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visiteurs inconnus

Deux hommes arrivèrent du hameau voisin. Ils avaient le teint foncé, la barbe rare et grise. L'un d'eux portait un orgue de Barbarie sur son dos.
Personne, dans le pays, ce jour-là, ne s'attendait à quelque chose de particulier, mais les deux étrangers survenaient. Ils choisirent un endroit bien en vue, entre les maisons, fixèrent l'orgue sur un pied et se mirent à jouer. Les gens du voisinage se précipitèrent, femmes et enfants, les adolescents, les boiteux ; on fit cercle autour du concert. A cette époque, en hiver, on avait peu de distractions : tous les hommes étaient aux Lofoten ; on ne dansait pas, on ne chantait pas. La commune était pauvre, misérable. Ces deux joueurs d'orgue représentaient un grand événement, une aventure ; et personne ici, sans doute, ne devait, de sa vie, oublier cette aventure.

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "Vagabonds", édition Pochothèque, trad. J. Petithuguenin, page 879

[ rupture d'équilibre ] [ éléments perturbateurs ] [ joie ] [ dépaysement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

tradition

Noël n'est pas une bonne période pour beaucoup.Noël est pire, bien sûr, pour les célibataires et les personnes seules, ou du moins c'est ce que tout le monde dit, mais c'est une période franchement mauvaise pour ceux qui ont une famille trop nombreuse et, entre trente et quarante ans, la majorité d'entre nous tombait dans cette catégorie. Il nous arrivait, pour certaines, d'aspirer au célibat et à la solitude pendant que nous tentions de satisfaire aux exigences de parents, d'enfants, d'ex-maris, de frères et sœurs, de tantes, d'oncles, de cousins, de canards boiteux, d'alcooliques excommuniés, de poètes solitaires dépressifs et autre racailles. Aucune d'entre nous n'avait une maison assez grande pour accueillir une tribu, une cuisine assez vaste pour faire le repas de tout un clan ; néanmoins, d'une manière ou d'une autre, nous avions hérité de ces attentes tribales de grands rassemblements. C'étaient des festivals effrénés d'échecs courus d'avance.

Auteur: Drabble Margaret

Info: Un bébé d'or pur

[ fête de famille ] [ encombrement ]

 

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corps-esprit

Je crois sincèrement que beaucoup du mauvais et du bon dans la nature humaine résulte de causes et d’influences purement physiques ; que la valeur et l’ambition sont aussi souvent suscitées par un estomac brouillé que la mauvaise humeur par une dent cariée ; que Socrate, dans le corps de Bonaparte, n’aurait guère pu être Socrate, mais que cette combinaison aurait peut-être pu produire un Timoléon ou un Washington ; et enfin, que ces sages qui s’évertuent à améliorer la nature morale de leur espèce n’atteindront leur but qu’une fois qu’ils auront amélioré la nature physique de leur cheptel. Les esprits forts peuvent opérer sans égard aux penchants dictés par le corps, voire s’en affranchir entièrement ; mais les esprits ordinaires occupent leur corps comme l’eau imprègne l’éponge, uniment diffusés à travers chacune de leurs parties, affectés par les affections qui touchent ces parties, modifiés par leurs modifications, et fusionnés si intimement avec la matrice charnelle que la simple amputation d’une jambe, m’est avis, est susceptible de laisser l’esprit boiteux pour le reste de sa vie.

Auteur: Montgomery Bird Robert

Info: Sheppard Lee, P. 144

[ souffrance ] [ affaiblissante ]

 

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richesse

Grand pouvoir a l'argent, il convient de l'aimer :
Rend le loubard habile et homme à estimer,
Fait courir le boiteux et le muet parler ;
Il n'est pas de manchot qui n'en veuille agripper.

L'homme stupide et niais, le rude laboureur
Par l'argent est mué en un savant seigneur ;
Plus grenu est son bien, plus grande est sa valeur,
Et qui n'a point d'argent ne peut avoir d'honneur.

Qui a bonne espèces, il a consolation,
Plaisir et allégresse, et du pape ration,
Achète paradis et gagne son salut :
À grand somme d'argent, grande bénédiction.

À Rome même au vu, siège de sainteté,
Que tous envers l'argent ont grande humilité
Et lui rendent honneur en grande solennité :
Tous vénèrent l'argent ainsi que majesté.

Y fait forces prieurs, évêques et abbés,
Archevêques, docteurs, potestats, patriarches ;
À maint nigaud de clerc donne des dignités.
Mensonge et vérité par lui se voient changés.

Plus d'un prêtre en ce lieu doit d'être ordonné,
Et moines et moniales, au couvent d'être entrés :
L'argent leur tenait lieu d'examen et brevet.
Aux pauvres, l'on disait qu'ils n'étaient point lettrés.

