyclopédiste de l’histoire en histoire antique, histoire médiévale et histoire moderne constitue une variation sur ce symbole ; il en va de même des théories de Turgot et Comte concernant une série de phases théologique, métaphysique et scientifique, ou de la dialectique hégélienne des trois étapes de la liberté et de l’accomplissement de l’Esprit dans son autoréfléxion, voire de la dialectique marxiste des trois étapes du communisme primitif, de la société de classe et du communisme final, et, enfin, du symbole du Troisième Reich du national-socialisme – encore qu’il s’agisse là d’un cas particulier qui mérite qu’on l’examine plus en détail.

Le second symbole est celui du chef : il exerça une influence immédiate dans les mouvements des spiritualistes franciscains (…) renforcé par les spéculations de Dante sur le Dux du nouvel âge spirituel (…) il constitue ensuite une composante du Principe de Machiavel et, à l’époque de la sécularisation, il apparaît sous la forme des surhommes chez Condorcet, Comte, et Marx. (…)

Le troisième symbole, parfois mêlé au second, est celui du prophète du nouvel âge (…) l’intellectuel gnostique devient-il une composante de la civilisation moderne. Joachim lui-même est le premier exemple de ce genre (…) le quatrième symbole est celui de la communauté des personnes autonomes sur le plan spirituel (…) pouvant se passer de toute autorité institutionnelle (…) sous sa forme séculière, elle est devenue une composante importante du crédo démocratique contemporain (…) l’idée russe de la Troisième Rome se caractérise par le même mélange d’une eschatologie du règne de l’Esprit et de son accomplissement dans une société politique, à l’œuvre dans l’idée national-socialiste du Troisième Reich.

Auteur: Voegelin Eric

Info: La Nouvelle science du politique, pp. 164-168

[ christianisme ] [ évolution ]

 

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questions

L'homme moderne a cru pouvoir circonscrire le monde en projetant toute son énergie sur lui. Il a dilapidé son âme aux quatre coins de la terre, voulant tout voir d'elle et se faire payer de retour en l'exploitant. La conscience objective du monde extérieur voudrait nous faire croire qu'à son image, il n'existe qu'une conscience objective du mode intérieur et qu'à défaut de la penser, nous devrions l'exploiter. Comment peut-on se laisser persuader par une idée qui dénie outrageusement nos intuitions les plus évidentes ? Comment arrivons-nous à croire que notre pensée ne peut être que consciente ? Que faisons-nous de l'évidence de nos rêves et des expériences psychiques singulières ou extraordinaires comme celles des E.M.I. ? Par quelle force de persuasion finissons-nous par nous détourner de ces possibles auxquels les messages de l'inconscient nous invitent à nous abandonner ? Pourquoi refusons-nous d'éprouver ces numina et de leur donner une forme, ce qui nous ferait artistes de notre destinée ? Qu'est-ce qui se dissimule derrière les arguments d'autorité affirmant que notre âme n'est qu'une conscience, sinon la terreur face à l'étendue infinie de l'inconscient ? Que craignons-nous en nous-mêmes ? Nous qualifions d'obscurantistes les siècles derniers pour éloigner de nous le souvenir de massacres et de comportements terrifiants et nous brandissons une conscience que l'on imagine raisonnable pour se garder du retour de tels débordements. Mais ce comportement n'est pas celui d'hommes sages qui ont conscience de leurs démons, qui peuvent les identifier et qui restent vigilants lorsque ceux-ci se réveillent, c'est le comportement d'hommes qui refusent de voir leur part sombre, qui la répriment ou la projettent sur d'autres hommes qu'un jour, ils voudront combattre faute d'avoir su s'affronter eux-mêmes. L'inconscient est chargé de tous les maux et pourtant, il est un allié du conscient. De leur dialectique peut se développer un conscient plus fort, plus sûr de son existence, moins suggestible et moins malléable. Par le mythe de l'E.M.I., nous apprenons que le monde extérieur n'est pas tout et qu'il peut être bon de renoncer à nous en faire le maître pour que notre conscient s'abandonne aux messages de l'inconscient, pour qu'il en comprenne les numina. Au lieu que ce soit le destin qui nous attrape, peut-être arriverons-nous à suivre notre destinée à l'endroit où elle souhaite nous conduire.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Expérience de mort imminente : L'approche jungienne

