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adultère

Notre plus proche voisin était le vieux Dobrobabine, un grand gaillard à la barbe blanche, chevalier de quatre croix de Saint-Georges et de trois ordres de la Gloire. C’était un charpentier et un menuisier remarquable, et un coureur de jupons. On racontait qu’un jour il avait enfermé un de ses clients dans le cercueil qu’il avait commandé pour qu’il "s’y fasse", et pendant que l’autre "s’y faisait", il s’était tellement bien occupé de sa femme qu’elle lui avait commandé un autre cercueil –pour son mari suivant.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin

[ humour ]

 

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indiscrétion

Monsieur Paul s’était mis à chuchoter. "Pourriez-vous tout de même me dire comment vous vous appelez ?"
Cette question toute simple rendit le visage de l’artiste parapluiste blanc comme la chaux. Ses yeux devinrent aussi grands que les roues d’une calèche et, dans le même temps, la pluie se changea en une terrible averse, sous laquelle on n’y voyait pas à plus d’un mètre. Plus étonnant encore, la pluie ne tombait pas du ciel, mais de la terre vers le ciel, de sorte que Monsieur Paul eut beau disposer son parapluie dans toutes les positions possibles, il se retrouva trempé jusqu’aux os.
Lorsque la pluie cessa enfin, Monsieur Paul découvrit que la terre autour de lui était complètement sèche. Quant à l’artiste parapluiste, il n’était plus visible nulle part.

Auteur: Heinsaar Mehis

Info: Les Chroniques de Monsieur Paul

[ lourdeur ] [ intempestivité ]

 

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héros anonymes

Avec amertume il se dit que le monde se souvenait de dictateurs, de joueurs de foot brésilien et d’artiste peignant des carrés blancs sur fond blanc, mais que personne ne pouvait donner le nom d’un seul de ces hommes qui avaient sauvé l’Europe d’un cataclysme nucléaire sans précédent. Qui connaissait Alexeï Ananeko, Valeri Bespalov et Boris Baranov ? Qui savait qu’ils s’étaient portés volontaires pour plonger dans le bassin inondé sous le réacteur 4, pour activer les pompes et le vider de son eau avant que le cœur en fusion ne l’atteigne ? Qui savait que si le magma d’uranium et de graphite s’était déversé dans le bassin, il se serait produit une explosion de plusieurs mégatonnes qui aurait rendu inhabitable une bonne partie de l’Europe ?

Qui le savait ?

Auteur: Audic Morgan

Info: De bonnes raisons de mourir

 

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Ajouté à la BD par miguel

genèse

Lorsque Dieu a procédé au partage de l’univers, le paysan a pris la terre, le pêcheur le lac, le chasseur la forêt, le jardinier les vergers et le marchand des étalons de poids ainsi que la balance. Et ainsi de suite. Pendant ce temps-là, le poète s’attardait dans la forêt où le rossignol le charmait de son chant et les arbres lui susurraient dans l’oreille maints secrets des bois... Mais les yeux – les yeux du poète – ne parvenaient pas à se détacher des genoux de la lavandière et de la planche de blanchisseuse qu’elle tenait à la main. C’est ainsi que le troubadour a perdu toute notion de l’heure et s’est présenté en retard. Et quand il est arrivé, l’univers avait déjà été partagé. De sorte que Dieu ne disposait plus à son intention que des nuages, des arcs-en-ciel, des roses et des oiseaux d’été. En revenant, il n’a même plus retrouvé la lavandière. Elle s’était fait engager quelque part comme nourrice... — Puisque tu as de l’imagination, lui dit l’Eternel, eh bien ! Tu n’as qu’à te créer des univers toi-même!

Auteur: Peretz Isaac Leib

Info: Les oubliés du shtetl. Yiddishland

[ conte ] [ fable ] [ professions ] [ rêveur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homme-animal

Soudain, une bordée d’éclats de rire retentit dans la foule et couvre la voix de Mikolka. La jument, accablée de coups redoublés, avait perdu patience et s’était mise à ruer malgré sa faiblesse. Le vieux n’y peut tenir et partage l’hilarité générale. Il y avait de quoi rire en effet : un cheval qui tient à peine sur ses pattes et qui rue ! Deux gars se détachent de la foule, s’arment de fouets et courent cingler la bête des deux côtés, l’un à droite, l’autre à gauche. - Fouettez-la sur le museau, dans les yeux, en plein dans les yeux, vocifère Mikolka. - Frères, une chanson, crie quelqu’un dans la charrette, et tous de reprendre le refrain ; la chanson grossière retentit, le tambourin résonne, on siffle la ritournelle ; la paysanne croque ses noisettes et ricane. Rodia s’approche du petit cheval ; il s’avance devant lui ; il le voit frappé sur les yeux, oui sur les yeux ! Il pleure. Son cœur se gonfle ; ses larmes coulent. L’un des bourreaux lui effleure le visage de son fouet ; il ne le sent pas, il se tord les mains, il crie, il se précipite vers le vieillard à la barbe blanche qui hoche la tête et semble condamner cette scène. 

