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déclaration d'amour

J'ai longtemps rêvé de vous parler chérie
Bien avant de vous connaître
Je vous avais vue brillante au fond des nuits
De tous mes rêves champêtres
Ou dans la campagne, comme aujourd'hui,
Oui, mais j'ai perdu la tête.
Ma chanson commence comme elle finit
Le grand amour me rend bête
{Refrain:} Vous êtes jolie mon petit oiseau Près de vous les fleurs ne sont plus si belles
J'inventais pour vous des mots et des chansons
Bien avant de vous connaître
Je vous les disais souvent dans les buissons
Ou le soir à la fenêtre
Mais tous ces grands airs, ces opéras
Aujourd'hui je les oublie
Et cette chanson s'arrête là...
Parce que vous êtes jolie
{au Refrain}
La source qui court et les fraîches eaux
N'ont pas votre voix, vous riez mieux qu'elles
Que dire de vos yeux, que dire de vos mains, de vos ch'veux
De tout votre corps jaloux de tout l'amour que j'veux
Vous êtes pour moi le petite fée
Le petit oiseau de mon coeur qui vous aime.
Vous êtes jolie mon petit oiseau. Vous êtes jolie mon petit oiseau... bleu.

Auteur: Trenet Charles

Info: Vous êtes jolie

[ chanson ]

 

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choc psychologique

Et ce n'est que maintenant, des jours plus tard, alors que je redonne forme à ces instants, que je retrouve à nouveau ce que ce trip a brièvement abrité ; le souvenir-écran en permanence relié à tout ce qui l'a précédé et du coup interdisant l'accès à tous les autres, les bons, si différents soient-ils, si béats, éclipsés par le semi-remorque accidenté sur l'autoroute, la cabine plantée dans le fossé derrière l'accotement, une fumée grasse qui monte dans la nuit en tourbillons, à peine atténuée par le crachin cinglant, les flammes qui grimpent sous les réservoirs d'essence perforés, dénudent les peintures, calcinent les pneus et noircissent le verre brisé, le pare-brise heurté de l'intérieur, chaque ligne brisée racontant l'histoire d'un coeur brisé qu'aucun gamin de dix ans ne devrait jamais se rappeler et encore moins voir, même en demi-teinte, l'encre, toute l'encre, encore et encore, se rassemblant finalement à la pointe de ses doigts délicats, comme si en suivant l'image imprimée dans le journal il pouvait d'une certaine façon escamoter les détails de la mort, faire disparaître le taxi où l'homme qu'il considérait comme un dieu a agonisé et est mort sans prononcer un seul mot, illisible ou autre, sans le moindre dieu, et en dissolvant ainsi le ciel noir faire revenir celui qui était bleu.

Auteur: Danielewski Mark Z.

Info: La Maison des feuilles

[ trauma obscurcissant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ballade

Ce matin était bien. un peu de neige tapissait le sol. Le soleil flottait dans un ciel clair et bleu. La mer était bleue et bleu-vert, aussi loin que portait l’œil. À peine une ondulation. Calme. Je me suis habillé pour aller me promener - résolu à ne pas rentrer avant d’avoir recueilli ce que la Nature avait à m’offrir. J’ai dépassé de vieux arbres inclinés. Traversé un champ semé de rochers où la neige s’était entassée. Marché jusqu’à atteindre une falaise. Où j’ai contemplé la mer, et le ciel, et les mouettes tournoyant au-dessus de la plage blanche loin au-dessous. Tout était beau. Tout baignait dans une pure et froide lumière. Mais, comme toujours, mes pensées se sont mises à errer. Je devais me contraindre à voir ce que je voyais et rien d’autre. Je devais me dire c’est cela qui compte, pas autre chose. (Et je l’ai vraiment vue une ou deux minutes !) Un ou deux minutes elle a refoulé les rêveries habituelles sur ce qui est bien, et ce qui est mal - le devoir, les bons souvenirs, les idées de mort, la façon de me conduire avec mon ex-femme. Toutes ces choses dont j’espérais qu’elles disparaîtraient ce matin. Ce avec quoi je vis chaque jour. Ce que j’ai foulé aux pieds afin de rester en vie. Mais une ou deux minutes j’ai bel et bien oublié moi-même et tout le reste. Je le sais. Car quand j’ai fait demi-tour je ne savais plus où j’étais. Jusqu’à ce que des oiseaux s’échappent des arbres noueux. Et s’envolent dans la direction que je devais prendre.

Auteur: Carver Raymond

Info:

[ introspection ] [ oubli de soi ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

perception

Dans les temps anciens les humains ne différenciaient pas la couleur bleu.

Dans l'Odyssée Homère décrit une mer "sombre comme le vin" et le mot bleu n'est pas utilisé une seule fois dans tout le texte. Il semble que le bleu soit la dernière couleur identifiée par nos sens. Par exemple elle est celle qui apparait en dernier dans beaucoup de langues anciennes comme le grec, le chinois, le japonais ou l'hébreu... Et avant l'apparition de ce mot il y a des faits qui tendent à prouver que les humains ne voyaient pas le bleu comme nous le voyons aujourd'hui. L'historien du langage Lazarus Geiger a mis en évidence, après avoir compilé des documents anciens, que chaque culture eut d'abord des termes pour noir et banc, ou sombre et clair. Le mot suivant fut le rouge, puis jaune et vert et finalement bleu. La première culture ancienne avec un terme pour bleu fut celle des égyptiens, qui fut aussi la première à produire des colorants de cette couleur.

Mais est-ce que les peuples anciens pouvaient voir cette couleur ? Est-ce que l'on voit quelque chose si on n'a pas de mot pour ?

Jules Davidoff a procédé a une expérimentation avec la tribu Himba de Namibie. Le langage de la tribu n'a pas de mot pour désigner le bleu. On leur a présenté un cercle de 14 carrés, 13 verts et un bleu. Certains ne surent comment décider et d'autres prirent beaucoup de temps pour donner une réponse et le différencier. Mais parmi les carrés il y en avait un, très légèrement décalé (que je n'ai pas remarqué d'ailleurs), mais que les Himbas détectèrent immédiatement. Par ailleurs ils ont beaucoup de mots pour la couleur verte. Davidoff en conclut que sans un mot pour une couleur c'est beaucoup plus difficile de remarquer qu'elle est unique, spécifique. Donc même si nos yeux pouvaient probablement voir le bleu dans les temps anciens nous n'avons appris a discriminer cette teinte que beaucoup plus tard.

Auteur: Internet

Info: juin 2016

[ évolution ] [ coloris ] [ historique ] [ teintes ] [ cognition ]

 

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teinte

En chinois, il n'existe pas à l'origine de mot unique pour désigner la couleur bleue. Les couleurs bleues sont plutôt décrites comme des nuances du vert ou du noir. Cela reflète le fait que le bleu est une couleur moins importante dans la culture chinoise que dans la culture occidentale.

En Occident il y a le bleu et le vert. Mais en Chine, il y a le Qing (prononce ‘ching’), une nuance bleu-vert ou vert-bleu, selon le point de vue et qui en dit long sur l’histoire de la couleur bleue et de la couleur verte dans ce pays. Le Qing symbolise également le renouveau, la santé, la vigueur et la vitalité. Beaucoup de couleurs correspondent à ce mélange magnifique de bleu et de vert, y compris le turquoise et le bleu céruléen. 

Le terme "青" (qīng) en chinois est  donc souvent utilisé pour décrire une couleur qui peut inclure des teintes de vert, de bleu ou même de noir, selon le contexte. Il peut être traduit par "vert" ou "bleu" en fonction du contexte spécifique.

Ainsi, "青" (qīng) peut être utilisé pour décrire une gamme de couleurs qui englobe à la fois le vert et le bleu. Dans certaines situations, on peut même le traduire par "cyan" en français, pour refléter une teinte qui se situe entre le vert et le bleu.

La nature polysémique du terme "青" (qīng) en ce qui concerne la couleur reflète la manière dont certaines langues, y compris le chinois, abordent les catégories de couleurs de manière plus fluide par rapport aux langues occidentales qui ont des distinctions plus nettes entre le vert et le bleu.

Le développement d'un mot spécifique pour la couleur bleue en langue chinoise moderne est souvent associé à l'influence de langues étrangères et à des changements culturels. Le terme 蓝 (lán) a été introduit pour désigner la couleur bleue, et il est maintenant couramment utilisé dans ce contexte.

Il est intéressant de noter que certaines recherches suggèrent que la distinction entre le bleu et le vert n'est pas aussi prononcée dans certaines langues asiatiques, y compris le chinois, par rapport aux langues occidentales. Cela peut être dû à la façon dont les couleurs sont perçues et catégorisées dans différentes cultures. Par exemple, en chinois, les mots pour le bleu et le vert peuvent parfois être utilisés de manière interchangeable, reflétant une perception plus large de la gamme de couleurs qui entrent dans ces catégories.


Auteur: Internet

Info: compil de mg et plusieurs bots

[ historique ] [ orient - ponant ] [ langues comparées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pataphysique

Quel original que mon ami Paul Masson (...), auditeur au Collège de France, auteur de l'Esthétique des peintres aveugles, du Catalogue raisonné des poètes morts de faim et de la fameuse brochure antinaturaliste, qui fermera les portes de l'Institut au père des Rougon-Macquart, les Zolacismes d'un candidat perpétuel à l'Académie ! Il ne fait rien comme les autres !
Il assiste aux messes de mariages, en noir des pieds à la tête, un crêpe au chapeau, pleure comme un jeune parent du Boeuf gras, et, à l'issue de la cérémonie, supplie les nouveaux époux, avec des serrements de mains émus, d'agréer l'expression de ses sincères condoléances. Aux enterrements, il s'illustre de vestons aux nuances printanières, "cuisse de président ému" ou "gorge de demi-vierge surprise", d'une adorable fantaisie ; une fleur à la boutonnière, l'air radieux d'un épicier promu officier d'académie, il risque des mots plaisants, sourit au Dies irae, se tord pendant l'absoute, et va congratuler ensuite chaleureusement les parents du défunt. Au théâtre ou au restaurant, il s'affuble d'une livrée de larbin, afin, dit-il, de n'être pas confondu avec les employés du contrôle ou les maîtres d'hôtel, qui sont en habit - ce pourquoi il les appelle des fractotum. - il ne fait rien comme les autres ! (...)
S'il dîne en ville, Paul Masson terrorise ses hôtes par mille inconvenances inédites. Lui fait-on observer qu'il prend le pain de son voisin de droite et boit le vin de son voisin de gauche ? Il se confond en excuses et, pour réparer ses torts, engloutit le pain du voisin de gauche et vide d'un trait le verre du voisin de droite. Si, par imprudence, on l'a placé auprès d'une dame un peu maigre, il demande à opérer des fouilles dans le corsage de celle-ci, certain, affirme-t-il, d'y trouver deux salières. A la fin du repas, quand on apporte les rince-bouche, il interpelle les domestiques et réclame du savon avec insistance. - Il ne fait rien comme les autres !
Dans la rue, Paul Masson à jeun affecte volontiers les allures d'un homme ivre ; mais si, d'aventure, il est réellement éméché, il marche avec la rigidité d'un automate. Bien entendu, il sort sans plus de manteau que le pudibond Joseph par des temps froids comme le jeu de M. Dupont-Vernon, se couvre d'une épaisse pelisse par une température aussi chaude que la patronne du Cochon Bleu (un établissement que je recommande à tous les pères de famille : éducation anglaise, sévérité, discrétion), s'arme d'une canne s'il pleut à verse et porte un parapluie grand ouvert si le ciel est bleu...

Auteur: Willy Henry Gauthier-Villars

Info:

[ anticonformiste ] [ inversion ] [ humour ]

 

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nazisme

Le Führer désire que le rendement s’accroisse de cinquante pour cent dans les trois mois et soit doublé dans les six mois. Des propositions de l’assemblée pour atteindre ce but seront les bienvenues. Mais celui qui ne collaborerait pas devait être considéré comme saboteur et traité en conséquence.

Tandis que l’orateur lance encore un Siegheil en l’honneur du Führer, Quangel se dit : "Dans quelques semaines, l’Angleterre sera écrasée et la guerre terminée. Mais nous devons doubler en six mois notre production de matériel de guerre ! ... A qui fera-t-on avaler celle-là ?"

Mais l’orateur suivant monte à la tribune. Il est en uniforme brun, la poitrine constellée de médailles, de décorations et d’insignes. Cet orateur du Parti est une tout autre sorte d’homme que le militaire qui l’a précédé. D’emblée, il évoque, d’une voix tranchante, le mauvais esprit qui continue à régner dans les entreprises, malgré le prodigieux succès du Führer et de l’armée. Il parle avec tant de virulence qu’il en rugit littéralement, et il ne mâche pas ses mots, pour flétrir les défaitistes et les rouspéteurs. Il s’agit d’exterminer ces gens-là ; on leur fermera le bec une fois pour toutes. Les mots Suum cuique étaient gravés sur les boucles des ceinturons pendant la Première Guerre mondiale ; les mots à chacun son dû se trouvent maintenant gravés sur les portes des camps de concentration. C’est là qu’on apprendra à vivre à ces gens-là. Et celui qui y fait jeter les mauvais citoyens, celui-là fait quelque chose de positif pour le peuple allemand. Celui-là est un homme du Führer.

L’orateur conclut, en rugissant :

- Mais vous tous qui êtes ici, chefs d’ateliers, chefs de services, directeurs, je vous rends personnellement responsables de la salubrité de votre entreprise. Et qui dit salubrité, dit façon national-socialisme de penser ! J’espère que vous m’avez compris. Quiconque se relâche et fait la moue, quiconque ne dénonce pas tout, même les choses les plus insignifiantes, celui-là sera jeté lui-même dans un camp de concentration ! ... Vous me répondez personnellement de l’usine, que vous soyez directeur ou contremaître. Je mettrai bon ordre dans tout cela, fût-ce à coups de bottes.

