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variété

Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant.

Auteur: Desai Anita

Info: L'art de l'effacement, Le musée des ultimes voyages

[ littérature ] [ nature ]

 

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genèse

Au commencement la Terre était une plaine sans fin, obscure, séparée du ciel et de la mer grise, étouffant dans une pénombre crépusculaire. Il n’y avait ni soleil ni lune ni étoiles. Cependant, bien loin, vivaient les habitants du ciel, êtres jeunes et indifférents, humains de forme, mais possédant des pattes d’émeu et une chevelure dorée étincelante comme une toile d’araignée dans le soleil couchant, sans âge et insensibles aux atteintes des ans, existant depuis toujours dans leur vert paradis bien arrosé, au-delà des nuages de l’ouest.
A la surface de la Terre, il n’y avait que des trous qui deviendraient un jour des points d’eau. Aucun animal, aucune plante, mais autour de ces sources étaient rassemblés des amas de matière pulpeuse, des restes de la soupe primordiale – silencieux, sans souffle, ni éveillés ni endormis – contenant chacun l’essence de la vie ou la possibilité de devenir humain.
Sous la croûte terrestre, cependant, les constellations luisaient, le soleil brillait, la lune croissait et décroissait et toutes les formes de vie gisaient endormies – la fleur écarlate du pois du désert, le chatoiement de l’aile du papillon, les moustaches blanches et frémissantes du Vieil Homme Kangourou – tous en sommeil comme les graines du désert qui doivent attendre l’averse vagabonde.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ aborigène ] [ rêve ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

délivrance

Si je ne m'étais pas plongée dans les livres, dans les histoires et les légendes, dans les journaux, les rapports, si tout ce qui est communicable n'avait pas grandi en moi, j'aurais été une non-entité, une collection d'événements incompris. (Et cela aurait probablement été positif, j'aurai pu alors penser à quelque chose de nouveau). Ce que je peux voir, ce que je peux entendre, sont des choses que je ne mérite pas ; mais mes sentiments, ceux que je mérite vraiment, ces hérons sur les plages blanches, vagabonds nocturnes, errants affamés qui prennent mon cœur pour route. J'aimerais pouvoir lancer un appel à tous ceux qui croient en leur existence propre et en la forte nature de leurs pensées : soyez de bonne volonté ! Ces pièces de monnaie que vous faites tinter ensemble ont été retirées de la circulation, seulement vous ne le savez pas encore...

Admets que lorsque tu payes réellement, avec ta vie, tu ne le fais qu'au-delà de cette barrière, une fois que tu as dit adieu à tout ce qui t'est cher - points d'atterrissage et autres bases volantes,  ce n'est qu'à partir de là que tu te lance sur ton propre chemin, périple d'une étape imaginaire vers une autre, voyageur nécessairement insoucieux de sa destination.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: The Thirtieth Year: Stories. Trad Mg

[ langage prison ] [ libération ] [ oser ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Afrique

Ce n'est pas pour rien qu'on a surnommé Mopti "la Venise du Soudan" : toutes ses activités sont plus ou moins liées à la vie du fleuve et au rythme de ses crues. Les Bozos qui sont les plus anciens occupants du lieu, fabriquent à la main ces longues et merveilleuses pirogues que l'on voit fendre silencieusement les eaux et dont certaines sont capables de transporter des tonnes de marchandises. Peuple de pêcheurs et de chasseurs, ils sont les "maîtres de l'eau" traditionnels de toute la région. Dans cette zone de confluence des eaux noires et des eaux blanches, on rencontre des ethnies de diverses origines, des plus claires aux plus sombres. Après les Bozos, les plus anciennes sont les Songhaïs et les Peuls. Les Bambara et les Dogons n'y sont venus que plus tardivement. Toute la région de la Boucle du Niger constituait autrefois, dans sa partie ouest, un véritable réservoir des richesses du pays en matière d'agriculture, d'élevage, de pêche et de chasse, sans parler des traditions religieuses et culturelles. L'homme y vivait à l'aise et l'artisanat traditionnel y était particulièrement développé. Le Macina, où les Peuls vinrent se fixer jadis en raison de la richesse de ses pâturages, est situé au coeur de cette région dont Mopti est l'un des fleurons.

Auteur: Bâ Amadou Hampâté

Info: Amkoullel, l'enfant Peul

[ historique ]

 

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finances

- Dunn a mentionné l'existence de deux AI dans la vie publique...
- Romain côté républicain, Zoé côté démocrate. Une seule AI pourrait écrire pour les deux camps mais les candidats aiment à croire que leur nègre est du même bord qu'eux. Le public a réservé un excellent accueil aux premiers discours.
- Parce qu'ils ignoraient qu'ils sortaient du cerveau d'un ordinateur !
- Vous croyez que les politiciens écrivent eux-mêmes leurs interventions ? Ils donnent quelques indications à leurs conseillers, ajoutent deux ou trois blagues et le tour est joué. Ils ne sont plus que des porte-parole, des marionnettes choisies pour leurs dents blanches et leur capacité à lever des fonds.
- Et dans la finance.
- Oh, dans ce domaine, nous n'avons rien inventé. Le trading algorithmique représente déjà plus de la moitié des transactions boursières.
Dans l'air choqué de Frank, Weiss expliqua :
- Des programmes conçus pour exploiter les minuscules imperfections du marché passent des milliers d'ordres valables pour les durées très courtes. Ils achètent l'action IBM à 15h58 parce qu'ils ont remarqué qu'elle avait tendance à grimper dans les dernières minutes de la séance et la revendent trois secondes plus tard pour une poignée de centime de plus.
- Et vous dites que ces transactions représentent déjà la moitié des volumes ? Mais alors, ça signifie que...
- Que les programmes traitent souvent entre eux.

Auteur: Bello Antoine

Info: Ada

[ informatique ] [ HFT ] [ bourses ]

 

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pensée-de-femme

Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.

J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les loyautés

[ nullipare ] [ regrets ]

 

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décor estival

Courant à toutes jambes sur le sentier, j'arrivai devant la maison délabrée. La végétation visible se limitait à un vieil orme près de la porte ; le côté jusque-là invisible du toit avait perdu presque toutes ses tuiles ; par en dessous, des chrysanthèmes sauvages croissaient, leurs fleurs blanches pointées vers le ciel ; autour de la maison, il y avait notamment de nombreuses touffes de lespédezas d'été couleur pourpre, mais si on regardait bien, on apercevait aussi, le long du chemin qui menait du portail à l'entrée, un bosquet de rosiers qui, privés de soins, ne portaient plus qu'un peu de fleurs chétives et une abondance de feuilles. Je m'aperçus que la porte en chêne, humide et lourde, était entrouverte. C'est de là que s'échappait le son de l'harmonium comme un fil à tisser, tandis que, dans les fleurs des champs (où l'on voyait aussi des lys tigrés), des araignées, des abeilles et des scarabées se reposaient comme s'ils étaient morts ; le silence de l'après-midi où, dans une accalmie momentanée, ne bruissaient même pas les branches de l'orme, ce silence d'un après-midi d'été où tout était doré et sans ombre, mais qui, en soi, faisait penser à minuit, on aurait dit que la musique de l'harmonium le rendait encore plus pesant avec ses multiples broderies. De plus, au son de l'orgue se mêlait une voix, discrète comme un papillon. C'était comme une petite truite qui frétille dans le ruissellement de la musique, avec ses écailles scintillantes ; je ne distinguais aucun des mots, mais il était évident que c'était la voix d'une très belle jeune fille....

Auteur: Mishima Yukio

Info: Une matinée d'amour pur. Traduction Ryôji Nakamura et René de Ceccatty. 304 pages Gallimard 2005

[ littérature ] [ enchevêtrement ] [ nature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cunnilingus

J’ai mangé ta chatte comme une pêche,

J’ai avalé le noyau

Le duvet,

Calé entre tes jambes

J’ai sucé mâchouillé léché

Avalé tout ton être,

Ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir comme un

Fusil-mitrailleur

J’ai fait de ma langue une flèche

Et le jus a coulé

Et j’ai avalé

Pris de folie

Suçant l’intégralité de tes entrailles –

Ton con tout entier dans ma couche aspiré

J’ai mordu

J’ai mordu

Et avalé

Et toi aussi

Tu as cédé à la folie

Alors je me suis retiré pour recouvrir

De baisers ton nombril

Avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes



J’ai embrassé croqué

Mordillé,

Encore une fois

Tout du long

Ces merveilleux poils pubiens

Qui m’attiraient m’attiraient toujours plus

J’ai résisté tant que possible

Et puis j’ai bondi sur la chose

Suçant et lapant,

Des poils dans mon âme

Un con dans mon âme

Ton être entier dans mon âme

Dans un lit miraculeux

Avec dehors des cris d’enfants

S’amusant sur leurs vélos

A roulettes aux environs de

5 heures de l’après-midi

Tous les poèmes d’amour étaient écrits :

Ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âme

Le couvre-lit bleu était là

Sans oublier les enfants dans l’allée

Et ça chantait et ça chantait et ça chantait et

Ça chantait.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, "chanson d'amour"

[ faim ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

science-fiction

Les trous noirs étaient le seul réel danger pour le voyageur astral. S'engager dans un de ces entonnoirs pour se retrouver expulsé vers une autre partie de l'univers - ou un autre univers, personne n'ayant jamais apporté la réponse -, avait en tout cas considérablement ébranlé l'équilibre mental des rares expérienceurs qui en étaient revenus (les deux uniques témoignages rapportés étaient incohérents). Les autres, en tous les cas ceux ayant annoncé pareilles tentatives, on les retrouvait décédés, morts par arrêt cardiaque durant leur sommeil (ici un plaisantin indiqua que la formule fonctionne pour toute maladie). Certains pensaient que la corde d'argent subit d'irrémédiables dommages lors de ces épisodes astraux, pouvant aller jusqu'à se briser, ce qui reste à prouver.
Ce n'est que bien plus tard que Piel Essiarf et consorts mirent en évidence l'effet de résonance en cause. Un effet non double - comme le Larsen - mais une complexe mise en boucle qui se révéla être la rétroaction parallèle de trois éléments : le "Noma" de l'individu conscience, le trou noir emprunté et leur univers source. Triplette qui se révélait être 3 trous noirs en miroir avec 3 sources blanches. Les modélisations mathématiques du phénomène ne furent mises sous toit que 350 ans plus tard. Pour ceci il avait fallu totalement refonder le système logique des humains.
Inutile de dire que certains numérologues s'empressèrent d'y voir une énième matérialisation du septénaire puisqu'à cet hexagone conclusif ils ajoutèrent "l'observateur" pour faire bon poids. Et atteindre le chiffre mythique.

Extrait des “Conclusions synthétiques” de la Grande encyclopédie raisonnée des 4 premiers millénaires de l’ère post Romaine. (Partie 37 bis : les apports de Piel Essiarf lors du changement de paradigme)

Auteur: Mg

Info: A la recherche de Zoul, épilogue

[ justifications ] [ extrapolations ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

simulacre

Je me souviens avoir entendu le grand poète espagnol Rafael Alberti à une lecture. J'étais très jeune et il me parut donc très vieux, avec ses cheveux blancs qui lui tombaient sur les épaules et son costume blanc. J'étais choquée aussi de le voir accompagné par une femme qui ne semblait pas beaucoup plus âgée que moi ; elle portait une jupe si courte qu'on pouvait voir sa culotte quand elle marchait, et des bottes blanches en plastique, des "go-go" comme on les appelait. Je me rappelle que l'un d'eux portait une cage à oiseaux, blanche, avec une colombe blanche à l'intérieur, mais à vrai dire, il est possible que j'aie inventé ce détail, au cours des années, peut-être pour accentuer en moi l'impression que j'avais eue, et qui subsiste : que c'était la lecture poétique la plus étrange à laquelle j'aie assisté. Alberti lisait ses poèmes en espagnol et son traducteur américain, Ben Bellit, les lisait en anglais. Ben était sobre, timide, d'allure assez conventionnelle ; il portait une veste en tweed et une cravate. Alberti donna à Ben un pistolet jouet, ce qu'on appelait un pistolet à pétard, un jouet qui pouvait faire beaucoup de bruit, et il a dit à Ben de se tirer dans la tête à chaque fois que lui, Alberti, lui ferait signe, et c'est exactement ce qui se passa : Alberti lisait en espagnol, s'arrêtait, regardait Ben, et Ben, non sans réticence, se tirait dans la tête. Mais quand Ben lisait des poèmes, Alberti tenait le pistolet, et de temps en temps il se tirait dans la tête avec un réel entrain. Il me semble que c'était une grande leçon de traduction.

Auteur: Ruefle Mary

Info: In "Madness, rack, and honey", éd. Wave Books, p. 235 - ma traduction

[ inculpation ] [ passeur ] [ mémoire ] [ codes vestimentaires ] [ spectacle littéraire ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama