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philosophie antique

Platon dit que les universels et les concepts sont, et qu’ils sont plus véritablement que tout autre chose. La question est de savoir si cela se fonde sur une compréhension appropriée de Platon. Je ne puis que vous rappeler quelques points : le mot eidos signifie primitivement le contour d’une chose, la forme que l’on ne peut voir qu’avec l’œil de l’esprit, le caractère d’une chose. Plus tard, cela a été appelé l’essence. Cependant, si l’on dit essence, il faut considérer le fait suivant : le mot essence, tel qu’on l’a utilisé plus tard, a été compris comme le possible, par opposition à l’effectif ou à l’existant, tandis que Platon entend certainement par là quelque chose qui existe plus véritablement que les choses sensibles. Mais en même temps, eidos désigne une classe de choses. Genos est employé chez Platon comme un synonyme d’eidos et, avant de signifier une distinction logique, ce mot signifie l’origine, la famille, la race d’un être. […] Par conséquent, à cause de l’incomplétude de tout être individuel, l’eidos signifie également la complétude, et par conséquent, le but de cette aspiration.

Ce sont là les trois significations de eidos chez Platon : la forme, la classe et le but des aspirations.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, pages 266-267

[ défini ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

muse

Quid du jeune Socrate, de ses années de formation et, plus méconnu encore, de ses élans amoureux ?

C’est la question que s’est posée Armand D’Angour, professeur de lettres classiques à Oxford. Dans Socrates in Love, il entend lever le voile sur l’influence qu’aurait eu une femme, une certaine Aspasie, sur le philosophe athénien. [...]

Ce qui a d’abord mis la puce à l’oreille de l’auteur, c’est un texte de Platon, le Banquet, dans lequel différents orateurs sont invités à prononcer un discours sur l’amour. Quand vient le tour de Socrate, celui-ci évoque une femme qu’il aurait connue dans sa jeunesse, Diotime, et qui l’aurait "instruit des choses de l’amour". Jusqu’à présent, les hellénistes considéraient qu’il s’agissait d’un personnage de fiction.

Mais pour D’Angour, Diotime ferait en fait directement référence à Aspasie, une femme d’une grande érudition, contemporaine de Socrate. Tous deux se sont rencontrés à Athènes, lorsqu’ils avaient une vingtaine d’années. Aspasie, connue pour la finesse de ses raisonnements et ses qualités d’oratrice, fréquentait les hommes les plus influents de son époque. C’est ainsi qu’elle rencontra Socrate et le stratège Périclès, préférant le second au premier, dont elle fut la compagne pendant quinze ans. D’Angour soutient que les réflexions de Socrate sur la beauté, l’amour ou la transcendance lui auraient été en partie inspirées par ses échanges avec Aspasie.

Auteur: Toulet Pauline

Info: Newsletter de "Books" du 19.04.19

[ inspiration ] [ reconstitution ] [ biographie ] [ Grèce Antique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

criminel

Dans l’année 415 [avant J.-C.], les Athéniens entreprirent leur expédition contre la Sicile, dont le principal instigateur fut Alcibiade. C’était là un terrible coup de dés, mais Alcibiade était doté d’un si grand génie qu’il aurait bien pu réussir. Les Athéniens ont commis la folie, politiquement parlant, de rappeler Alcibiade presque immédiatement après le départ de la flotte. Alcibiade n’a pas apprécié ce rappel et il s’est enfui à Sparte. Il a ruiné Athènes. Plus que tout autre, il fut l’artisan de la ruine d’Athènes. Alors que l’expédition se préparait, les Athéniens se sont aperçus un matin au réveil que la plupart des Hermès – des piliers surmontés d’un buste, habituellement celui d’Hermès – avaient été mutilés pendant la nuit. C’était là un acte au plus haut point blasphématoire, mais il avait également une certaine connotation politique. En quelque manière, la statue d’Hermès était liée à la démocratie et le peuple pressentait qu’une activité subversive avait eu lieu. Ensuite, des résidents étrangers […] ont révélé que d’autres mutilations de statues avaient eu lieu auparavant, mais le grand scandale fut la profanation des mystères d’Éleusis, les mystères les plus sacrés d’Athènes. La rumeur disait que l’horrible individu qui était derrière tout cela était Alcibiade. Tel était l’arrière-plan du rappel d’Alcibiade et de sa fuite. Il savait que la condamnation à mort était inéluctable en ces jours d’hystérie collective, comme on dit aujourd’hui.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, pages 25-26

[ impitié ] [ rébellion ] [ histoire ] [ Grèce antique ]

 