L’orateur reste encore un moment ainsi, les mains levées et crispées par la fureur, le visage d’un rouge violacé. Après cette explosion, un silence de mort s’est emparé de l’assemblée. Les assistants prennent tous des airs pincés, eux qui, si soudainement et si officiellement, ont été promus au rang d’espions de leurs camarades. Puis, à pas lourds, l’orateur descend de la tribune, et ses insignes tintinnabulent doucement sur sa poitrine. Le directeur général Schröder, plus pâle que jamais, se lève et demande d’une voix suave si l’on a des observations à formuler.

Une impression de soulagement s’empare de l’assemblée, comme la fin d’un cauchemar. Personne ne semble encore vouloir parler. Tous n’ont qu’un désir : quitter cette salle le plus vite possible. Et le directeur général s’apprête à clore la séance par un "Heil Hitler" quand, tout à coup, au fond de la salle, un homme en « bleu » de travail se lève. Il déclare que, pour faire augmenter le rendement dans son atelier, ce serait très simple. Il suffirait d’installer encore telle et telle machine : il les dénombre et explique comment elles devraient être installées. Après quoi, il faudrait encore débarrasser son atelier de six ou huit hommes, flâneurs et bons à rien. De cette façon-là, il se fait fort d’atteindre les cent pour cent en un trimestre.

Quangel est très détendu : il a entamé le combat. Il sent que tous les regards sont braqués sur lui, simple travailleur pas du tout à sa place parmi tous ces beaux messieurs. Mais il ne s’est jamais beaucoup occupé des gens ; ça lui est égal qu’ils le regardent. Les autorités et les orateurs se concertent, se demandent qui peut être cet homme en blouson bleu. Le major ou le colonel se lève alors et dit à Quangel que la direction technique s’entretiendra avec lui au sujet des machines. Mais que veut-il dire, en parlant de six ou huit hommes dont son atelier devrait être débarrassé ?

Quangel répond posément :

- Certains ne peuvent déjà pas travailler au rythme actuel, et d’autres ne le veulent pas... Un de ceux-là se trouve ici.

De l’index, il désigne carrément le menuisier Dollfuss, assis à quelques rangs devant lui.

Il y a quelques éclats de rire ; Dollfuss est parmi les rieurs. Il a tourné le visage vers son accusateur.

Mais Quangel s’écrie, sans sourciller :

- Oh ! bavarder, fumer des cigarettes aux toilettes et négliger le travail, tout cela, tu le fais très bien, Dollfuss !

A la table des autorités, tous les regards se sont de nouveau braqués sur cet insensé. Mais voici que l’orateur du Parti bondit et s’écrie :

- Tu n’es pas membre du Parti ! Pourquoi n’es-tu pas membre du Parti ?

Et Quangel répond ce qu’il a toujours répondu :

- Parce que j’ai besoin de tous mes sous, parce que j’ai une famille.

Le brun hurle :

- Parce que tu es un sale avare, chien que tu es ! ... Parce que tu ne veux rien donner pour ton Führer et ton peuple ! ... Et ta famille, à combien de personnes se monte-t-elle ?

Froidement, Quangel lui jette au visage :

- Ne me parlez pas de ma famille aujourd’hui, cher monsieur... J’ai précisément appris ce matin que mon fils est tombé au front.

Un moment, un silence de mort règne dans la salle. Par-dessus les rangées de chaises, le bonze brun et le vieux contremaître se regardent fixement. Et Otto Quangel se rassied tout à coup, comme si tout était terminé. Le brun s’assied aussi. Le directeur général Schröder lève la séance par le Siegheil en l’honneur du Führer – un Siegheil qui n’est guère claironnant.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 59 à 62

[ voix discordante ] [ renchérissement ] [ fausse naïveté ] [ entre-soi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

refus

Jours, années, vies. Les arbres avaient perdu leurs parures multicolores. C’était ça : elle se trouvait pile à cette conjonction des trois boucles. L’entame du dernier quart. La journée avait dépassé sa dix-neuvième heure, l’hiver était là et Emma se préparait à fêter ses soixante et un ans. Anniversaire dont elle avait fait le symbolique début de l’hiver de sa vie.

Encore récemment elle avait le sentiment de commencer à jouir de la sérénité de son âge. Jusqu’à l’arrivée du gosse.

Emma l’albanaise n’en revenait pas.

Imaginez : vous êtes en charge du service psychiatrique d’un hôpital Suisse. On vous amène un petit garçon, noiraud aux cheveux ondulés, Jean-Sébastien. Enfant sans aucun problème apparent selon toutes les informations et surtout ses proches. Un gosse qui a été éduqué tout à fait correctement dans ce pays, dans son pays : la Suisse. Diagnostic du corps médical : anorexie mentale. Le gosse refuse de s’alimenter et même, surprise, a sa propre auto-évaluation, affirmée : je refuse de vivre mon général. Un credo presque annoncé avec humour.

Après quelques jours tout le personnel de l’immense hôpital en parlait. Une anorexie à neuf ans, c’était déjà exceptionnel, quoi qu’on commençait à en voir apparaître dans les statistiques occidentales, mais ce gosse avait une telle tranquillité, une conscience, comme si son regard et ses appréciations liquidaient d’un coup la raison d’être, l’existence même de la structure hospitalière. Et tout le reste. Une gifle pour le Monde. Pour tous. Les êtres humains. Un déni.

Le tapis de feuilles mortes rassemblées devant les escaliers par un jardinier l’obligea à faire un crochet. Elle lança un sourire à l’homme au balai qui le lui rendit.

Selon le garçonnet, la vie ne valait pas la peine d’être vécue, point. Et les bipèdes adultes de son espèce, malgré tous leurs efforts, n’y changeraient rien. L’amour conjugué de ses proches, les visites de ses camarades, l’abnégation souriante des infirmières, l’attention soutenue de la doctoresse en chef… rien n’avait pu infléchir sa décision. L’enfant au regard foncé répétait et déclinait en souriant :

- Je ne suis pas fait pour vivre.. je suis de trop, c’est évident…

Les infirmières comprenaient confusément que le gosse ne voyait pas pourquoi ce monde méritait encore d’être connu, exploré. C’était juste une non envie d’entrer en matière. Ses parents, elle secrétaire, lui mécanicien, n’avaient rien de particulier. Des gens simples, adorables. Le fiston l’assurait lui-même : il n’avait rien à leur reprocher, surtout pas de l’avoir amené à la vie, au contraire, surtout pas…. Son expérience restait irremplaçable. Il insistait : irremplaçable. Leur expliquant : vous n’y pouvez rien, mes amours, mes chéris… c’est comme ça. Il parvenait à même leur remonter le moral.

Dans le hall, l’hôtesse d’accueil lui adressa le salut matinal routinier derrière son grand vitrage.

Une semaine après l’arrivée du malade, un collègue d’Emma, Pierre B, vieux médecin, était venu trouver l’enfant sous un prétexte imaginaire. Quelques heures plus tard il prenait la doctoresse à part au détour d’un couloir :
- Je suis bouleversé, je reviens des Andes… ici les magasins, les rues, tout m’inspire une aversion irraisonnée. Les fêtes qui approchent, la foule des acheteurs, les corps pétant de cholestérol, le fric… C’est affreux, le seul endroit où je me sens mieux c’est ici, à l’hôpital. L’argent me gêne, il envahit tout… je ne vois plus des personnes, mais de petits amas de pognon, de mesquines solitudes feutrées, comme si les gens n’avaient pas besoin les uns des autres, comme s’il n’y avait plus de communauté…

La médecin chef lui répondit sur le ton de la plaisanterie, expliquant que ce n’était pas professionnel, qu’il fallait maîtriser ses émotions.

Elle se dirigeait vers la chambre du petit, ses pas étouffés par l’épais revêtement de linoléum gris. Emma, qui avait réussi, à force de volonté, à se faire sa place de médecin dans la société occidentale, se disait que dans son pays, en Albanie - elle y retournait chaque année - ce genre de syndrome n’apparaissait pas. Jamais. Encore moins chez des êtres si jeunes.

L’infirmière de garde lui indiqua que le petit venait de s’endormir.

Tous pouvaient observer, impuissants, les parents du môme déployer des trésors d’imagination pour essayer de le sortir de ce qu’ils voyaient comme une torpeur incompréhensible. Ils avaient proposé, l’air de rien, d’aller observer un volcan en éruption, d’affronter les cinquantièmes hurlants en catamaran…. Lui les remerciait d’un sourire. Il comprenait parfaitement la démarche, leur expliquait que d’autres que lui seraient enchantés d’aller suivre en direct les ébats amoureux des baleines au large de la Californie, ajoutant que ce devrait être facile d’emmener des enfants défavorisés jouer dans l’eau avec des dauphins. Pas lui.

***

Ce soir là, au sortir de son travail elle croisa la gérante du petit supermarché voisin, une femme d’âge mûr aux grands cheveux frisés, pleine d’ardeur, avec qui elle avait de bons rapports. Elle ne put s’empêcher de lui parler de l’enfant. La dame la transperça de son regard bleu. Deux vrilles sous la masse crépue.

- Mon Dieu, le pauvre chéri… il est trop intelligent….

