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disparition

Un jour, vraisemblablement en été, en une heure manifestement crépusculaire un Romain triomphateur et velu égorgea le dernier des samnites : une brute sentant la chèvre, illettré, conforté par une théologie "pauvre", bon à apprivoiser les vipères, empêché et empêtré par les "cioce' (*) d'une langue bornée, défensive et rude. Il est probable que ce meurtre final arriva tout à fait par hasard et que le Romain ignora à jamais qu'il avait résolu définitivement la "question samnite", alors que le samnite devait avoir plus qu'un soupçon d'être le dernier : cela faisait trop longtemps qu'il ne trouvait d'interlocuteurs, sinon dans les rêves, dans les longs cauchemars qui évoquaient les banquets gloutons et âpres de ses montagnes. Peut-être ne lui déplut-il pas de mourir, et, si sa culture le lui avait permis, il aurait apprécié l'occasion de faire de son propre corps le mot "fin" à un chapitre de l'histoire de la péninsule.
La fin du dernier des samnites libéra une armée de fantômes à travers l'Italie : ils n'étaient pas particulièrement redoutables, ils se montraient plutôt couards, ils étaient frustes, tour à tour déprimés ou euphoriquement fanfarons.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "L'almanach de l'orphelin samnite", éd. W, 4ème de couverture - (*) cioce : anciennes chaussures de l'Italie

[ conflit ethnique ] [ hantise ] [ antiquité ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

esthétisme

Les Grecs, dans la première phase de leur recherche de la vérité mathématique, à l'époque de Platon et peu après, ne s'étaient nullement bornés aux propositions qui avaient un rapport visible avec les phénomènes de la nature ; mais ils avaient suivi beaucoup de belles voies de recherche concernant diverses sortes de figures, pour l'amour de leur seule beauté ; comme par exemple dans leur doctrine des sections coniques, dont ils avaient découvert toutes les principales propriétés. Mais il est curieux de remarquer que ces recherches, poursuivies au début comme de simples questions de curiosité et de gratification intellectuelle, seraient destinées, deux mille ans plus tard, à jouer un rôle très important dans l'établissement du système des mouvements célestes qui a succédé au système platonicien des cycles et des épicycles. Si les propriétés des sections coniques n'avaient pas été démontrées par les Grecs et rendues ainsi familières aux mathématiciens des âges suivants, Kepler n'aurait probablement pas été en mesure de découvrir ces lois concernant les orbites et les mouvements des planètes qui ont été l'occasion de la plus grande révolution qui ait jamais eu lieu dans l'histoire de la science.

Auteur: Whewell William

Info: History of Scientific Ideas, Bk. 9, chap. 14, sect. 3.

[ géométrie ] [ diachronique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

discours du maître

Je suis hostile à la fabrication de visions du monde. Qu’on les laisse aux philosophes, qui professent ouvertement que le voyage de la vie est impossible sans un tel Baedecker pour leur donner des informations sur toutes choses. Acceptons avec humilité le mépris avec lequel les philosophes nous toisent du haut de leurs exigences sublimes. Mais, faute de pouvoir, nous aussi, abjurer notre orgueil narcissique, nous chercherons notre consolation dans l’idée que tous ces "maîtres de vie" vieillissent rapidement, que c’est justement notre petit travail à courte vue, borné, qui les oblige à faire paraître des éditions revues et corrigées, et que même les plus modernes de ces Badecker sont des tentatives de remplacer le vieux catéchisme, si commode et si complet. Nous savons bien le peu de lumière que la science a pu jusqu’à présent jeter sur les énigmes de ce monde ; tout le bavardage des philosophes n’y peut rien changer et un travail poursuivi avec patience, subordonnant tout à la seule exigence de certitude, peut progressivement modifier cet état de choses. Lorsque celui qui chemine dans l’obscurité chante, il nie son anxiété, mais il n’en voit pas pour autant plus clair.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Inhibition, symptôme et angoisse", traduit de l’allemand par Michel Tort, Presses Universitaires de France, 1973, page 12

[ idéaux ] [ illusions ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-homme

J'aimais beaucoup plus les femmes que Rafa, mais je m'y intéressais beaucoup moins que Julio. Je ne recherchais pas leur compagnie, je ne leur courais pas après, je ne leur offrais pas de verre dans les bars et je ne les poursuivais pas d'un feu rouge à l'autre. J'avais toujours vu en elles une sorte de don, un bien extraordinaire qui flottait bien au-dessus de ma tête et se déversait de temps en temps sur moi sans que j’aie rien fait pour le mériter.

