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enfanter

Et regardons les choses en face les gars, personne n'est jamais honnête en ce qui concerne la naissance d'un enfant. Pas même votre mère. "C'est une douleur qu'on oublie une fois que le petit bébé est dans tes bras." Conneries. J'APPELLE ÇA DES CONNERIES. Tout ami, cousin ou inconnu fouineur qui te dit à l'épicerie que ce n'est pas si terrible est un menteur, un sac à merde. Ton vagin a à peu près la taille de la circonférence d'un pénis. Il doit s'étirer, s'ouvrir et se transformer en une grotte à chauve-souris géante pour que l'humain suceur de vie que t'as fait grandir pendant neuf mois puisse en sortir, hargneux et toutes griffes dehors. Quelle personne saine d'esprit ferait ça de son plein gré ?  Voilà qu'un jour, t'es en train de te promener et tu te dis : "Tu sais, je pense qu'il est temps que je transforme mon vagin en un Arby's Beef and Cheddar (sans le cheddar) et que je me mette en selle pour me dévouer au minimum dix-huit ans pour quelqu'un qui va me sucer tant l'âme que la volonté de vivre vraiment dans mon corps, bref décider de ne plus être que la  coquille de la personne que j'étais, sans pouvoir plus baiser même si je paie pour."

Auteur: Sivec Tara

Info: Seduction and Snacks

[ dénigrement ] [ pensée-de-femme ] [ accoucher ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Avec le même amour que tu me fus jadis
Avec le même amour que tu me fus jadis
Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
Tu m'es en ces temps noirs un calme et sûr asile.

Tout s'y concentre, et ta ferveur et ta clarté
Et tes gestes groupant les fleurs de ta bonté,
Mais tout y est serré dans une paix profonde
Contre les vents aigus trouant l'hiver du monde.

Mon bonheur s'y réchauffe en tes bras repliés
Tes jolis mots naïfs et familiers,
Chantent toujours, aussi charmants à mon oreille
Qu'aux temps des lilas blancs et des rouges groseilles.

Ta bonne humeur allègre et claire, oh ! je la sens
Triompher jour à jour de la douleur des ans,
Et tu souris toi-même aux fils d'argent qui glissent
Leur onduleux réseau parmi tes cheveux lisses.

Quant ta tête s'incline à mon baiser profond,
Que m'importe que des rides marquent ton front
Et que tes mains se sillonnent de veines dures
Alors que je les tiens entre mes deux mains sûres !

Tu ne te plains jamais et tu crois fermement
Que rien de vrai ne meurt quand on s'aime dûment,
Et que le feu vivant dont se nourrit notre âme
Consume jusqu'au deuil pour en grandir sa flamme.

Auteur: Verhaeren Émile

Info: Recueil : Les heures du soir

[ poème ]

 

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minimisation

Marion la Valvanera se réjouit de l'arrivé de Don Roch, par exemple ! Don Roch, je ne vous attendais plus ! Et pourquoi donc ? En quoi la révolution peut-elle empêcher un homme de faire l'amour à une femme qui a tout ce qu'il faut là où il faut, veux-tu me le dire ? Oui, vous avez raison, à l'heure actuelle où les libertés démocratiques sont sérieusement menacées par une réaction qui a perdu la tête, le POUM (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste) ordonne à tous ses adhérents et sympathisants de se préparer sans hésitation à une défense efficace, Marion la Valvanera considère comme un bon augure que Don Roch n'ait pas perdu ses envies de baiser, que se passe-t-il dans la rue, Don Roch ? Rien, Marion, un peu de nervosité, c'est tout, demain ou après-demain au plus tard, Mola va se pointer et liquider cette pagaille en deux coups de cuiller à pot, tu verras, il ne se passera absolument rien, avec un peu de poigne tout ceci va se terminer en feu de paille, souviens-toi de ce que je te dis là, Don Roch roule une cigarette et change de sujet, voyons, est-ce qu'il y a moyen d'avoir la fille de Santander ? Oui, Don Roch, elle va être libre, voulez-vous que je vous offre un petit cognac ? Bon, ce n'est pas de refus.

Auteur: Cela Camilo José

Info: in " San Camilo 1936", éd. Albin-Michel, p.251

[ priorités ] [ troubles sociaux ] [ insouciance ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

question

- Je me suis trompé sur cet homme qui exerce ici l'office d'usurier sous le nom de Bernardo Boccetta, déclara messire Léonard d'une voix où perçait le regret. Il n'est rien d'autre qu'un misérable avare qui, dans sa maison, court derrière les souris avec un bâton pour s'épargner l'entretien d'un chat. Il aurait empoché les trente deniers et n'aurait pas trahi le Christ. Non, le péché de Judas n'est pas l'avarice, et ce n'est pas par cupidité qu'il a donné ce baiser au Seigneur dans les jardins de Gethsémani.

