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embourgeoisement

C'est peut-être vrai que je suis un lâche, ainsi que l'ont dit sous l'Odéon les bonnets rouges et les talons noirs ! Voilà des semaines que je suis pion, et je ne ressens ni un chagrin ni une douleur ; je ne suis pas irrité et je n'ai point honte. J'avais insulté les fayots de collège ; il paraît que les haricots sont meilleurs dans ce pays-ci, car j'en avale des platées et je lèche et relèche l'assiette.

En plein silence de réfectoire, l'autre jour, j'ai crié, comme jadis, chez Richefeu :

"Garçon, encore une portion !"

Tout le monde s'est retourné, et l'on a ri.

J'ai ri aussi - je suis en train de gagner l'insouciance des galériens, le cynisme des prisonniers, de me faire à mon bagne, de noyer mon coeur dans une chopine d'abondance - je vais aimer mon auge !

J'ai eu faim si longtemps ! 

J’ai si souvent serré mes côtes, pour étouffer cette faim qui grognait et mordait mes entrailles, j’ai tant de fois brossé mon ventre sans faire reluire l’espoir d’un dîner, que je trouve une volupté d’ours couché dans une treille à pommader de sauce chaude mes boyaux secs.

C’est presque la joie d’une blessure guérie à chatouiller.

[...]

 Mon père était plus courageux, et je me rappelle avoir vu luire de la haine dans ses yeux, quand il était maître d’étude, lui qui ne jouait pas au révolutionnaire cependant, qui n’avait pas vécu dans les temps d’émeute, qui n’avait jamais crié aux armes, qui n’avait pas été à l’école de l’insurrection et du duel !

J’en suis là –et j’ai trouvé dans ce lycée la tranquillité de l’asile, le pain du refuge, la ration de l’hôpital.

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, pages 17-18

[ revanche ] [ pauvreté ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Quant à Bonaparte, il apparaîtra encore plus d'une fois dans l'univers de la littérature russe, comme l'exemple même de cet anthropocentrisme conquérant, de cet homme absolutisé, l'ego qui voudrait personnaliser l'histoire, se confondre avec la marche du monde, avec la venue de l'humanité. Tel quel, il apparaît déjà dans les Frères Karamazov et avant dans les rêves de Raskolnikov, dans Crime et Châtiment. Raskolnikov est fasciné moins par la portée historique de cet homme-dieu, que par ce privilège que la divinité confère à tout un chacun. La possibilité de tuer quelqu'un lorsque la mort de la victime est justifiée par un but supérieur, but qui dépasse l'entendement des simples mortels que nous sommes. Rodio ? conceptualise ce droit à tuer dans un article - il publie d'ailleurs cet article- il manque et manque de chance et est contraint de tuer aussi la soeur - vous vous souvenez de cette situation - et c'est cette femme simple d'esprit, on pourrait dire que c'est une enfant, enfin c'est une enfant adulte, qui par sa mort gratuite détruit la théorie napoléonienne de Raskolnikov. Le héros de Dostoïevski trouve un absolu : la vie d'une inconnue, cette soeur. L'absolue singularité de cet être est l'absolue impossibilité de justifier sa mort. Si seulement il l'avait tuée par caprice alors peut-être il aurait pu aller jusqu'au bout de sa démarche existentielle. L'assassin, Raskolnikov, se rachète dans une suite de gestes presque religieux, presque rituels : confession publique, pénitence, bagne, lecture de l'Évangile. Mais la véritable réponse viendra déjà dans les Frères Karamazov. Dostoïevski enverra le manuscrit de son roman à l'éditeur et lui écrit cette lettre : "dans le texte que je viens de vous envoyer, je ne fais que montrer le caractère de l'un des principaux personnages qui exprime ses convictions fondamentales, ce que je considère comme la synthèse de l'anarchisme russe...."

Auteur: Makine Andrei

Info: Littérature: les avatars de l'absolu, lecture délivrée a Harvard University en Avril 2000

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taudis

Le malheur est une larve accroupie dans les lieux humides. Les deux bannis de la Joie crurent flotter dans des limbes de viscosité et de crépuscule. Le feu le plus ardent ne parvenait pas à sécher les murs, plus froids à l’intérieur qu’au dehors, comme dans les cachots ou les sépulcres, et sur lesquels pourrissait un papier horrible.

D’une petite cave haineuse que n’avait certainement jamais élue la générosité d’aucun vin, parurent monter, au commencement de la nuit, des choses noires, des fourmis de ténèbres qui se répandaient dans les fentes et le long des joints d’un géographique parquet.

L’évidence d’une saleté monstrueuse éclata. Cette maison, illusoirement lessivée de quelques seaux d’eau, quand elle attendait des visiteurs, était, en réalité, gluante, à peu près partout, d’on ne savait quels sédiments redoutables qu’il aurait fallu racler avec un labeur sans fin. La Gorgone du vomissement était accroupie dans la cuisine, que l’incendie seul eût été capable de purifier. Dès la première heure, il avait fallu installer un fourneau dans une autre pièce. Au fond du jardin, de quel jardin ! persévérait un amas de détritus effrayants que le propriétaire avait promis de faire enlever et qui ne devait jamais disparaître.

Enfin, tout à coup, l’abomination. Une odeur indéfinissable, tenant le milieu entre le remugle d’un souterrain approvisionné de charognes et la touffeur alcaline d’une fosse d’aisances, vint sournoisement attaquer la muqueuse des locataires au désespoir.

Cette odeur ne sortait pas précisément des latrines, à peu près impraticables, d’ailleurs, ni d’aucun autre point déterminé. Elle rampait dans l’étroit espace et s’y déroulait à la manière d’un ruban de fumée, décrivant des cercles, des oves, des spirales, des lacets. Elle ondulait autour des meubles, montait au plafond, redescendait le long des portes, s’évadait dans l’escalier, rôdait d’une chambre à l’autre, laissant partout comme une buée de putréfaction et d’ordure.

Quelquefois elle semblait disparaître. Alors on la retrouvait au jardin, dans ce jardin des bords du Cocyte, clos d’un mur de bagne capable d’inspirer la monomanie de l’évasion à un derviche bancal devenu équarrisseur de chameaux atteints de la peste.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 294-295

[ ambiance odorifique ] [ puanteur ] [ description ]

 

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