Je n'ai jamais cru mériter la bienveillance de certaines d'entre elles, même si cela ne tient qu'au fait que j'ai toujours considéré que, hormis le fait qu'elles étaient belles, amusantes, douces et excitantes, les femmes demeuraient très étranges. Je n'ai jamais perdu de temps à essayer de démonter le mécanisme mystérieux de leurs raisonnements, et je n ai jamais douté que ce soient elles qui choisissent. Je me suis donc borné à les voir venir, sans me plaindre que certaines soient hors de ma portée ni considérer que leur disposition soit une valeur en soi, en acceptant leur existence comme un cadeau, avec gratitude et sans poser de questions. Et puis, j'aimais ma femme.

Auteur: Grandes Almudena

Info: Le coeur glacé

[ étranges ] [ fidélité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

être humain

Le problème, c'est peut-être d'oublier que nous avons modélisé le monde selon nos sens. Nous au centre. Oeuf Corse. Anthropocentrisme, solipsisme ?... Appelez ça comme vous voulez mais il semble qu'on se dirige vers un sacré déséquilibre. Donc toi esprit/moteur, piégé dans ce corps de bipède dépoilé, censé représenter l'espèce dominante (ou qui croit l'être) de la troisième planète d'un petit système solaire, tu perçois (ou croit percevoir) via tes sens, un petit nombre parmi les 800 octaves du cosmos (du noyau de l'atome jusqu'à la taille de l'univers), principalement par tes oreilles et tes yeux. Ainsi as-tu calibré et "nommé" ton environnement. Ensuite, grâce aux outils que tu as su concevoir : télescopes, rayons X, microscopes, ondes infra-rouges, etc. tu as légèrement agrandi cette fenêtre de perception. Et pour ce qui est de l'étude et de la compréhension des interactions entre les forces qui sous-tendent ta réalité physique, limités par ce qui précède, tu sembles quelque peu borné par une nature-pensée peut-être trop bipolaire. Tu es néanmoins parvenu à concevoir, entre autres, la bombe atomique, tout en restant incapable de limiter tes pulsions de reproduction galopante. D'où une surpopulation qui conduit fréquemment à des drames chez les gens de ta race. Comment dit-on ? Abrutelligent ?

Auteur: Mg

Info: 29 sept 2014

[ limitation ]

 

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éducation

L'instruction apprise ne prouve rien, ne rime à rien, est complètement inutile, pour ne pas dire malfaisante, et ne fera jamais d'un imbécile un homme intelligent, d'un cerveau obtus un cerveau actif, et d'un être sans compréhension un être capable de jugement personnel. La seule instruction qui compte, et qui donne des fruits, c'est celle qu'on se donne soi-même car seule elle prouve chez un individu le désir de savoir et l'aptitude au savoir. Elle a de plus cet avantage qu'on s'instruit selon le sens de son esprit, en conformité avec lui, d'une manière appropriée à la nature de son être, à ses tendances et à ses goûts, ce qui ajoute encore à l'efficacité de cette instruction. En réalité, l'enseignement pédagogique est fait pour les paresseux, pour les esprits sans curiosité, pour les individus qui resteraient complètement ignares si on ne leur apprenait pas quelque chose de force, pour ainsi dire. Il n'y a que l'élite qui compte, et l'élite ne se constitue pas avec des diplômes. Elle tient à la nature même de certains individus, supérieurs aux autres de naissance, et qui développent cette supériorité par eux-mêmes, sans avoir besoin de l'aide d'aucuns pédagogues, gens, le plus souvent, fort bornés et fort nuisibles.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Passe-temps, Oeuvres, Mercure de France 1988 <p.268-269>

 

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regard de colonisateur

J’emprunte le terme de "participation mystique" au sens défini plus haut aux travaux de Lévy-Bruhl. Cette idée a récemment été rejetée par les ethnologues, en partie pour la raison que les primitifs sauraient très bien faire la distinction entre les choses. Ceci est incontestable, mais l’on ne doit pas non plus nier que des choses incommensurables peuvent avoir chez eux le même tertium comparationis incommensurable. On songera simplement à l’application omniprésente du "mana", au thème du loup-garou, etc. En outre "l’identité inconsciente" représente un phénomène psychique avec lequel le psychothérapeute est confronté journellement. Certains ethnologues rejettent également le concept d’ "état prélogique" qui est étroitement lié à celui de "participation mystique". En fait l’expression n’est pas des plus heureuses, car le primitif pense, à sa manière, d’une façon qui est aussi logique que la nôtre. Lévy-Bruhl le savait, ainsi que j’ai pu m’en convaincre au cours d’un entretien personnel. Ce qu’il entendait par "prélogique", c’était seulement les présuppositions des primitifs en contradiction avec notre logique rationaliste. Ces présuppositions sont toutefois extrêmement étranges et méritent, sinon l’épithète de "prélogique", du moins celle d’ "irrationnelle". Dans son Journal posthume, Lévy-Bruhl a, de façon assez étonnante, rejeté ces deux notions. Le fait est d’autant plus surprenant qu’avec des idées, il se mouvait sur un terrain tout à fait solide du point de vue psychologique.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Mysterium conjunctionis", tome 1, page 307