Elle avait tout dit. Et puis elle rentra. Il fallait prendre le courrier, faire manger les enfants. Il faisait déjà nuit.

***

Le lendemain en fin de matinée la doctoresse quitta son service un peu plus tôt qu’à l’accoutumée, préoccupée. Elle était de plus en plus frustrée parce que depuis plusieurs jours le gamin sommeillait durant la journée alors qu’elle aurait vraiment voulu essayer de communiquer avec lui. Ce qui l’amena à couper la priorité à’un automobiliste, qui, après avoir ouvert sa vitre latérale lui lança, rigolard. "Je comprends maintenant pourquoi vous êtes passée devant un million de spermatozoïdes, vous êtes un hymne à la précipitation… à l’engouffrement". Elle se surprit à sourire, libérée pour un instant du monologue intérieur nourris par l’image du jeune être en train de se faner. Elle se sentait comme enceinte mentalement de lui. De cet homme. Oui, c’était bien un homme… puisqu’il était en fin de parcours, sur sa propre décision. Puisqu’il leur parlait autrement, couché dans son lit trop grand, comme une sorte d’enseignant cosmique, loin de leurs volontés absurdes de vouloir avoir une prise sur le réel. Il avait annoncé la couleur à son arrivée à l’hôpital :

- Je ne veux pas me soigner parce que plus je vais mal mieux je me porte.

Ainsi, après deux semaines d’hospitalisation il avait nettement faibli. Il fallait maintenant faire un effort d’attention pour le comprendre, lui parler doucement et distinctement. Lui restait imperturbable, ses grands yeux marrons brillants d’une sérénité de fer.

***

Emma avait accepté de dîner avec son ami Miguel, helvète de vieille souche, qu’elle appréciait pour cette raison mais aussi parce que son humour self destructeur l’amusait. Il l’accueillit, goguenard, après avoir brièvement jaugé la voiture qu’elle venait de s’acheter.

- Attention ! Je ne vais bientôt plus accepter de te voir, notre amitié va s’achever… regardes-toi un peu, tu es déjà plus Suisse que moi…. mon Dieu la bourgeoise ! J’ose pas t’imaginer dans dix piges ?
- Tu veux dire ?
- Que tu es de plus en plus organisée, aseptisée, maintenant presque riche…. Il ne te manque plus qu’un peu d’inhibition.. Peut-être aussi de réprobation dans l’attitude.
- T'es dur Miguel
- Tu sais bien que le succès et l’argent nous éloignent de l’essentiel.
- C’est quoi l’essentiel ?
- La vie
- Tu en es sûr ?

Elle ne lui parla pas du gosse.

***

De retour à l’hôpital elle aperçut Pierre B. en discussion avec les parents de Jean-Sébastien. Tous se firent un petit signe de loin. Elle monta dans son service, traversa les couloirs déserts pour aller le voir. Il somnolait et réagit mollement lorsqu’elle lui prit la main, esquissant une moue. Elle resta ainsi, assise sur le lit arrosé par l’éclairage crû.

Qui avait chanté un jour que la lumière ne fait pas de bruit ?

Son regard glissait sur les choses. Elle pensait à sa vie, à la vie. Pourquoi se retrouvait-elle médecin… dans ce pays ? Fourmi parmi les autres fourmis. Quelle était la société qui pouvait produire de tel effet sur ses petits ?… Sa pensée se fixa sur des connaissances côtoyées récemment ; une clique d’artistes quadra et quinquagénaires, presque tous issus de la bourgeoisie locale qui, malgré la mise en place de façades plus ou moins réussies, assorties de quelques petites excentricités d’habillement, représentaient pour elle la société dans laquelle elle vivait. Ils formaient un de ces clans ou les individus se rassemblent plutôt par crainte de la marginalité et de la solitude que par de réelles affinités. Sérail ou l’on se fait la bise comme les stars de la télévision ; pour marquer sa différence, son appartenance à un cercle qui serait plus humain, plus averti. Tels étaient donc les révoltés ?… Les artistes ?... quelles étaient donc leur réflexions ?. Assise sur le lit sa main autour de celle du gosse Emma se demandait s’il ne fallait pas voir chez eux une forme d’élitisme atroce, imbécile, destructeur, soumis aux conventions, aux diplômes, loin de la vie, la vraie, celle avec les excréments, les coups, le sang, les hurlements. Vivaient-ils réellement, ces gens encoconnés qu’elle avait vu ignorer ostensiblement ici une caissière édentée ou là un clodo en pleine cuite. Qui, lors des fêtes réunissant les familles, paraissaient tout de suite excédés par leurs enfants, comme s’ils ne les avaient pondus que par convention, par simple peur de la mort, par ennui. Dans son pays à elle la jeunesse était synonyme de joie, de plaisir.

… mais qu’ont-ils de différents des autres humains, somme toute... ne suis-je pas comme eux ?

Jean-Sébastien gardait les yeux fermés, la respiration régulière. Elle caressa doucement le maigre avant-bras que la perfusion prolongeait de manière incongrue.

***

Cette nuit là elle eut ce rêve : Il y avait, lors d’une grande réunion de diverses familles, une scène de discussion animée entre adultes. Les enfants présents - les siens y étaient, tout comme Jean-Sébastien - enthousiastes comme toujours amenaient continuellement des interruptions qui dérangent la continuité des phrases, si sérieuses, des adultes. Coupures qui, à la longue, entraînèrent quelques haussements de voix puis, finalement, l’enfermement de Jean-Sébastien dans une voiture. Il y eut alors un zoom arrière et les humains se transformèrent en arbres. C’étaient les mêmes individus mais qui en sapin, en hêtre, etc.. Et, dans un film accéléré, elle put alors contempler la nouvelle forêt ainsi formée endurer la douce agression des jeunes pousses qui, après s’être hardiment insinuées au pied des grands troncs, s’accrochaient ensuite au premières frondaisons, avant de vaillamment titiller les niveaux supérieurs et d’émerger au sommet pour faire partie de la Pangée. Voir le soleil.

Elle se retrouva assise sur son lit, en nage. Et l’enfant dans la voiture ?… Pourquoi ces plages temporelles mélangées ?… Pourquoi Jean-Sébastien n’avait-il plus cette volonté de monter, de toucher les crêtes… cette curiosité de la vie ?


***

Les forces du gosse déclinaient doucement, implacablement. L’esprit imperturbable et sans tristesse il continuait de communiquer au maximum de ses possibilités, c’est à dire qu’à ce stade il ne faisait plus qu’acquiescer ou rejeter. Mais il observait. Emma, incrédule, attendait quelque chose. Elle ne savait pas exactement quoi : une forme de culpabilisation du gosse, des parents… de grands transports d’émotion avec la famille. De culpabilisation elle n’en vit point. Quand à l’émotion, il y en avait. Beaucoup. Mais tout le monde se maîtrisait.

On le sentait se détacher, comme un fruit. Le temps du silence mûrissait.

***

Il y eut alors ce colloque, une journée/rencontre prévue de longue date où le professeur P., grande ponte allemand de pédopsychiatrie, fit état de l’augmentation sensible des cas d’anorexie chez les enfants en occident. Dans la continuité ils reçurent communication du travail d’une équipe de chercheurs Hindous où étaient explicitées la progression et l'incidence constante des problèmes psychiques de la jeunesse dans les sociétés industrielles. Un médecin psychiatre japonais vint ensuite parler des difficultés rencontrées dans son pays. On commençait à y voir de plus en plus de groupes de discussion sur Internet qui amenaient - et poussaient parfois - de jeunes nippons à se suicider ensemble. Puis il y eut ce rapport sur une maladie mystérieuse affectant plus de 400 enfants de requérants d'asile en Suède, issus la plupart du temps de l'ancienne union Soviétique et des états yougoslaves. Ces enfants tombaient dans une dépression profonde et perdaient la volonté de vivre. Pour finir une intervenante vint expliquer comment les résultats de son étude sociologique de la Suède montraient que la courbe des suicides était inversement proportionnelle aux difficultés économiques. En bref, lors de temps difficiles les gens se suicidaient moins….

Tout ce monde se retrouva ce soir là au milieu de la chaude et joviale l’atmosphère d’une brasserie pour un repas en commun bigarré qui concluait le colloque. Les participants à la conférence confabulèrent bruyamment de tout, sauf de problèmes professionnels. Emma aimait ce genre de brouhaha. Il était passé minuit quand elle rentra. Excitée par l’alcool elle se prépara un grand verre d’eau, prit la zappette et s’installa devant la télévision. Les informations présentaient un sujet sur les prévisions alarmistes quand au réchauffement de la planète. Apparut ensuite sur le plateau l’abbé X qui se faisait le porte-parole des voix innombrables dénonçant le petit nombre de riches - toujours plus riches - et celui, toujours plus grand, des pauvres - toujours plus pauvres. Puis ce fut l’interview d’un politicien qui exprima les craintes suscitées par le comportement paranoïaque de l’empire américain. La rubrique suivante montra une manifestation écologiste européenne. On pouvait y voir des manifestant défiler avec des pancartes qui disaient : "Ressources de la terre en danger " "Consommation galopante, Halte !". "Surpopulation, manque de contrôle !". Le journal se termina par les infos économiques et la progression boursière spectaculaire d’une entreprise pharmaceutique qui développait un médicament contre le diabète, maladie en constante progression chez l’individu moyen - trop gros - des populations américaines et européennes, phénomène qu’on voyait maintenant émerger en Asie. Tous les espoirs étaient permis pour la jeune entreprise.

Dans la salle de bain elle posa cette question muette à son reflet, dans la glace : - Jean-Sébastien entend-il la même mélodie du monde que toi ?

Son mari grogna légèrement lorsqu’elle lui imposa sa présence dans le lit, le forçant à se déplacer.


***


Elle démarrait fréquemment sa matinée par cette pensée de la tradition zen : "un jour, une vie". Après le départ des enfants pour l’école, elle pouvait profiter d’un petit printemps personnel réservé, enfance de sa journée. Moments d’énergie, de fraîcheur, d’optimisme. Tout ce que Jean-Sébastien aurait normalement du vivre en cette période matinale de son existence de jeune mammifère. Alors qu’en réalité il était comme avant d’aller se coucher. Certes son cycle d’existence, sa fin de vie coïncidaient avec la saison hivernale, mais pas avec la bonne synchronisation. Pas du tout.

Elle se confectionna un nouveau café.

Emma avait toujours perçu les mômes comme de grands initiés, dotés d’un sens aigu du mystère, au bénéfice de la fraîcheur de perception qu’ont les étrangers qui pénètrent une contrée inconnue. Confrontée à Jean-Sébastien elle en arrivait à se demander s’il n’avait apporté avec lui les souvenirs de quelque chose d’antérieur, les réminiscences d’une source fabuleuse. Quels pouvaient donc bien être ses critères de jugement ?… en avait-il ?… était-ce du pur instinct, du laisser aller ?. Il avait l’air si équilibré… Ou alors, était-ce diabolique ?… Non, il était trop jeune, trop dans le timing. Trop conscient.

Elle ne savait comment exprimer son sentiment. Ce garçon était comme au delà - ou en deçà - des mots. Un pur poète. Comme s’il avait affirmé que les bateaux ne flottent que depuis Archimède et que tout le monde ait acquiescé. Comme s’il avait décrété que le vent est créé par les arbres sans que personne n’en doute.

Elle voyait vivre ses enfants dans un monde qui n’était pas le sien, celui des grands. Ils n’avaient qu’un intérêt restreint pour la politique, la philosophie de la vie et de ce genre de choses. Leur occupation sérieuse principale c’était le jeu. En tout cas en apparence. Elle ne pouvait se résoudre à leur parler de Jean-Sébastien, d’abord pour garder sa vie privée intacte de ses activités professionnelles. Et puis quelle pouvait être la famille ou l’on aurait abordé de pareils sujets philosophique sérieusement, longuement et profondément, avec les enfants ?... Les siens posaient des questions certes, son mari et elles y répondaient, mais cela restait superficiel. Ces sujets intéressent les mômes mais leurs réflexions lui paraissaient trop courtes. Ou alors leurs forces de vies leurs interdisaient de s’arrêter sur ce genre de réflexions

Mais comment un gosse qui ne voyait plus la réalité avec aucun étonnement s’était-il forgé ?… D’où venaient ses certitudes ?… Était-ce possible qu’un de ses enfants un jour ?…

Elle rassembla ses affaire : sac, clefs, s’habilla. Il fallait en tout cas encore essayer. Encore.

***

Ce vingt décembre Jean-Sébastien dormait si profondément, en état comateux, qu’Emma invita ses parents à la cafétéria pour un café. La communication entre eux ne nécessitait presque plus de mots, artificielles constructions sans intérêt. Au réfectoire ils eurent à subir les activités sauvageonnes d’un groupe d’enfants. Jeunes excités, en mal de cette existence avérée que conforte la réaction témoin de grandes personnes prises en otage-spectateur-cible. Elles ressentit beaucoup de gratitude à l’endroit des emplâtres gesticulants et bruyants qui tentaient d’accaparer attention et champ de vision des adultes.

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Au milieu de tous ses questionnements, Emma eut l’honnêteté de s’avouer qu’elle l’admirait. Mais quel était son secret… Qui était ce vieux maître… ce fou ?… Elle ne parvenait pas à le voir comme un malade et ressentait même quelque chose qui ressemblait à de la reconnaissance. La jeune créature lui permettait de rétablir une sorte de connexion avec un infini qu’elle avait oublié, trop absorbée par sa vie, par ses obligations. La vitesse.

Le mioche lui dilatait la conscience.

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Jean-Sébastien mourut la veille de Noël.

Enfin pur esprit.

Auteur: Mg

Info: Jean-Sébastien. D'après une histoire vécue. 2002.

[ histoire courte ] [ automne ]

 
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