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écrivain-sur-écrivain

Pour arriver à la connaissance et à la possession de Dieu, selon l'idée chrétienne, la seule voie est la sainteté; selon la philosophie scolastique, c'est la science, résumée en la science des sciences, la théologie; selon Platon, c'est la contemplation de la beauté. Dante en prenant Béatrice pour guide à travers la vie comme à travers son poème, réunit donc d'abord en elle les trois moyens naturels et surnaturels qui sont offerts à l'homme pour parvenir en la présence "de la divine Puissance, de la suprême Sagesse et du primordial Amour" ...... ...En plusieurs endroits de la Divine Comédie on trouve des traces des idées platoniciennes, plus ou moins modifiées par leur voyage à travers les oeuvres des Pères de l'Église. Il est probable que c'est surtout dans Boèce, auquel il a emprunté plus d'un trait, dans saint Augustin et dans saint Bonaventure que Dante s'est familiarisé avec certaines théories du philosophe grec...... ...Mais Dante est poète, plus encore que philosophe, et il avoue que lorsque la vue de la "femme belle et bienheureuse" lui a été enlevée, il s'est laissé entraîner hors de la bonne voie : "Les objets présents et les faux plaisirs ont détourné mes pas depuis que votre visage m'est caché." Alors Béatrice lui fait de mélancoliques reproches où l'on sent passer non pas un regret, mais un souvenir complaisant des jours vécus sur terre, pendant lesquels elle pouvait offrir son pur visage à la contemplation de son poète : Tu m'as quelquefois oubliée, et pourtant, lui dit-elle, "jamais la nature ou l'art ont-ils pu t'offrir un plaisir pareil à celui que tu ressentais à admirer ma beauté, maintenant ensevelie et perdue sous la terre!". Chaque fois qu'il parle de Béatrice, Dante a des mots charmants pour caractériser sa beauté. Tantôt il exalte la douceur de sa voix : ...mia donna Che mi disseta colle dolci stille ; Tantôt son sourire : ...raggiandomi d'un riso Tal che nel fuoco faria l'uom felice Puis c'est le fameux portrait de Béatrice, lorsqu'elle lui apparaît aux portes du Paradis, encadrée dans un passage céleste, triomphante et resplendissante d'une incomparable beauté : J'ai vu, au commencement du jour, tout l'horizon affranchi de nuages, et nuancée de rose la partie de l'orient au milieu de laquelle naissait le soleil, dont on pouvait supporter l'éclat tempéré par les vapeurs du matin; de même à travers un nuage de fleurs qui retombaient de toutes parts, je vis une femme, les épaules couvertes d'un manteau vert; elle était vêtue d'une draperie couleur de flamme ardente; un voile blanc et une couronne d'olivier ornaient encore sa tête.... O splendeur d'une lumière éternelle : quel est celui qui ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l'air libre, là où le ciel t'environne de son harmonie! Il faudrait un long travail pour arriver à dégager complètement cette personnification des deux autres, tellement la Béatrice est marquée à la fois de son triple caractère. Serait-ce même possible? L'idée platonicienne que j'ai indiquée dans la Divine Comédie, n'y est qu'à l'état de vague réminiscence et si bien enchevêtrée dans les multiples emprunts du poète à toutes les connaissances humaines, que ce serait peut-être en exagérer l'importance que de l'exposer plus longuement. Néanmoins cette conception de la beauté immuable dans son essence, se transformant du visible à l'invisible, et aboutissant à la beauté unique et primordiale, est tellement en dehors des idées du XIVe siècle, qu'il m'a paru intéressant de la signaler. Un peu plus tard, avec le progrès des études grecques, qui ne commencent sérieusement que cinquante ans après la mort de Dante, on trouverait plus facilement dans les poètes quelques traces de philosophie socratique. On verrait par exemple Pétrarque considérant les choses mortelles comme une échelle qui monte au Créateur, - che son scala al Fattor, Mais cette recherche perdrait de sa nouveauté à mesure qu'on se rapprocherait des temps modernes et deviendrait banale. Rien de ce qui touche à Dante ne saurait l'être, rien surtout de ce qui touche à sa Béatrice. Je me suis plu à montrer la complexité de cette création aussi étrange que sublime, d'autres y reviendront. Le sujet ne sera jamais épuisé, car on se plaira toujours à suivre le grand poète dans son voyage vers l'infini, régions où nul autre que lui n'est monté si haut, où nul peut-être n'ira plus; qui oserait comme lui s'élever jusqu'aux étoiles? - Puro e disposto a salire alle stelle?

Auteur: Gourmont Rémy de

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[ Dante Alighieri ]

 

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cladistique vs phénétique

L'évolution de la vie sur terre: aléatoire ou prévisible ?

L'évolution des êtres vivants met en jeu de nombreux phénomènes aléatoires tels que mutations, rencontres des ovules et spermatozoïdes, accidents météorologiques, etc... Notre monde vivant est-il donc juste une alternative parmi tant d'autres ? Dans une étude publiée dans la revue Interface Focus, Virginie Orgogozo à l'Institut Jacques Monod, revisite la question à la lumière des données actuelles. Elle montre qu'au cours de l'évolution de la vie sur terre, des événements se répètent et semblent prévisibles. Si on rembobinait le film de la vie sur terre et qu'on le relançait en changeant légèrement les conditions initiales, obtiendrait-on les mêmes formes vivantes qu'aujourd'hui ?

Le paléontologue américain Stephen Jay Gould s'était posé la question dans les années 90. Il avait répondu que des formes de vie tout-à-fait différentes seraient apparues car l'évolution dépend de nombreux phénomènes aléatoires non prévisibles (mutations, impact des comètes, etc.). Depuis quelques années, certains biologistes, tel que le paléontologue anglais Simon Conway Morris, remettent en doute la réponse de Stephen Jay Gould. Ils suggèrent que même si le monde ne serait probablement pas exactement pareil, par exemple vous ne seriez pas en train de lire ce texte en ce moment précis, il aurait malgré tout un air de "déjà-vu". Par exemple, les animaux qui nagent dans un milieu liquide auraient un corps en forme de poisson, et la vision de la lumière s'effectuerait grâce à des organes spécialisés que sont les yeux.

L'évolution de la vie est-elle une simple alternative parmi tant d'autres, comme le pensait Stephen Jay Gould, ou bien est-elle prévisible ?

Virginie Orgogozo examine les données actuelles de la génétique et de l'évolution expérimentale pour tenter de répondre à la question. Les données récentes de la biologie indiquent que l'évolution se répète à plusieurs niveaux.

- Premièrement, des traits de caractère semblables sont apparus indépendamment chez différentes espèces vivant dans les mêmes conditions (c'est l'évolution convergente). Par exemple, les poissons et les ichtyosaures, des reptiles disparus, ont évolué indépendamment vers un corps en forme de poisson.

- Deuxièmement, les mêmes traits de caractère et les mêmes mutations apparaissent souvent lors d'expériences d'évolution expérimentale dans lesquelles on laisse évoluer des êtres vivants dans un environnement choisi et que l'on répète cette même expérience plusieurs fois de façon indépendante.

- Troisièmement, l'évolution indépendante du même trait de caractère chez des espèces différentes est souvent causée par des mutations dans le même gène. Par exemple, l'adaptation à une nourriture riche en amidon s'est accompagnée de mutations dans la même famille de gènes chez l'homme et chez le chien. Toutes ces répétitions sont relativement inattendues: si l'évolution était extrêmement sensible aux conditions initiales, on ne devrait pas observer tant de répétitions. Virginie Orgogozo en conclut que l'évolution de la vie sur terre n'est peut-être pas aussi aléatoire que ce qu'on aurait pu croire, et qu'il est possible de faire des prédictions concernant l'évolution des êtres vivants. Ainsi, on peut prédire qu'un mammifère vivant en région polaire va évoluer avec un pelage blanc, ou qu'une plante Arabette des dames qui fleurit plus tôt a de grandes chances d'avoir une mutation dans le gène FRIGIDA.

Comment l'évolution peut-elle être prévisible alors qu'elle met en jeu de nombreux phénomènes aléatoires ?

Virginie Orgogozo l'explique par analogie avec un gaz parfait dans un récipient. Au niveau microscopique, on ne peut prédire ni la position, ni le poids, ni la vitesse des particules. Par contre, au niveau macroscopique, on peut prédire la pression ou la température de ce gaz. Ainsi, même si les mutations apparaissent de façon non prévisible au sein des êtres vivants, on peut prédire les mutations qui ont survécu pendant de longues échelles de temps dans les populations et qui sont responsables de changements évolutifs entre espèces ou entre populations.

Plutôt que de savoir si les formes vivantes seraient différentes des nôtres si on relançait le film de l'évolution, Virginie Orgogozo préfère se demander à quel point elles seraient semblables à celles de notre monde. Répondre à cette question nécessite alors d'examiner les problèmes suivants: comment imaginer d'autres mondes possibles alors que nous sommes limités par notre imagination ? Comment estimer la probabilité d'occurrence d'événements qui ne se sont passés qu'une seule fois au cours de notre évolution ? Peut-on trouver de nouveaux concepts généraux pour prédire l'évolution ? La biologie actuelle commence à apporter des éléments de réponse. Même si il est trop tôt pour s'avancer, l'évolution de la vie sur terre pourrait être en partie prévisible.

Auteur: Orgogozo Virginie

Info: Pour plus d'information voir: Replaying the tape of life in the twenty-first century

[ probabilités ] [ spéculation ]

 

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LSD

"J’avais pris ma pilule à onze heures. Une heure et demie plus tard, j’étais assis dans mon cabinet de travail, contemplant attentivement un petit vase en verre. Le vase ne renfermait que trois fleurs - une rose Belle-de-Portugal, largement épanouie, d’un rose-coquillage, avec un soupçon, à la base de chaque pétale, d’une teinte plus chaude, plus enflammée ; un gros oeillet magenta et crème ; et, violet pâle à l’extrémité de sa tige brisée, le bouton fier et héraldique d’un iris. Fortuit et provisoire, le petit bouquet violait toutes les règles du bon goût traditionnel. Au déjeuner, ce matin-là, j’avais été frappé de la dissonance vive de ses couleurs. Mais la question n’était plus là. Je ne regardais plus, à présent, une disposition insolite de fleurs. Je voyais ce qu’Adam avait vu le matin de sa création - le miracle, d’instant en instant, de l’existence dans sa nudité.
"Est-ce agréable ?" demanda quelqu’un. (Pendant cette partie de l’expérience, toutes les conversations étaient enregistrées au moyen d’une machine à dicter, et j’ai pu me rafraîchir la mémoire quant à ce qui a été dit.)
Ni agréable, ni désagréable. "Cela est, sans plus." Istigkeit – n’était-ce pas là le mot dont maître Eckhart aimait à se servir ? Le fait d’être. L’Être de la philosophie platonicienne, – sauf que Platon semble avoir commis l’erreur énorme et grotesque de séparer l’Être du devenir, et de l’identifier avec l’abstraction mathématique de l’idée. Jamais il n’avait pu voir, le pauvre, un bouquet de fleurs brillant de leur propre lumière intérieure, et quasi frémissantes sous la pression de la signification dont elles étaient chargées ; jamais il n’avait pu percevoir que ce que signifiaient d’une façon aussi intense la rose, l’iris et l’oeillet, ce n’était rien de plus, et rien de moins, que ce qu’ils étaient une durée passagère qui était pourtant une vie éternelle, un périr perpétuel qui était en même temps un Être pur, un paquet de détails menus et uniques dans lesquels, par quelque paradoxe ineffable et pourtant évident en soi, se voyait la source divine de toute existence.
Je continuai à regarder les fleurs, et dans leur lumière vivante, il me sembla déceler l’équivalent qualitatif d’une respiration - mais d’une respiration sans retours à un point de départ, sans reflux récurrents, mais seulement une coulée répétée d’une beauté à une beauté rehaussée, d’une profondeur de signification à une autre, toujours de plus en plus intense. Des mots tels que Grâce et que Transfiguration me vinrent à l’esprit, et c’était cela, bien entendu, entre autres, qu’ils représentaient. Mes yeux passèrent de la rose à l’oeillet, et de cette incandescence plumeuse aux banderoles lisses d’améthyste sentimentale qui étaient l’iris. La Vision de Béatitude, Sat Chit Ananda, la Félicité de l’Avoir-Conscience, - pour la première fois je comprenais, non pas au niveau verbal, non pas par des indications rudimentaires ou à distance, mais d’une façon précise et complète, à quoi se rapportaient ces syllabes prodigieuses. Et je me souvins alors d’un passage que j’avais lu dans l’un des essais de Suzuki. "Qu’est-ce que le Corps-Dharma du Buddha ?" (Le Corps-Dharma du Buddha est une autre façon de dire : l’Esprit, l’Être, le Vide, la Divinité.) Cette question est posée dans un monastère Zen, par un novice plein de sérieux et désorienté. Et, avec la prompte incohérence de l’un des Frères Marx, le Maître répond : "La haie au fond du jardin." - "Et l’homme qui se rend compte de cette vérit" demande le novice, d’un ton dubitatif, "qu’est-il, lui, si j’ose poser cette question ?" Groucho lui applique sur les épaules un coup vigoureux de son bâton, et répond : "Un lion aux cheveux d’or."

Ce n’avait été, lorsque je l’avais lu, qu’une absurdité vaguement grosse de quelque sens caché. Maintenant, c’était clair comme le jour, aussi évident qu’un théorème d’Euclide. Bien entendu, le Corps-Dharma du Buddha, c’était la haie au fond du jardin. En même temps, et non moins manifestement, c’était ces fleurs, c’était toute chose qu’il me plaisait – ou plutôt, qu’il plaisait au non-moi béni et délivré pour un instant de mon étreinte étouffante – de regarder. Les livres, par exemple, dont étaient tapissés les murs de mon cabinet. Comme les fleurs, ils luisaient, quand je les regardais, de couleurs plus vives, d’une signification plus profonde. Des livres rouges, semblables à des rubis ; des livres émeraude ; des livres reliés en jade blanche ; des livres d’agate, d’aigue-marine, de topaze jaune ; des livres de lapis-lazuli dont la couleur était si intense, si intrinsèquement pleine de sens, qu’ils me semblaient être sur le point de quitter les rayons pour s’imposer avec plus d’insistance encore à mon attention."

Auteur: Huxley Aldous

Info: Les portes de la perception

[ drogue ] [ spiritualité ]

 
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artificialisation

L’élevage paysan est menacé parce que les lobbies financiers, ceux de l’agriculture productiviste et même une partie du lobby de la viande industrielle ont décidé de remplacer la vraie viande, plus assez rentable à leurs yeux, par de la fausse viande, du faux lait, du faux fromage, des faux œufs, beaucoup plus rentables.

Le système industriel de production de protéines animales est un échec financier comme le dénonce depuis trois décennies Via Campesina: les épizooties coûtent de 18 à 50 % du chiffre d’affaires, la Banque mondiale chiffre le coût de la grippe aviaire à 1250 milliards de dollars… mais pas question pour ces lobbies de laisser se développer l’élevage paysan. Leur réponse est simple : toujours plus d’industrialisation grâce aux biotech.

Ces lobbies veulent gagner la bataille de l’opinion publique car ils se souviennent de l’échec de la viande clonée qu’ils avaient précédemment voulu imposer, c’est pourquoi ils financent mondialement des groupes animalistes. L214 a reçu ainsi plus de 1,3 million de dollars d’une organisation états-unienne qui finance, par ailleurs le secteur de la fausse viande et notamment celui des faux œufs. Chacun appréciera à sa valeur qu’une organisation fondée par deux militants anarchistes soient subventionnée par le grand capital international et qu’elle se retrouve aux côtés des lobby financiers, de la malbouffe et de ce qu’il y a de pire dans l’industrie de la viande contre l’Internationale Via Campesina… Ce généreux donateur de L214, prénommé Open Philanthropy Project (OP2), a été créé par le fonds d’investissement de Dustin Moskovitz, co-fondateur de Facebook et son épouse Cari Tuna, journaliste au Wall Street Journal. Ce généraux donateur travaille aussi avec le Fonds d’investissement de Google, et avec des milliardaires comme Bill Gates, William Hewlett (Packard), etc…

Le secteur de la fausse viande n’est pas séparable des autres biotechnologies alimentaires, comme les OGM 2eet 3egénérations, comme les imprimantes 3D alimentaires, qui fonctionnent comme une imprimante classique sauf qu’elles utilisent différents ingrédients sous forme de pâte dont des hydro-colloïdes, une substance gélatineuse chimique que l’on peut structurer, aromatiser, coloriser à volonté.. La première imprimante 3D végane a été lancée, en avril 2019, en Israël, par la société Jet Eat, dont le PDG Eshchar Ben Shitrit est un personnage central de l’industrie alimentaire sous forme d’impression 3D ….

Les grandes firmes disposent déjà de tout un vocabulaire marketing pour imposer leurs productions, elles parlent de "viande propre", de "viande éthique", de "viande cultivée", une façon de sous-entendre que la vraie viande, le vrai fromage, le vrai lait, les vrais œufs ne seraient ni propres, ni éthiques, ni même, peut être, ne relèveraient d’une quelconque culture…

La fabrication industrielle de faux produits carnés comprend une production dite a-cellulaire et une autre dite cellulaire. La production acellulaire est une technique de biologie synthétique qui utilise des micro-organismes comme des bactéries, des levures, pour synthétiser des protéines et molécules. Le gène codant d’une protéine donnée est alors clonée dans un micro-organisme qui est ensuite en mesure de le produire. Pour obtenir des protéines de lait ou de blanc d’œuf, on cultive des micro-organismes génétiquement modifiés (des bactéries, des levures et autres champignons) et on mélange ensuite ces protéines à d’autres substances végétales.

La production cellulaire consiste à reconstituer des tissus animaux en mettant en culture des cellules prélevées sur l’animal. Elle utilise pour cela des bioréacteurs sur le modèle de ceux utilisés en médecine pour fabriquer de la fausse peau. La culture des cellules se fait avec du sérum de fœtus de veau. Certaines start-up, financées par la NASA, ont pour objectif de remplacer ce sérum par des extraits de champignon… Cette fausse viande cellulaire suppose toujours un animal donneur de cellules sous forme de biopsie (sous anesthésie locale) mais un seul échantillon pourrait permettre de produire jusqu’à 20 000 tonnes de viande. Mosa Meat explique que 150 vaches suffiraient pour satisfaire la demande actuelle mondiale de viande. Cette firme néerlandaise avait précédemment inventé le premier hamburger à base de cellules (un simple collage de 20 000 fibres). Son coût de 325 000 euros avait été financé par Sergey Brin, co-fondateur de Google, Patron de la firme Alphabet inc, une émanation de Google dénoncée pour être un faux nez permettant d’échapper à l’impôt via les paradis fiscaux, il dirige aussi Google X chargé de développer la voiture automatique Google et un service mondial de livraison par drone. Il fallait donc absolument dans l’intérêt de Google que la viande soit accusée de tous les maux plutôt que les transports. Sergey Brin est non seulement la treizième fortune mondiale, mais l'une des vedettes du Forum économique de Davos dont les membres, à peine descendus de leur jet privé, ordonnait en février 2019, au petit peuple de consommer moins de viande pour… sauver la planète (prétendent-ils).

Auteur: Ariès Paul

Info: https://blogs.mediapart.fr/paul-aries/blog/230419/futurs-deputes-europeens-resisterez-vous-au-lobby-de-la-viande-de-laboratoire?

[ apprentis sorciers ] [ culpabilité ] [ schizophrénie ] [ rendement économique ] [ malbouffe ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

docteur

Je l'ai [Dr Paul Carton] rencontré, une fois. Jeune père, je ne comprenais pas pourquoi mes deux enfants (dix-huit mois et six mois) ne sortaient d'une otite que pour entrer dans une rhinopharyngite ou vice versa. Ils étaient surveillés par un excellent pédiatre dont nous suivions méticuleusement les conseils alimentaires. Et ils continuaient d'être malades et de souffrir. C'est à cette époque que je perdis le sommeil. Je guettais dans la nuit le premier pleur de ma fille ou de mon fils. Je sautais aussitôt hors du lit pour prendre mon bébé dans les bras, le bercer, lui parler doucement, essayer de le calmer et de le distraire de son mal. Il continuait de pleurer en frottant son oreille de son petit poing fermé. La souffrance d'un enfant est horrible. Il ne sait pas, il ne comprend pas, il subit cette chose atroce qui s'est installée en lui et le déchire, et les parents ne peuvent rien faire pour le soulager. J'aurais voulu prendre son mal, souffrir de la tête aux pieds pourvu qu'il fût délivré. Mais ce genre de substitution ne fonctionne pas. C'est dommage.

Ma femme me relayait jusqu'à ce que, épuisés tous les trois, nous sombrions dans le sommeil. D'où nous tirait une nouvelle morsure de la bête tapie dans la petite tête, et le cri stupéfait de sa victime...

Au matin, le pédiatre alerté accourait et perçait le tympan. Tout le monde était enfin soulagé ! Le petit malade retrouvait le sourire. Ses parents aussi. Trois jours après, c'était l'autre oreille...

Un ami me conseilla de consulter le Dr Carton. Il habitait Brévannes et recevait peu de clientèle. Je lui écrivis pour lui demander rendez-vous. Il me répondit de lui envoyer d'abord la liste minutieuse de toutes les nourritures et boissons avalées par nos enfants pendant une semaine. Ce que nous fîmes. Puis nous lui conduisîmes les bébés.

C'était un homme d'aspect sévère, pourvu d'une longue barbe blanche. Il nous reçut dans son bureau un peu sombre, nous fit asseoir, prit sur la table une feuille de papier sur laquelle je reconnus mon écriture - c'était ma "liste alimentaire !" - , l'agita vers nous, et prononça ces mots que je n'oublierai jamais :

- Vous êtes des assassins !

C'était excessif, mais exact. Nous étions en train, en suivant les conseils de la pédiatre moderne, non pas de tuer nos enfants qui avaient une solide résistance, mais de les torturer, en croyant agir pour leur bien.

Il nous garda plus d'une heure, pour nous expliquer l'évidence, nous conseilla de lire deux de ses livres, nous dit le prix de sa consultation, qui était élevé, et s'en excusa en précisant qu'il prenait cher parce qu'il ne revoyait plus ses clients...

- Vous n'aurez plus besoin de me consulter.

C'était vrai. Nous suivîmes ses prescriptions, qui ne comportaient aucun médicament, et nos enfants ne furent plus jamais malades. Nous les avions tout simplement remis à un régime naturel et de bon sens.

C'était à la fin des années 30. Il était de mode, alors, d'administrer trop tôt aux bébés des nourritures trop riches. Leur organisme ne pouvait pas les assimiler, accumulait les toxines, et s'en débarrasser au moyen de maladies qui étaient des crises de "nettoyage". Je crains que cette mode ne continue, quand j'entends, l'hiver, des jeunes mères parler d'otites...[...]

Carton a réinventé la nourriture et la médecine naturelles. Il les avait baptisées "naturistes". Il a rejeté ce mot avec horreur quand le naturisme est devenu synonyme de nudisme! Pendant qu'il se battait contre les laboratoires pharmaceutiques, contre les industriels du sucre et des bonbons, contre les pontes de la médecine classique, des hommes astucieux commençaient déjà à le piller, de son vivant.

Dans son livre essentiel, La Cuisine simple, il n'est pas un seul menu qui ne comporte une salade de légumes crus. C'était avant l'invention industrielle des "vitamines". Un de ses élèves est devenu milliardaire et célèbre en fabriquant des produits dits "diététiques" qui se vendent dans le monde entier. Il n'a jamais cité le nom de son maître. Tous les "diététiciens" et les "nutritionnistes" - quels mots horribles! - l'ont piraté, lui prenant quelques miettes de vérité qu'ils ont mélangées à des montagnes d'erreur pour les commercialiser.

Les innombrables boutiques qui vendent aujourd'hui des produits dits "naturels" ou "de régime" ont germé sur le cartonisme, se nourrissant de lui sans même le connaître.

Carton est mort pauvre, toujours furieux, toujours combattant. Il avait fait une chute de six mètres alors qu'il cueillait des cerises. Côtes brisées, décalcifié, colonne vertébrale tordue, il s'enferma dans un corset aux baleines de fer, pour pouvoir continuer à recevoir un client par jour, et rester utile jusqu'à sa fin.

Auteur: Barjavel René

Info: Demain le paradis, Denoël, pp. 31-32

[ vocation ] [ biographie ] [ dévouement ] [ portrait ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

Je suis un peu jaloux de mes confrères journalistes qui, sous prétexte que l'actualité est aux frasques des uns ou des autres, trempent leurs plumes dans une encre glauque, celle avec laquelle on écrit des canards au sexe, comme jadis on faisait des canards au sang en mettant les faits divers les plus horribles à la "une" : ça fait vendre. Voulant, tout comme eux, ma part d'audience, je vais me complaire dans le stupre et dénoncer les scandales sexuels qui entachent le continent blanc.
Il s'en passe de belles chez les manchots Adélie. Sous leurs dehors de petits couples fidèles, bien mis en livrée noire et blanche, deux enfants par foyer comme papa et maman, se cachent des moeurs pas très avouables, dévoilées dans une étude publiée en 1998 par The Auk, revue scientifique d'ornithologie. Monogames, ces oiseaux qui ne volent pas profitent du court été de l'Antarctique pour se reproduire. A cette fin, le mâle et la femelle commencent par construire un nid au sol, avec des petits cailloux. Cette plateforme permettra de tenir les deux futurs oeufs au sec quand la glace fondra. Mais, que ce soit en Terre Adélie où j'ai pris la photo ci-dessus ou dans les autres colonies situées sur le pourtour du continent, ces cailloux sont rares et valent de l'or.
Que ne ferait-on pas pour en avoir plus ! Ceux qui osent en chiper dans le nid du voisin sont poursuivis, insultés copieusement et se prennent des roustes à grands coups de bec et d'ailerons. Certaines femelles ont donc mis au point une stratégie que d'aucuns qualifient de prostitution. Les belles commencent par repérer un mâle solitaire. En attendant de trouver sa dulcinée et aussi dans le but de l'attirer, celui-ci a bâti son nid d'amour. Arrive une femelle. Elle est déjà en couple mais comme les manchots ne portent pas d'alliance et n'ont ni livret de famille ni attestation de pacs, il est difficile de le savoir. Petite séance de drague, bonjour bonjour, vous êtes charmant, vous jouez en équipe de France de foot ? Et, ni une ni deux, la femelle s'allonge sur le ventre, sous le bec du mâle qui se dit que son jour de chance est venu. S'ensuit ce que vous imaginez, scène qui a été censurée dans Happy Feet.
Et là, la femelle se relève, prend un caillou pour sa peine et retourne compléter son nid où l'attend son cocu, son régulier ou son proxénète, cela dépend des points de vue. Il arrive d'ailleurs souvent que la belle revienne sur les lieux de son aventure extra-conjugale pour chercher une seconde pierre (mais sans repasser à la casserole), comme si le tarif était : un coup=deux cailloux, mon chou. Les auteurs de l'étude ont même observé une femelle prélever son écot pas moins de dix fois : donne-moi ton portefeuille, je me sers, ça ira plus vite. A chaque fois, le mâle laisse faire sans râler, sans doute content de la chance qui lui a été donnée de perpétuer ses gènes sans avoir à élever les gosses ! Les auteurs de l'étude se demandent si tout le monde n'est pas gagnant dans l'histoire : le couple parce qu'il a récupéré des cailloux pour son nid, et donc augmenté les chances de survie de sa future couvée, le mâle solitaire parce que, même délesté de quelques galets, il va peut-être avoir une descendance à bas prix.
Mais il y a mieux. Certaines oiselles de petite vertu viennent se promener autour du "pigeon", engagent la séance de flirt, bonjour, bonjour, on ne vous a jamais dit que vous devriez être président du conseil en Italie ? Cependant, au lieu de s'allonger, elles se contentent de prendre un caillou sous les yeux du gogo qui reste sans réaction, comme s'il était normal de payer pour avoir eu l'espoir de trouver chaussure à son pied. Les chercheurs ont observé ce comportement avec dix femelles différentes mais une d'entre elles a particulièrement attiré leur attention car elle a, en une heure de temps, piqué 62 pierres dans le nid de son naïf, sans que celui-ci lève le petit aileron, pour aller les mettre dans le sien qui devait forcément se trouver à proximité.
Cela dit, cette stratégie comporte quelques risques. On ne vient pas toujours impunément émoustiller le mâle, surtout quand il sort juste de l'océan glacial Antarctique. En de rares occasions, les ornithologues ont vu ce dernier sauter sur la femelle lorsque celle-ci s'est baissée pour prendre le caillou. A-t-il confondu la posture de dame manchot avec le salut qui précède la copulation ? A-t-il pris cette intrusion dans son territoire pour une invitation à l'acte sexuel ? Le fait est qu'à chaque fois, la femelle s'est débattue et n'a pas laissé le bougre venir à bout de son entreprise.
Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Auteur: Barthélémy Pierre

Info: sur Internet

[ animal ] [ raccolage ] [ mâles-femelles ] [ commerce ]

 

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politiquement correct

Le "n-word», ce tabou américain
Le mot "nigger", forcément tabou chez les Blancs, est très prisé des jeunes Afro-Américains, qui l’utilisent souvent entre eux, sans modération. Avec parfois quelques situations bizarres – merci Kendrick Lamar –, raconte notre chroniqueuse.

"Hey, nigga!" Je l’avoue, à chaque fois que j’entends des Afro-Américains s’apostropher de la sorte dans la rue, j’esquisse un petit sourire. Nigga, comme diminutif de nigger, pour "nègre". Le "Hey, nigga!" s’accompagne généralement immédiatement d’une bonne vieille accolade. C’est une marque d’amitié, de fraternité, très prononcée, mais qui peut surprendre. Les médias américains, eux, optent pour le tabou le plus absolu: c’est le fameux n-word.

Un marqueur identitaire
Cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire à ce sujet, à force d’entendre les nigga ou nigger à chaque coin de rue. Mais j’hésitais. Comment l’aborder? Le thème est délicat, et le dérapage ou la maladresse involontaire vite là. Et puis, à force de faire quelques recherches, je suis tombée sur le rappeur Kendrick Lamar. Kendrick Lamar, donc, a fait un jour monter une fan sur scène lors d’un concert en Alabama, lui prêtant son micro. Delaney est restée très fidèle à ses paroles. Trop. Car lorsqu’elle a répété "nigga" à plusieurs reprises – c’est le texte de la chanson qui voulait ça –, Kendrick Lamar a vu rouge et l’a interrompue. Précision: Delaney est Blanche. Totalement hypocrite? L’actrice Gwyneth Paltrow ne peut que compatir. En 2012, à un concert de Kanye West qui chantait Niggas in Paris avec Jay-Z, elle a eu le malheur de tweeter le mot. Elle a reçu une avalanche de critiques.

Le n-word renvoie à l’esclavagisme et au racisme. Au dernier mot que des Noirs ont parfois entendu avant d’être lynchés. Un Blanc qui le prononce, même par simple imitation, passe pour un suprémaciste qui considère les Noirs comme des êtres inférieurs. Mais dans la communauté noire, chez les rappeurs plus spécifiquement, il devient un marqueur identitaire, une sorte de revendication pour souligner la fierté de ses racines. Même l’écrivaine noire Toni Morrison, récemment décédée, l’utilisait souvent. Pour relever la discrimination raciale qui prévaut aux Etats-Unis.

Le bruit d'un fouet
"Le débat sur le racisme aux États-Unis s'articule autour du n-word et du nombre de membres de la communauté blanche qui l'ont historiquement utilisé comme une arme verbale contre les Noirs américains. C'est un rappel aussi vivifiant que le coton, les chaînes et les souvenirs de la Confédération de ce que nos ancêtres ont enduré pendant des siècles", écrit le journaliste Jeremy Helligar dans Variety. "Même aujourd'hui, pour beaucoup d'entre nous, lorsqu'une personne blanche prononce le n-word, c'est comme le bruit d'un fouet qui tape dans le dos d'un esclave. En raison de son histoire chargée, il ne sera jamais acceptable que des Blancs utilisent le n-word (pas même si c'est Eminem, bien qu'il semble inexplicablement obtenir un laissez-passer de la communauté hip hop), peu importe les circonstances."

Il ajoute: "Ces dernières décennies, des Noirs se sont emparés du mot que certains Blancs utilisent encore contre eux, et l'utilisent comme un terme presque affectueux pour leurs compatriotes afro-américains, le transformant souvent en "nigga", vraisemblablement pour le diluer et le rendre vainqueur. C'est une façon de prendre une arme qui a permis aux Afro-Américains de rester mentalement battus pendant des générations et de l'embrasser, lui ôtant ainsi son pouvoir destructeur". Mais Jeremy Helligar ne cache pas son scepticisme quant à cette utilisation-là.

Même Barack Obama
Lorsqu’il était président, Barack Obama a osé prononcer ce mot lors d’une interview à une radio de Los Angeles en 2015, dans le but de dénoncer le racisme ambiant. Cette phrase a déclenché la panique dans les rédactions: "Il ne s’agit pas seulement de ne pas dire "nègre" en public parce que c’est impoli." Le quotidien USA Today n’a retranscrit que la première lettre du mot. Le New York Times a choisi de faire une exception, en l’expliquant: "Dans ce cas précis, une paraphrase ou l’usage d’un euphémisme aurait laissé les lecteurs dans la confusion et aurait ôté de la substance à l’article." A la télévision, Fox News a prévu un "bip" et CNN a averti qu’un mot allait "beaucoup offenser".

Blancs et Noirs restent forcément inégaux face à l’utilisation de ce mot. Mais rien n’est simple. D’ailleurs, des Noirs eux-mêmes s’en offusquent, tant le terme, qu’il soit utilisé comme marque d’affection ou non, est dépréciatif. En 2007, nigger a eu droit à un enterrement officiel à Detroit, avec une procession funéraire mise sur pied par une grande organisation de défense des droits des Noirs américains. Et en 2011, raconte l’AFP, une maison d’édition de l’Alabama a même remplacé les 219 "nigger" dans Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885) par "esclave".

Mais il a vite ressuscité. Est-ce finalement une bonne chose que de jeunes Blacks se réapproprient à leur manière un mot très chargé historiquement? On n’a pas fini d’en débattre.

Auteur: Graffenried Valérie de

Info: Le Temps online, 26 sept 2019

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censure douce

LE GONCOURT 2023 TROUBLÉ PAR UNE POLÉMIQUE AUTOUR DES "SENSITIVITY READERS"

L'auteur Kevin Lambert a fait appel à une "sensitivity reader" pour son roman, retenu dans la première sélection du Goncourt 2023. Nicolas Mathieu, décoré de ce prestigieux prix en 2018, s'est élevé contre cette pratique.

Le prix Goncourt ne s'attendait pas à une polémique en sélectionnant le roman d'un Québécois, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'il était passé par la relecture d'une Canado-Haïtienne, pour éviter selon son auteur "certains pièges de la représentation des personnes noires".

L'un des personnages de Que notre joie demeure de Kevin Lambert, paru en août aux éditions Le Nouvel Attila et en lice pour le Goncourt 2023, est d'origine haïtienne. Pour qu'il soit le plus crédible possible, le jeune romancier de 30 ans s'est attaché les services d'une universitaire et autrice d'origine haïtienne également, Chloé Savoie-Bernard. Il la qualifie d'"amie". Elle a été rémunérée.

Ce rôle est appelé "sensitivity reader" en anglais, traduit par "démineur éditorial" ou "lecteur sensible". Chez les éditeurs nord-américains, la pratique est devenue banale. Les maisons d'édition françaises les plus renommées, en revanche, quand elles y ont recours, ne le revendiquent pas, comme si cela risquait de leur coûter des lecteurs.

"Chloé s'est assurée que je ne dise pas trop de bêtises"

Pour Kevin Lambert, c'était de l'histoire ancienne: le roman est paru dès septembre 2022 au Canada, aux éditions Héliotrope. Mais les Français l'ont découvert grâce au Nouvel Attila, qui l'a révélé sur Instagram le 4 septembre, la veille de la parution de la première sélection du Goncourt.

Propos de l'auteur rapportés par l'éditeur: "Je peux toujours me tromper. Chloé s'est assurée que je ne dise pas trop de bêtises, que je ne tombe pas dans certains pièges de la représentation des personnes noires".

"En tant que Blanc"

Vendredi sur Radio Canada, il s'est expliqué plus en détail. "Ça m'a permis de ne pas écrire que le personnage rougissait, à un moment. Parce que j'écrivais ça en tant que Blanc, un peu nono..." (neuneu, en France).

La relectrice a aussi évoqué son travail, dans le quotidien montréalais La Presse jeudi. "J'ai posé des questions à Kevin, je lui ai fait des suggestions", a précisé Chloé Savoie-Bernard. "Pas seulement sur le personnage d'origine haïtienne, mais aussi sur la structure générale du texte".

En France, l'idée qu'il faille être d'une certaine couleur de peau pour juger de la justesse de certains passages de romans divise. Le prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, auteur classé à gauche, la rejette vigoureusement.

"Faire de professionnels des sensibilités, d'experts des stéréotypes, de spécialistes de ce qui s'accepte et s'ose à un moment donné la boussole de notre travail, voilà qui nous laisse pour le moins circonspect", écrivait-il sur Instagram mercredi.

Au festival littéraire Le Livre sur la place de Nancy samedi, il n'a pas voulu alimenter la polémique. "J'ai eu des échanges avec Kevin", a-t-il déclaré à l'AFP. "Et il n'y a aucune animosité entre nous, bien au contraire".

Un jeu "risqué"

Le milieu de l'édition et des lettres, en privé, s'interrogeait surtout sur les motivations du Nouvel Attila quand il a mis en avant cette relecture. "C'est peut-être un jeu de l'éditeur!", disait à l'AFP l'un des concurrents, face à quoi l'un de ses confrères était sceptique: "Ils ont créé un 'bad buzz'. Si c'est un jeu, il est risqué". "Kevin Lambert va se faire sortir de la liste du Goncourt", pariait une autre éditrice.

Si le jury a préféré récemment se préserver des polémiques en écartant les livres qui en suscitaient, deux de ses membres ont affirmé au quotidien Le Monde que rien n'était joué.

"Cette controverse n'aura aucun impact sur notre choix du lauréat", a dit l'un de ses membres, Pierre Assouline. "Nicolas Mathieu devrait se contenter d'écrire des romans (...) Laissons cette polémique. Les chiens aboient, la caravane Goncourt passe!", a abondé le secrétaire de ce jury, Philippe Claudel.

Dider Decoin, président du Goncourt, a lui aussi réagi à l'occasion du festival Le Livre sur la place de Nancy, balayant une "polémique stupide":

"Quand on est un auteur, on a le droit de faire appel à qui on veut pour relire un texte", a-t-il déclaré, comme le rapporte Le Figaro.

La position de Nicolas Mathieu a suscité une certaine sympathie de ses collègues écrivains français. "Il faut se faire confiance en tant qu'écrivain. Se documenter bien sûr, mais écouter notre imagination", disait un autre romancier de la rentrée littéraire.

La première sélection du Goncourt comprend 16 titres. Elle sera réduite le 3 octobre, avant que la liste des quatre finalistes soit révélée le 25 octobre. Le prix sera décerné le 7 novembr, au restaurant Drouant à Paris, comme le veut la tradition.

Auteur: Internet

Info: BFMTV.com, B.P. avec AFP Le 09/09/2023

[ convenable médiatique ] [ wokisme ] [ sensibilité post-coloniale ] [ pouvoir sémantique ]

 

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énigme

Les secrets de Deptford
Est-ce que Marlowe est mort dans une bagarre de taverne ou s'est-il échappé en France en adoptant William Shakespeare en tant que son nom de plume ?
Quand on en vient à la postérité littéraire, la mort prématurée peut être un bon mouvement de carrière (Chatterton, Keats, Georg Büchner, Wilfred Owen), mais pas toujours. Si votre cession prématurée est également violente et mystérieuse, on se rappellera longtemps de vous après que vos contemporains aient été oubliés, mais plus pour votre fin dramatique que pour votre génie. Et si votre décès prématuré coïncide avec une des grandes périodes de la créativité littéraire anglaise, ce sera discuté pendant des siècles, mais plus pour ce que vous pourriez avoir écrit que pour ce que vous avez fait réellement. Tel est le cas de Christopher Marlowe.
Le brouhaha sur sa mort, qui a fait encore surface la semaine dernière a longtemps empêché une vue claire de ses extraordinaires talents. L'auteur de 'Come live with me and be by love', 'Was this the face that launch'd a thousand ships?' et 'What is beauty saith my sufferings, then?" mérite d'être gardé en mémoire pour plus que sa simple carrière turbulente, comme auteur surtout, pas comme haute personnalité théâtrale. Mais cela semble, hélas, être son destin.
Marlowe est fascinant et étrangement moderne, sa vie, comme Tom Stoppard l'impliquant comme un Shakespeare plein d'esprit dans la camée d'amour, est purement Hollywoodienne. Dramaturge, libre-penseur, homosexuel et agent de gouvernement, il fut également, selon Swinburne, le père de la tragédie anglaise et le 'créateur du vers blanc anglais'.
Les pièces de Marlowe - Edouard II, DR Faustus, le juif de Malte et de Tamburlaine - sont superbes, spectaculaires et magnifiques. Elles scintillent avec des discours mémorables d'une beauté contagieuse. Ils sont presque impossibles à mettre en scène avec succès. Et ils semblent prévoir Shakespeare.
C'est la où la difficulté commence. Bien que le bon sens présente la mort de Marlowe, soutenu par l'éducation officielle, qu'il est mort après qu'un combat dans une taverne, il y a toujours eu une minorité bruyante qui affirme qu'il y a un autre côté à son histoire.
Brièvement, les Marloviens affirment que, plus mondain, bien-relié et tout controversé qu'il était, Marlowe truqua sa mort pour éviter des charges d'hérésie, et se sauva en France, continuant à écrire des pièces et s'arrangeant pour les faire éditer en Angleterre sous le nom d'un rustre de pays de Stratford, William Shakespeare.
Absurde ? On pourrai penser ainsi. Les membres de la société de Marlowe sont en désaccord. Bien qu'une masse de recherche savante de Leslie Hotson à William Urry à Charles Nicholl (dans The Reckoning) ait établi tout à fait clairement qu'il a été tué, et vu mort, dans le Deptford par Ingram Frizer le 30 mai 1593. Il y a des théoriciens plus tenaces de conspiration qui maintiennent l'opposé.
La raison est tout à fait simple. Un Marlowe mort n'a pas pu écrire Shakespeare. Une vie secrète le pourrait. C'est en ce moment que l'hypothèse Marlowe 'apparaît' à nouveau et commence à concurrencer - avec la même manière controversée que Shakespeare a été écrit réellement par Francis Bacon, le comte d'Oxford, voire la reine de Vierge elle-même.
En d'autres termes, le pauvre vieux Kit Marlowe, le fils du cordonnier de Cantorbéry et diplômé de l'université de Corpus Christi, Cambridge (où on peut toujours voir sa chambre) se retrouve dans une des plus pointilleuses théories littéraires du monde connu. C'est au moins ainsi que cela s'est passé jusqu'à l'année dernière.
Quand on a annoncé en 2001 que Marlowe devait finalement obtenir un endroit dans le coin des poètes dans l'abbaye de Westminster, un certain nombre de figures littéraires, de Seamus Heaney au professeur Andrew Motion, ont eu un soupir de soulagement. Enfin Marlowe obtenait son dû. Le vieux fêtard peut être accueilli dans le panthéon de l'établissement littéraire, à côté de ses contemporains, Shakespeare, Jonson et Spenser.
Pourquoi, exactement, ce devrait être maintenant important que Marlowe obtienne cette identification douteuse ne me fait aucun effet (le coin des poètes contient la mémoire de quelques oiseaux poétiques très étranges), mais, vu de loin ça ressemble à comme si les plus benêts Marloviens laissaient leur homme se faire si facilement changer.
Grosse chance. Quand la pastille de verre dans la fenêtre du transept du nord-est a été dévoilée la semaine dernière, elle s'est avérée contenir un détail gratuit et provocateur conçu pour relancer le débat de Marlowe-Shakespeare.
Sous le nom du poète il y a ces dates 1564-?1593. Le ? dit que peut-être il n'est pas mort. Peut-être il s'est échappé en France. Peut-être il a écrit Shakespeare.
Bla bla Bla. C'est une honte que l'oeuvre d'un auteur puisse être trivialisée par une telle publicité. L'auteur de quelques pièces extraordinaires, Hero and Leander et The Passionate Shepherd to his love' mérite mieux que ceci et sera rappelé longtemps après que la société de Christopher Marlowe ait disparu.