[ rationalisme triomphant ] [ anthropocentrisme ]

 

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corruption

L'étrange cabinet privé McKinsey était auditionné par le Sénat il y a quelques jours. La rapporteur a posé des questions au représentant du cabinet à propos des centaines de milliers d'euros dont ce cabinet est régulièrement arrosé pour... pour quoi d'ailleurs ? Justement, on ne sait pas. La rapporteur a posé des questions pour en savoir plus, le type de McKinsey n'a su fournir que des réponses évasives, troubles, incompréhensibles, en fait des successions d'éléments de langage passe-partout qui ne disent rien.

Depuis cette audition catastrophique, la presse autorisée se penche sur ce cabinet étonnant à qui la macronie confie beaucoup trop souvent des missions pour que ce ne soit pas louche.

À ce stade, personne n'est capable de dire pourquoi ce cabinet est si souvent sollicité, pourquoi il est à ce point arrosé d'argent public pour des résultats inexistants. Mais en réalité, on commence à le comprendre lorsqu'on s'intéresse aux liens qui existent entre Macron et McKinsey. Et là, accrochez-vous :

On découvre par exemple que ce cabinet américain privé domicilié dans un paradis fiscal a contribué à la... création d'En Marche et à la campagne présidentielle de Macron en 2017. Mais les liens sont antérieurs, et là encore accrochez-vous... je cite La dépêche du 5 février 2021 :

"Une fois Emmanuel Macron élu en 2017, de jeunes consultants de McKinsey rejoignent le pouvoir : directeur adjoint du cabinet du secrétaire d'Etat au Numérique, chef du "pôle projets" de la République en Marche, directeur général de la République en Marche. Éric Labaye, le dirigeant de McKinsey qu'Emmanuel Macron avait rencontré en 2007, a été nommé président de Polytechnique par Emmanuel Macron en août 2018. De son côté, l'ancien patron des Jeunes avec Macron, Martin Bohmert, a rejoint le cabinet McKinsey en 2020."

L'un des associés de McKinsey n'est autre que le fils de Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel qui trouve sympa le passe vaccinal vendu à Macron par... McKinsey.

Liens troubles, intérêts opaques, renvois d’ascenseurs, consanguinité des réseaux, argent public utilisé en guise de remerciements pour services rendus à Macron, conflits d'intérêt entre l'autorité constitutionnelle et le cabinet chargé de la stratégie vaccinale en France, etc., etc. En somme leur République est rongée, corrompue, pourrie de l'intérieur jusqu'aux plus hauts sommets du pouvoir exécutif et juridictionnel.

Auteur: Sturel Jonathan

Info: Publication facebook du 23.01.2022

[ lobbying ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éthologie

Mon but était d’analyser les rivalités entre mâles pour des questions de rang, le rôle de médiation des femelles dominantes, comme Mama, et les différentes façons de surmonter les conflits. Pour y parvenir, il a fallu que je m’intéresse à la hiérarchie sociale et à l’exercice du pouvoir, des thèmes qui, à l’époque, étaient controversés. C’était les années 1970, l’heure de gloire du flower power. Nous étions jeunes, plus ou moins anarchistes, farouchement en faveur de la démocratie et méfiants vis-à-vis des autorités qui dirigeaient l’université (on les appelait "mandarins", comme les bureaucrates de la Chine impériale). La jalousie sexuelle était jugée dépassée, et toute espèce d’ambition, suspecte. Hélas pour moi, la colonie de chimpanzés que j’étudiais trahissait toutes ces tendances "réactionnaires" à la puissance 1000: goût du pouvoir, arrivisme et jalousie. […]

Premièrement, en tant qu’être humain, j’étais sidéré par les ressemblances avec nos cousins les plus proches. Je traversais la phase que connaît tout primatologue, celle du: "Si ça, c’est un animal, je suis quoi, moi?" Deuxièmement, je faisais partie d’une joyeuse bande de hippies, et je constatais chez les grands singes des comportements courants dénoncés par les gens de ma génération. Loin de leur permettre d’influencer mon regard sur les grands singes, j’ai commencé à avoir une vision plus juste de mes camarades. Au fond, cela revenait aux fondamentaux de l’observation: la reconnaissance des formes. Peu à peu, je découvrais les manœuvres cachées pour décrocher tel ou tel poste, les coalitions qui se forment, les intrigues pour obtenir des faveurs, l’opportunisme politique, et ce dans mon propre environnement. Je ne parle pas exclusivement de la génération qui précède la mienne. Les mouvements étudiants avaient leurs mâles alpha, leurs luttes de pouvoir, leurs groupies et leurs jalousies. Pire encore, plus nous étions proches, plus la jalousie sexuelle pointait sa tête hideuse. Mes recherches sur les grands singes me donnaient la distance idéale pour identifier ces tendances; pour qui se donnait la peine de les observer, elles étaient claires comme le jour. Les leaders ridiculisaient et isolaient tous ceux qui les menaçaient et piquaient les copines des autres, alors qu’ils prêchaient les bienfaits de l’égalitarisme et de la tolérance. Il y avait un hiatus énorme entre ce que ma génération, dans ses discours politiques enflammés, prétendait être, et son comportement réel. Nous étions complètement dans le déni !

Auteur: Waal Frans de

Info: La dernière étreinte

[ psycho-sociologie ] [ primates ] [ homme-animal ] [ analogies ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

normalisation

Le non-conformisme et la libre expression classés comme maladie mentale ?
Vous êtes non conformiste et vous êtes pour la libre expression ? Eh merde ! Cela signifie que vous êtes un malade mental ! Oui, oui, ces deux symptômes viennent désormais d'être intégrés dans le DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).
Cette nouvelle maladie porte le joli nom d'ODD (Oppositionnal Defiant Disorder). La personne qui en souffre remet l'autorité en question en permanence. Les symptômes sont la négativité, la remise en question de sa hiérarchie et une tendance à argumenter sur tous les sujets.
Le DSM IV peut être comparé au Vidal de la médecine. C'est un manuel qui permet aux psys de diagnostiquer de nouvelles maladies mentales. Et cette 4e version amène une pléthore de maladie lié à la désobéissance envers l'autorité. Les psys estiment que nous devenons de plus en plus psychologiquement instables tandis que d'autres estiment que les psys ont beaucoup trop de temps libre et qu'ils le passent à dire des conneries.
D'autres symptômes de l'ODD inclut le narcissisme, une créativité au dessus de la normale (vous lisez bien) et un comportement anti-social. Autrefois, ces traits faisaient partie de la personnalité, mais maintenant, ils sont classés comme des troubles mentaux.
Ce magnifique manuel DSM IV est passé de 130 à plus de 357 maladies mentales en quelques années. Beaucoup de nouvelles maladies concernent les enfants et c'est pourquoi, de plus en plus de gamins suivent une thérapie forcée parce qu'ils sont classés comme des malades mentaux selon ce manuel. Le Washington Post a trouvé la réplique parfaite sur ce manuel : Si Mozart était né aujourd'hui, il serait diagnostiqué comme ayant un ODD (parce qu'il nous a montré quelques bricoles en terme de créativité...)
En son temps le Communisme avait défini une maladie mentale qui justifiait la répression politique. Tout ceux qui remetaient en cause le communisme étaient écartés de la société. On les mettait dans des camps, avec thérapies pour les ramener sur le droit chemin.
Bien entendu les psy se défendent en affirmant que ce ne sont que les symptômes d'une maladie. Une maladie qui va faire le bonheur de tous les gouvernements du monde puisque le combat contre le pouvoir (inique, dictatorial, absurde...) devient une maladie mentale.
A moins que ce ne soit la psychiatrie dans son entier qui doive être considérée comme une maladie mentale.

Auteur: Internet

Info: novembre 2013

[ pouvoir ] [ coercition ]

 

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autodestruction

On connaît l'exemple du chien fidèle se laissant mourir après son maître ; on a vu un canard se maintenir sous l'eau assez longtemps pour se noyer après la mort de son partenaire, des rats-taupes nus atteints d’une maladie contagieuse aller mourir seuls, loin de leur colonie, et des baleines se jeter par dizaines sur les plages, comme le 14 novembre dernier sur la pointe de Farewell ("adieu", en anglais), en Nouvelle Zélande, en un simulacre de suicide collectif désespérant  – les autorités locales se sont résolues à euthanasier les survivantes deux jours plus tard, rappelle Slate.

Mais peut-on aller au-delà de comparaisons anthropomorphiques plus ou moins douteuses, se demande aujourd'hui Slate, et affirmer qu'une bête est capable de se suicider ? Un animal peut-il avoir conscience de son existence et conceptualiser la relation de cause à effet qui mènera de son acte à sa disparition, éventuellement à l'abrègement de ses souffrances ?

La question a passionné les scientifiques et la presse anglaise à l'époque victorienne, rappelait en 2010 Edmund Ramsden, chercheur au département d'histoire de l'université d'Exeter. A partir de l'année 1845, on vit ainsi fleurir les drames animaliers dans les feuilles d'outre-Manche, tel "le cas d’un chien de race terre-neuve qui s’était, à plusieurs reprises, jeté à l’eau, restant immobile et 'gardant obstinément la tête sous l’eau pendant quelques minutes'", rappelle Slate (c'est alors que l'affaire du canard amoureux mentionné ci-dessus avait été évoquée).

Bravement, donc, Slate rassemble des éléments de preuve modernes. Le site souligne que certains animaux, dauphins, primates, pies et éléphants, en reconnaissant leur image dans un miroir pourraient démontrer une certaine conscience de leur individualité. Certains savent "faire semblant", en jouant : serait-ce le signe d'une capacité à se projeter au-delà de ce monde matériel ?

Poussant vers des espèces dont les états d'âme indiffèrent la plupart d'entre nous, Slate relève que certaines algues unicellulaires peuvent, face à un stress pourtant surmontable, activer un processus de mort programmée. "Des chercheurs ont récemment découvert que le 'suicide' de certaines cellules favorisait la croissance des cellules survivantes." Ces algues meurent donc "pour le bien de la communauté", en martyrs.

Enfin, Slate note l'existence d'un parasite qui provoque chez les rongeurs une certaine attirance pour leur pire ennemi, le chat, et se demande si ledit parasite, Toxoplasma gondii, pourrait également infecter l'humain et le pousser ainsi à passer à l'acte, en conscience altérée, mais en conscience tout de même.



 

Auteur: Internet

Info: https://www.lemonde.fr - RÈGNE ANIMAL - L'homme est-il seul à pouvoir se suicider ? 24 nov 2011

[ homme-animal ] [ compendium ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

dépravation

En 1770, un père de famille vint se jeter aux pieds de M. de Sartines, et lui dit que la veille au soir on a enlevé sa fille, et qu'il ne sait ce qu'elle est devenue.
M. de Sartines lui promet une prompte vengeance, et lui assigne un jour pour lui donner des nouvelles sûres de son enfant; il fait faire les perquisitions les plus exactes, et parvient enfin à découvrir les ravisseurs. Le père revient aujour marqué ; M. de Sartines le reçoit les larmes aux yeux : "Hélas ! lui dit ce magistrat, vous êtes bien malheureux, mais je suis presque aussi à plaindre que vous : je sais où est votre fille, et je ne puis vous rendre justice : une autorité supérieure me lie les mains..." L'infortunée était au Parc aux Cerfs, et avait été enlevée pour les plaisirs du roi.
Les courtisans suivaient à l'envi l'exemple de leur maître. Quelques mois après, M. le duc de *** devient amoureux d'une jeune demoiselle très-jolie, fille d'un ancien officier : ne pouvant corrompre ni elle ni sa mère, par argent, il imagine un stratagème bien digne de la cour de Louis XV. Il se déguise avec quelques-uns de ses gens, met le feu pendant la nuit à la maison où demeuraient la mère et la fille; il entre comme pour donner du secours, enlève la demoiselle, la met dans un carrosse, et en abuse à deux lieues de là. Il se rend coupable du double crime de ravisseur et d'incendiaire.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'il ne fut point puni, malgré les plaintes de M. de Sartines; il en fut quitte pour quelque argent. Le duc de ***, son père, présenta au roi cette affaire comme une petite plaisanterie, et le monarque se contenta de recommander au fils d'être un peu plus sage à l'avenir.
Peu de seigneurs de la cour de France résistèrent à cette contagion, et se préservèrent de la corruption générale. M. le maréchal de Brissac était un de ces derniers.
Il y a quelques années qu'on le plaisantait sur la rigidité de ses principes d'honneur et de probité, et sur ce qu'il se fâchait, parce qu'on prétendait qu'il était c..., comme tant d'autres, Louis XV qui était présent, et qui riait de sa colère, lui dit : "Allons, monsieur de Brissac, ne vous fâchez point, c'est un petit malheur, ayez bon courage.
- Sire, répondit M. de Brissac, j'ai toutes les espèces de courage, excepté celui de la honte."

Auteur: Internet

Info: Correspondance secrète, année 1774, in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ abus de pouvoir ] [ dépravation ] [ viol ] [ honneur ]

 

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religions comparées

La morale socratique se réfère, non a priori à un Code révélé, mais à la conscience en tant que fonction de l’Intellect. Ce caractère immanentiste ne permet nullement de la confondre avec un moralisme laïque, c’est précisément la référence à l’Intellect qui s’y oppose. Selon Socrate, la vertu c’est la science du bien : avoir la vraie notion du bien, celle de la justice par exemple, c’est être juste. Le bien est identique à l’utilité totale, qui est notre destinée spirituelle ; quiconque se fonde sur le bien ne peut être frustré, puisque Dieu est le Bien. Socrate insiste sur la vertu d’obéissance : la justice terrestre des autorités peut être faillible, mais elle est sacrée en vertu de la Loi éternelle, que le sage représente. L’attitude de Socrate à l’égard des mystères d’outre-tombe est celle de Confucius : la garantie d’un au-delà favorable est dans notre conformation à la Norme universelle ; cette conformation prime les conceptualisations des états post-mortem.

Une autre éthique indépendante du Décalogue est celle de l’Inde : elle se fonde sur les notions du dharma ("Loi universelle"), du rita ("détermination" ou "comportement") et du karma ("action"). C’est en vertu du dharma que les choses et les êtres se comportent chacun selon sa nature ; la notion du rita est peut-être moins principielle, elle exprime le comportement même, y compris les actes rituels, bien qu’à d’autres égards dharma et rita soient synonymes. Le karma relève du dharma ; il engendre, suivant sa conformité ou non-conformité à l’Ordre cosmique et divin, tel destin dans la transmigration. La violation de la Norme ou de la Loi est le péché, pâpa ; l’impureté qui détermine, ou accompagne l’acte du péché est le mal, dosha. Il convient du reste de distinguer entre l’amoral (nirdharma) et l’immoral (adharma) : de même que le "surnaturel" est non un "contre-naturel" mais simplement un "naturel" transcendant - en étendant ainsi la logique interne du "naturel" à l’Univers invisible -, de même l’"amoral" est non un "immoral" mais un "moral" transcendant, c’est-à-dire plus vaste que le moral proprement dit et éventuellement contraire à ce dernier. Au demeurant, l’Hindouisme insiste beaucoup sur l’œuvre accomplie sans espoir du fruit (niskhâma-karma) : c’est le point de vue de la morale pure ou quintessentielle, en tant que participation inconditionnelle à l’Équilibre cosmique et à l’Attraction divine ; la conscience du "devoir" humain est remplacée ici par un impératif résultant non de notre intérêt mais de la divine Beauté, pour dire les choses simplement.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 179-180

