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musique

La voix traînante de John Lee Hooker semble repousser obstinément le flux ravageur du désespoir, de la mort lente. Chaque chanson est une opportunité de jeter dans le combat pour la vie toute sa dévotion, tout son dévolu, comme si l'apocalypse était pour l'instant d'après. Cette voix a quelque chose d'obstiné, de résolu, d'absolu ; quelque chose de renversant, de bouleversant ; quelque chose qui prend d'assaut, et le corps, et l'esprit, et qui les pétrit rythmiquement dans le spleen. Elle exprime la misère, la souffrance, l'humiliation, la solitude de l'homme d'ébène qui endure la plus tragique destinée de tous les temps.

Auteur: Nangala Camara

Info: Le Printemps de la liberté

[ blues ] [ Afrique ]

 

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musique

La boisson ranima pour quelques minutes la conversation. Puis ce fut de nouveau le silence, le malaise. Alors se produisit l’inévitable. Vidal, instinctivement, ouvrit le phonographe de la baraque. Un disque de jazz se mit à tourner. Rien n'est plus déchirant, dans les lieux désolés, que la voix de ces boîtes enchantées. Dès qu'elles commencent leur chant, la prison se fait plus étroite, plus triste l'hôpital, plus poignante la solitude. On croit se distraire et l'on est à chaque instant meurtri davantage. Vidai changeait les plaques. Les officiers espagnols regardaient de leurs yeux éteints tournoyer ces noirs soleils. Abdallah, du fourreau de son poignard, caressait Ie petit chat. Comme personne n'osait rompre le maléfice, le phonographe joua très tard, dans cette nuit de vent chaud, à Juby.

Auteur: Kessel Joseph

Info: Vent de sable

[ blues ] [ nostalgie ]

 
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musique

Ohhhhh, j'ai plus de mama maintenant. (2x)
Elle m'a dit tard hier soir : "T'as pas besoin d'une mama, qui sait comment faire."

Mmm, un serpent noir rampe dans ma chambre. (2x)
Une jolie mama ferait mieux de venir virer ce serpent noir.

Ohhhh, ça devait être une punaise de lit... chérie, ces trucs ne mordent pas si fort (2x)
J'ai demandé cinquante cents à ma chérie qui m'a dit : "Lemon, suis pas une gamine dans le jardin."

Maman, c'est ok, maman, c'est ok pour toi. (2x)
Maman, ce n'est pas grave si c'est comme ça.

Mmm, qu'est-ce qu'il y a maintenant ? (2x)
Bébé, qu'est-ce qu'il y a ? "J'aime pas ces serpents noirs, sais pas comment faire".

Mmm, Me demande où est passé mon serpent noir. (2x)
Noir Serpent, mama, qu'a fait courir chérie à sa maison.

Auteur: Blind Lemon Jefferson

Info: That Black Snake Moan (3067-2) - Chicago c. November 1926

[ chanson ] [ blues ]

 

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déclin social

Jusqu’alors, je n’avais jamais imaginé un jour devenir pauvre. Pourtant, c’était bel et bien le cas. Je découvrais que personne n’est vraiment à l’abri, que tout le monde peut se trouver à court d’argent. En plus, nous n’avions pas d’autres pauvres sur qui compter pour nous filer un coup de main comme c’est souvent le cas chez les pauvres. Nous étions de nouveaux pauvres. Deux nouveaux pauvres, inconnus, assis dans un bus, avec une valise et un sac sur les genoux. Pendant que je pensais à tout cela, ma mère continuait de parler.

- Dans la vie,il faut aller de l’avant. Tu comprends, Tomy ? De l’avant. Tomy, tu m’écoutes ? Il faut regarder loin qu’elle disait même si, elle, pour le coup, ne voyait pas plus loin que la nuque du type chauve assis juste devant.




Auteur: Caillabet Carlos

Info: Hôtel Lebac

[ ex-riche ] [ blues ]

 

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musique

Le jazz part de l'idée que ce serait bien que nous quatre, mecs simplistes que nous sommes, tout en jouant ensemble ce thème compliqué, puissions aussi être libres et autonomes. Presque tragiquement, ça ne fonctionne jamais tout à fait. Au mieux, on peut être libres un ou deux à la fois - alors que les autres gars s'accrochent à la trame. Ce qui ne veut pas dire que personne n'essaye de se passer des fils de cette trame. Beaucoup l'ont tenté, et parfois ça marche, mais ça ne ressemble plus à du jazz quand c'est le cas. L'architecture sonore dérive simplement vers la stratosphère de la dialectique formelle, s'éloignant de nos préoccupations sociales.

Le rock and roll, en revanche, suppose que nous quatre - aussi abimés et antisociaux que nous puissions être - nous démerderons pour nous mettre ensemble, à l'abri mec, pour jouer ce foutu truc. Et le jouer correctement, d'accord ? Au moins une fois, bien accordés et en rythme. Mais on n'y arrive pas. Mélodie et accords sont trop simples, et nous trop compliqués et excités. Et c'est pas faute d'essayer comme des fous, mais les guitares se désaccordent, l'intonation merdoie... le rythme reste imperceptiblement instable, en dépit de nos espérances, rien à faire. Simplement parce qu'on respire mec. Donc, essayant de jouer ensemble cette chanson toute simple, nous voilà à créer cet ouragan de bruit, filigranes fractaux infiniment complexes, aux nuances souvent  délicates.

Et n'hésitez pas à remercier les branleurs des années 80, et autres séquenceurs numériques, pour avoir prouvé que le rock technologiquement "parfait" - tout comme le jazz "libre" - font chier. Parce que l'ordre, ça craint. Je veux dire, regardez les Stones. Keith Richards est toujours au top du rythme, et Bill Wyman, jusqu'à ce qu'il démissionne, était toujours derrière, parce que Richards dirige le groupe, Charlie Watts le suit et Wyman écoute Watts. Bref le rythme se faufile parmi ces petits abimes neuronaux, sans qu'on puisse le formaliser bien sûr, mais on peut le sentir dans l'estomac. Ici aussi l'intonation vacille, avec l'impulsion du doigt sur la corde amplifiée. C'est la délicatesse du rock-and-roll, la rhétorique corporelle, de minuscules variations, imperfections nécessaires de cette contingence communautaire. Et tout ça a ses vertus, car le jazz ne fonctionne que si on essaye d'être libres et qu'on est, en fait, ensemble. Et le rock and roll, ça marche parce qu'on est juste une bande de parasites minables. Voilà une chose sur laquelle on peut compter, une vraie bonne chose, parce qu'au XXe siècle, il n'y a que ça : le jazz et le rock-and-roll. Le reste : éphèmères papiers journalistiques et publicité.  

Auteur: Hickey Dave

Info: Air Guitar :  Essays on Art and Democracy. Trad Mg

[ non classique ] [ politique ] [ blues source ]

 

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