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litanie

— Ô Vérité, promesse de tous les maux, certitude de l’agonie, annonciatrice de la mort, je vous vénère et je vous loue. Impétueuse, qui construisez l’avenir, mais qui, serrée parmi la foule des causes et des circonstances, ne pouvez avancer d’un pas sans que l’aient autorisé ce qui vous précède et ce qui vous suit, soyez bénie, esclave au front libre ! Puisque nous vous avons évoquée, demeurez encore un instant, ô Vérité sans nul voile, auprès de vos partisans stoïques ! Ne nous quittez pas avant d’avoir entendu de notre bouche ces mots d’amour : "Si cruelle que tu sois dans tes cruels moments, je t’aime, parce que le mal que tu me fais est conforme à la compréhension que j’ai de toi. Nécessité, qui es inéluctable et pleine de preuves, je t’aime parce que tu m’as choisie pour le savoir ; je te remercie de m’avoir jugée digne. Et quand, en ce moment même, par ta présence persistante, s’écroulerait tout ce qui me favorise et me flatte, tout ce qui me préserve et me maintient, je n’interromprais pas mon chant d’amour, et je te dirais : Je t’aime, parce que tu es la Vérité !"

Auteur: Noailles Anna de

Info: Les innocentes, ou La sagesse des femmes

[ divinité ] [ lyrisme ] [ incantation ] [ douloureuse lucidité ]

 

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Ajouté à la BD par SFuchs

droits des minorités

Il ne faut pas perdre une minute à batailler contre la revendication du "mariage homosexuel". C’est une de ces nouveautés innovantes comme notre temps en raffole, une de ces avancées qui vont de l’avant sans craindre d’aller plus loin que loin, un de ces progrès inéluctables qui ont le vent du futur dans les voiles. [...]

Quant à la contradiction comique mais classique à la faveur de laquelle on veut, comme Christophe Girard et Clémentine Autain, placer sous la protection de l’État une union homosexuelle dont on dit qu’elle sera aussi et surtout "un pied de nez à la conception traditionnelle du mariage", ce serait également perdre son temps que de la relever, quand la course à l’avenir prend les formes d’une marche nuptiale dadaïste qui réclame d’être bénie par les plus hautes autorités au nom de l’égalité. [...]

Sans compter, ainsi que l’écrit un militant de cette magnifique conquête, qu’il n’existe aucun motif rationnel pour l’interdire. Il en existe si peu qu’on se demande pourquoi, dans les siècles des siècles, personne n’avait encore songé à l’autoriser. Il est vrai que les grandes révolutions engloutissent dans leur triomphe jusqu’au souvenir des raisons qui auraient pu les arrêter.

Il est vrai aussi qu’on n’avait pas jusqu’alors pensé à mettre le nez dans les silences du code civil. Providentiels silences d’un code qui a oublié de préciser ce qui lui semblait aller de soi. Ainsi de l’article 144 relatif au mariage, qui ne stipule pas qu’il faut que cela se passe entre personnes du sexe opposé. Une lacune béante dont les partisans du mariage homo ont fait leur premier argument de campagne sur la base d’un principe simple : tout ce dont le code ne parle pas n’est pas interdit. La chose semble en effet irréfutable. On pourrait même la généraliser. Et noter que le code ne mentionne pas non plus qu’il est interdit de se marier avec un bégonia, une onde hertzienne ou un œuf dur.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1586-1587

[ progressisme ] [ appui législatif délirant ] [ pouvoir minoritaire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

scène-de-ménage

- vous êtes cruels, entre vous...
- ma chérie, je vous ai bien observées, parfois pratiquées. Auprès de la majorité de tes soeurs de sexe - si j'ose me permettre cette vilaine expression - nous passons pour de gentils et naïfs éphèbes... Bambi chez les chasseurs... vous nous surpassez de beaucoup dans ce domaine... vous avez le recul, vous êtes en charge de la seconde partie de la vie, le suivi, l'éducation par l'amour. Nous autres, une fois la femelle engrossée, la base familiale établie, sommes bons à jeter, première partie du spectacle achevé... Par ici la sortie !... et en y mettant élégance et beauté si possible... avec retour éventuel quand il s'agirait de ramener de la subsistance, encore qu'il faille voir pour combien de temps encore, avec cette évolution du système social qui vous abreuve d'allocations, aides, subventions... sans oublier votre esprit de solidarité... sacrée Loi naturelle : vous vous mettez ensemble... "Les femmes ne sont pas faites pour vivre avec les hommes..." la voilà toute crûe, cette belle affaire aphorisée de la complicité féminine.... ah ! comme vous êtes bénies par le destin, caressée par l'existence dans le sens de ces cheveux que vous ne perdez jamais... accomplies, confortées dans vos certitudes, cette assurance de votre rôle de pilier du monde... quel pied, comme je voudrai être à votre place... vous avez la culture du bonheur... et ce n'est pas une raison pour me toiser pareillement, ma douce, tu le sais bien... vous êtes à l'origine de tout, de tout... aucun exemple qui puisse contrarier cette affirmation.... d'abord, qui est-ce qui donne le premier et imperceptible signe dans une rencontre afin d'avertir l'autre qu'il y a ouverture ? ... qui décide d'avoir des enfants ? Qui fait les hommes ?... nous ne sommes que de grotesques pantins destinés à ramer pour vaguement exister à vos yeux.. à nous entretuer sauvagement... le survivant gagnant le dérisoire droit de déposer sa semence sous le regard dégoûté de la récipiendaire... regarde le fonctionnement des mâles dominants dans la nature, rien n'a changé... vous, des récipients, nous, ridicules petits jets... nous devons sortir du lot, en faire des tonnes pendant que vous examinez calmement la marchandise... faites votre choix... et pour décider quoi ?... parce que vous ne tombez pas amoureuses, oh ! Que non, c'est une décision pesée, réfléchie, vous mettez le cosmos dans la balance en quelque sorte.... Vous pratiquez l'art ultime, exactement j'ai bien dit art... d'ailleurs ces pauvres artistes... ridicules façonneurs égocentriques de scories inutiles que vous contemplez avec l'ironie maternelle de celles qui savent que la mise au monde d'un petit d'homme est un accomplissement de loin plus grand, plus concret que ces pauvres babioles, calembredaines, billevesées.. Vous savez... vous avez les pieds cloués au sol, votre dimension n'est pas la nôtre, tout est calculé depuis le big-bang d'ailleurs.. la preuve !... elle est très simple et la voici : vous n'avez pas besoin de jouir pour procréer la race... nous sommes des machines aux moteurs différents, condamnés à collaborer pour accomplir la course.. et d'ailleurs notre plaisir brut de mâle suscite votre dédain rapide dès lors que nous le considérons comme acquis... vous détestez les habitudes, regardez toujours en avant... vous brûlez tout le temps nous ne sommes que des blocs de pierre destiné à être tournés vers le soleil... Vous êtes faites pour souffrir, nous pour jouir... votre univers est l'amour... le nôtre, le jeu. Nous sommes immatures... vous en êtes toutes persuadées. Je vous adore.

Auteur: MG

Info: 1996

[ femmes-hommes ]

 

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