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pensée-de-femme

La force que tu trouves, qui déferle d’un coup sur toi, dans cette chambre du quatrième étage du service d’hématologie de l’hôpital Robert-Debré, elle vient de plus loin que toi. Elle vient d’un temps très ancien, c’est ta part archaïque, primitive, qui d’un coup a pris les commandes. Tu l’ignorais, mais le 18 mars 2020, dans la chambre avec ton fils, tu n’étais pas seule : il y avait derrière toi une puissance rugissante, l’histoire de toutes les mères depuis les premiers temps du monde. Tu étais traversée par leur courage, leur énergie inébranlable, elles avaient déposé en toi, sans que tu le saches, un limon fait d’instinct de survie et de protection, et tu ne le savais pas, toi qui jusque-là n’avais pas eu besoin de te confronter à l’innommable, tu ne le savais pas mais tu étais une louve, tu avais des crocs, un corps très massif. En cet instant tu découvres que tu es aussi vaste que le monde, aussi vieille et puissante que la première des mères. Tu protèges ton fils. Tu le portes. Tu le secours.

Auteur: Tardieu Laurence

Info: D'une aube à l'autre

[ accouchant ] [ océanique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

puberté

Quand elle était petite, elle ne pensait pas à son corps. Il n'existait tout simplement pas. Quand elle était petite, il était là, efficace et suffisant, huilé et confortable, et ça roulait, tout roulait, il n'y avait pas besoin d'y penser ou de réfléchir à ce que l'on portait, de se surveiller et de se regarder faire, de s'observer et de contrôler son image en permanence. Elle était un tout et non pas une dissociation, pas encore une séparation consommée de son esprit avec son corps, l'un passant son temps à scruter l'autre pour le juger. ..... Avant c'était avant. Tout à coup elle a un corps qui ne fait plus un avec ce qu'il y a dans sa tête, un corps dont elle a conscience et qui ne la représente plus, un corps encombré dont tout le monde se met à parler et que tout le monde se permet de jauger, d'évaluer, mesurer et elle ne peut rien y faire, il est là et elle doit se mouvoir avec ça, avec tout ce qu'on en dit et qui ne lui plaît pas.

Auteur: Emmanuelle Richard

Info: La légèreté

[ chair-esprit ] [ pensée-de-femme ]

 

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élites

Le décret de bonheur prend l'apparence absolutiste de la pure philanthropie. Il suggère qu'au moins quelques personnes savent ce qu'est le bonheur mais veulent prévenir par le "rationnement" le collapsus qui surviendrait nécessairement si tous savaient la même chose. Prévenir le collapsus est la présupposition implicite, par la rhétorique, des économies planifiées des Etats. Ceux qui détiennent le savoir expérimentent déjà, au nom de tous les autres, ce qui résulte de leur savoir : ils vivent dans des enclaves au coeur de la collectivité et masquent les fenêtres de leurs limousines pour que personne ne puisse voir s'ils ne seraient pas, par hasard, déjà heureux. Ils distribuent à tous, avec une belle progressivité dans l'accoutumance du bonheur, un peu de ce qu'ils ont déjà expérimenté. La formation des files d'attente là où ont lieu les distributions permet de conclure au succès de la procédure — mais aussi d'imaginer les ruées et les affrontements qui surviendraient obligatoirement si ceux qui prétendent connaître le bonheur augmentaient les portions de leurs distributions dans la mesure de leur connaissance des besoins de ce qui rend heureux.

Auteur: Blumenberg Hans

Info: Le souci traverse le fleuve

[ justification ] [ pouvoir ] [ conservation ]

 

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pré-papier

Ce n’est pas à toi, le professeur d'hîstoire, que j'apprendrai que le mot livre vient du latin liber, qui désigne la pellicule située entre le bois de l'arbre et son écorce. Au temps des papyrus, les habitants des forêts européennes, qui n’étaient pas plus bêtes que les Égyptiens, avaient trouvé de quoi écrire avec cette pellicule prélevée sur le tronc du bouleau. Un arbre sacré ! Mais je n ai pas besoin de t'en raconter plus. Tu sais tout cela mieux que moi.