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femmes-hommes

Le soir même, elle était dans la voiture du chef du secteur textile.
Il lui a présenté son sexe comme s'il s'agissait de l'offre de la semaine et qu'il attendait son avis sur son potentiel. Elle l'a imaginé en tête de gondole, avec cette affiche : "Promotion en cours, il n'y en aura pas pour tout le monde !" bien accrochée au-dessus.
Elle a souri en pensant à ses collègues de travail.
[...]
Ils ont fait l'amour sur la banquette repliée électriquement de la grosse voiture du chef de secteur. Comme elle n'avait jamais éprouvé le besoin de s'intéresser aux hommes avec qui elle avait déjà fait l'amour, elle a pensé à des gestes, à des poses, qui lui semblaient correspondre à ce qu'un homme qui occupe une fonction importante dans un hypermarché peut attendre d'une femme occupant, elle aussi, une fonction importante dans un hypermarché. Elle a simulé l'arrogance, une certaine assurance, et la gestion de son plaisir, comme aurait pu le faire une femme plus âgée et habituée à faire l'amour avec un chef de secteur.
En fait, elle voulait proposer au chef du secteur textile une relation à la hauteur de son statut, en se fichant de son propre plaisir. Elle a pensé à celui de l'homme, elle a imaginé l'attitude qui l'exciterait et elle a pensé avoir eu raison, puisque l'homme lui a dit, dès qu'il eut fini de boucler sa ceinture : "Toi, tu as tout compris..."

Auteur: Viguier Frédéric

Info: Ressources inhumaines, p. 39-41

[ sexe ] [ adaptation ] [ hiérarchie ]

 

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désir charnel

Elle avait des yeux d’un bleu d’orage, d’un bleu si dense que je l’imaginais, pleurant, faire des trous de ciel dans son mouchoir. Mais sa bouche, plus encore, me décramponnait, une bouche de vin hors d’âge, hors de portée, à boire fou, et debout. Cette bouche, j’avais envie d’y approcher ma main, d’en caresser du pouce la courbe humide et le velours, de la voir frémir, trembler d’attente et de soif, envie d’elle, l’ouvrir au souffle, lentement l’écarter, qu’elle s’ourle, haletée, pour cueillir le fruit rapide de sa langue que je voyais rosir sous la syllabe et sucer le caillou des sons. J’avais une envie tanguante de croquer dans ses lèvres, d’en crever le rouge bai, d’en avaler le jus jusqu’à la gorge et de laisser ma main faire, qu’elle cueille au creux ses seins, les enveloppe… Les tétons faire saillir, durcir en quête… La coucher sur les planches du pont, dures, elle souple par contraste, prendre sa bouche, tenir dans ma main sa nuque, que la tête ne bute, dans l’autre son sein glissant. Et laisser le chat fou sous sa robe marine sinuer jusqu’au fondant, jusqu’à la succulence… La sentir alors, tout entière – lâcher – se distendre comme un cordage qui trempe, tandis que flottent ses couleurs au-dessus d’une terre de planches. Sentir son odeur de femme, la lécher, écarlate, l’ouvrir, la laper farouche comme un vin de banquet, mordre dans l’abricot de ses seins, dans son omoplate nue. Puis entrer en elle, à un signe bleu, sur un sourire qui consent. La pénétrer, elle, à cru. Éprouver à quel point elle m’accepte, lent balancement, pluie du sang, fusion.

Auteur: Damasio Alain

Info: La Horde du Contrevent

[ baise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Muses

Assez du vieux roman !

Assez des intrigues romanesques, des complots aux cours étrangères,

Assez des vers amoureux ensucrassés de rimes, assez des amours et autres manigances d’oisifs,

Convenant parfaitement aux banquets nocturnes où le pas des danseurs s’attarde à suivre une musique suave,

S’accordant avec les plaisirs malsains, les divagations extravagantes d’une minorité,

Les parfums, la chaleur du vin qu’on boit sous l’éclairage aveuglant des chandeliers.



Pour vous, vénérables sœurs tellement plus sensées, à votre intention,

Je préconise hautement des thèmes plus nobles dans la poésie et les arts,

Thèmes qui exaltent le présent et le réel,

Enseignent à l’homme de tous les jours l’orgueil de son métier et de son destin quotidien,

Chantent l’inexorable nécessité de la vie chimique et de l’exercice,

Du travail manuel pour tous, labourage, binagre, bêchage,

Plantation, soin des arbres, des baies, des légumes, des fleurs,

Oui, des thèmes qui fassent comprendre à chaque homme, à chaque femme aussi, qu’ils doivent réellement faire quelque chose,

Apprendre à se servir du marteau et de la scie (taille ou contre-taille),

Se faire la main aux techniques du charpentier, du plâtrier, du peintre,

Pratique le métier de tailleur pour homme et pour femme, de nourrice, de palefrenier ou de portier,

Montrer un tant soit peu d’ingéniosité, d’esprit d’invention pour soulager les corvées de la lessive, la cuisine, le nettoyage,

Sans jamais considérer comme déshonorant de mettre la main à la pâte soi-même.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de l'Exposition, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 284-285

[ création artistique ] [ renouvellement ] [ terrestres ]

 

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création de besoins

Revenons en 1925. Cinq mois de visites officielles, de banquets, de congrès scientifiques et de festivités éclairées par le phare de la tour Perret. Un million de visiteurs découvrant locomotives électriques, fontaines lumineuses, trayeuses de la "Ferme électrique" et appareils ménagers de la "Maison moderne". Si avec ça "les mentalités n’évoluent pas" - entendez si le populo n’a pas la tête farcie de "nouveaux besoins" - c’est à désespérer de l’industrie publicitaire. L’affiche de l’événement illustre la philosophie de ces progressistes : la Fée électricité arrose Grenoble de pièces d’or. Pour plus de pédagogie, l’exposition présente deux repoussoirs : un "village nègre" et un "village alpin", bloqués dans les temps pré-bergessiens. Ne riez pas, contemporains de l’âge informatique, internautes de la Toile, du cyberespace et des réseaux sociaux, c’est avec les mêmes méthodes et arguments qu’on vous a vendu un micro-ordinateur, avant de vous greffer un smartphone et en attendant la prise (le plug), derrière votre boîte crânienne ; voire l’implant cérébral qui vous mettra en connexion permanente avec vos dix milliards de clones et toutes les sources d’information de la planète.

"Ainsi, l’évolution des techniques, la modernisation des appareils et l’acceptation par la population de nouveaux modes de consommation incités par les pouvoirs publics, firent entrer l’innovation énergétique en général, et la Fée Électricité en particulier, dans tous les foyers grenoblois." [Isabelle Delestre]

Traduction : il fallut plus d’un quart de siècle et de lourds investissements en marketing pour imposer l’électricité à une population pour le moins circonspecte. Nulle foule en liesse pour fêter le triomphe de l’innovation. À y regarder de près, la Fée Electricité a forcé la porte des foyers. L’année de l’exposition de Grenoble, plusieurs articles déplorent la faiblesse de la consommation.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/retour_a_la_bougie.pdf

[ propagande ] [ vente forcée ] [ fabrication du consentement ]

 
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mythe théogonique

Le jour où naquit Aphrodite, les dieux étaient au festin. Avec eux tous il y avait le fils de Métis, Poros. Après le dîner, Pénia était venue mendier, ce qui est naturel un jour de bombance, et elle se tenait près de la porte. Poros qui s’était enivré de nectar (car le vin n’existait pas encore) entra dans le jardin de Zeus, et tout alourdi s’endormit. Pénia, dans sa pénurie, eut l’idée d’avoir un enfant de Poros : elle se coucha près de lui, et fut enceinte de l’Amour. Voilà pourquoi l’Amour est devenu le compagnon d’Aphrodite et son serviteur ; engendré lors des fêtes de la naissance de celle-ci, il est naturellement amoureux du beau – et Aphrodite est belle.

Etant donc fils de Poros et de Pénia, l’Amour se trouve dans la condition que voici : d’abord, il est toujours pauvre, et loin d’être délicat et beau comme le croient la plupart, il est rude au contraire, il est dur, il va pieds nus, il est sans gîte, il couche toujours par terre, sur la dure, il dort à la belle étoile près des portes et des chemins, car il tient de sa mère, et le besoin l’accompagne toujours. D’autre part, à l’exemple de son père, il est à l’affût de ce qui est beau et de ce qui est bon, il est viril, résolu, ardent, c’est un chasseur de savoir et sait trouver les passages qui y mènent, il emploie à philosopher tout le temps de sa vie, il est merveilleux sorcier, et magicien, et sophiste. Ajoutons qu’il n’est, par nature, ni immortel ni mortel. Dans la même journée, tantôt il fleurit et il vit, tantôt il meurt ; puis il revit quand passent en lui les ressources qu’il doit à la nature de son père, mais ce qui passe en lui sans cesse lui échappe ; aussi l’Amour n’est-il jamais ni dans l’indigence ni dans l’opulence.

Auteur: Platon

Info: Discours attribué à Diotime dans "Le Banquet" de Platon, trad. Paul Vicaire, Les Belles-Lettres, Paris, 1989, 203 c - e

[ conception ] [ origines ] [ caractéristiques ] [ défini ]

 
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juvéniles divinités

La terre est aujourd'hui comme un radeau qui sombre.

Les dieux, ces parvenus, règnent, et, seuls debout,

Composent leur grandeur de la chute de tout.

Leur banquet resplendit sur la terre et l'affame.

Ils dévorent l'amour, l'âme, la chair, la femme,



Le bien, le mal, le faux, le vrai, l'immensité.

Ils sont hideux au fond de la sérénité.

Quels festins ! Comme ils sont contents ! Comme ils s'entourent

De vertiges, de feux, d'ombre ! Comme ils savourent

La gloire d'être grands, d'être dieux, d'être seuls !

Comme ils raillent les vieux géants dans leurs linceuls !

Toutes les vérités premières sont tuées.



Les heures, qui ne sont que des prostituées,

Viennent chanter chez eux, montrant de vils appas,

Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas.



[...]



Toute la terre tremble à leurs métamorphoses ;

La forêt, où le jour pâle pénètre peu,

Quand elle voit un monstre a peur de voir un dieu.

Quelle joie ils se font avec l'univers triste !

Comme ils sont convaincus que rien hors d'eux n'existe !

Comme ils se sentent forts, immortels, éternels !

Quelle tranquillité d'être les criminels,

Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles !



[...]



Et les hommes ? Que font les hommes ? Ils frissonnent.

Les clairons dans les camps et dans les temples sonnent,

L'encens et les bûchers fument, et le destin

Du fond de l'ombre immense écrase tout, lointain ;



Et les blêmes vivants passent, larves, pygmées ;

Ils regardent l'Olympe à travers les fumées,

Et se taisent, sachant que le sort est sur eux,

D'autant plus éblouis qu'ils sont plus ténébreux ;

Leur seule volonté c'est de ne pas comprendre ;

Ils acceptent tout, vie et tombeau, flamme et cendre,

Tout ce que font les rois, tout ce que les dieux font,

Tant le frémissement des âmes est profond !

Auteur: Hugo Victor

Info: La Légende des Siècles. Le cycle des Titans.

[ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

femmes-hommes

Le désir des hommes a des façons qui sont étranges. Il arrive à des heures inattendues. Quelque gêne qu'il apporte avec lui, il est parfois difficile d'accueillir comme il faut le plus étrange des hôtes.
Les femmes laissent croire que nous sommes maîtres de cette crampe douloureuse, ou bien que son surgissement à la fin de la nuit n'est qu'un événement mécanique dont nous pourrions parfois leur éviter l'importunité.
C'est un visiteur, comme il est en elles, même si son aspect est plus visible. Nous l'espérons parfois des nuits durant. Nous allumons la lampe, nous lisons, nous regardons des images, nous nous servons à boire, nous buvons, nous rêvons mais il ne vient pas. Quand il arrive, il réclame sa place, il tend l'étoffe, il se presse contre la cuisse de la dormeuse. S'il n'est pas reçu très vite, avec joie et avec chaleur, il se vexe et il s'en va.
C'est une joie qu'il faut accueillir à quelque heure qu'elle se présente. C'est un orphelin qui hurle et dont les pieds trépignent pour réclamer le sein et le lait tiède de sa mère. C'est un fils prodigue qui revient à la demeure de son père. C'est un parasite singulier des rêves, des arts, des nuits, du vin, des doigts, des lèvres, des odeurs, des humeurs.
Nulle part il n'est pensionnaire. Nulle part il ne s'installe à demeure. Personne ne le commande. Il déserte on ne sait pourquoi. Il envahit on ne sait quand. Il peut surgir dans le deuil lui-même.
Il faut accepter de ne pas le comprendre. Et profiter, quelque lassitude ou quelque gêne qui s'ensuivent, de son arrivée inopinée, de sa fureur imprévisible. Il est la chose aussi lumineuse que rare dont parlait le philosophe qui polissait des verres de loupe à La Haye, et que lisait Elena quand elle n'était pas plongée dans les essais de Martin Heidegger. Il est le contraire de la mort, hôte qui le corrompt souvent, mais à qui il ne présente jamais.
(... ) Je me disais : "le réel met aux abois le langage. Dans la musique aussi, dans les livres aussi, le désir tient table ouverte. Les femmes préféreraient-elles un banquet de sentiments, de mort et de reproduction ? Qui ne tient pas la porte ouverte sur le désir, la refermant sur une ou deux apparitions, referme la porte sur soi et sur la mort. Il ne se représente plus. Qui le boude, la vie le boude."

Auteur: Izquierdo Quignard Agustina

Info: Un souvenir indécent, Gallimard folio, 1994, pp. 108-109

[ sexualité ] [ hommes-par-femme ] [ envie ]

 

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