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père-fils

Du fait de l'état inquiétant de la nature, j'ai ouvert "La Route" de Cormac McCarthy, bien que je ne sois pas fanatique des romans catastrophe. (...) j'aurais vite abandonné "La Route" si une réflexion de l'auteur n'avait résonné en moi : si vous êtes un bon père, votre enfant est tout ce qu'il y a entre vous et la mort. (...) j'ai repris le livre au début et en ai parcouru chaque page en soulignant des phrases du type : "Il ne savait qu'une chose, que l'enfant était son garant" ou " ... Chacun était tout l'univers de l'autre", et quand je suis arrivé au passage où le père assis près de son fils endormi caresse ses pâles cheveux blonds emmêlés et compare la tête de l'enfant à un "calice d'or, bon pour abriter un dieu", je n'ai plus eu aucun doute : c'était bien un roman sur l'amour tardif d'un père pour son enfant. Cormac McCarthy l'a d'ailleurs confirmé dans une interview menée par Oprah Winfrey au cours de laquelle il racontait son expérience de la paternité à un âge avancé. La paternité a été la principale inspiration de son roman.

Auteur: Wilk Mariusz

Info: Dans le sillage des oies sauvages, p 181-182, citations de La Route édition de L'Olivier pages 31, 10, 69

[ littérature ] [ motivation ] [ écriture ]

 

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boîte échangiste

Quelque chose, depuis l’année dernière, semble s’être durci. Un couple de jeunes fait l’amour sur la piste ; l’homme a de longs cheveux bouclés et blonds, son ventre est plat et musclé. La femme est brune, sa peau est mate. Il la prend par-derrière, ses fesses parfaitement rondes sont soulevées très haut, la cambrure de ses reins est magnifique. Un quinquagénaire s’approche, essaie de la toucher ; elle le repousse d’un geste brusque. Les autres couples, maintenant, restent à distance ; ils font cercle, à trois mètres des jeunes gens. L’homme se retire un instant, son sexe est brièvement baigné par un éclat de lumière violette ; puis il recommence à pénétrer la femme, sur un rythme plus rapide ; la lumière stroboscopique joue sur ses abdominaux en plein effort. Je vais m’asseoir sur une banquette. Près de nous, un couple de sexagénaires allemands ; l’homme est débraguetté et mou. La femme porte une guêpière en latex, mais sa viande dépasse d’un peu partout ; son regard est désemparé : ils sont vraisemblablement proches de la retraite. Elle pose une main sur le sexe de son mari, sans parvenir à le ranimer ; puis ils terminent leur bière. Nous repartons assez vite.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, page 81

[ violence symbolique ] [ professionnalisation ] [ débandade ] [ exclusion ]

 

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femme-par-homme

Je regarde ce soir une photo

De Monica Vitti dans Le désert rouge

Et c’est toi

Dans le temps

Et je ne peux rien

Contre le temps

Contre toi

Contre Monica Vitti

Contre le désert rouge

Contre

Le mélange d’inquiétude et de sensualité

La posture frileuse rêveuse

Egarée presque

Contre

La bouche entrouverte

Les cheveux blonds un peu en désordre

Les bras croisés

Contre

Le pull en cachemire

A même la peau

Et surtout contre

Ce détail qui m’attendrit entre tous

Qui me rappelle Trouville en 1984

Les manches étirées jusqu’à la paume

Car il fait encore frisquet

Dans la maison que l’on vient de rouvrir

Contre

L’odeur de sel et d’encaustique

Contre la mer tout près

Contre le transat replié dans l’entrée

Tout à l’heure tu iras mieux

Tu te se seras réchauffée

On ira à la plage

Tu liras L’été finit sous les tilleuls de Kléber Haedens

Le vent achèvera de te décoiffer

On dînera aux Vapeurs sans doute

Et je ne peux rien contre

Rien vraiment rien

Contre Monica Vitti dans le désert rouge.


Auteur: Leroy Jérôme

Info: Sauf dans les chansons. La Table ronde, 2015. Le désert rouge

[ éloge ] [ cinéma ] [ actrice italienne ] [ poème ]

 

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enfance

Le quatrième enfant de Paul et d’Émilie fut tout de suite plein de santé : c’était un garçon aux cheveux blonds, à la charpente robuste, tout le portrait de son père. Assez curieusement, une fois certains que le petit Carl [Jung] allait vivre, les parents se sentirent si soulagés qu’ils le traitèrent avec indifférence et retournèrent à l’apathie qu’ils manifestaient en présence l’un de l’autre. Émilie paraissait faire de temps à autre quelques tentatives pour être ce que dans le milieu rural on appelait une bonne mère. Tout passait après l’ordre et la discipline, à commencer par les démonstrations d’affection. Pendant les premières années de Carl, tantôt elle s’efforçait d’assumer les tâches quotidiennes, tantôt elle retournait à sa solitude, s’enfermant toujours plus longtemps dans sa chambre. elle ne semblait véritablement heureuse que lorsqu’elle racontait à quelques-unes des paroissiennes comment, la nuit, les esprits et les fantômes venaient hanter les couloirs du presbytère, ou encore lorsqu’elle écoutait leurs histoires de revenants croisés sur le chemin qui menait au lac. Pendant ce temps, Paul s’occupait de l’enfant avec la gentillesse et l’attention qu’il accordait à ses paroissiens. Il était d’une grande douceur, mais dérouté par ce solide petit gaillard qui trottait dans tout le presbytère, il le laissait souvent seul ou sous la surveillance inquiète de leur unique domestique, et courait se réfugier dans le calme de son bureau.

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 39

[ cadre de vie ]

 

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cosmopolitisme

New York est une vraie ville, pleine de bruits et de couleurs. Avec des odeurs et des musiques. Avec des panamas, des casquettes de base-ball, des chéchias, des turbans, des kippas, des cheveux noirs et blonds, crépus ou lisses, des tresses, des crânes rasés. Avec des accents, des langues diverses. Une vraie ville, de celles qui allument les neurones. Le cosmopolitisme, c'est les vitamines du cerveau. Une ville qui n'est pas cosmopolite est un fruit pourri, rabougri et véreux. Pour voter Front national, il faut détester les villes. Toutes les villes sont Rome, carrefour du monde. Des confins des mondes barbares, on y vient user les épines de sa barbarie contre les épines de la barbarie de l'autre, et c'est de cette poussière des villes que l'on fait le ciment de la civilisation. Toutes les grandes villes sont de terribles maisons de la culture, creusets assiégés, toujours menacés par les habitants des grands espaces qui les entourent, aveuglés, méfiants, apeurés par la vie qu'on y mène, si différente de la leur, toute occupée aux tâches simples et primitives de l'enrichissement, de la procréation et du graissage de carabine. New York est détestée par l'Amérique. C'est une ville de nègres, de Juifs, d'homosexuels, d'avorteurs, de gauchistes, et de musiciens qui commettent le crime de chanter autre chose que Ô Suzanna, j'arrive d'Alabama avec mon banjo sur les genoux.

Auteur: Val Philippe

Info: New York police blues, reportage, Charlie Hebdo, 29 juillet 1998

 

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science-fiction

Mon nom est imprononçable, ainsi que celui du monde d'où je viens et l'apparence que je revêt masque mon corps véritable qui ne pourrait que vous inspirer que l'horreur et le dégoût. Ça c'est l'étranger qui vient en paix, au nom de la Confédération Galactique ou de la principauté de Deneb. L'étranger, l'extraterrestre, le "bug-eyed monster", le galactique. Au début du siècle, Wells importait ses "BEMs" de Mars, tout gonflés de vilains projets de mégalomanes. Plus tard, Bradbury s'arrangea pour que les descendants pavent pour leurs ancêtres. Les fragiles créatures cristallines qu'étaient ses martiens éclatèrent comme boules de Noël à la seule approche des terriens. Plus loin Van Vogt découvrit Zorl, assoiffé de potassium, et Ixtl, qui dérivait dans le vide, atrocité écarlate qui pondait ses œufs dans le ventre des astronautes. Pour Clifford Simak, en général, ceux d'ailleurs sont souvent de timides apôtres de bonté voyageant sur les chemins de la lumière, guides moins discrets, puissants et lointains que les maîtres secrets de 2001. Pour Dick, ils ont l'aspect de nos obsessions, ce sont les éléphants noirs de notre schizophrénie. Humanoïdes blonds et beaux de Vénus, gnomes vampires de Mercure, doux mammifères géants, féroces arthropodes, enchevêtrements insensés de tentacules, bulles violettes, membrane palpitant à la surface d'un astéroïde désolé, nuage de gaz complexe flottant entre les étoiles et buvant nos émotions...Ils ont toujours été présents dans la SF comme dans l'inconscient de l'homme. "Ceux d'ailleurs", ennemis ou grands-frères que nous rêvons et craignons tellement de rencontrer un jour, que nous avons déjà commencé à les créer.

Auteur: Internet

Info: Marginal, tome 3 : Ceux d'ailleurs, introduction à l'anthologie "Ceux d'Ailleurs" parue dans la collection "Opta" en 1974

[ aliens ] [ projections psy ]

 

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question

"Hélas ! Qu’est-ce donc que le bien et le mal ! Est-ce une même chose par laquelle nous témoignons avec rage notre impuissance, et la passion d’atteindre à l’infini par les moyens même les plus insensés ? Ou bien sont-ce deux choses différentes ? Oui… que ce soit plutôt une même chose… car sinon que deviendrais-je au jour du jugement ! Adolescent, pardonne-moi ; c’est celui qui est devant ta figure noble et sacrée, qui a brisé tes os et déchiré les chairs qui pendent à différents endroits de ton corps. Est-ce un délire de ma raison malade, est-ce un instinct secret qui ne dépend pas de mes raisonnements, pareil à celui de l’aigle déchirant sa proie, qui m’a poussé à commettre ce crime ; et pourtant, autant que ma victime, je souffrais ! Adolescent, pardonne-moi. Une fois sorti de cette vie passagère, je veux que nous soyons entrelacés pendant l’éternité ; ne former qu’un seul être, ma bouche collée à ta bouche. Même, de cette manière, ma punition ne sera pas complète. Alors, tu me déchireras, sans jamais t’arrêter, avec les dents et les ongles à la fois. Je parerai mon corps de guirlandes embaumées, pour cet holocauste expiatoire ; et nous souffrirons tous les deux, moi, d’être déchiré, toi, de me déchirer… ma bouche collée à ta bouche. O adolescent, aux cheveux blonds, aux yeux si doux, feras-tu ce que je te conseille ? Malgré toi, je veux que tu le fasses, et tu rendras heureuse ma conscience." Après avoir parlé ainsi, en même temps tu auras fait le mal à un être humain, et tu seras aimé du même être : c’est le bonheur le plus grand qu’on puisse concevoir. Plus tard, tu pourras le mettre à l’hôpital ; car le perclus ne pourra pas gagner sa vie. On t’appellera bon, et les couronnes de laurier et les médailles d’or cacheront tes pieds nus, épars sur la grande tombe, à la vieille figure. O toi dont je ne veux pas écrire le nom sur cette page qui consacre la sainteté du crime, je sais que ton pardon fut immense comme l’univers. Mais, moi, j’existe encore !

Auteur: Lautréamont Isidore Ducasse

Info: Oeuvres complètes - Les chants de Maldoror, Poésies I et II

[ soliloque ] [ moi gémellaire ]

 

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déclaration d'amour

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer;
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire : "Je t'aime!"
Alors, avec grand soin, nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain
Qu'importeront alors les rides du visage,
Si les mêmes rosiers parfument le chemin?
Songe à tous les printemps qui dans nos coeurs s'entassent.
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour je t'aime davantage
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain!
En ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève,
Pour le ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours.
Je serais riche alors d'une richesse rare,
J'aurais gardé tout l'or de mes jeunes amours,
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur;
Car de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurais tout conservé dans le fond de mon coeur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs!

Auteur: Gérard Rosemonde

Info: Le dernier rendez-vous

[ poème ]

 

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Gaule

Ville de province. Dans son discours inaugural d’un festival littéraire, une élue municipale dit à un groupe d’enfants : "Quelle chance vous avez, d’apprendre notre si belle langue !" et mon sang ne fait qu’un tour. Comme je dois prendre la parole ensuite, j’en profite pour dire aux enfants que certes, le français est une belle langue mais qu’on peut en dire autant de toutes les langues ; que disposer d’une belle langue ne suffit pas, encore faut-il s’en servir pour dire des choses intelligentes ; qu’il est tout à fait possible de se servir d’une belle langue pour dire des choses débiles ; et que, plus on connaît de langues, plus on est susceptible de dire des choses intelligentes. Maurice Druon, feu le secrétaire perpétuel de l’Académie française : "Prenez un traité rédigé en français : à condition que le français en soit correct, ce traité est clair, et finalement il est bref, il est compréhensible de tous, et son interprétation ne donne pas lieu à des contestations. Il n’en va pas de même de l’anglais." M. Druon parlait-il ­l’anglais ? Cela m’étonnerait. Il n’y a bien sûr pas une mais d’innombrables langues françaises : vocabulaire, syntaxe, prononciation et débit varient selon le pays (180 millions de locuteurs à l’étranger, contre seulement 60 dans l’Hexagone), le quartier, la région, l’origine, le milieu social des locuteurs. Ici je ne parlerai que de celle qui se diffuse bruyamment dans l’air de la France métropolitaine, le français politico-médiatico-culturel, car il me semble que s’y préservent et s’y perpétuent, de façon subtile mais tenace, les violences et injustices de l’Histoire française. Cette langue-là est une reine : belle, puissante et intarissable. Pas moyen d’en placer une. Elle est fière d’elle-même, de ses prouesses, ses tournures et ses atours, et valorise la brillance au détriment du sens et de l’émotion vraie. Cette tendance, surprenante pour qui n’a jamais vécu en monarchie, est très présente dans les médias français encore aujourd’hui. Cela va avec les ors de la République, les sabres de la Garde républicaine, le luxe des dîners à l’Élysée. "Parfait", soupire versaillamment, dans une pub télé récente, un père à propos d’un camembert quelconque. "Parfaitement parfait", approuve son gamin, avec le même air d’aristo snobinard. Ils sont blancs, blonds, riches, c’est un gag mais ce n’est pas un gag, it makes me gag, ça me reste en travers de la gorge, je n’achèterai pas ce camembert-là. Mme de Staël trouvait nulles les soirées mondaines à Berlin, car en allemand il faut attendre la fin de la phrase pour en connaître le verbe : pas moyen de couper la parole à son interlocuteur, vous imaginez, cher, comme on s’ennuie ! Les Français "parlent comme un livre" et, des années durant, j’ai été portée, transportée par leur passion du verbe. Aujourd’hui leur prolixité m’épuise. Tant d’arrogance, tant d’agressivité ! Comment font-ils pour ne pas entendre leur propre morgue ? Regardez ceux qui, derrière les guichets des mairies, postes et administrations, accueillent les citoyens : c’était bien la peine de faire la Révolution pour se voir encore traité ainsi de haut ! Véritablement elle est guindée, cette langue française, et induit des attitudes guindées. À vingt ans, venue à Paris pour un an, j’écoute le professeur expliquer à la classe l’usage du subjonctif. Ouh, que c’est subtil ! Dès lors que plane sur un verbe le moindre doute, on le frappe d’un subjonctif. Bang ! Faut que tu fasses. Aurait fallu que tu viennes. Mais ensuite on s’empêtre dans des temps du verbe théoriques, indicibles, ridicules, n’existant que pour le plaisir de recaler les gosses aux examens : aurait fallu qu’il visse, n’eût pas fallu qu’il vinsse, Alphonse Allais s’en est moqué dans sa Complainte amoureuse : "Fallait-il que je vous aimasse […] Pour que vous m’assassinassiez ?" Jamais pu supporter la fausseté de ces temps morts, faits pour aider les prétendus Immortels à passer le temps. Jamais même pu supporter, moi, pour ma propre écriture, le passé simple. Je n’y crois pas, c’est tout. Il entra. Elle ferma. La marquise sortit à cinq heures. Non, je n’y arrive pas, ne veux pas y arriver. Quand je traduis vers le français mes propres textes ou ceux des autres, le prétérit anglais (identique dans la langue quotidienne et la littérature la plus splendide) me manque. Pour la plupart des verbes anglais, il suffit d’un mini-claquement de langue contre le palais, petit d par lequel on ­signifie que l’incident est clos. "He entered. She closed". Parfois c’est un peu plus compliqué, The marquess non pas "leaved" mais "left the house at five". À mon goût, il y a trop de marquises dans le passé simple, et dans Proust. J’intègre la langue française post-Seconde Guerre, post-Nouveau Roman, sautant à pieds joints dans Sarraute, Duras, Beckett, Camus (quatre auteurs ayant grandi loin de l’Hexagone, entourés d’une langue autre que la française). "Je vais le leur arranger, leur charabia", promet Beckett dans L’Innommable... et il tient largement sa promesse. Le mieux qui puisse arriver à la langue française aujourd’hui, c’est qu’elle se laisse irriguer, assouplir, "arranger" par des rythmes et syntaxes venus d’ailleurs, qu’elle cesse de se comporter en reine agacée et se mette à l’écoute de ses peuples.

Auteur: Huston Nancy

Info: La morgue de la reine, https://le1hebdo.fr, février 2018

[ idiome ] [ seconde langue ] [ langue française ] [ spécificité ] [ gaulois ]

 

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hiérarchie cosmique

Les hypercivilisations et l’hypothèse des extraterrestres primitifs

De plus en plus de spécialistes admettent que la vie est partout dans l’Univers et que trois-quatre milliards d’années de conditions favorables, durables sur une planète, assurent l’émergence et le développement d’êtres intelligents et éventuellement la naissance d’une "civilisation technologique", capable de construire des vaisseaux spatiaux, pour voyager vers d’autres planètes habitables.

Ces conditions, bien que rares, se retrouvent en de nombreux endroits dans l’immensité de l’univers. Sur cette base, l’hypothèse extraterrestre est devenue le moyen le plus facile d’expliquer le phénomène OVNI.

D’un autre côté, des ufologues prestigieux, dont le Dr J. Allen Hynek ou Jacques Vallée, ont remis en question cette explication. Avec les sceptiques purs et durs, ils ont mentionné, entre autres, que les distances entre les civilisations sont trop grandes pour de tels voyages cosmiques.

Mais, comme je l’ai soutenu dans mon récent livre "UFOs over Romania", si nous adoptons une approche appropriée, nous découvrirons que les distances les plus importantes entre les civilisations cosmiques ne sont pas celles de l’espace mais celles du temps.

J’ai estimé que, dans l’histoire de notre Galaxie, un certain nombre de civilisations technologiques ont pu voir le jour, dont quelques centaines ont survécu aux maladies infantiles (auxquelles nous sommes confrontés sur Terre) et existent toujours.

Mais ces civilisations ne sont pas apparues simultanément. Par exemple, en juillet 2015, on a annoncé la découverte, à 1 400 années-lumière de la Terre, de l’exoplanète Kepler 452b.

Elle est similaire à la Terre et orbite dans la zone habitable d’une étoile semblable au Soleil. Ce système solaire est plus vieux d’un milliard d’années que le nôtre. Cela signifie que la vie et une éventuelle civilisation technologique pourraient y être apparues un milliard d’années plus tôt que sur Terre.

Plus généralement, les premières civilisations technologiques dans la Voie lactée pourraient apparaître il y a un milliard d’années, ou même avant.

Par conséquent, nous comprenons que les civilisations possibles dans le Cosmos sont très éloignées les unes des autres non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. Dans notre Galaxie, ces quelques centaines de civilisations survivantes, estimées ci-dessus, sont apparues, très probablement, une fois tous les quelques millions d’années. Par conséquent, dans la Voie lactée, il n’existe aucune civilisation proche de notre niveau.

Qu’adviendra-t-il de notre civilisation (si elle survit) dans des millions (ou des milliards) d’années ? Il est impossible de l’imaginer. Nous n’oublions pas que nous ne sommes pas en mesure de prévoir notre avenir, même dans une perspective de quelques centaines d’années seulement. À quoi ressembleraient les habitants d’une civilisation qui nous aurait devancés de plusieurs millions d’années ?

Peut-être sont-ils devenus immortels, peut-être le temps et l’espace ne comptent-ils pas pour eux, peut-être se sont-ils déplacés dans une réalité virtuelle omniprésente, dans d’autres dimensions, etc. Mais la véritable réponse est très certainement encore plus complexe et défie notre logique et notre imagination. Nous pouvons toutefois accepter qu’ils se soient transformés en quelque chose d’autre, au-delà de notre compréhension, en quelque chose que nous pouvons nommer une "hypercivilisation".

Si quelqu’un considère que nous avons été trop optimistes et que les êtres intelligents sont beaucoup plus rares, nous devrions ajouter que notre Voie lactée n’est qu’une des 150 milliards de galaxies de l’Univers, plus ou moins semblables, accessibles à nos instruments. Et nous avons de fortes raisons de croire qu’il existe aussi d’autres Univers, peut-être des Univers "parallèles", peut-être d’autres états de la matière, ou des parties d’un "Multivers", etc.

La scolarisation et la science-fiction, mais pas seulement, ont fixé nos esprits sur des schémas ignorant complètement la possibilité d’hypercivilisations. Par conséquent, nous sommes confrontés à deux "hypothèses extraterrestres" : la première est ce que nous pourrions appeler "l’hypothèse des extraterrestres primitifs", l’autre celle des hypercivilisations.

L' "hypothèse des extraterrestres primitifs" suppose que toutes les civilisations cosmiques sont plus ou moins au même niveau d’évolution. Elle nourrit donc de fausses idées préconçues telles que : des voyages cosmiques très longs et difficiles, le désir d’atterrir sur la pelouse de la Maison Blanche, l’égalité des droits, la conversation, l’invasion, l’intervention, l’aide et ainsi de suite.

Cette vision primitive est totalement invraisemblable. Si les hypercivilisations existent (et elles existent, avec une probabilité de 99,999999%) elles ont exploité, dans les moindres détails, notre Galaxie, il y a des millions d’années, donc elles connaissent, depuis longtemps, notre existence. Ce raisonnement a conduit Enrico Fermi, quand il a dit, en 1950 : "ils devraient être ici ; où sont-ils ?"

Mais ni lui, ni beaucoup d’autres, n’ont envisagé que des représentants d’hypercivilisations pourraient être ici, parmi nous, mais pourraient avoir une apparence si différente de nos attentes que nous ne pourrions pas les reconnaître. Ce qui nous empêche de les voir, c’est aussi un ensemble de préjugés répandus et profondément enracinés, comme ceux qui suivent.

L’idée préconçue de l’égalité des droits. Une différence de plusieurs millions d’années, voire de centaines de millions, est aussi énorme qu’entre nous et un lézard ou même une fourmi.

S’ils sont là (comme c’est très probable), ils peuvent nous examiner, suivre notre évolution, voire nous contacter sous une forme ou une autre, mais ils ne se mettront jamais au même niveau que nous.

L’idée préconçue de la conversation. En 1959 déjà, Giuseppe Cocconi et Philip Morrison affirmaient que si la différence entre deux civilisations est de plusieurs millions d’années, la probabilité qu’elles puissent échanger des idées est nulle. Nous interagissons parfois avec un lézard ; mais il ne s’agira jamais d’une conversation, disaient-ils.

Le provincialisme temporel (terme utilisé par le Dr J. Allen Hynek). Il affirme qu’en opposition avec les siècles sombres précédents, les trois-quatre cents dernières années nous ont finalement amenés à la lumière de la vérité réelle et de la science.

Dans cette lumière, nous pouvons maintenant décider quels faits peuvent être acceptés et lesquels ne seront jamais possibles. Si, il y a environ cent ans, nous avons commencé à utiliser la radio, certains pensent qu’elle restera à jamais le meilleur moyen de communication.

Si Einstein a postulé il y a cent ans que la vitesse de la lumière est une limite, aucune autre loi physique ne sera découverte jusqu’à la fin des temps pour éviter cette limite, etc.

Comme exemple particulier, nous avons la préconception SETI. Selon elle, même si les signaux radio mettent des milliers d’années à passer d’un monde habité à l’autre, les civilisations cosmiques considéreront que la signalisation par ondes radio sera, pour toujours, le moyen de contact le plus approprié et que nous devons dépenser de l’argent pour les rechercher.

L’idée préconçue de l’invasion. Pour beaucoup de gens, il devrait être normal que si une civilisation cosmique arrive sur Terre, elle tente de nous conquérir par la force. Mais les hypercivilisations savaient probablement, il y a des millions d’années, que nous étions là ; elles pouvaient donc nous envahir à tout moment et, dans un certain sens, elles nous envahissent probablement déjà, depuis des millions d’années. Certains "artefacts déplacés" pourraient en être un indice.

L’idée préconçue d’une intervention et d’une aide. Certains espèrent que les extraterrestres nous aideront (ou du moins certains "élus") à surmonter les catastrophes futures. Mais même nous, si nous découvrons un terrain de valeur, qui a échappé à l’intrusion humaine, nous essayons de le déclarer réserve, ne permettant qu’une intervention très limitée, pour des raisons scientifiques. Cette attitude semble se renforcer avec le temps.

Une hypercivilisation observant la Terre et la civilisation technologique humaine devrait agir de manière similaire, en évitant d’interférer dans notre évolution, mais en prélevant des échantillons, en faisant quelques expériences, en ayant des contacts très limités (pas du tout officiellement ou entre égaux) avec seulement quelques individus, sélectionnés selon leurs critères et non les nôtres.

Par conséquent, aucune installation, aucune destruction, d’une part, et aucun contact officiel, aucune conversation ou aide substantielle, d’autre part, ne sont à attendre des civilisations cosmiques hautement avancées, même si elles sont ici maintenant.

La différence entre une hypercivilisation et nous pourrait être aussi grande que celle entre nous et les fourmis. Les entomologistes qui se proposeraient d’étudier la vie d’une fourmilière essaieraient de perturber, le moins possible, sa vie. Ils pourront bien sûr faire des expériences, en examinant ou en modifiant certaines fourmis, voire en les emmenant dans des laboratoires éloignés, en essayant de créer de nouvelles "races", etc.

Ils essaieront certainement de découvrir, autant que possible, la vie de la fourmilière, mais ne présenteront pas de "références" à la reine des fourmis.

Si les entomologistes disposent de la technologie nécessaire, ils créeront quelques fourmis robots, les enverront dans la fourmilière et observeront depuis un endroit sûr, par exemple "sur l’écran de l’ordinateur", les données qu’elles transmettent. Et si une fourmi robot se perdait dans cette mission, l’incident alourdirait un peu les coûts de la recherche, sans être une tragédie.

Nous pouvons spéculer qu’une hypercivilisation pourrait tenter de réaliser, en utilisant du matériel génétique provenant de la Terre, de nouvelles races, avec un cerveau plus grand, une intelligence supérieure, adaptées à certaines tâches spéciales, etc. Par conséquent, de nombreuses "races" décrites par les prétendus abductés (les gris, les grands blonds, etc.) peuvent être de telles races humaines artificielles ou même des bio-robots dérivés de l’espèce humaine.

Ils peuvent être "produits" par exemple dans des réserves ou des bases situées quelque part en dehors de la Terre. De la même manière, nous créons de nouvelles variétés de blé à partir des variétés traditionnelles. Parfois, la variété de blé parfaite devient stérile ou exposée à de nouvelles maladies.

À ce moment-là, les agronomes tentent de trouver des gènes appropriés dans le pool représenté par les espèces primitives de blé, afin d’améliorer la variété "parfaite".

Et si les humains sur Terre étaient le "réservoir sauvage" de gènes, aptes à améliorer des races artificielles ailleurs ? Dans ce cas, il n’y aura pas de problème de compatibilité entre les visiteurs et nous, comme dans certaines histoires d’enlèvement et d’hybridation par des ovnis, mais aussi, par exemple, dans la note biblique : "En ces jours-là, les êtres divins et les filles humaines avaient des relations sexuelles et donnaient naissance à des enfants".

"Ce sont les anciens héros" (Genèse, 6, 4). Certains supposent même qu’il existe une intervention extérieure permanente dans l’évolution de la race humaine afin de l’améliorer.

Mais il est évident que la comparaison ci-dessus – de l’humanité avec une fourmilière – est légèrement forcée, car l’humanité est, néanmoins, une future hypercivilisation potentielle. L’apparition d’une civilisation technologique pourrait être un événement très rare dans notre Galaxie, ne se produisant probablement qu’une fois en plusieurs millions d’années. Il est donc normal que nous intéressions les intelligences supérieures. Mais que peuvent-elles attendre de nous ?

Une hypercivilisation se comportera de manière insaisissable et ne nous donnera pas ses connaissances et ses technologies ; plus encore, elle nous l’interdira. Ce n’est pas seulement à cause de l’agressivité et de la xénophobie humaines, qui font de toute nouvelle technologie de nouvelles armes, ni seulement pour éviter un "choc culturel", qui pourrait virtuellement détruire toutes nos structures sociales, économiques, politiques, militaires, scientifiques, religieuses et culturelles.

Je peux spéculer qu’ils ont aussi d’autres raisons pour cela. Les hypercivilisations pourraient attendre (et peut-être même récolter maintenant) nos idées originales, nos points de vue, nos créations (dans l’art, la science, la philosophie, l’éthique, etc.), qui sont le résultat de millions d’années de notre évolution indépendante. Et toute cette récolte attendue pourrait être détruite par un contact prématuré.

Certaines histoires anciennes, apparemment absurdes, peuvent être une indication d’une telle attitude : la punition pour la pomme de l’arbre interdit de la connaissance, l’enchaînement de Prométhée, ou les anges déchus (du livre d’Enoch), jetés dans une fosse pleine de feu, parce qu’ils ont enseigné aux terriens certaines compétences.

De nombreuses personnes enlevées ou contactées ont parlé des boules de lumière éthérées comme de "dépôts de connaissance et d’intelligence", enregistrant "tout dans l’Univers", entre autres, la vie de tous les individus (ou des plus intéressants). Nous avons quelques indices à ce sujet lorsque nous parlons du "livre de la vie", des "archives akashiques", de l' "inconscient collectif", ou même du "champ morphogénétique", etc.

Cette "super-mémoire" pourrait être écrite sur un support "spirituel", ou sur quelque chose autour de nous que nous ne sommes pas encore capables d’imaginer. Parfois, certaines personnes, sous certaines conditions, pourraient avoir accès à cet entrepôt de données.

C’est ainsi que l’on peut expliquer : le channelling, la "xénoglossie", les "walk-ins", la "réincarnation", les fantômes, etc. Dans une telle réalité virtuelle, le temps est différent. Nous pouvons voyager dans le passé, vivre des événements, sans changer le passé réel, ou nous pouvons voir des scénarios du futur (parfois apocalyptiques), sans accepter la fatalité.

Bien sûr, tout ce qui précède n’est pas une preuve que les hypercivilisations sont l’explication de tout ce qui est étrange et notamment des ovnis. Ce n’est qu’une hypothèse, mais – je pense – une hypothèse qui ne peut être facilement écartée.

 

Auteur: Farcaş Daniel D.

Info: Hypercivilisations and the primitive extraterrestrial hypothesis, openminds 19 july 2017

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Ajouté à la BD par miguel