Auteur: Ruiz Juan

Info: Livre du bon amour, La poésie espagnole, Seghers, 1963

[ éloge ] [ poème ] [ reconnaissance sociale ] [ ironie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

personnalité

Avoir du caractère n'est point le même qu'avoir un caractère. Mais le double sens du mot doit nous avertir. Avoir du caractère, c'est accepter sa propre apparence et s'en faire une arme. Comme de bégayer, ou d'avoir la vue basse, ou d'un grand nez faire commandement ; aussi bien d'un petit. On fait autorité d'une voix forte, mais d'une voix faible aussi, d'un nasillement. Un boiteux peut être péremptoire ; on attend qu'il le soit. Le ridicule n'est que l'absence d'une pensée derrière ces signes impérieux. Toutefois si l'on se trouvait pourvu d'équilibre, et de bel aspect, sans aucun ridicule, il ne faudrait pas encore désespérer. Socrate usait indiscrètement de ce nez camus ; le beau Platon dut chercher d'autres moyens. Un orateur ne cache point ses défauts ; il les jette devant lui. J'ai souvenir d'un avocat sifflotant, et tout à fait ridicule ; mais il était redouté. Ses adversaires se moquaient de lui, et, par cela même, l'admiraient. On ne cite guère d'hommes puissants et libres qui n'aient conservé et composé ces mouvements de nature, de façon à s'ouvrir d'abord un chemin parmi les sots. Il n'y a qu'affectation au monde ; et cela est ridicule si l'on imite ; puissant au contraire, et respecté, et redouté, celui qui affecte selon sa nature. "Il t'est naturel d'être simple, disait quelqu'un, et tu affectes d'être simple. C'est très fort."

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges/Les Passions et la Sagesse/la Pléiade/Gallimard 1960<p.269>

 

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femmes-par-femme

Sans raison particulière, j'ai commencé à regarder de près les femmes sur le boulevard. Soudain, il m'a semblé que j'avais vécu avec une sorte de regard limité : comme si mon attention s'était portée uniquement sur nous, les filles, Ada, Gigliola, Carmela, Marisa, Pinuccia, Lila, moi, mes camarades de classe, et que je n'avais jamais vraiment prêté attention au corps de Melina, de Giuseppina Pelusi, de Nunzia Cerullo, de Maria Carracci. Le seul corps de femme que j'avais étudié, avec une appréhension toujours plus grande, était le corps boiteux de ma mère, et je m'étais sentie oppressée, menacée par cette image, craignant sans cesse qu'elle ne s'impose soudainement à la mienne. Ce jour-là, au contraire, j'ai vu clairement les mères de l'ancien quartier. Elles étaient nerveuses, elles étaient consentantes. Elles étaient silencieuses, lèvres serrées et épaules baissées, ou alors elles criaient de terribles insultes aux enfants qui les harcelaient. Extrêmement maigres, yeux et joues creuses, ou avec un large arrière-train, les chevilles gonflées, une poitrine lourde, elles traînaient sacs de courses et petits enfants qui s'accrochaient à leurs jupes et voulaient être portés. Et, bon Dieu, elles avaient dix ans, tout au plus vingt ans de plus que moi. Pourtant, elles semblaient avoir perdu ces qualités féminines si importantes pour nous, les filles, et que nous accentuions avec vêtements et maquillage. Elles avaient été dévorées par le corps des maris, des pères, des frères, auxquels elles finissaient par ressembler, à cause de leur travail ou de l'arrivée de la vieillesse, de la maladie. Quand cette transformation avait-elle commencé ? Avec les travaux ménagers ? Les grossesses ? Par les coups ? Lila serait-elle déformée comme Nunzia ? Fernando abandonnerait-elle son visage délicat, sa démarche élégante deviendrait-elle celle de Rino, jambes larges, les bras écartés par la poitrine ? Et mon corps serait-il aussi un jour ruiné par l'apparition du corps de ma mère et celui de mon père ? Et tout ce que j'apprenais à l'école se dissoudrait-il, le voisinage prévaudrait-il à nouveau, les horaires, les manières, tout serait-il confondu dans une fange noire, Anaximandre et mon père, Folgóre et Don Achille, les valeurs et les étangs, les aoristes, Hésiode, et l'insolente langue populaire des Solaras, comme, au cours des millénaires, c'était arrivé à la ville débraillée, avilie elle-même ?

Auteur: Ferrante Elena

Info: The Story of a New Name

[ vieillissement ] [ dégradation ] [ prolétaires ]

 
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Ajouté à la BD par miguel