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ghetto

Et puis on arriva en territoire noir. Les rues étaient jonchées d’un tas d’objets divers : une vieille chaussure, une chemise orange, un vieux sac à mains… un pamplemousse pourri… une autre chaussure… un jean… un pneu…
Je devais slalomer au milieu de tout ça. Deux jeunes Noirs d’une dizaine d’années nous dévisagèrent, juchés sur leurs vélos. Un regard rempli d’une haine absolue, implacable. Je la sentais. Les Noirs pauvres haïssaient. Les Blancs pauvres haïssaient. C’était seulement quand les Noirs avaient de l’argent et que les Blancs avaient de l’argent qu’ils se mélangeaient. Certains Blancs aimaient les Noirs. Très peu de Noirs aimaient les Blancs, et peut-être même aucun. Ils voulaient leur revanche. Peut-être ne l’auraient-ils jamais. Dans une société capitaliste, les vaincus bossent pour les vainqueurs et il faut donc qu’il y ait plus de vaincus que de vainqueurs. Qu’est-ce que j’en pensais ? Je savais que la politique ne parviendrait jamais à résoudre le problème et qu’il ne restait pas assez de temps pour forcer la chance.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Hollywood", trad. Michel Lederer, Le livre de poche, page 108

[ racisme ] [ faux problème ] [ Etats-Unis ] [ tensions raciales ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cadavre

La cloison bâbord était bosselée là où avaient ricoché sur elle des fragments de la cloison tribord ; on distinguait toutefois difficilement ces marques en raison des taches de sang qui les recouvraient. On aurait dit qu'un malade mental armé d'un pulvérisateur chargé de sang avait été interrompu alors qu'il n'avait repeint le couloir qu'à moitié, en se servant de lambeaux de chair humaine et d'éclats d'os pour donner de la texture à son travail. Des membres tranchés, des torses fracassés, des doigts, des morceaux d'uniformes, une botte intacte renfermant encore le pied de son propriétaire, une tête humaine appuyé contre l'issue de secours à l'instar d'un ballon de basket oublié.... Et, pis que tout, le cadavre tordu d'un homme à l'évidence grièvement blessé mais pas tué net quand ses deux jambes s'étaient trouvées pulvérisées. Un homme dont les poumons perforés lui avaient fait vomir du sang par la bouche et le nez, et dont les doigts avaient griffé le pont tandis que la coursive se dépressurisait autour de lui.

Auteur: Weber David Mark

Info: L'Univers d'Honor Harrington, L'Ombre de Saganami 1

[ gore ]

 

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sciences

Jusqu'à quel point, dans notre société, les adultes perdent-ils l'attirance de l'enfant pour tout apprentissage? La réponse varie grandement selon les individus. Une proportion inconnue, mais probablement importante, de la population adulte cesse très tôt de chercher à apprendre. Cette catégorie de personnes ne se lance que rarement, pour ne pas dire jamais, dans un apprentissage volontaire, faute de s'y sentir attiré ou de s'en croire capable. C'est là une perte énorme, tant pour la société que pour les individus: la mathophobie au sens large limite les horizons d'une vie sur le plan culturel comme sur le plan matériel. D'autres personnes, en plus grand nombre encore, n'ont pas entièrement renoncé à apprendre, mais restent gravement handicapées par des certitudes désastreuses, malheureusement bien ancrées, sur leurs incapacités supposées. Ils se définissent par leurs propres déficiences : "Les langues vivantes, pour moi, impossible; je n'ai pas le don des langues.". "Je ne pourrais pas être un homme d'affaire, je n'ai pas la bosse des maths.". "Le ski, pour moi, c'est zéro: je suis incapable de me coordonner.

Auteur: Papert Seymour

Info: Jaillissement de l'esprit, Champs-Flammarion/210

[ nombres ]

 

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dilemme

Ce qui m'a un peu détruit la tête, c'est que je vénérais Nietzsche et Marx à la fois ; or d'après le peu que j'en savais, leurs idées n'étaient pas trop compatibles. Marx était à fond pour le travailleur, le gars qui bosse sur un chantier de construction comme un malade pour l'enfoiré de riche ; Marx, il était pour tous les gars de chez Dick, il était pour moi. (...) Nietzsche pensait que les minables n'avaient que ce qu'ils méritaient, parce que les forts finissaient toujours par se relever, par conquérir et par se retrouver tout en haut de l'échelle, devenant ainsi les maîtres de la basse-cour. (...) le fait de lire ces deux Schleus m'a donc un peu détraqué. Je n'arrivais pas à décider si je voulais devenir le leader du plus grand syndicat international de l'histoire de l'humanité, ou bien le dictateur d'Oakland, Monsieur le Boss. Parce que, si je devenais un jour Monsieur le Boss, qu'est-ce que je penserais des travailleurs ? Et si je restais un simple travailleur, qu'est-ce que je penserais du Boss ? Lire des bouquins, bordel, c'était pas simple.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ perdu ] [ philosophie ] [ paradoxe ] [ politique ] [ complexité ] [ littérature ]

 

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compliance

J'appris rapidement que dans une grande compagnie on passe autant de temps à tenter de paraître occupé qu'à travailler vraiment. Les tâches qu'on m'assignait pour la semaine le lundi auraient pu être terminées le mercredi, mais bien qu'au cinéma et à la télévision le personnel expédie son travail en un temps record et en redemande, impressionnant ainsi ses supérieurs et grimpant l'échelle hiérarchique, on me fit rapidement comprendre que dans la vie réelle non seulement ce genre d'initiative n'était pas encouragé mais qu'on le désapprouvait. Les gens situés à mon échelon hiérarchique devaient songer à protéger leurs fesses. Au cours des années, ils avaient établi ce qui était pour eux un taux confortable de travail/non travail, et si je me mettais soudain à bosser dur, ça bouleverserait la courbe de productivité dans les statistiques de l'entreprise. Cela donnerait d'eux une mauvaise image. Cela donnerait une mauvaise image de mon supérieur. on attendait de moi que j'égale, ou que je dépasse très légèrement, la production de mon prédécesseur, point. J'étais censé me glisser dans une niche préexistante et me conformer à ses dimensions. Le Principe de Peter en action.

Auteur: Bentley Little

Info: L'ignoré

[ conformité en entreprise ] [ fonctionnariat corporate ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

perdu

Il essaye une fois de plus de repenser toute cette invraisemblable affaire, se fie à sa logique, à cette faculté de raisonner qu'il a développée au fil de ses travaux scientifiques, et également, et ce n'est pas le moins, à son expérience de voyageur, puisqu'en effet depuis ses années d'études il a beaucoup roulé sa bosse à l'étranger. Mais rien à faire, il a beau tourner et retourner les événements des dernières vingts-quatre heures, il ne trouve pas où réside le "hic", ce qu'il aurait dû faire autrement, s'adresser où, à qui, qu'aurait-il dû faire d'autre ou de mieux. Et s'il n'a pas le moindre doute que le malentendu qui l'a conduit ici va tôt ou tard se dissiper, et qu'à ce moment-là il pourra immédiatement poursuivre son voyage vers son but, il se sent à cet instant passablement désemparé : sans amis, sans connaissances et même sans documents, et apparemment complètement abandonné dans une ville absolument inconnue dont il ignore jusqu'au nom, où il ne peut communiquer avec personne, lui, rompu à tant de langues ; tout au moins il n'a pas trouvé jusqu'à présent un seul être avec qui échanger deux mots dans cet inextricable fouillis envahissant de peuple en perpétuel mouvement et perpétuellement accéléré.

Auteur: Karinthy Ferenc

Info: Epépé

[ monde inconnu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parasites

Horaires libres, je peux me lever à midi et bosser jusqu’à 3 heures du matin. Mon seul problème, c’est le quidam qui radine, à l’improviste. Et qui ne comprend pas ce que je fabrique entre ces quatre murs. Il s’assied sur un fauteuil et me regarde, il n’est là que pour capter mon énergie et me refiler du vent en échange. Il arrive qu’ils soient plusieurs, et qu’ils s’accrochent. Dans ces moments-là, à moins d’accepter de se laisser submerger par cette équipe de bons à rien, il me faut être cruel – eux aussi, cela dit, le sont en ne respectant pas mon travail. Je les fous donc à la porte à coups de pied dans le cul. Mais, parmi ces visiteurs imprévus, il en est, je le reconnais, qui me donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui m’offrent sans compter leur force et leurs lumières, sinon tous les autres se contentent de faire rejaillir sur moi leur propre inutilité. Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’humain à tolérer à ses côtés la présence de morts, au contraire je contribue par ma seule présence à l’accélération de leur décomposition, et d’ailleurs, lorsqu’ils me quittent pour regagner leurs cercueils, ils laissent toujours sur le plancher quelques lambeaux de leurs chairs méphitiques.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 233-234 - A propos de son "métier" d'écrivain

[ vampirisme ] [ mort-vivant ] [ solitude ] [ casse-pieds ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nudité

Elle me présenta les agrandissements photographiques ornant les murs, puis elle s’assit sur le lit. Je la rejoignis.

— Comment trouvez-vous ma chambre ?

— Très bien.

Subitement, comme pour l’empêcher de tomber, je l’étreignis. Elle ne se défendit pas. Encouragé par cette attitude, je l’embrassai mille fois, tout en la déshabillant d’une main. J’aurais voulu, à l’instar des grands amoureux, arracher les boutonnières, déchirer son linge, mais la crainte qu’elle me fît une observation me retint.

Bientôt, elle se trouva en corset. Les buscs en étaient tordus. Un lacet liait son dos. Les seins se touchaient.

Je dégrafai ce corset en tremblant. La chemise adhéra un instant à la taille, puis tomba.

Je l’ôtai avec difficulté, car le col étroit ne passait pas aux épaules. Je ne lui laissai que les bas, parce qu’à mon avis c’est plus joli. D’ailleurs, sur les journaux, les femmes déshabillées ont toutes des bas.

Enfin, elle apparut nue. Ses cuisses débordaient au-dessus des jarretières. La colonne vertébrale bosselait la peau, aux reins. Elle était vaccinée sur les bras.

Je perdis la tête. Des frissons, semblables à ceux qui secouent les jambes des chevaux, me coururent le long du corps.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ déshabillage ] [ femme-par-homme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cité imaginaire

La ville de Sophronia se compose de deux demi-villes. Dans l'une d'elles se trouvent les grandes montagnes russes avec leurs bosses vertigineuses, le manège avec ses cordes, la roue des cages pivotantes, la fosse de la mort avec ses motards à l'envers, le dôme du cirque et sa grappe de trapèzes suspendue au milieu. L'autre moitié de la ville est faite de pierre, de marbre et de ciment, avec la banque, les usines, les immeubles, l'abattoir, l'école et tout le reste. L'une des demi-villes est fixe, l'autre temporaire et lorsque le temps de son séjour est terminé, on la décroche et on l'emmène, pour la transplanter sur les terrains vagues d'une autre demi-ville.

Ainsi, chaque année vient le jour où les ouvriers enlèvent les frontons de marbre, abattent les murs de pierre, les pylônes de béton, démontent le ministère, le monument, les docks, la raffinerie de pétrole, l'hôpital, les chargent sur des remorques, pour suivre de place en place l'itinéraire habituel. Ici demeure la demi-Sofronia des poulies et des manèges, avec ce regard suspendu au vaisseau spatial du grand huit, la tête en bas, et qui commence à compter combien de mois, combien de jours il faudra attendre avant que la caravane ne revienne et que la vie toute entière ne recommence.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ moitié foraine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

jeunesse

Révolution au présent.
C'est la "Nuit des lycéens" [sur Canal Jimmy]. Une vingtaine, de Nîmes, de Paris, de partout. Ils livrent leurs doutes, leurs envies. Le papotage est aimablement mené. Jusqu'à l'intervention d'Ophélie. Ophélie et son reportage sur le CLE, collège et lycée expérimental à Caen, son lycée. Un établissement où l'on tente l'autogestion...... Le reportage fini, c'est la ruée. "Tu crois que c'est en faisant des bouquets japonais que tu vas réussir dans la vie? Et puis d'abord combien y a de réussite au bac à ton lycée, hein?" Etc. Ophélie tente d'expliquer que, justement, le bac, ce n'est pas sa vie. Qu'elle s'enfonçait dans l'échec scolaire. Jusqu'à ce lycée, où elle apprend avec plaisir. Rien n'y fait.
"On est là pour travailler, pas pour s'amuser, jappe une brunette. Son bonheur, dit-elle, est d'avoir un prof de maths qui répète: "Vous êtes des cons." "ça me motive pour travailler", assure-t-elle. Ils régurgitent le discours parental. Bosse, et ferme-la. Tu l'ouvriras quand tu seras devenu cadre sup', tu seras exploiteur si tu ne veux pas être exploité.
Le plus beau viendra d'un grand gaillard, faussement pacificateur.
"Ophélie, des lycées comme le tien, je suis d'accord pour qu'il y en ait, mais plus tard, une fois que la société aura changé." L'inverse ne lui viendrait pas à l'idée. (...)

Auteur: Kerloc'h Anne

Info: Charlie Hebdo 28 octobre 1998

[ enseignement ] [ mettre en question ]

 

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