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déclaration d'amour

Avec le même amour que tu me fus jadis
Avec le même amour que tu me fus jadis
Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
Tu m'es en ces temps noirs un calme et sûr asile.

Tout s'y concentre, et ta ferveur et ta clarté
Et tes gestes groupant les fleurs de ta bonté,
Mais tout y est serré dans une paix profonde
Contre les vents aigus trouant l'hiver du monde.

Mon bonheur s'y réchauffe en tes bras repliés
Tes jolis mots naïfs et familiers,
Chantent toujours, aussi charmants à mon oreille
Qu'aux temps des lilas blancs et des rouges groseilles.

Ta bonne humeur allègre et claire, oh ! je la sens
Triompher jour à jour de la douleur des ans,
Et tu souris toi-même aux fils d'argent qui glissent
Leur onduleux réseau parmi tes cheveux lisses.

Quant ta tête s'incline à mon baiser profond,
Que m'importe que des rides marquent ton front
Et que tes mains se sillonnent de veines dures
Alors que je les tiens entre mes deux mains sûres !

Tu ne te plains jamais et tu crois fermement
Que rien de vrai ne meurt quand on s'aime dûment,
Et que le feu vivant dont se nourrit notre âme
Consume jusqu'au deuil pour en grandir sa flamme.

Auteur: Verhaeren Émile

Info: Recueil : Les heures du soir

[ poème ]

 

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juste milieu

Helvétius a dit, avec raison, que le bonheur d’un opulent était une machine où il y avait toujours à refaire. Cela me semble bien plus vrai de nos sociétés. Je ne pense pas, comme Rousseau, qu’il fallût les détruire, quand on le pourrait ; mais je suis convaincu que l’industrie de l’homme est allée beaucoup trop loin, et que si elle se fût arrêtée beaucoup plus tôt et qu’il fût possible de simplifier son ouvrage, nous n’en serions pas plus mal. (…) je crois qu’il y a un terme dans la civilisation, un terme plus conforme à la félicité de l’homme en général, et bien moins éloigné de la condition sauvage qu’on ne l’imagine ; mais comment y revenir, quand on s’en est écarté, comment y rester, quand on y serait ? Je l’ignore. Hélas ! l’état social s’est peut-être acheminé à cette perfection funeste dont nous jouissons, presque aussi nécessairement que les cheveux blancs nous couronnent dans la vieillesse.

Les législateurs anciens n’ont connu que l’état sauvage. Un législateur moderne plus éclairé qu’eux, qui fonderait une colonie dans quelque recoin ignoré de la terre, trouverait peut-être entre l’état sauvage et notre merveilleux état policé un milieu qui retarderait les progrès de l’enfant de Prométhée, qui le garantirait du vautour, et qui fixerait l’homme civilisé entre l’enfance du sauvage et notre décrépitude

Auteur: Diderot Denis

Info: Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius intitulé L’Homme, Œuvres, Robert Laffont, Paris, 1994, tome I

[ contentement ] [ savoir s'arrêter ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

misanthropie

Je ne fréquente mes semblables qu’avec parcimonie […], considérant l’amour de l’humanité comme une illusion sentimentale autant que politique, et tentant de comprendre comment l’humanité s’abolit dans l’illégitimité du nombre, par exemple dans la foule que je traversais, ce jour-là, principalement composée de Noirs, de Maghrébins, de Pakistanais, d’Asiatiques, de diverses sortes de métis, et de quelques Blancs, hommes et femmes, dont deux petites lesbiennes se tenant par la main avec défi, suivies d’un nain dandinant son corps pitoyable entre de jeunes beautés tapageuses, et des enfants, des vieillards, laids, mal vêtus, l’ensemble se mouvant dans une puanteur constituée de relents d’égouts, de viennoiseries, de parfums et de produits de chez Mc Donald’s, au sein d’un vacarme dont on ne savait plus s’il annonçait la fin du monde ou s’il la faisait désirer, sur ce quai de la station Châtelet-les-Halles, un samedi après-midi, dans ce qui fut le ventre de Paris, et qui est devenu cette gigantesque gare souterraine, au-dessous des anciens cimetières des Innocents et de Saint-Eustache : des bas-fonds, où je ne descends jamais sans songer qu’à la foule se mêlent les spectres d’innombrables défunts, dont j’avais vu exhumer les os, quarante ans auparavant, et me demandant au milieu des grondements, des rumeurs et des cris, si, plus encore que la lumière, l’air libre n’est pas la première manifestation de la vérité. 