[ philosophie pérenne ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

moyen âge

Chez les historiens médiévistes, qui en restent les principaux utilisateurs, la notion de féodalité renvoie schématiquement à trois usages différents. Un usage traditionnel (François-Louis Ganshof, Robert Boutruche), politique et juridique, désigne par féodalité les liens féodo-vassaliques, c'est-à-dire les relations hiérarchisées internes à l’aristocratie, fondées sur la fidélité (manifestée par le serment, auquel s'ajoute parfois le rituel de l'hommage), l'échange de services (la protection, l'aide et le conseil) et la possession partagée d'un fief (à la fois bien foncier et ensemble de droits seigneuriaux), entre seigneurs et vassaux. Cette organisation de la classe dominante constituerait la caractéristique majeure de la société européenne médiévale, pour certains dès l'époque carolingienne, pour d'autres plus tard, à l'âge justement désigné comme féodal. C'est cet usage traditionnel de la notion qui a fait l'objet du plus grand nombre de critiques, d'abord de la part d'historiens plus sensibles à la primauté du rapport de domination seigneurial sur les paysans (Rodney Hilton, Georges Duby, Robert Fossier), ensuite de la part d'historiens influencés par l'anthropologie et plus attentifs aux modalités non féodales de la régulation sociale à l'échelle des sociétés locales (Fredric Cheyette, Patrick Geary, Stephen White, Dominique Barthélemy) ou aux solidarités coutumières à l'échelle des royaumes (Susan Reynolds). Un deuxième usage, plus large et plus fréquent depuis les travaux de Marc Bloch et Georges Duby recourt au terme féodalité ou à l'expression société féodale pour définir une société où la domination sur la terre et les hommes est exercée à l'échelle locale au profit d'une aristocratie à la fois foncière et guerrière, laïque et ecclésiastique, à l'écart de toute souveraineté de type étatique. Dans ce cadre, la féodalité au sens traditionnel n'est plus que l'un des instruments de la reproduction de la domination aristocratique parmi d'autres, telles que la guerre vicinale, la culture de la faide (vendetta entre familles) ou l'élaboration de systèmes de représentations spécifiques comme "l'idéologie des trois ordres” clergé, noblesse et Tiers état . Un troisième usage (Guy Bois, Ludolf Kuchenbuch. Chris Wickham), souvent d'inspiration marxiste, emploie indifféremment féodalité ou féodalisme pour caractériser un régime social fondé sur l'appropriation du surproduit paysan par la classe aristocratique (laïque et ecclésiastique) à travers le grand domaine puis la seigneurie. Dans ce cadre aussi la féodalité au sens traditionnel est généralement considérée comme la principale modalité de redistribution de la "rente seigneuriale" au sein du groupe dominant (Pierre Bonnassie). Des considérations chronologiques variées sont associées à chacune de ces conceptions de la féodalité, les unes englobant l'ensemble de la période médiévale. de la chute de l'Empire romain à l'avènement des États modernes (tantôt situé aux XIVe- XVIe siècles, tantôt repoussé au XVIIIe siècle), les autres une période plus restreinte censée correspondre à la dissolution maximale de l'autorité publique entre l’effondrement de l’Empire carolingien et le renouveau monarchique capétien au XIIe siècle.

Auteur: Gauvard Claude

Info: Dictionnaire de l'historien

[ tour d'horizon ] [ sociologie ] [ pouvoirs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel