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amour sapiential

Étant néant, il [le mal] n’a pas de cause, il est même ce qui manque de cause et ce qui n’existe que comme limitation du bien qu’il ne peut jamais anéantir sans s’anéantir lui-même. [...] La véritable science du mal, c’est la Passion du Christ. Pour l’homme, le mal n’est donc en vérité que l’occasion ou l’épreuve du bien. Il n’a pas à être pensé, mais à être supporté ou soulagé, jusqu’à ce qu’il révèle sa racine béatifique, non qu’il change de nature – la souffrance est toujours la souffrance – mais parce qu’il s’identifie alors à la volonté bienheureuse de Dieu.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, page 11

[ surmonté ] [ contingent ] [ référencé ] [ consentement à l'altérité ] [ privatio boni ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bassesse

Mammon, le moins élevé des esprits tombés du ciel, car dans le ciel même ses regards et ses pensées étaient toujours dirigés en bas ; admirant plus la richesse du pavé du ciel où les pas foulent l’or, que toute chose divine ou sacrée dont on jouit dans la vision béatifique. Par lui d’abord, les hommes aussi, et par ses suggestions enseignées, saccagèrent le centre de la terre, et avec des mains impies pillèrent les entrailles de leur mère, pour des trésors qu’il vaudrait mieux cacher. Bientôt la bande de Mammon eut ouvert une large blessure dans la montagne, et extrait de ses flancs des côtes d’or. Personne ne doit s’étonner si les richesses croissent dans l’Enfer ; ce sol est le plus convenable au précieux poison.

Auteur: Milton John

Info: Le paradis perdu

[ vénalité ] [ mythe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

peur créative

Beaucoup plus que le paradis, l’enfer se prête à une exploitation par l’imaginaire de l’homme. Autant l’embarras des artistes, des moralistes, des prédicateurs, est manifeste lorsqu’il s’agit d’évoquer les félicités éternelles dont peuvent jouir les purs esprits, autant ils sont prolixes et inventifs pour décrire les souffrances. C’est que, dans le cas du paradis, toute jouissance qui serait trop charnelle est jugée inconvenante et hors de propos, ce qui limite considérablement les possibilités. Les délices des élus donnent bien souvent l’impression d’un ennui mortel, et en dépit des efforts des prédicateurs, la vision béatifique est plutôt soporifique. 

L’avantage de l’enfer est que tous les débordements imaginatifs sont permis, puisque tous les supplices décrits ne sont que des images, toujours inférieures à la réalité, destinées à suggérer une souffrance en elle-même inimaginable.

Auteur: Minois Georges

Info: Que sais-je ? Histoire de l'enfer

[ extrapolation ] [ angoisse moteur ] [ géhenne ] [ douleur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

connaissance primordiale

La méditation, contrairement à ce qu’on admet trop généralement, ne possède point la vertu de provoquer par elle-même des illuminations ; son but est plutôt"négatif" en ce sens qu’elle doit éloigner les obstacles intérieurs qui s’opposent à une connaissance, non pas"nouvelle", mais "préexistante" et "innée", et dont il s’agira de prendre conscience ; la méditation sera donc comparable, non pas tant à une lumière qu’on allumerait dans une chambre obscure, qu’à une ouverture qu’on pratiquerait dans le mur de cette chambre afin de permettre à la lumière d’entrer, — lumière qui "préexiste" au dehors et n’est point le produit de l’action de percer le mur. L’homme est par définition un être pensant, et, par conséquent, il ne peut pas considérer la pensée comme inutile a priori, quelles que puissent être ses intentions profondes; il doit donc nécessairement partir d’une pensée, non seulement pour les besoins de la vie extérieure où la chose va de soi, mais même dans l’effort spirituel de dépasser le plan des limitations mentales. L’homme, puisqu’il pense, doit consacrer cette faculté à la "seule chose nécessaire", comme du reste toute autre faculté, car tout doit s’intégrer dans le spirituel; qui pense pour le monde doit aussi penser pour Dieu, et cela est vrai pour toute activité fondamentale de l’être humain, puisque nous devons aller vers Dieu avec tout ce que nous "sommes".

Toute voie spirituelle, indépendamment de son mode ou de son niveau, — qu’elle soit de nature active, émotive ou intellectuelle, ou encore, qu’elle s’arrête à l’individualité ou qu’elle la dépasse, —toute voie spirituelle comporte trois grands degrés :la "purification", qui fait que "le monde sort de l’homme" ; l’"épanouissement", qui fait que "le Divin entre dans l’homme"; et l’ "union", qui fait que "l’homme entre dans Dieu". Nous pourrions aussi nous exprimer d’une manière quelque peu différente : il y a, dans l’homme, quelque chose qui doit mourir, ou qui doit être détruit : c’est l’âme-désir, dont le "point de chute" est le corps sensoriel ; il y a, dans l’homme, quelque chose qui doit se convertir, ou qui doit être transmué : c’est l’âme-amour — l’âme-volonté — dont le centre de gravitation est l’ego ; enfin, il y a, dans l’homme, quelque chose qui doit devenir conscient de soi-même; qui doit devenir soi-même; qui doit être purifié et libéré de ce qui est étranger à soi-même ; qui doit s’éveiller et s’épanouir, et devenir tout, parce que cela est tout; quelque chose qui seul doit être : c’est l’âme-connaissance, c’est- à-dire l’Esprit, dont le "sujet" est Dieu et dont l’ "objet" est encore Dieu.

Le rôle de la méditation sera donc d’ouvrir l’âme, premièrement à la grâce qui éloigne du monde, deuxièmement à celle qui rapproche de Dieu, et troisièmement à celle qui "réintègre" en Dieu, si l’on peut ainsi dire; toutefois, cette "réintégration" peut n’être, suivant les cas, qu’une "fixation" dans telle "vision béatifique", c’est-à-dire une participation encore indirecte à la Beauté divine.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "De la méditation"

[ principe ] [ kensho ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Mais l’éclectisme de Gacougnol est attesté surtout par la présence de Folantin*, le peintre naturaliste et préalable dont le succès, longtemps captif, se déchaîne.

On trouverait malaisément une chose plus instructive que le calendrier de ses produits.

Après une série liminaire de petits paysages pisseux égratignés avec labeur dans des banlieues sans verdure ; après le demi-triomphe d’un tableau de genre, où les amours indécises d’un jeune maçon et d’une brocheuse dessalée, au sein d’un garno, se coagulaient sous les yeux en mastic blafard, ainsi qu’un fromage visité déjà ; Folantin, lassé de ne paraître point un penseur, s’avisa de répandre un peu de morale philosophique sur ses enduits.

On vit poindre alors, à l’inexprimable découragement de plusieurs fantoches de l’appui-main, la surprenante image d’un cocu en cassonade reconduisant, bougeoir en main, avec la plus froide politesse, un individu sébacé qu’il vient de surprendre, après minuit, aux bras de sa femme. Cela s’appelait : En ménage !. Mais la louange fut moindre que pour le garno dont la vogue, hélas ! périclitait, et il fallut trouver autre chose.

Changeant tout à fait son tube d’épaule, il peignit, décidément, un grand seigneur, un enfant de tous les preux dont il étudia le type chez un authentique gentilhomme qui s’est donné la fonction de ramasser les bouts de cigares de la Poésie contemporaine sans parchemins.

L’optimate fut représenté, bien malgré lui, sur un bidet, lisant des vers de vingt-cinq pieds. Or, il arriva, contre toute attente sublunaire, que ce portrait allégorique fut une manière de bas chef-d’œuvre, et la noblesse de France, — la première du monde, jadis, — une fois de plus, se vérifia si charogne que le simulacre engendré par Folantin, confronté à l’original, procura quelques instants, l’hallucination de la force.

L’heureux peintre érigea son front parmi les étoiles et put s’annexer quelques disciples. Impossible de le nier. Si ennemi qu’on pût être de Folantin et de son odieuse peinture documentée à la manière d’un roman de la sotte école, son personnage avait une tenue équestre sur ce vase devenu comme un piédestal.

À partir de cet instant, le maître nouveau repoussa du pied les châssis de faible étendue et se précipita aux vastes toiles.

On s’est bousculé autour de sa Messe noire et de ses Trappistes en prière, crépis énormes, léchotés au petit blaireau, qu’il faut scruter par centimètre carré, au moyen d’une loupe de géologue ou de numismate, sans espoir de réaliser la vision béatifique d’un ensemble.

Le premier de ces engins paraît avoir été calculé pour le branle et pour le brandon d’une récente portée de bourgeois que démange la convoitise des lubricités de l’enfer. L’habile homme, toutefois, se croyant, quand même, désigné pour instruire ses contemporains, c’est, en même temps, le prodige d’une sorte de jocrisserie peinturière s’exaspérant jusqu’à devenir tourbillon, mais tourbillon noir, combien fétide et profanant !

Les Trappistes en prière ont voulu être le contre-pied, le rebrousse-poil de la précédente révélation. Folantin, dont la crête augmente et dont la moutarde s’affiche de plus en plus, tenait à montrer comment un artiste assez audacieux pour baiser le croupion du Diable savait, en revanche, tripoter l’extase.

Folantin, tout à coup sorcier, découvrit le Catholicisme !

Clairvoyance peu récompensée. La vindicative bondieuserie de Saint-Sulpice, appelée en duel, lui passa son goupillon au travers du cœur. Cette fois encore, pourtant, il bénéficia du renouveau de crédit que semblent avoir les préoccupations religieuses, aux approches de la fin du siècle, et sa robe d’initiateur n’est pas devenue l’humble veste qu’on aurait pu croire, après un tel coup.

La forme extérieure de ce pontife est analogue à celle d’un de ces arbres très pauvres, noyers d’Amérique ou vernis du Japon, dont l’ombre est pâle et le fruit vénéneux ou illusoire. Il est fier, surtout, de ses mains qu’il juge extraordinaires, "des mains de très maigre infante, aux doigts fluets et menus". Telles sont ses amicales expressions, car il ne se veut aucun mal.

— Je me fais à moi-même, déclarait-il à un reporter, l’effet d’un chat courtois, très poli, presque aimable, mais nerveux, prêt à sortir ses griffes au moindre mot.

Le chat paraît être, en effet, sa bête, moins la grâce de ce félin. Il est capable de guetter indéfiniment sa proie, et même la proie des autres, avec une douceur féroce que ne déconcerte nul outrage. Il accueille tout sur la pointe d’un demi-sourire figé, laissant tomber, de loin en loin, quelques minces phrases métalliques et tréfilées qui font, parfois, les auditeurs incertains d’écouter un être vivant.

Il est celui qui "ne s’emballe pas". Le pli dédaigneux de sa lèvre est acquis, pour l’éternité, à tout lyrisme, à tout enthousiasme, à toute véhémence du cœur, et sa plus visible passion est de paraître un fil de rasoir dans un torrent.

— Celui-là, c’est l’Envieux ! dit, un jour, avec précision, Barbey d’Aurevilly qui l’assomma de ce mot.

Sa malignité, cependant, est circonspecte. Très soigneux de sa renommée, qu’il cultive en secret, comme un cactus frileux et rare, il ne néglige pas de prendre contact avec des journalistes qu’il pense avoir le droit de mépriser ou avec certains confrères pleins de candeur dont il subtilise les conceptions. On tient pour sûre l’histoire malpropre de cette esquisse de la Messe noire carottée pour quelques louis à un artiste mourant de misère, — ébauche superbe qu’il se hâta d’avilir de son pinceau, après avoir ignominieusement congédié le malheureux qui lui faisait une telle aumône.

Auteur: Bloy Léon

Info: A propos de *Joris-Karl Huysmans, dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 193-196

[ résumé de l'œuvre ] [ description ] [ critique ] [ dénigrement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson