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croyances

"Je ne suis pas, Dieu m'en garde, un mécréant. Je crois à l'immortalité de l'âme... Mais...

- Mais quoi, mon bon monsieur, quel mais ?

- Je pensais que seule l'âme demeure immortelle. L'âme qui s'envole au ciel. Mais le corps, qui va en terre, ce golem d'argile, lui, pourrit. De toute façon, sans âme, il ne peut se mouvoir... ne peut se relever...

- Bien dit, me félicite l'homme, je me souhaite pareil bien ! J'ai plaisir à voir, poursuit-il, que vous êtes un savant lettré. Toutefois, vous avez oublié, mon bon monsieur, oublié le monde de l'imaginaire. L'âme, dites-vous, va au ciel. Bon. Mais où va-t-elle ? L'une va au paradis, l'autre en enfer. L'âme du juste va au paradis, et en enfer l'âme du pervers. L'un a mérité, pour le bien qu'il a fait, d'être invité au festin des Justes, à déguster la chair du Léviathan, du Shor-ha-Bor, à boire le vin conservé dans les grappes depuis les jours de la Création. L'autre, pour la mal qu'il a fait, a droit à la poix brûlante. C'est juste façon de parler ! Mais cela signifie justice divine, récompense et châtiment. Or, pourquoi y a-t-il récompense et châtiment ? Parce que l'homme, tant qu'il vit, a le choix : s'il le veut, il fait le bien ; s'il le veut, il fait le mal. Et comme on fait son lit, n'est-ce pas, on se couche...

"Mais qu'advient-il, selon la loi, lorsqu'un homme n'est pas un homme, que sa vie n'est pas une vie, qu'il ne fait ni bien ni mal car il ne peut rien faire, il n'a pas le choix d'agir et passe sa vie à dormir, traverse l'existence comme dans un monde d'illusions ? Que mérite une telle âme ? L'enfer ? Pourquoi ? Elle n'a pas fait de mal à une mouche. Le paradis ? Pour quelle belle parole, quelle belle action, elle n'a jamais mis la main à l'ouvrage.

- En effet, qu'advient-il d'une telle âme ?

- Rien ! Elle continue à vivre dans le monde de l'illusion. Elle ne quitte pas le corps. Avant, l'homme en question rêvait qu'il vivait sur terre, désormais il rêve qu'il vit sous terre."

Auteur: Peretz Isaac Leib

Info: in "Histoires des temps passés et à venir", éd. l'antilope, p.260-262

[ outre-tombe ] [ dualité ] [ tiers inclus ] [ judaïsme ] [ dialogue ] [ au-delà ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

souffrance

Considérez la capacité du corps humain pour le plaisir. Parfois, il est agréable de manger, de boire, de voir, de toucher, de sentir, d'entendre, de faire l'amour. La bouche. Les yeux. Le bout des doigts, le nez. Les oreilles. Les parties génitales. Nos facultés de volupté (si vous voulez bien me pardonner l'expression) n'y sont pas exclusivement concentrées. Tout le corps est sensible au plaisir, mais par endroits il y a des puits d'où il peut être extrait en plus grande quantité. Mais pas inépuisablement. Combien de temps peut-on connaître le plaisir? Les Romains riches mangeaient à la satiété, puis purgeaient leurs ventres surchargés et mangeaient à nouveau. Mais ils ne pouvaient manger éternellement. Une rose est douce, mais le nez s'habitue à son parfum. Et qu'en est-il des plaisirs les plus intenses, des extases du sexe qui anéantissent la personnalité? Je ne suis plus un jeune homme; même si j'avais choisi de me débarrasser de mon célibat, j'aurais certainement perdu mon endurance, parvenant à bander en une demi-heures, là où c'était trois minutes autrefois. Et pourtant, si la jeunesse m'était pleinement restituée, et que je m'engageais à nouveau dans ce qui fut jadis mon plus grand plaisir - me faire faire une fellation par une nymphette à la bouche encore sanglante des précautions nécessaires - que se passerait-il alors? Et même si mon stock de prémenstruels anodontiques était sans fin? Sûrement qu'avec le temps je me lasserai.
Même si j'étais une femme, avec pouvoir d'enfiler orgasme sur orgasme comme des perles sur un collier, avec le temps, j'en aurais marre. Pensez-vous que Messaline, dans sa compétition avec une courtisane, connut autant de plaisir la première fois que la dernière? Impossible.
Pourtant, réfléchissez.
Pensez à la douleur.
Donnez-moi un centimètre cube de votre chair et je pourrais vous faire subir une douleur qui vous engloutira comme l'océan avale un grain de sel. Et vous serez toujours mûre pour elle, d'avant votre naissance jusqu'à votre mort, nous sommes toujours disponibles pour l'étreinte de la douleur. Faire l'expérience de la douleur n'exige aucune intelligence, aucune maturité, aucune sagesse, aucun lent travail des hormones dans le midi humide de nos entrailles. Nous sommes toujours prêts. Toute vie est mûre pour elle. Toujours.

Auteur: Aldapuerta Jesus Ignacio

Info: The Eyes: Emetic Fables from the Andalusian de Sade

[ loka-dhamma ] [ masochisme ] [ sexe ]

 

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cité imaginaire

Pour finir, le voyage conduit à la ville de Tamara. On y pénètre par des rues hérissées d’enseignes qui sortent des murs. L’œil ne voit pas des choses maisdes figures de choses qui signifient d’autres choses: la tenaille indique la maison de l’arracheur de dents, le pot la taverne, les hallebardes le corps de garde, la balance romaine le marchand de fruits et légumes. Statues et écussons représentent des lions, des dauphins, des tours, des étoiles : signes que quelque chose— qui sait quoi? — a pour signe un lion ou un dauphin ou une tour ou une étoile. D’autres signes avertissent de ce qui est quelque part défendu — entrer dans la ruelle avec des charrettes, uriner derrière le kiosque, pêcher à la ligne du haut du pont — et de ce qui est permis — faire boire les zèbres, jouer aux boules, brûler les cadavres de ses parents. Par la porte des temples on voit les statues des dieux, tous représentés avec leurs attributs: la corne d’abondance, le sablier, la méduse, par quoi le fidèle peut les reconnaître et leur adresser les prières qui conviennent. Si un édifice ne porte aucune enseigne ou figure, sa forme même et l’endroit qu’il occupe dans l’ordonnance de la ville suffisent à en indiquer la fonction : le château royal, la prison, l’hôtel de la monnaie, l’école pythagoricienne, le bordel. Même les marchandises que les commerçants disposent sur leurs étalages valent non pas pour elles-mêmes mais comme signes d’autrechose: le bandeau brodé pour le front veut dire élégance, la chaise à porteurs dorée pouvoir, les volumes d’Averroès sagesse, le collier de cheville volupté. Le regard parcourt les rues comme des pages écrites: laville dit tout ce que tu dois penser, elle te fait répéter son propre discours, et tandis que tu crois visiter Tamara tu ne fais qu’enregistrer les noms par lesquels elle se définit elle-même et dans toutes ses parties. Comment sous cette épaisse enveloppe de signes la ville est-elle en vérité, que contient-elle ou cache-t-elle, l’homme ressort de Tamara sans l’avoir appris. Au-dehors s’étend jusqu’à l’horizon la terre vide, s’ouvre le ciel où courent les nuages. Dans la forme que le hasard et le vent donnent aux nuages, l’homme déjà s’applique à reconnaître des figures: un voilier, une main, un éléphant.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ pancartes ] [ panneaux ] [ langage ] [ reconnaissance des formes ] [ symboles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Le désir des hommes a des façons qui sont étranges. Il arrive à des heures inattendues. Quelque gêne qu'il apporte avec lui, il est parfois difficile d'accueillir comme il faut le plus étrange des hôtes.
Les femmes laissent croire que nous sommes maîtres de cette crampe douloureuse, ou bien que son surgissement à la fin de la nuit n'est qu'un événement mécanique dont nous pourrions parfois leur éviter l'importunité.
C'est un visiteur, comme il est en elles, même si son aspect est plus visible. Nous l'espérons parfois des nuits durant. Nous allumons la lampe, nous lisons, nous regardons des images, nous nous servons à boire, nous buvons, nous rêvons mais il ne vient pas. Quand il arrive, il réclame sa place, il tend l'étoffe, il se presse contre la cuisse de la dormeuse. S'il n'est pas reçu très vite, avec joie et avec chaleur, il se vexe et il s'en va.
C'est une joie qu'il faut accueillir à quelque heure qu'elle se présente. C'est un orphelin qui hurle et dont les pieds trépignent pour réclamer le sein et le lait tiède de sa mère. C'est un fils prodigue qui revient à la demeure de son père. C'est un parasite singulier des rêves, des arts, des nuits, du vin, des doigts, des lèvres, des odeurs, des humeurs.
Nulle part il n'est pensionnaire. Nulle part il ne s'installe à demeure. Personne ne le commande. Il déserte on ne sait pourquoi. Il envahit on ne sait quand. Il peut surgir dans le deuil lui-même.
Il faut accepter de ne pas le comprendre. Et profiter, quelque lassitude ou quelque gêne qui s'ensuivent, de son arrivée inopinée, de sa fureur imprévisible. Il est la chose aussi lumineuse que rare dont parlait le philosophe qui polissait des verres de loupe à La Haye, et que lisait Elena quand elle n'était pas plongée dans les essais de Martin Heidegger. Il est le contraire de la mort, hôte qui le corrompt souvent, mais à qui il ne présente jamais.
(... ) Je me disais : "le réel met aux abois le langage. Dans la musique aussi, dans les livres aussi, le désir tient table ouverte. Les femmes préféreraient-elles un banquet de sentiments, de mort et de reproduction ? Qui ne tient pas la porte ouverte sur le désir, la refermant sur une ou deux apparitions, referme la porte sur soi et sur la mort. Il ne se représente plus. Qui le boude, la vie le boude."

Auteur: Izquierdo Quignard Agustina

Info: Un souvenir indécent, Gallimard folio, 1994, pp. 108-109

[ sexualité ] [ hommes-par-femme ] [ envie ]

 

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christianisme

- Qu’entendez-vous par le sacrement de l’eucharistie ?

- J’entends le repas mystérieux, où, sous les espèces ou apparences et accidents du pain et du vin, le corps de Jésus-Christ est donné à manger, et son sang à boire, après la consécration qui a rendu Jésus-Christ réellement présent, dans le même état, sous forme sacramentelle, de victime immolée, qui fut le sien sur le calvaire (q. 73-83).

[...]

- De quels noms s’appelle ce sacrement ?

- Eu égard à la passion de Jésus-Christ réalisée autrefois sur le calvaire, qui fut le sacrifice par excellence, et dont ce sacrement est le mémorial, on l’appelle du nom de sacrifice. Eu égard à l’unité de l’Église, corps mystique de Jésus-Christ, qu’il réalise présentement, on l’appelle du nom de communion. Eu égard à la gloire du bonheur futur qu’il préfigure, on l’appelle du nom de viatique. Et on l’appelle purement et simplement du nom d’eucharistie ou de bonne grâce, parce qu’il contient Jésus-Christ lui-même, qui est l’auteur de toute grâce sur la terre et au ciel (q. 73, a. 4).

- Quand est-ce que ce sacrement a été institué ?

- Ce sacrement a été institué le soir du Jeudi Saint, à la veille de la passion, pour dédommager et consoler les hommes du départ de Jésus-Christ, qui ne devait plus vivre de notre vie de la terre après la passion ; pour marquer le rapport de ce sacrement à la passion de Jésus-Christ, source unique de notre salut ; pour qu’en raison de ces circonstances si émouvantes, le culte de ce sacrement fût toujours exceptionnellement vivant parmi les hommes (q. 73, a. 5).