Auteur: McCrum Robert

Info: Fortean Times Dimanche Juillet 14, 2002, L'Observateur

[ littérature ]

 

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Gaule

Ville de province. Dans son discours inaugural d’un festival littéraire, une élue municipale dit à un groupe d’enfants : "Quelle chance vous avez, d’apprendre notre si belle langue !" et mon sang ne fait qu’un tour. Comme je dois prendre la parole ensuite, j’en profite pour dire aux enfants que certes, le français est une belle langue mais qu’on peut en dire autant de toutes les langues ; que disposer d’une belle langue ne suffit pas, encore faut-il s’en servir pour dire des choses intelligentes ; qu’il est tout à fait possible de se servir d’une belle langue pour dire des choses débiles ; et que, plus on connaît de langues, plus on est susceptible de dire des choses intelligentes. Maurice Druon, feu le secrétaire perpétuel de l’Académie française : "Prenez un traité rédigé en français : à condition que le français en soit correct, ce traité est clair, et finalement il est bref, il est compréhensible de tous, et son interprétation ne donne pas lieu à des contestations. Il n’en va pas de même de l’anglais." M. Druon parlait-il ­l’anglais ? Cela m’étonnerait. Il n’y a bien sûr pas une mais d’innombrables langues françaises : vocabulaire, syntaxe, prononciation et débit varient selon le pays (180 millions de locuteurs à l’étranger, contre seulement 60 dans l’Hexagone), le quartier, la région, l’origine, le milieu social des locuteurs. Ici je ne parlerai que de celle qui se diffuse bruyamment dans l’air de la France métropolitaine, le français politico-médiatico-culturel, car il me semble que s’y préservent et s’y perpétuent, de façon subtile mais tenace, les violences et injustices de l’Histoire française. Cette langue-là est une reine : belle, puissante et intarissable. Pas moyen d’en placer une. Elle est fière d’elle-même, de ses prouesses, ses tournures et ses atours, et valorise la brillance au détriment du sens et de l’émotion vraie. Cette tendance, surprenante pour qui n’a jamais vécu en monarchie, est très présente dans les médias français encore aujourd’hui. Cela va avec les ors de la République, les sabres de la Garde républicaine, le luxe des dîners à l’Élysée. "Parfait", soupire versaillamment, dans une pub télé récente, un père à propos d’un camembert quelconque. "Parfaitement parfait", approuve son gamin, avec le même air d’aristo snobinard. Ils sont blancs, blonds, riches, c’est un gag mais ce n’est pas un gag, it makes me gag, ça me reste en travers de la gorge, je n’achèterai pas ce camembert-là. Mme de Staël trouvait nulles les soirées mondaines à Berlin, car en allemand il faut attendre la fin de la phrase pour en connaître le verbe : pas moyen de couper la parole à son interlocuteur, vous imaginez, cher, comme on s’ennuie ! Les Français "parlent comme un livre" et, des années durant, j’ai été portée, transportée par leur passion du verbe. Aujourd’hui leur prolixité m’épuise. Tant d’arrogance, tant d’agressivité ! Comment font-ils pour ne pas entendre leur propre morgue ? Regardez ceux qui, derrière les guichets des mairies, postes et administrations, accueillent les citoyens : c’était bien la peine de faire la Révolution pour se voir encore traité ainsi de haut ! Véritablement elle est guindée, cette langue française, et induit des attitudes guindées. À vingt ans, venue à Paris pour un an, j’écoute le professeur expliquer à la classe l’usage du subjonctif. Ouh, que c’est subtil ! Dès lors que plane sur un verbe le moindre doute, on le frappe d’un subjonctif. Bang ! Faut que tu fasses. Aurait fallu que tu viennes. Mais ensuite on s’empêtre dans des temps du verbe théoriques, indicibles, ridicules, n’existant que pour le plaisir de recaler les gosses aux examens : aurait fallu qu’il visse, n’eût pas fallu qu’il vinsse, Alphonse Allais s’en est moqué dans sa Complainte amoureuse : "Fallait-il que je vous aimasse […] Pour que vous m’assassinassiez ?" Jamais pu supporter la fausseté de ces temps morts, faits pour aider les prétendus Immortels à passer le temps. Jamais même pu supporter, moi, pour ma propre écriture, le passé simple. Je n’y crois pas, c’est tout. Il entra. Elle ferma. La marquise sortit à cinq heures. Non, je n’y arrive pas, ne veux pas y arriver. Quand je traduis vers le français mes propres textes ou ceux des autres, le prétérit anglais (identique dans la langue quotidienne et la littérature la plus splendide) me manque. Pour la plupart des verbes anglais, il suffit d’un mini-claquement de langue contre le palais, petit d par lequel on ­signifie que l’incident est clos. "He entered. She closed". Parfois c’est un peu plus compliqué, The marquess non pas "leaved" mais "left the house at five". À mon goût, il y a trop de marquises dans le passé simple, et dans Proust. J’intègre la langue française post-Seconde Guerre, post-Nouveau Roman, sautant à pieds joints dans Sarraute, Duras, Beckett, Camus (quatre auteurs ayant grandi loin de l’Hexagone, entourés d’une langue autre que la française). "Je vais le leur arranger, leur charabia", promet Beckett dans L’Innommable... et il tient largement sa promesse. Le mieux qui puisse arriver à la langue française aujourd’hui, c’est qu’elle se laisse irriguer, assouplir, "arranger" par des rythmes et syntaxes venus d’ailleurs, qu’elle cesse de se comporter en reine agacée et se mette à l’écoute de ses peuples.

Auteur: Huston Nancy

Info: La morgue de la reine, https://le1hebdo.fr, février 2018

[ idiome ] [ seconde langue ] [ langue française ] [ spécificité ] [ gaulois ]

 

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