[ terminologie ] [ justification ] [ vue bornée ] [ archétypes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

société

L'absorption de toutes les fonctions par l'État favorisa nécessairement le développement d'un individualisme effréné, et borné à la fois dans ses vues. A mesure que le nombre des obligations envers l'État allait croissant, les citoyens se sentaient dispensés de leurs obligations les uns envers les autres. Dans la guilde - et, au moyen âge, chacun appartenait à quelque guilde ou fraternité - deux "frères" étaient obligés de veiller chacun à leur tour un frère qui était tombé malade ; aujourd'hui on considère comme suffisant de donner à son voisin l'adresse de l'hôpital public le plus proche. Dans la société barbare, le seul fait d'assister à un combat entre deux hommes, survenu à la suite d'une querelle, et de ne pas empêcher qu'il ait une issue fatale, exposait à des poursuites comme meurtrier ; mais avec la théorie de l'État protecteur de tous, le spectateur n'a pas besoin de s'en mêler : c'est à l'agent de police d'intervenir, ou non. Et tandis qu'en pays sauvage, chez les Hottentots par exemple, il serait scandaleux de manger sans avoir appelé à haute voix trois fois pour demander s'il n'y a personne qui désire partager votre nourriture, tout ce qu'un citoyen respectable doit faire aujourd'hui est de payer l'impôt et de laisser les affamés s'arranger comme ils peuvent. Aussi la théorie, selon laquelle les hommes peuvent et doivent chercher leur propre bonheur dans le mépris des besoins des autres, triomphe-t-elle aujourd'hui sur toute la ligne - en droit, en science, en religion.

Auteur: Kropotkine Petr Alekseevitch

Info: L'entraide : Un facteur de l'évolution

[ égoïsme ] [ décadence ] [ individualisme ]

 

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psycho-sociologie

Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.

Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.

Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. 

On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir.

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: L'obsolescence de l’homme. 1956

[ pnl ] [ manipulation ] [ infobésité ] [ culture de l'émoi ] [ nivellement pas le bas ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

catholicisme

Toujours est-il (et tel est au point de vue politique le fait capital) que c’est au moment où les papes ont cessé de compter parmi les princes qu’ils sont devenus monarques absolus de l’Eglise; c’est la veille du jour où ils ont perdu leurs minces Etats temporels, que d’un bout à l’autre du monde catholique ils ont vu toutes les vieilles résistances nationales abdiquer solennellement à leurs pieds, de façon qu’en réalité jamais le Saint-Siège n’a été plus puissant dans l’Eglise, jamais il n’a plus régné sur les âmes que depuis qu’il a cessé de donner des lois aux bords du Tibre et que le Pape vit en prisonnier au Vatican. Telle est, en somme, pour qui regarde les choses de haut, la principale conséquence du dernier concile, et c’est là un fait que les hommes d’Etat ne sauraient perdre de vue ; si, depuis le mois de septembre 1870, les papes, frustrés de leur ancienne souveraineté, restent humainement et politiquement désarmés, jamais dans le domaine religieux ils ne se sont trouvés mieux équipés pour la lutte. En dehors de là, en dehors du prestige et de l’ascendant qu’elle assure au Pape, l’érection de l’infaillibilité pontificale en dogme a peu modifié la situation intérieure et la constitution actuelle de l’Eglise. Contrairement à la thèse des vieux catholiques allemands ou suisses, on pourrait soutenir que le concile n’y a en réalité rien changé. Il n’y a guère, en somme, qu’un article de foi de plus au Credo catholique, et cet article de de foi, jadis tant contesté, était dans la pratique accepté de presque tous les croyants, longtemps avant d’avoir été solennellement promulgué dans le transept de Saint-Pierre. Le concile s’est borné à convertir le fait en droit.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 263-264

[ historique ] [ religieux-civil ]

 

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