Xavier se trompait. Je connaissais un peu l'histoire du livre*, je savais que le passage des anciens rouleaux au volumen, le livre tel que nous le connaissons aujourd'hui, s'était produite aux alentours du IVe siècle, dans les derniers temps de l'Antiquité et de la Gaule romaine, mais j'ignorais cette affaire d'écorce de bouleau. Nous n'avions plus pour mission d'enseigner des choses aussi simples et aussi concrètes à nos élèves. Les manuels scolaires étaient emplis d'une matière atrocement cérébrale. Surtout ceux de géographie. C'était de la propagande pour l'unification du monde autour d'une morale planétaire, citoyenne et écoresponsable.

Auteur: Lapaque Sébastien

Info: Ce monde est tellement beau. * Le volumen est le rouleau qui a cédé la place au codex, le livre tel que nous le connaissons, au quatrième siècle.

[ étymologie ] [ support d'écriture ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

blague

Un couple d'extraterrestre humanoïde porté sur la chose a besoin de nouveauté au niveau sexuel. Ils décident de venir voir sur Terre. Dans un village près de Paris ils font connaissance de Pierre et Anne, couple libertin. Après une explication par signes des ETs, sachant que pareille occasion ne se reproduira jamais. Les français acceptent un échange de partenaires pour une nuit.
Le lendemain, les extraterrestres partis, Pierre et Anne discutent. Elle :
- C'était absolument génial... Nous sommes allés sur le lit, il m'a caressée, etc... Ensuite il m'a demandé de lui tirer l'oreille gauche, et là son sexe s'est mis à grandir de façon impressionnante, jusqu'à 40 centimètres... Attend, j'ai pas fini... Ensuite il m'a demandé de lui tirer l'autre oreille et là, son sexe est devenu gros comme tes biceps ! Bref on n'a pas arrêté de faire l'amour. (elle soupire) Une nuit vraiment inoubliable, sans vouloir te vexer mon chéri. Mais je parle je parle... Et toi, comment c'était ?
- Ben, c'était juste étrange, elle a passé son temps à me tripoter les oreilles. Maintenant je comprends mieux.

Auteur: Internet

Info:

[ extraterrestre ] [ malentendu ] [ humour ]

 

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envol

L’un des 4 paramètres du voyage multidimensionnel est la STASE : corps physique endormi. Les 3 autres : conscience, intention, et non faire. Quoi que l’on vive, où que l’on soit, entendre et regarder le bruit du corps : Ses pensées assourdissantes, désirs infinis, besoins d’immortalité, de sensualité. Il fait du bruit depuis sa naissance, il en fera jusqu’à sa destruction. Écouter le bruit, et progressivement écouter plus loin, à la périphérie, s’éloigner du vacarme du corps. Il est toujours là, mais c’est moi qui me déplace, en silence. Moi, comme conscience, je suis la source de vie du corps. C’est ce-que-je-suis-vraiment qui ordonne à l’énergie de s’associer avec un corps biologique, de le faire vivre. Me déplacer en silence vers la périphérie va réduire la quantité d’énergie qui afflue vers le corps biologique. En silence, sans effort, sans travail. Le corps, l’ego vont automatiquement se mettre en veille, en stand-by. Voici la STASE, elle ne doit pas dépendre de quoi que ce soit de physique, c’est l’être qui prend le contrôle. Voici la sortie, la porte sur l’infini. S’éloigner, en silence.

Auteur: Auburn Marc

Info: 21 mars 2020

[ astral ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

Après sept jours de marche à travers les bois, le voyageur dirigé vers Baucis ne voit pas la ville et pourtant il est arrivé. Les échasses élancées qui sortent du sol à une grande distance les unes des autres et se perdent au-dessus des nuages soutiennent la ville. On les escalade avec des échelles. Au sol, les habitants se montrent rarement : ayant déjà tout ce dont ils ont besoin là-haut, ils préfèrent ne pas descendre. Rien de la ville ne touche la terre, sauf ces longues pattes de flamant rose sur lesquelles elle repose et, lorsque les journées sont ensoleillées, une ombre trouée, anguleuse, qui se projette sur les feuillages.

Il y a trois hypothèses concernant les habitants de Baucis : soit ils détestent la terre ; soit ils la respectent tellement qu'ils évitent tout contact ; soit ils l'aiment telle qu'elle était avant leur existence et, lorgnant vers le bas avec des jumelles et des télescopes, ils ne se lassent pas de l'examiner, feuille par feuille, pierre par pierre, fourmi par fourmi, contemplant avec fascination leur propre absence.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ localité suspendue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

envahissement

Ce jour-là, il y avait une bande de galopins dans l’eau, deux surtout, qui se disputaient le récif en s’éclaboussant d’eau. Assis sur le sable, Stefano les regardait, vaguement écœuré. Nus et noirs ainsi que des fruits de mer, ils criaient en leur patois ; et, par-delà l’écume, la mer apparaissait à Stefano pareille à un paysage de verre, inutilement bruyante, et devant qui tous ses sens s’amenuisaient, comme l’ombre sous ses genoux. Il ferma les yeux, et le petit nuage de la pipe de Giannino passa devant lui. La tension devenait si douloureuse que Stefano se leva pour partir. Un gosse lui cria quelque chose. Sans se retourner, Stefano remonta vers le pays.
Stefano craignait que, cet après-midi, Elena vînt le retrouver. Ce matin, en se réveillant dans son lit, il l’avait tellement désirée, et charnellement ; et maintenant il n’en voulait plus. Il voulait demeurer seul, dans sa tanière. Les visages des autres dansaient autour de lui, rieurs, vagues, bruyants, sots, comme pendant le charivari de la veille : attentifs et hostiles ainsi qu’au début, ainsi qu’il y a une heure.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", La prison, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 151

[ besoin de solitude ] [ gens intolérables ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

dictature

Dans la maison de Mme Song, comme dans toutes les maisons du pays, des portraits du "cher dirigeant" sont accrochés aux murs à l'exclusion de toute autre décoration, car il est strictement interdit d'y suspendre autre chose, y compris des photographies de famille. Kim Il-sung incarnait la seule famille dont les Nord Coréens avaient besoin, jusque dans les années quatre-vingt, lorsque les portraits de Kim Jong-Il, nouveau secrétaire du parti, l'y rejoignirent. Ensuite arriva le troisième cliché officiel : le père et le fils réunis. Les quotidiens aiment à raconter des faits divers dans lesquels des citoyens héroïques perdent la vie en sauvant ces fameuses images des flots ou des flammes. Le Parti du Travail les distribue gratuitement. Derrière le cadre se cache une petit boîte dans laquelle se trouve le tissu blanc qui servira à épousseter et uniquement à l'épousseter. Ce qui devient crucial lors de la saison des pluies pour éviter que la moisissure s'infiltre sous le verre car, une fois par mois environ, des agents de la Police des normes publiques peuvent s'inviter à l'improviste afin de vérifier leur propreté.

Auteur: Demick Barbara

Info: Vies ordinaires en Corée du nord

[ terreur ] [ idolâtrie ]

 

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Helvétie

La Suisse était trop étroite pour moi, trop connue. A l'époque, j'étais un personnage public. J'avais une chronique hebdomadaire dans le magazine zurichois "Woche", avec ma photo. On me reconnaissait partout et j'avais mon public. Nous étions une quinzaine d'écrivains de ma génération à nous partager le gâteau. Je me voyais un peu comme un animal de cirque sous le chapiteau, je savais montrer mon habileté, Hugo Loetscher montrait la sienne et Adolf Muschg aussi. Tout simplement abject!
Je méprise le besoin de sécurité. Je ne voulais pas me limiter à gagner ma thune et à la placer pour qu'elle soit rentable! Je voulais conquérir l'art! En Suisse, pour moi, ce n'était pas possible.(...) J'ai toujours été dur envers la Suisse, et l'évolution du pays me donne raison. Je ne fustigeais d'ailleurs pas seulement l'étroitesse, mais aussi l'hypocrisie et cette attitude de profiteur, qui se cachent sous le masque de l'invisibilité. Entretemps, la chose est devenue connue dans le monde entier. Ma critique d'alors s'est révélée exacte et je n'ai pas, aujourd'hui, à me renier sous prétexte d'une erreur de jeunesse.

Auteur: Nizon Paul

Info:

[ mesquine ]

 

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