- Ce sacrement avait-il été spécialement figuré dans l’ancienne loi ?

- Oui ; car sous sa raison de pur signe extérieur, il avait été figuré par le pain et le vin qu’offrait Melchisédech. Sous sa raison de sacrement contenant le vrai corps de Jésus-Christ immolé, il avait été figuré par tous les sacrifices de l’ancien Testament, et surtout par le sacrifice d’expiation, qui était le plus solennel. Et sous sa raison d’aliment spirituel nourrissant nos âmes du pain le plus suave, il avait été figuré par la manne, qui avait en elle toute saveur et toute suavité. Mais, sous toutes ces raisons ensemble, il avait été figuré, à un titre exceptionnel, par l’agneau pascal, que l’on mangeait avec du pain azyme, après qu’il avait été immolé, et dont le sang détournait l’ange exterminateur (q. 73, a. 6).

Auteur: Pègues Thomas

Info: Dans le "Catéchisme de la Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin en forme de catéchisme pour tous les fidèles", 1918

[ défini ] [ synonymes ] [ historique ] [ correspondances symboliques ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

méthode philosophique

La dialectique consiste à voir le point commun dans ce qui constitue à priori les oppositions dans leur apparence inconciliable.

Dans le cas du jugement, par exemple qu’est-ce que vrai?, nous avons toujours affaire à:

- le premier temps qui est celui du jugement dit "dogmatique": ce qui est vrai, c’est ce que je reconnais déjà comme vrai, que je trouve vrai (thèse)

- dans un deuxième temps, je me rends compte que c’est la culture spécifique du sujet qui prédétermine ce qui est vrai pour lui, et j’en arrive donc au jugement sceptique qui aboutit au relativisme culturel: tout se vaut, il n’y a pas de vrai en soi, chacun sa vérité...

- le troisième temps permet de poser le problème de manière différente, le jugement dialectique (synthèse) permet de saisir le point commun entre les deux temps précédents: dans les deux cas, le vrai semble dépendre de quelque chose d’externe, or si je reconnais le vrai, ce n’est pas dans l’objet extérieur qu’il s’agit de chercher les critères décisifs du vrai, mais chez le sujet lui-même.

Il y a deux sortes de vérité, la vérité des faits et la vérité du désir. Or la vérité des faits s’énonce toujours en fonction du désir de qui rapporte les faits.

S’il y a reconnaissance (du vrai) c’est qu’il y aura eu désir (subversion du sujet et dialectique du désir), si j’ai du plaisir à boire, c’est que j’aurai eu soif, le plaisir de boire présuppose la soif (sauf pour les boit-sans-soif...) car nous dit Spinoza, nous ne désirons pas les choses parce qu’elles sont bonnes mais nous trouvons les choses bonnes parce que nous les désirons.

La synthèse au plan dialectique intègre donc les deux propositions qui précèdent (thèse et antithèse) et reprend la position de l’antithèse mais en lui faisant faire un pas de plus, le pas décisif, qui consiste à réintégrer le sujet de l’énonciation dans son énoncé.

Le problème s’en trouve déplacé et ne se pose plus de la même manière, la question ne peut plus être "qu’est-ce qui est vrai?" mais: "qu’est-ce que, toi, tu appelles vrai?"

C’est la manière de questionner propre à Socrate qui fait passer la question du plan objectif "qu’est ce qu’une chose?" au plan du sujet "qu’appelles-tu, toi, cette chose?", rappelant que ce sont toujours à des mots que nous avons affaire a priori, et que chaque sujet est unique dans sa singularité absolue.

Voilà pourquoi Lacan considère Socrate comme le premier psychanalyste ("l’hystérie géniale de Socrate") et Hegel, qui a remis la dialectique au cœur de la logique comme: "le plus sublime des hystériques"..

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 17.03.2021

[ expliquée ] [ discours hystérique ] [ innovation ] [ subjectif-objectif ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

self-contrôle

Il n’y a pas de contact physique dans notre sport mais il y a quand même beaucoup de contacts visuels quand on change de côté, quand on est assis et qu’on voit l’adversaire boire sur l’écran géant, je le regarde. Comment boit-il ? Transpire-t-il plus que d’habitude, respire-t-il profondément ou pas ? Je regarde comment il communique avec son équipe. Tous ces éléments affectent la performance.

- La force mentale semble être votre plus grand don.

Je dois vous corriger. Ce n’est pas un don. Cela vient avec le travail.

- Vous travaillez votre mental comme vous travaillez votre service ?

Absolument. Il y a différentes techniques. La respiration consciente est une partie importante dans les gros moments de tension. Je donne l’impression d’être imperméable mais il y a une tempête à l’intérieur, croyez-moi. La plus grosse bataille est avec soi-même. Vous avez des doutes et des peurs. Je le ressens à tous les matches.

Je n’aime pas cet état d’esprit que je vois beaucoup dans le sport où l’on dit : Ne pense qu’à des choses positives, soit optimiste. Il n’y a pas de place pour l’échec, pas de place pour les doutes. C’est impossible ! Tu es un être humain. La différence entre les plus grands champions et ceux qui ont des difficultés à atteindre le plus haut niveau est la capacité à ne pas rester dans ces émotions trop longtemps. Pour moi, c’est très court. Dès que je les ressens, j’en ai conscience, peut-être que j’explose, que je crie, peu importe, mais ensuite je suis capable de rebondir et de me recentrer.

La quantité de pression et de stress est tellement plus élevée si vous avez le public contre vous. La plus grande partie de ma carrière, j’étais dans un environnement hostile. J’ai appris à évoluer dans cet environnement et les gens pensent que c’est mieux pour moi si les gens ne m’aiment pas car je peux jouer à mon meilleur niveau. C’est arrivé mais j’apprécie plus être dans un environnement où je suis soutenu.

Je joue Nadal à Roland-Garros et mon casier est à côté du sien. On est très proche. On essaye de se donner de l’espace. Mais le vestiaire n’est pas si grand. Et Nadal saute partout avant d’entrer sur le court. Dans les vestiaires, il fait des sprints à côté de toi. Je peux même entendre la musique qu’il écoute. Donc cela m’énerve. Au début de ma carrière, je n’avais pas réalisé à quel point cela fait partie d’un scénario. Donc j’étais intimidé par cela. Mais cela me motivait aussi à faire des choses pour lui montrer que j’étais prêt. Je suis prêt pour le combat, pour la guerre.

Auteur: Djokovic Novak

Info: CBS, 60 Minutes, 2023, extraits

[ distanciation ] [ sport individuel ] [ introspection ] [ un contre un ] [ concentration ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

magouilles

Il entra et se laissa tomber sur une chaise quelconque, non sans avoir projeté dans la direction du foyer un jet de salive épaisse dont la courbe inexactement calculée s’acheva dans la ficelle d’une carpette vermiculeuse qui garnissait le devant de la cheminée.

Pendant que la vieille se hâtait d’essuyer du pied cette ordure, il graillonna surérogatoirement quelques doléances préalables.

— Ah ! nom de Dieu, c’est rien loin, ce cochon de faubourg Honoré, et pas le rond pour prendre l’omnibus, sans compter qu’il a fallu poser pour l’attendre, ce peintre de mes pieds qui travaille pour les aristos. Il n’était pas encore levé à dix heures. Et pas trop poli avec ça. J’avais bonne envie de l’engueuler. Mais je me suis dit que c’était pour ta fille et que c’est pas trop tôt tout de même qu’elle nous foute un peu de galette depuis six mois qu’elle est à rien faire… Dis donc, vieille poison, y a rien à boire ici ?

L’interpellée lança vers le ciel deux grands bras arides, en accompagnant ce geste d’un très long soupir.

— Hélas ! mon doux Jésus, que répondrai-je à ce pauvre chéri qui se donne tant de mal pour sa malheureuse famille ? Vous êtes témoin, bonne Sainte Vierge, qu’il n’y a plus rien dans la maison, que tout ce qui valait deux sous a été porté au Mont-de-piété et que toutes les reconnaissances ont été engagées pour avoir du pain. Ah ! mon aimable Sauveur, quand me retirerez-vous de ce monde où j’ai déjà tant souffert ?

Le mot "souffert", visiblement travaillé depuis des années, expirait dans un sanglot.

Isidore, étendant la main, saisit à plein poing le jupon de la cafarde, et la secouant avec énergie :

— En voilà assez, hein ? Tu sais que je n’aime pas que tu me fasses ta sale gueule de jésuite. Si c’est une danse qu’y te faut, tu n’as qu’à le dire, tu seras servie illico, et à l’œil. Et puis, c’est pas tout ça, où est-elle, ta bougresse de fille ?

— Mais Zizi, tu sais bien qu’elle devait aller chez la cousine Amédée, au boulevard de Vaugirard, pour tâcher moyen de lui emprunter une pièce de cent sous. Elle m’a dit qu’elle ne serait pas plus d’une heure. Quand tu as frappé, je croyais que c’était elle qui rentrait.

— Tu ne m’avait pas dit ça, vieux corbillard. Sa cousine est une salope qui ne lui foutra pas un radis, puisqu’elle m’a refusé à moi, l’autre jour, en me disant qu’elle n’avait pas d’argent pour les pochardises. Je la retiens, celle-là. Ah ! bon Dieu de bon Dieu ! malheur de malheur ! ajouta-t-il presque à voix basse, c’est bibi qui se charge de lui chambarder sa boîte à punaises, quand viendra la prochaine. Enfin, suffit ! Nous l’attendrons en suçant nos pouces et nous verrons si Mademoiselle des Égards veut bien faire à ses vieux parents l’honneur de les écouter.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 34-35

[ combines ] [ dialogue ] [ farce ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

anorexie

Les experts Suédois étonnés par des enfants malades placés en asile
STOCKHOLM - les investigateurs suédois sont déroutés par une maladie mystérieuse affectant plus de 400 enfants de requérants d'asile, la plupart du temps de l'ancienne union Soviétique et des états yougoslaves, qui tombent dans une dépression profonde et perdent la volonté de vivre.
Le gouvernement a présenté sa première étude des "enfants apathiques" mercredi, après que le Roi Karl Gustav XVI ait ajouté sa voix au concert de protestation de groupes pour la charité, d'église et les politiciens qui veulent les protéger contre la déportation.
"C'est terrible ce qui arrive à ces pauvres enfants," a dit le roi suédois à des journalistes.
Cette pathologie est connue comme "syndrome dominant de refus" peut représenter un danger pour la vie. Elle affecte des garçons et des filles de tous âges, mais la plupart sont âgés de 8 à15 ans. Ils refusent de parler, de se déplacer, manger ou boire pour des jours des semaines ou des mois, on doit ainsi les alimenter sous perfusion pour les maintenir vivants.
Pratiquement inconnu avant 2000, cette pathologie est apparue sur une grande échelle seulement en Suède. Les chercheurs ont éliminé le fait que les enfants puissent truquer leur état. " Je n'ai jamais cru cela" dit le chercheur Nader Ahmadi qui a documenté 409 cas ces deux dernières années - beaucoup plus que les 150 rapportés à l'origine. Mais les données soulèvent plus de questions qu'elles n'y ont répondu, a-t-il reconnu.
" Pourquoi ces cas apparents se sont-ils seulement produits en Suède ? Pourquoi viennent ils la plupart du temps de tels endroits dans le monde?" demande Ahmadi .
Plus de 61 pour cent des enfants viennent de l'ancienne Union Soviétique, la plupart du temps l'Asie centrale et du Caucase, et 26 pour cent de l'ancienne Yougoslavie, particulièrement du Kosovo. Une approbation de la demande d'asile de leurs familles n'améliore pas nécessairement l'état des enfants et si certains montrent une amélioration tout de suite d'autres sont restés sérieusement malades jusqu'à une année, dit-il.
Les organes de charité comme la croix rouge et "Save the children" ont critiqué le gouvernement social-démocrate pour avoir refusé de donner aux enfants une amnistie ou une protection légale contre la déportation. Le ministre de l'immigration Barbro Holmberg a argué du fait que toutes les pétitions d'asile doivent être traitées individuellement. Les autorités continuent d'expulser ces enfants quand elles considèrent leurs vies ne sont pas en danger grave disant qu'ils recevront de bons soins dans leurs patries.
Mais le père de deux filles d'Azerbaïdjan souffrant du syndrome, qui font face maintenant à la déportation, dit lui que ce n'est pas vrai et qu'elles recevraient pas de bons soins au pays. Sa famille y a souffert de persécution violente pour être à moitié arménienne. Elvira, âgé de 13 ans est dans un état quasi comateux depuis des mois et maintenant sa soeur Eleonora, âgée de 7 ans glisse dans le même état. "La semaine dernière Eleonora a refusé de manger, de boire ou d'aller aux toilettes.." a dit leur père.

Auteur: Brown Stephen

Info: 27 Avr. 2005 Reuters 2005

[ auto-destruction ]

 

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couple de poivrots

[...] et je me rappelle de toi bourrée sur le lit

dans cette chambre d’hôtel minable

avec personne aux côtés de qui vivre excepté moi,

quel enfer laborieux ça a dû

être, se coltiner

un jeune poivrot de dix ans ton cadet

qui faisait les cent pas en caleçon

cherchant des noises aux dieux sourds

et éclatant des verres contre les murs.



tu t’es certainement retrouvée au mauvais endroit

au mauvais moment,

ton mariage agonisant sur des carrelages

crasseux

et toi

qui te faisais tringler par un

crétin barbu terrorisé par la

vie, résigné devant l’adversité, cette

chose

qui faisait les cent pas, roulait une cigarette mouillée

avec son haleine de rat, et qui

s’arrêtait pour

ouvrir une autre bouteille de vin

bon marché.



les rivières mortes de nos vies,

des cœurs comme des pierres.



verse le sang rouge du vin.

jure, grogne, gémis, chante

dans cette chambre d’hôtel minable.



toi au réveil... "Hank ?"

"ouais... ici... qu’est-ce que tu veux

putain ?"

"bon dieu, file-moi à boire... "



le gâchis

malgré tout le courage

de se prêter au jeu.



comment on va payer le loyer en retard ?

je trouverai un boulot.

tu trouveras un boulot.

ouais, aucune chance. aucune foutue

chance

de toute façon, une quantité de vin suffisante vous évite

de penser.



je casse un grand verre de vin contre le

mur.

le téléphone sonne.

c’est encore le réceptionniste :

"M. Chinaski, je dois vous prévenir... "



"AH, VA PRÉVENIR LA CHATTE A TA MERE !"



le téléphone qui claque.

la puissance.

je suis un homme

tu m’aimes bien, tu aimes ça.

et, j’ai aussi un cerveau, je te l’ai

toujours dit.



"Hank ?"

"ouais ?"

"combien de bouteilles il nous reste ?"

"3."

"bien."



les cent pas, les yeux dans le vide, cherchant

à vivre.

le poison pleure des souvenirs lumineux.



4e étage d’un hôtel de seconde zone, les fenêtres

ouvertes sur la ville de l’enfer, le souffle précieux

des pigeons solitaires.



toi, bourrée sur le lit, moi jouant au miracle,

des bouchons de bouteilles de vin et des cendriers remplis.

c’est comme si tout le monde était mort, tout le monde est

mort avec la tête sur les épaules,

à nous de surmonter la gesticulation du

néant.



regarde-moi en caleçon et maillot de corps,

les pieds en sang bardés d’éclats de verre,



il y a toujours une issue possible avec

3 bouteilles

au garage.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " les jours de gloire"

[ alcoolisme ] [ engueulades ] [ ennui ]

 

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