- C'est l'envie et la perfidie qui lui dictèrent ce geste, proclama Bellincioli. Deux sentiments qui dépassent la mesure humaine.

- Non, rétorqua messire Léonard. Car le Messie lui aurait pardonné et l'envie et la perfidie, qui sont innées chez l'homme. S'est-il jamais trouvé un grand qui n'ait connu l'envie et la perfidie des petits ? C'est ainsi que je veux représenter le Sauveur sur cette Cène : brûlant du désir d'expier, par le sacrifice de sa vie, tous les péchés du monde, y compris l'envie et la perfidie. Or le péché de Judas, il ne l'a pas pardonné.

- Parce que Judas, connaissant le Bien, a néanmoins suivi le Mal, proposa le More.

- Non, dit messire Léonard. Car qui peut vivre en ce monde et servir l'oeuvre de Dieu sans être amené à trahir et à commettre le Mal ?

Auteur: Perutz Leo

Info: Le Judas de Léonard

[ éthique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Je ne sens plus rien, l'amour, l'ardent amour a tout dévoré ; il a réuni en un seul point toutes les parties sensibles de mon être, et il y a placé ton image en mon coeur : c'est là le temple où je te recueille, où je t'adore en silence quand tu es loin de moi ; mais si j'entends le son de ta voix, si tu fais un mouvement, si mes regards rencontrent tes regards, si je te presse doucement sur mon sein... alors, ce n'est plus seulement mon coeur qui palpite, c'est tout mon être, c'est tout mon sang, qui frémissent de désir et de plaisir ; quand un torrent de volupté sort de tes yeux, il vient inonder toute mon âme, tout mon corps.
(...)
Rempli de ton image adorée, je n'ai plus d'autre sentiment que l'amour et l'adoration de tes perfections ; toute autre pensée que la tienne s'évanouit. Perdu d'amour et de tendresse, je sens que tout moi s'élance vers toi. Je voudrais te couvrir de baisers, recevoir ton haleine, te tenir dans mes bras, sentir ton coeur battre contre mon coeur, et m'abandonner avec toi dans un océan de bonheur et de vie : Je t'aime.
(...)
Plus tu es loin de moi, et plus mon coeur a besoin de t'aimer, et de jouir de ta tendresse. Reviens-moi, tu me manques tant, je veux vivre au plus tôt ces instants qui te ramèneront dans mes bras.

Auteur: Cottin Sophie

Info: Claire d'Albe 1798

 

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poème

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus

Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde

Pour passer le furet de ma main dans leurs mains

Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de chênes avaient appris à mon corps nu

Cette haute caresse où l'écorce connaît

La façon d'arracher aux jeunes filles blondes

Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu

Dans les hautes futaies habitées par la lune

Trop de sangliers forts à renifler l'oronge

Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes

Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants

Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume

Et l'humus des forêts fut le sable des dunes

Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons

Au premier loup venu gardèrent des poissons

Le nez du sanglier fouilla le goémon

La biche apprivoisa chaque lame de fond

Et les désirs des fûts chantèrent un navire

Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire

De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu

Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.

Auteur: Vannier Angèle

Info: Choix de poèmes, Seghers Editeur, 1961

[ océanique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

C’est vraiment rare, maintenant, les femmes qui éprouvent du plaisir, et qui ont envie d’en donner. Séduire une femme qu’on ne connaît pas, baiser avec elle, c’est surtout devenu une source de vexations et de problèmes. Quand on considère les conversations fastidieuses qu’il faut subir pour amener une nana dans son lit, et que la fille s’avérera dans la plupart des cas une amante décevante, qui vous fera chier avec ses problèmes, vous parlera de ses anciens mecs – en vous donnant, au passage, l’impression de ne pas être tout à fait à la hauteur – et qu’il faudra impérativement passer avec elle au moins le reste de la nuit, on conçoit que les hommes puissent préférer s’éviter beaucoup de soucis en payant une petite somme. Dès qu’ils ont un peu d’âge et d’expérience, ils préfèrent éviter l’amour ; ils trouvent plus simple d’aller voir les putes. Enfin pas les putes en Occident, ça n’en vaut pas la peine, ce sont de vrais débris humains, et de toute façon pendant l’année ils n’ont pas le temps, ils travaillent trop. Donc, la plupart ne font rien ; et certains, de temps en temps, se paient un petit peu de tourisme sexuel. Et encore, ça, c’est dans le meilleur des cas : aller voir une pute, c’est encore maintenir un petit contact humain. Il y a aussi tous ceux qui trouvent plus simple de se branler sur Internet, ou en regardant des pornos. Une fois que la bite a craché son petit jet, on est bien tranquille.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme, p. 153

[ pensée-d'homme ] [ libido ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

déclaration d'amour

Or que l'hiver roidit la glace épaisse,
Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,
Non accroupis près le foyer cendreux,
Mais aux plaisirs des combats amoureux.
Assisons-nous sur cette molle couche.
Sus ! Baisez-moi, tendez-moi votre bouche,
Pressez mon col de vos bras dépliés,
Et maintenant votre mère oubliez.
Que de la dent votre tétin je morde,
Que vos cheveux fil à fil je détorde.
Il ne faut point, en si folâtres jeux,
Comme au dimanche arranger ses cheveux.
Approchez donc, tournez-moi votre joue.
Vous rougissez ? Il faut que je me joue.
Vous souriez : avez-vous. Point ouï
Quelque doux mot qui vous ait réjoui ?
Je vous disais que la main j'allais mettre
Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?
Ne fuyez pas sans parler : je vois bien
A vos regards que vous le voulez bien.
Je vous connais en voyant votre mine.
Je jure Amour que vous êtes si fine,
Que pour mourir, de bouche ne diriez
Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ;
Car toute fille, encor' qu'elle ait envie
Du jeu d'aimer, désire être ravie.
Témoin en est Hélène, qui suivit
D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit.
Je veux user d'une douce main-forte.
Hà ! Vous tombez, vous faites jà la morte.
Hà ! Quel plaisir dans le coeur je reçois !
Sans vous baiser, vous moqueriez de moi
En votre lit, quand vous seriez seulette.
Or sus ! C'est fait, ma gentille brunette.
Recommençons afin que nos beaux ans
Soient réchauffés de combats si plaisants.

Auteur: Ronsard Pierre de

Info: Recueil : Second livre des Amours, Amourette

[ poème ]

 

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pornographie

Serena Joy serre mes mains comme si c'était elle et non pas moi, qui se faisait baiser, comme si elle trouvait la chose agréable, ou douloureuse, et le Commandant baise, à un rythme régulier de pas cadencé une, deux, sans relâche, comme un robinet qui goutte. Il est absorbé, comme un homme qui fredonne sous la douche sans se rendre compte qu'il fredonne; comme un homme qui a d'autres choses en tête. C'est comme s'il était ailleurs à attendre de jouir, tout en tambourinant des doigts sur une table. Il y a une impatience dans sa cadence à présent. Mais n'est-ce pas le rêve érotique de tout homme ? Deux femmes à la fois ? C'est ce que l'on disait. Excitait, disait-on. Ce qui se passe dans cette chambre sous le baldaquin argenté de Serena n'a rien d'excitant. Cela n'a aucun rapport avec la passion, ni l'amour, ni le romantisme, ni avec aucune des autres idées qui nous servaient à nous émoustiller. Cela n'a rien à voir avec le désir sexuel, du moins pour moi, et certainement pas pour Serena. Le désir et l'orgasme ne sont plus considérés nécessaires ; ils ne seraient qu'un symptôme de frivolité, comme des jarretelles tape-à-l'oeil, ou des grains de beauté : distractions superflues pour des écervelés. Démodées. Cela paraît étrange que les femmes aient jadis consacré tant de temps et d'énergie à s'informer de ces choses, à y penser, à s'en inquiéter, à écrire à leur propos. Il est tellement évident que ce sont des divertissements.

Auteur: Atwood Margaret

Info: la Servante Ecarlate

[ pensée-de-femme ] [ femme objet ] [ spectatrice ]

 

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rencontre

Elle le forçait de son mépris, le baiser qu'elle me donnait, la courbure dure de ses lèvres, la moquerie de ses yeux, jusqu'à ce que je sois comme un homme fait de bois et qu'il n'y ait plus d'autre sentiment en moi que la terreur et la crainte d'elle, le sentiment que sa beauté était trop grande, qu'elle était tellement plus belle que moi, plus profondément enracinée que moi. Elle m'a rendu étranger à moi-même, elle était toutes ces nuits calmes et ces grands eucalyptus, les étoiles du désert, cette terre et ce ciel, ce brouillard au dehors, et j'étais venu là sans autre but que d'être un simple écrivain, de gagner de l'argent, de me faire un nom et toutes ces sornettes. Elle était tellement plus fine que moi, tellement plus honnête, que j'étais malade de moi-même et ne pouvais pas regarder ses yeux chauds, je réprimais le frisson provoqué par ses bras bruns autour de mon cou et ses longs doigts dans mes cheveux. Je ne l'ai pas embrassée. Elle m'a embrassé, moi, l'auteur du Petit chien qui rit. Puis elle a pris mon poignet à deux mains. Elle a pressé ses lèvres dans la paume de ma main. Elle a posé ma main sur sa poitrine, entre ses seins. Elle tourna ses lèvres vers mon visage et attendit. Et Arturo Bandini, le grand auteur plongea au plus profond de son imagination colorée, Arturo Bandini le romantique, plein de phrases intelligentes, et il dit, faiblement, comme un chaton, 'Bonjour'.

Auteur: Fante John

Info: ask the dust

[ homme effarouché ] [ femme intimidante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel