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crimes

J'avais horreur de la grande voiture noire qui me faisait penser à des trajets mystérieux, à l'espionnage, à des intrigues funestes, à l'époque le bruit courait que Vienne était une plaque tournante de trafics clandestins, que des hommes et des papiers disparaissaient, enroulés dans des tapis, et que chacun, à son insu, travaillait pour l'un ou l'autre bord. Rien ne transpirait. Quiconque travaillait était, sans le savoir, prostitué. Où ai-je entendu cela ? Pourquoi en ai-je ri ? C'était le commencement de la prostitution universelle.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Malina (1971, 288 p.)

[ occulte ] [ qu'en-dira-t-on ] [ activités illégales ]

 

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attroupement

Vous savez l'abstraction n'est peut être pas mon fort, je vois toujours des masses, par exemple des enfants sur des terrains de jeu, et une masse d'enfants me semble, je l'avoue, particulièrement effrayante ; je n'arrive pas à comprendre comment les enfants peuvent tenir parmi tant d'autres enfants. Les enfants répartis parmi des adultes cela va encore, mais vous êtes déjà rendu dans une école ? Aucun enfant (sauf ceux qui sont des abrutis finis, ou totalement pourris, comme presque tous) ne peut souhaiter de vivre avec un tas d'enfants, d'avoir les problèmes des autres enfants et de partager quoi que ce soit avec eux hormis quelques maladies infantiles, notamment une formation. Voilà pourquoi le spectacle de tout rassemblement d'enfants est particulièrement alarmant.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Malina (1971, 288 p.)

[ cohorte ] [ uniformité ]

 

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couple

Un moment, c’est Ivan et moi ; un autre moment, nous ; tout de suite après, toi et moi. Deux êtres qui n’ont aucun projet en commun, qui ne cherchent ni la coexistence ni l’accès à une autre vie, ni la rupture, ni l’accord sur une langue privilégiée. Nous nous passons d’interprète, je n’apprends rien sur lui, ni lui sur moi. Nous ne pratiquons pas d’échanges de sentiments, nous n’avons pas de positions de force, nous n’attendons aucune livraison d’armes pour la défense de nos personnes. Le terrain est léger, fertile, ce qui tombe sur mon sol prospère, en me propageant dans les mots je propage Ivan lui-même, j’engendre une race nouvelle, de notre union naît ce que Dieu a voulu :

Oiseaux de feu

Azurites

Flammes filantes

Gouttes de jade

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Malina

[ liberté ] [ poésie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

garde-fou

Je suis convaincu qu'imaginer l'autre est un puissant antidote au fanatisme et à la haine. Je crois que les livres qui nous font imaginer l'autre nous rendent plus résistants aux stratagèmes du diable, y compris de notre diable intérieur, le Méphisto du coeur. Ainsi, Günter Grass et Heinrich Böll, Ingeborg Bachmann et Uwe Johnson, et en particulier mon cher ami Siegfried Lenz, m'ont ouvert la porte de l'Allemagne. Ces auteurs ainsi que nombre d'amis allemands très chers, m'ont fait briser mes tabous et m'ont ouvert l'esprit, et finalement le coeur. Ils m'ont fait briser mes tabous et m'ont ouvert l'esprit, et finalement le coeur. Ils m'ont fait redécouvrir les pouvoirs curatifs de la littérature. Imaginer l'autre n'est pas seulement un outil esthétique. C'est à mon sens également un impératif moral essentiel. Et, enfin imaginer l'autre, si vous me promettez de ne pas répéter ce petit secret professionnel-, imaginer l'autre est un aussi un grand plaisir humain.

Auteur: Oz Amos Klausner

Info: le Guardian, traduit dans le CI n°779, p.58

[ pacifisme ] [ littérature ] [ contrepoison ]

 

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nuit blanche

J'envoie promener le récepteur et ma fatigue, dévale l'escalier et traverse la rue. Presque en face, la porte du 9 est entrebâillée, celle de la chambre aussi, et voilà qu'Ivan et moi reprenons la litanie des phrases sur la fatigue jusqu'à ce que nous soyons trop extenués pour nous plaindre de l'étendue de nos sujets d'épuisement ; nous cessons de parler et luttons contre le sommeil malgré notre immense fatigue ; jusqu'à ce que le service du réveil appelle, le 00, je ne cesse de regarder dans la pénombre Ivan qui a encore droit à un quart d'heure de sommeil, d'espérer avec insistance et d'imaginer avoir entendu une phrase qui, loin d'être due à la fatigue, me serve d'assurance en ce monde; mais le contour de mes yeux contracte, la sécrétion des glandes est trop faible pour produire une larme au coin de chaque œil . Quand c'en est fait de quelqu'un, une phrase suffit-elle à le rassurer ? Il faudrait une assurance qui ne soit pas de ce monde.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: malina (1971, 288 p.)

[ fasciculation ] [ euphorie nocturne ] [ douleur ]

 
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presse

Je n'arrive toujours pas à m'abstenir de lire les journaux, bien qu'il y ait des périodes de plus en plus longues où je n'en lis plus un seul ou me contente d'en extraire un du débarras où de vieux numéros sont empilés à côté de nos valises, considérant la date avec stupeur : 3 juillet 1958. Quelle prétention ! Ce jour-là qui est révolu depuis belle lurette, on nous a inutilement drogués à force de nouvelles, de commentaires sur l'actualité, d'informations sur les tremblements de terre, les accidents d'avion, les scandales politiques et les faux pas diplomatiques. Si je regarde aujourd'hui l'édition du 3 juillet 1958 j'essaie de croire à cette date et à un jour ayant réellement existé, or je ne trouve rien dans mon agenda, pas la moindre abréviation du genre "15 h R ! 17 appelé B, ce soir Gosser conférence K." - toutes indications portées à la date du 4 et non du 3, dont la page est resté vide. Un jour peut-être sans mystère, sûrement sans migraine encore, sans souvenirs intolérables sinon quelques-uns, remontés d'époques diverses (...)

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Malina (1971, 288 p.)

[ propagande ] [ médias ] [ temps ] [ manipulation ] [ réalité discutable ]

 

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femmes-hommes

Il n'y avait qu'un seul espoir auquel elle ne voulait pas se raccrocher : que si, en presque trente ans, elle n'avait pas trouvé un homme, pas un seul, qui ait été exclusivement significatif pour elle, qui lui soit devenu inévitable, quelqu'un de fort et qui lui apporte le mystère qu'elle attendait, pas un seul qui soit vraiment un homme et non un excentrique, un faible ou un de ces nécessiteux dont le monde est rempli - alors l'homme n'existait tout simplement pas, et tant que cet Homme Nouveau n'existait pas, on ne pouvait qu'être amical et gentil les uns envers les autres, pendant un certain temps. Il n'y avait rien de plus à faire, et il valait mieux que les femmes et les hommes gardent leurs distances et n'aient rien à faire l'un avec l'autre jusqu'à ce que tous deux aient trouvé le moyen de sortir de l'enchevêtrement et de la confusion, de la divergence inhérente à toute relation. Un jour, quelque chose d'autre pourrait advenir. Quelque chose de fort. Quelque chose de mystérieux. Quelque chose de plus grand auquel tous pourraient se soumettre.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Simultan : Erzählungen

[ incompatibilité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Ce qui compte aussi, c'est le fait de feuilleter, de courir, de fuir d'une page à l'autre, d'être complice d'un épanchement délirant qui s'est coagulé ; ce qui compte, c'est la bassesse d'un enjambement, l'assurance de la vie dans une seule phrase, et la réassurance des phrases dans la vie. Lire est un vice qui peut se substituer à tous les autres pour nous aider à vivre, parfois ; c'est une débauche, une intoxication qui vous ronge. Non je ne prends pas de drogue, seulement des livres ; certes j'ai aussi mes préférences, il y a beaucoup de livres que je ne digère pas, il y en a certains que je ne consomme que l'après-midi, d'autres la nuit seulement, il y a des livres que je ne lâche pas, que je traîne dans tout l'appartement, du salon à la cuisine, je les lis debout dans le couloir sans utiliser de marque-page, je ne remue pas les lèvres en lisant, j'ai très tôt appris à lire parfaitement, je ne me rappelle pas la méthode mais vous devriez la rechercher un jour ; elle devait être excellente dans nos écoles primaires de province, du moins à l'époque où j'ai appris à lire.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: malina (1971, 288 p.)

[ addiction ] [ sensations ] [ permanence du mouvement ]

 

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délivrance

Si je ne m'étais pas plongée dans les livres, dans les histoires et les légendes, dans les journaux, les rapports, si tout ce qui est communicable n'avait pas grandi en moi, j'aurais été une non-entité, une collection d'événements incompris. (Et cela aurait probablement été positif, j'aurai pu alors penser à quelque chose de nouveau). Ce que je peux voir, ce que je peux entendre, sont des choses que je ne mérite pas ; mais mes sentiments, ceux que je mérite vraiment, ces hérons sur les plages blanches, vagabonds nocturnes, errants affamés qui prennent mon cœur pour route. J'aimerais pouvoir lancer un appel à tous ceux qui croient en leur existence propre et en la forte nature de leurs pensées : soyez de bonne volonté ! Ces pièces de monnaie que vous faites tinter ensemble ont été retirées de la circulation, seulement vous ne le savez pas encore...

Admets que lorsque tu payes réellement, avec ta vie, tu ne le fais qu'au-delà de cette barrière, une fois que tu as dit adieu à tout ce qui t'est cher - points d'atterrissage et autres bases volantes,  ce n'est qu'à partir de là que tu te lance sur ton propre chemin, périple d'une étape imaginaire vers une autre, voyageur nécessairement insoucieux de sa destination.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: The Thirtieth Year: Stories. Trad Mg

[ langage prison ] [ libération ] [ oser ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

méfaits

Il n'est plus grand théâtre du crime que celui de la société. Depuis la nuit des temps on y a semé à la légère les germes des crimes les plus invraisemblables qui demeurent à jamais inconnus des tribunaux de ce monde. Si je ne l'ai pas découvert plus tôt, c'est parce que je n'y ai jamais regardé de plus près et que je ne suis guère à l'écoute, mais moins je le suis, plus cette situation me semble effrayante. J'ai vécu excessivement. Tous les jeux de la paix qui se font passer pour tels, alors que ce sont des jeux de guerriers, leur atrocité m'a été révélée. Auprès d'eux, les crimes célèbres à l'échelle mondiale ou municipale me semblent bien simples dans leur brutalité dépourvue de mystère : ils sont bons pour les psychologues de masse ou les psychiatres, qui ne parviendront pas à les enrayer, et leur caractère primitif et grandiose des grossières énigmes aux gens d'une compétence et d'un sérieux excessif. En revanche, ce qui s'y est joué et s'y joue encore n'a rien de primitif. Te rappelles-tu cette soirée où Fanny Goldmann nous a surpris en rentrant seule et très tôt chez elle ? Elle s'est levée de table alors qu'il ne s'était rien passé, mais aujourd'hui je sais, j'ai compris. Il y a des mots et des regards qui peuvent tuer, personne ne s'en aperçoit, tout le monde s'en tient à la façade, aux couleurs du décor. Et Klara et Haderer, avant qu'il ne meure, mais il vaut mieux que je m'arrête...

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Malina (1971, 288 p.)

[ souvenirs ] [ chaos ] [ violence ]

 

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