Auteur: Millet Richard

Info: Arguments d’un désespoir contemporain, Hermann éditeurs, 2011

[ mégapole ] [ surpopulation ] [ freaks ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nord-sud

Edgard Morin constate : "La domination de l'Occident est la pire de l'histoire humaine dans sa durée et son extension planétaire".
Depuis plus de cinq cents ans, les Occidentaux dominent la planète. Or, je l'ai rappelé, les Blancs aujourd'hui, ne représentent guère que 12,8 % de la population mondiale. Par le passé, ils n'ont jamais dépassé 24%.
Domination minoritaire donc, mais domination féroce - et hautement organisée.
Quatre systèmes de domination se sont succédé dans l'Histoire.
1) D'abord celui dit des "conquêtes". Dès 1492, les occidentaux ont découvert les Amériques et pris possession des terres. Ils ont détruit ou mis aux fers des populations jusqu'alors inconnues.
2) Vint ensuite le temps du commerce triangulaire, de la déportation massive d'Africains noirs vers le continent américain dépeuplé par les massacre des Indiens.
3) Suivit un troisième système d'oppression occidentale : durant tout le XIX siècle se mit en place, surtout en Afrique, mais également en Asie, le système colonial. L'occupation militaire garantit l'accès direct aux ressources minières et agricoles............
4) .....Dans la perception des peuples du Sud, l'actuel ordre du capital occidental globalisé, avec ses mercenaires de l'Organisation mondiale du commerce, du fonds monétaire international, de la Banque mondiale, ses sociétés transcontinentales privées et leur idéologie néolibérale, représente le dernier, et de loin le plus meurtrier, des systèmes d'oppression advenus au cours des cinq siècles passés.

Auteur: Ziegler Jean

Info: La haine de l'Occident, page 122

 
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littérature

"Shakespeare, dit Forbes, n'a ni le talent tragique ni le talent comique. Sa tragédie est artificielle et sa comédie n'est qu'instinctive." Johnson confirme le verdict : "Sa tragédie est le produit de l'industrie et sa comédie le produit de l'instinct. "Après que Forbes et Johnson lui ont contesté le drame, Green lui conteste l'originalité. Shakespeare est "un plagiaire"; Shakespeare est "un copiste"; Shakespeare "n'a rien inventé"; c'est "un corbeau paré des plumes d'autrui"; il pille Eschyle, Boccace, Bandello, Hollinshed, Belleforest, Benoist de Saint-Maur ; il pille Layamon, Robert de Glocester, Robert Wace, Pierre de Langtoft, Robert Manning, John de Mandeville, Sackville, Spencer ; il pille l'Arcadie de Sidney ; il pille l'anonyme de la True Cronicle of King Leir ; il pille à Rowley, dans The troublesome reign of King John (1591), le caractère du bâtard Falconbridge. Shakespeare pille Thomas Greene ; Shakespeare pille Dekk et Chettle. Hamlet n'est pas de lui ; Othello n'est pas de lui ; Timon d'Athènes n'est pas de lui ; rien n'est de lui. Pour Green, Shakespeare n'est pas seulement "un enfleur de vers blancs", un "secoue-scènes"(shake-scene), un Johannes factotum (allusion au métier de call-boy et de figurant) ; Shakespeare est une bête féroce. Corbeau ne suffit plus, Shakespeare est promu tigre. Voici le texte : Tyger's heart wrapt in a player's hyde. Coeur de tigre caché sous la peau d'un comédien (A Groatsworth of wit, 1592).

Auteur: Hugo Victor

Info: William Shakespeare

[ polémique ]

 

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purification

Sois heureux d'être encore petit, tu observes toutes choses vivantes avec un coeur nouveau ; apprends maintenant comment elles se transforment : c'est cela que tu dois faire. Sais -tu pourquoi ton père humidifie le lin étendu dans la fosse ?
- Il ne me l'a pas dit .Sans doute est-ce pour le nettoyer ?
- Ne sais-tu pas que pour le rendre pur il faut que pourrisse tout ce qui peut pourrir ? Que pour faire un fil durable on doit d'abord détruire ce qui pourrait ensuite se corrompre .Certes, il faut sauver les fibres au bon moment ; ensuite on charge le soleil de brûler ce qui est impur .
- Alors , il devient blanc ?
- Pas encore ; on le broie, on l'étire en longs fils, on mouille encore ces fils pour les pourrir légèrement. Ainsi tout ce qu'ils ont de corruptible est épuisé ; c'est le lin purifié dont on fait les beaux tissus blancs.
- Comment peut-il devenir aussi joli après avoir été gâté ?
- Rien n'a été gâté de ce qui est pur en lui ; rien ne peut être rénové sans avoir subi l'épreuve de la destruction du corruptible.
- C'est une chose difficile à comprendre pour moi.
- ô Pois Chiche, ce l'est plus encore pour un homme au savoir arrogant. Le lin aura plusieurs fois fleuri avant que mes paroles aient mûri dans ton coeur ; mais à chaque saison son mystère et sa leçon !

Auteur: Lubicz Isha Schwaller de Jeanne Germain

Info: Her-Bak "Pois Chiche". Visage vivant de l'ancienne Egypte

[ textile ] [ parabole ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

détermination

Dans cette histoire [la fable des disques blancs et des disques noirs], un couple de signes distinctifs, blanc ou noir, permet de discriminer le rapport d’un sujet avec deux autres. Chaque sujet se repère en se référant à la recherche que font ces deux autres en fonction de ce qu’ils voient de lui-même et de l’un d’entre eux. Les trois passent par une succession d’oscillations synchrones qui finit par les déterminer de façon conclusive à ce que j’appellerai ici un Wahl, un choix fondamental, par quoi chacun décide de ce qu’il est effectivement, blanc ou noir, et s’avère prêt à le déclarer, ce pour quoi la fable est construite.

Eh bien, n’est-ce pas là ce qui nous est familier dans la structure de la pulsion ?

Nous y trouvons l’identification relative, la dénégation, le refus d’articuler, la défense, qui sont aussi cohérents avec la pulsion que l’envers et l’endroit d’une même chose. L’affaire se conclut par une décision qui devient pour le sujet la marque de ce que, en fait, il fait toujours le même choix, dans les mêmes situations. Ce pouvoir de répétition, nous l’appelons selon les sujets comme nous pouvons – une tendance masochiste, un penchant à l’échec, le retour du refoulé, l’évocation fondamentale de la scène primitive – il ne s’agit que d’une seule et même chose, la répétition, dans le sujet, d’un type de sanction dont les formes dépassent de beaucoup les caractéristiques du contenu.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 466

[ inconscient ]

 
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antispiritualisme

Les Indiens ne se trompaient pas lorsqu’ils disaient que les Blancs avaient la langue fourchue. En séparant les rapports de forces politiques et les rapports de raisons scientifiques, mais en appuyant toujours la force sur la raison et la raison sur la force, les modernes ont toujours eu deux fers au feu. Ils sont devenus invincibles. Vous croyez que le tonnerre est une divinité ? La critique montrera qu’il s’agit là de mécanismes physiques sans influence sur la marche du monde humain. Vous êtes enfermés dans une économie traditionnelle ? La critique vous montrera que les mécanismes physiques peuvent bouleverser la marche du monde humain en mobilisant des forces productives gigantesques. Vous pensez que les esprits des ancêtres vous tiennent à jamais dans leurs lois ? La critique vous montrera que les esprits et les lois sont des constructions sociales que vous vous êtes données à vous-mêmes. Vous pensez que vous pouvez tout faire et développer vos sociétés comme bon vous semble ? La critique vous montrera que les lois d’airain de la société et de l’économie sont beaucoup plus inflexibles que celles des ancêtres. Vous vous indignez que l’on mécanise le monde ? La critique vous parlera de Dieu créateur à qui tout appartient et qui donna tout à l’homme. Vous vous indignez que la société soit laïque ? La critique vous montrera que la spiritualité s’en trouve libérée et qu’une religion toute spirituelle est bien supérieure. Vous vous dites religieux ? La critique rira de vous à gorge déployée !