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Crime et châtiment, chapitre 6. Passage parfois décrit comme ayant été le déclencheur de la crise de folie finale de Nietzsche, qui avait lu cet ouvrage.

[ empathie ] [ déclencheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mémoire

De tout il est resté un peu.

De ma peur. De ton aversion.

Des cris bègues. De la rose

est resté un peu.



Il est resté un peu de lumière

capturée dans le chapeau.

Dans les yeux du malfrat

un peu de tendresse est restée

(très peu).



Peu est resté de cette poussière

dont ton soulier blanc

s’était couvert. Il est resté peu

d’habits, peu de voiles déchirés

peu, peu, très peu.



Mais de tout il reste un peu.

Du pont bombardé,

de deux brins d’herbe,

du paquet

-vide- de cigarettes, est resté un peu.



Car de tout il reste un peu.

Il reste un peu de ton menton

dans le menton de ta fille.

De ton silence âpre,

il est resté un peu, un peu

sur les murs courroucés,

dans les feuilles, muettes, qui grimpent.



Il est resté un peu de tout

sur la soucoupe en porcelaine,

dragon pourfendu, fleur blanche,

un peu de ride est resté

sur votre front,

portrait.

Auteur: Andrade Carlos Drummond de

Info: Residuo (extrait) trad du portugais, Creisifiction sur Babelio

[ diffuse ] [ poème ] [ souvenirs délayés ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ballade

Ce matin était bien. un peu de neige tapissait le sol. Le soleil flottait dans un ciel clair et bleu. La mer était bleue et bleu-vert, aussi loin que portait l’œil. À peine une ondulation. Calme. Je me suis habillé pour aller me promener - résolu à ne pas rentrer avant d’avoir recueilli ce que la Nature avait à m’offrir. J’ai dépassé de vieux arbres inclinés. Traversé un champ semé de rochers où la neige s’était entassée. Marché jusqu’à atteindre une falaise. Où j’ai contemplé la mer, et le ciel, et les mouettes tournoyant au-dessus de la plage blanche loin au-dessous. Tout était beau. Tout baignait dans une pure et froide lumière. Mais, comme toujours, mes pensées se sont mises à errer. Je devais me contraindre à voir ce que je voyais et rien d’autre. Je devais me dire c’est cela qui compte, pas autre chose. (Et je l’ai vraiment vue une ou deux minutes !) Un ou deux minutes elle a refoulé les rêveries habituelles sur ce qui est bien, et ce qui est mal - le devoir, les bons souvenirs, les idées de mort, la façon de me conduire avec mon ex-femme. Toutes ces choses dont j’espérais qu’elles disparaîtraient ce matin. Ce avec quoi je vis chaque jour. Ce que j’ai foulé aux pieds afin de rester en vie. Mais une ou deux minutes j’ai bel et bien oublié moi-même et tout le reste. Je le sais. Car quand j’ai fait demi-tour je ne savais plus où j’étais. Jusqu’à ce que des oiseaux s’échappent des arbres noueux. Et s’envolent dans la direction que je devais prendre.

Auteur: Carver Raymond

Info:

[ introspection ] [ oubli de soi ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pendaison

Et il se retourna et s’en alla.

          Descendant les collines il vit très clairement

Deux images dans son esprit : celle de la mort de Fawn

Avec la gorge tranchée, l’autre de lui-même qui s’était pendu,

Et il devait choisir. D’une nature honnête,

Il choisit la seconde et se pendit avec une bride en crins

Sous une poutre de la grange.

          Il n’aura plus jamais à

Brailler à la recherche de la vérité, la vérité, bien qu’elle fût

venimeuse,

Ni à sentir deux mille ans d’instruction s’affaisser sous ses pieds

Comme un plancher pourri. Il ne sentira plus le vent,

Ni le goût de la pluie, ni ne verrait à nouveau la beauté suprême de l’année, cette tempête venant du sud-est

La semaine de Noël ou du Nouvel An, quand le vent s’acharne contre le toit comme un homme vertueux

Tire son épouse infidèle par les cheveux

Du lit jusqu’à la porte, et quand sous les rugissements du ciel bleu-noir l’océan

Noir enflamme tout de son écume blanche,

Et que pas un oiseau ne vole. Ferguson ne verra pas

Ces deux goélands voler au-dessus du feu d’une soirée d’avril

Sur le genou de la montagne. L’herbe fraîche et maculée de sang,

Les veaux hurlent, les hommes sont épuisés et brutaux, le whisky est bu,

Et dans le crépuscule bleuâtre deux goélands aux ailes arquées en faux

Dérivent au-dessus de la beauté rougeoyante du feu,

Raillant, et étirant leur cou : puis quelqu’un lève les yeux

Et se fend d’une étrange pensée. Ce ne sera pas Ferguson.


Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", Préface, trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 54-55

[ suicide ] [ mélancolie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sociologie du sexe

Tu vas dire que c’est une obsession chez moi, mais j’ai demandé à l’Allemande ce que les Noirs avaient de plus que les Blancs. C’est vrai, c’est frappant, à force : les femmes blanches préfèrent coucher avec des Africains, les hommes blancs avec des Asiatiques. J’ai besoin de savoir pourquoi, c’est important pour mon travail. — Il y a aussi des Blancs qui apprécient les Noires… observai-je. — C’est moins courant ; le tourisme sexuel est beaucoup moins répandu en Afrique qu’en Asie. Enfin, le tourisme en général, à vrai dire. — Qu’est-ce qu’elle t’a répondu ? — Les trucs classiques : les Noirs sont décontractés, virils, ils ont le sens de la fête ; ils savent s’amuser sans se prendre la tête, on n’a pas de problèmes avec eux. » Cette réponse de la jeune Allemande était certes banale, mais fournissait déjà les linéaments d’une théorie adéquate : en somme les Blancs étaient des Nègres inhibés, qui cherchaient à retrouver une innocence sexuelle perdue. Évidemment, cela n’expliquait rien à l’attraction mystérieuse que semblaient exercer les femmes asiatiques ; ni au prestige sexuel dont jouissaient, selon tous les témoignages, les Blancs en Afrique noire. Je jetai alors les bases d’une théorie plus compliquée et plus douteuse : en résumé, les Blancs voulaient être bronzés et apprendre des danses de nègres ; les Noirs voulaient s’éclaircir la peau et se décrêper les cheveux. L’humanité entière tendait instinctivement vers le métissage, l’indifférenciation généralisée ; et elle le faisait en tout premier lieu à travers ce moyen élémentaire qu’était la sexualité. Le seul, cependant, à avoir poussé le processus jusqu’à son terme était Michael Jackson : il n’était plus ni noir ni blanc, ni jeune ni vieux ; il n’était même plus, dans un sens, ni homme ni femme. Personne ne pouvait véritablement imaginer sa vie intime ; ayant compris les catégories de l’humanité ordinaire, il s’était ingénié à les dépasser.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

 

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Ajouté à la BD par Bandini

portrait

Imaginez la scène: un plateau TV, des gants de boxe posés devant la caméra, et un duel cathodique à audience maximale: Bernard Tapie, version 1989, contre Eric Zemmour, version 2021. Nul doute que l’homme d’affaires français, décédé dimanche à 78 ans, aurait savouré, si l’occasion s’était présentée, ce énième moment de gloire médiatique, lui qui parvint à s’imposer il y a trente ans face à Jean-Marie Le Pen dans un moment de télévision resté très controversé. Leur affrontement, genre pugilat, fit alors couler beaucoup d’encre à une époque où le "clash" n’était pas encore la règle. Mais il reste dans les mémoires car aucune autre personnalité, de droite comme de gauche, n’était parvenue avant lui à dompter en direct le fondateur du Front national.

Bernard Tapie était un populiste-né au sens où son instinct animal du public et des formules qui font mouche – assorties d’un bon lot de vérités arrangées (les fake news d’aujourd’hui) – constituait son tremplin électoral. Tapie le politicien, entré au culot dans l’arène du pouvoir républicain par l’éloge médiatique du capitalisme, répugnait à l’exactitude des chiffres et aux démonstrations rigoureuses. Il feignait aussi d’ignorer, lui l’homme d’affaires franco-français, les contraintes de la mondialisation. Son registre était, comme d’autres populistes, celui de l’incantation nationale. Mais à la différence d’un Jean-Marie Le Pen et d’un Eric Zemmour, Tapie regardait dans les yeux la France telle qu’elle est, sans faire de différence entre les Blancs, les chrétiens et les autres. Marseille, cette ville qui n’était pas la sienne où il sera inhumé, l’avait convaincu que le métissage et la multiculturalité peuvent être des atouts s’ils riment avec fierté. Cela n’enlève rien aux mensonges qu’il proféra souvent, aux combines qu’il affectionnait et aux dégâts sociaux engendrés par ses rachats d’entreprises revendues ensuite à la découpe. Mais cela explique sans doute les raisons de l’affection populaire qui, jamais – y compris en prison – ne l’abandonna.

Bernard Tapie laisse derrière lui, vu de l’étranger, l’image d’un bateleur franchouillard, cascadeur chanceux des affaires et des stades plutôt que bâtisseur de légende. Il fut aussi, dans l’histoire récente de la République, l’instrument des règlements de compte d’un François Mitterrand éberlué par son talent et maître cynique dans l’art d’exploiter sa naïveté mâtinée de cupidité. Mais l’une des marques de ce populiste, franc-tireur hors "système" et pourfendeur des blocages de la haute administration, est qu’il aimait les Français dans ce qu’ils ont de plus compliqué à gérer: leur diversité.

Auteur: Werly Richard

Info: Le Temps, 4 octobre 2021

[ aventurier ] [ combattant ] [ panache ]

 
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Ajouté à la BD par miguel