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 29

[ rationalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

Trois, et même quatre si l'on compte les Haush, très tôt disparus, quatre peuples minuscules – en tout une vingtaine de milliers d'individus – se partageaient la Terre de Feu avant l'arrivée des Blancs : les Alakalufs (ou Kaweskars), les Yaghans (ou Yamanas), les Onas (ou Selk'nams) et leurs proches cousins les Haush. Les deux premiers vivaient sur l'eau, nomadisant avec leurs canots à travers l'immense labyrinthe maritime, les Alakalufs au détroit de Magellan, dans les mers de Skyring et d'Otway et dans tout cet univers inconnu de fjords, de passes et de chenaux qui longe le Chili austral entre le glacier infranchissable du Hielo Patagonico et l'océan Pacifique, les Yaghans au canal de Beagle et dans les archipels du cap Horn. La terre ferme leur inspirait une telle terreur que jamais ils ne s'aventuraient au-delà des grèves étroites où ils campaient. En revanche, les Onas et les Haush risquaient rarement un orteil dans l'eau. C'étaient des terriens, des marcheurs, des chasseurs. Les Onas sillonnaient la grande île de leurs pas infatigables et les Haush se contentaient de la pointe extrême de la Terre de Feu, toujours inaccessible aujourd'hui, qui par le cap San Diego et le détroit de Le Maire fait face à l'île des
États où Jules Verne planta son phare imaginaire. Deux modes de vie radicalement différents et quatre peuples qui parlaient chacun leur langue, alors que Darwin, en 1834, les considérant avec mépris, jugeait qu'ils n'avaient pour tout langage que des cris inarticulés…

Auteur: Raspail Jean

Info: Adios Tierra del Fuego

[ aveugle ] [ sourd ]

 

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aborigènes

Les Pintupi étaient la dernière tribu "sauvage" à avoir été contactée dans le Grand Désert occidental et introduite à la civilisation blanche. Jusqu’à la fin des années 1950, ils avaient continué à pratiquer la chasse et la cueillette, nus dans les dunes, comme ils l’avaient fait pendant au moins dix mille ans.
C’étaient des gens insouciants et très ouverts d’esprit, qui ne connaissaient pas ces rudes rites d’initiation propres aux groupes plus sédentaires. Les hommes chassaient le kangourou et l’émeu. Les femmes cueillaient des graines, ramassaient des racines et tout ce qui pouvait se manger. En hiver ils s’abritaient derrière des pare-vent de spinifex ; et, même en pleine sécheresse, l’eau leur faisait rarement défaut. Une bonne paire de jambes était leur valeur la plus sûre et ils riaient sans cesse. Les quelques Blancs qui les visitèrent furent surpris de voir leurs nourrissons gras et en bonne santé.
Mais le gouvernement décréta que les hommes de l’âge de pierre devaient être sauvés… pour le Christ, si besoin était. En outre, on avait besoin du Grand désert occidental pour y mener à bien des opérations minières, éventuellement des essais nucléaires. Il fut donc ordonné d’embarquer les Pintupi dans des camions de l’armée et de les installer dans des lotissements du gouvernement. Nombre d’entre eux furent envoyés à Popanji, un camp situé à l’ouest d’Alice Springs, où ils moururent victimes d’épidémies, se prirent de querelle avec les hommes des autres tribus, se mirent à boire et à jouer du couteau.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ colonialisme ]

 
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