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état d'esprit

Qu'il y ait des relations entre la bonne humeur et les comportements "prosociaux" n'est pas très étonnant: c'est presque trivial. Ce qui est plus étonnant, c'est à quel point les facteurs qui déclenchent la bonne humeur et les comportements "prosociaux" associés peuvent être futiles ou insignifiants. .. Ainsi, on a montré que l'exposition à certaines bonnes odeurs avait des relations positives avec le fait de se comporter de façon généreuse. Le dispositif mis au point est très simple. Un complice de l'expérimentateur demandait à des personnes qui se trouvaient dans un centre commercial si elles voulaient bien faire la monnaie d'un dollar. Celles qui étaient tout près d'une boulangerie d'où émanaient des odeurs de bon pain ou de viennoiseries le faisaient volontiers; celles qui étaient dans un endroit qui ne sentait rien de particulier le faisaient beaucoup moins. ( Doris, Lack of Caracter. Personality and Moral Behavior.) Dans ce genre d'expérience aussi, on fait l'hypothèse que c'est la bonne humeur liée à la perception de l'odeur agréable qui est déterminante. Et ce qui est frappant, c'est le caractère futile, insignifiant, du facteur qui la déclenche. Il suffit d'une bonne odeur de croissant chaud! D'autres facteurs susceptibles d'induire des comportements "prosociaux" ont été examinés: des effets de groupe, l'influence de la formation philosophique, et enfin la personnalité à titre de contrôle. Ils sont moins futiles, mais aussi moins décisifs.

Auteur: Ruwen Ogien

Info: L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine. Ecrit avec et Doris John H.

[ disponibilité ] [ positif ] [ éthologie ] [ manipulation ]

 

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imaginaire

Cette fraîcheur marine apportait avec elle une profusion d'odeurs dont on ne pouvait comprendre le mélange qu'en gardant les yeux fermés, un mélange qui ressemblait à un carnaval de couleurs - les mangues encore bonnes et vert tendre pendues dans les arbres, les mangues à moitié mangées par les chauves-souris, l'odeur verte du sape-sape, la poudre qui enveloppait les goyaves sur le point de tomber, le mélange de l'odeur du pitanguier et celle du néflier, odeurs de la brousse mêlées à celles des poules et des cochons, le cri des perroquets et des chiens, deux ou trois tirs d'AK-47, une radio oubliée par quelqu'un à l'heure des infos en langues nationales, le bruit des gens qui couraient pour arriver à la maison ou au moins quelque part où s'abriter de la pluie et même, si l'heure était avancée, les rumeurs de la boulangerie de la rue derrière où on commençait à travailler très tôt et pendant toute la nuit, pour être sûr que le pain du lendemain arriverait chaud chez ceux qui avait dormi toute la nuit. Ce qui veut dire que l'odeur de la pluie est quelque chose de difficile à faire comprendre à ceux qui ne connaissent pas la salle de bain de la maison de GrandMèreAgnette.

- Tu dors ou quoi ? ils m'ont demandé.

- Ferme-la. Je suis en train de mettre la pluie dans mes pensées.

Auteur: Ondjaki Nadu de Almeida

Info: GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique

[ olfactif ]

 

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incertitudes

Soucieux de ne point nous écarter de la réalité ni des faits, de ne point trahir la vérité, nous devons reconnaitre que nous ne pouvons rien affirmer avec certitude, pas même le fait essentiel: nous ne savons pas si c'est de la mère ou de la fille que notre héros était amoureux. [...] une infinité de solutions possibles, dont voici quelques unes: il n'était amoureux que de la fille, car la fille était chaude et parfumée comme le pain frais; il était amoureux de la mère, car la mère etait dodue et opulente, et en même temps très souple, comme la pâte dans le pétrin; il etait amoureux à moitie de la mère, a moitié de la fille (profusion parfumée); il fut d'abord amoureux de la mère, puis, quand la fille eut grandi (elle devait recevoir en dot la moitié de la boulangerie et des revenus de sa mère), il s'éprit aussi de la fille, sans d'ailleurs cesser d'aimer la mère; ou encore il fut amoureux de la fille seule, puis il se ravisa car il s'était avéré que la fille etait une bécasse qui ne savait pas garder un secret amoureux, et, tout naturellement, il s'éprit de la mère; et enfin, pour cesser de jouer avec la théorie sérieuse de la relativité, [...] signalons encore cette possibilite, la plus simple de toutes: peut-être n'était-il amoureux ni de la mère ni de la fille? Mais n'éxagerons pas! Ne doutons pas de tout! Car le mythe de l'amour de M. Sam pour la fille ou la mère, pour Mlle Horgoch ou Mme veuve Horgoch, n'est-il pas tout aussi réel que le mythe de Tristan et Iseult, par exemple?

Auteur: Kis Danilo Kiš

Info: Jardin, cendre

[ femmes-hommes ]

 

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magasin

A l'épicerie, dans la rangée huit, une petite dame bloque le passage avec son énorme chariot qui couvre à peine la largeur de son impressionnant derrière. Qu'elle m'empêche de circuler est une chose, plutôt normal même, vu les pyramides précaires d'articles en tout genre entassés dans le milieu de l'allée, mais qu'elle ne s'en rende pas compte et ne fasse même pas semblant d'essayer de se pousser un peu me tue. Son visage est crispé dans une moue de dédain apparemment provoquée par l'insatisfaction que lui inspire la lecture des ingrédients des produits sans exception. Elle les attrape un à un, les tourne dans tous les sens, s'attarde à tous les petits pourcentages de gras, de sucre, de sel et ne semble jamais trouvé là son bonheur ou quelque chose qui satisfasse son désir de se faire du bien. Son pouce et son index pincent sa bouche aux commissures pâteuses et viennent se rejoindre au centre de sa lèvre inférieure après avoir râclé les peaux mortes, les croutes séchées d'un rouge à lèvres à moitié effacé dans les teintes de mauve. Des traces tenaces d'un mauvais vin rouge bu la veille, peut-être. Par réflexe, fort de cette seule trace probablement mal interprétée, mon cerveau la transforme en une vieille alcoolique pas fine, facile à détester. Je m'avance en me traînant les pieds, pour faire du bruit, mais elle ne bouge pas. Sourde en plus. J'ai besoin d'aller tout droit, d'atteindre la section des desserts maison, pour ramasser trois tartes aux pets-de-soeur de la boulangerie Bouchard de L'Isle-aux-Coudres. [...] Une personne qui dort à peu près normalement se résigne sans regimber à changer de rangée pour éviter le problème. Je n'en suis pas. En passant près d'elle, en la frôlant sans délicatesse, dans ma tête je lui crie de toutes mes forces : "Mange de la laitue bio, crisse !" J'ai une voix intérieure qui porte, elle bouge, se dirige vers l'allée des légumes. Je me rends jusqu'au bout de la rangée, prends mes tartes, les paie et sors, sans détruire quoi que ce soit, sans tuer personne. Je suis parfois capable d'un contrôle absolument épatant.

Auteur: Lavoie Marie-Renée

Info: Le syndrome de la vis

[ personnage ] [ self contrôle ] [ encombrement ]

 

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pensée-de-femme

Cet homme fait l’amoureux mais ne me désire pas. Dois-je comprendre que je suis désormais trop vieille pour que mon corps suffise à l’exciter ? Pourtant c’est bien de cela que j’ai envie, d’un homme gourmand de mes fesses, de mes seins, de mon ventre et dont l’insatiabilité tempère, minimise la mienne (et mon besoin de consolation impossible à rassasier). Ce n’est pas tant le manque qui me taraude que le besoin de m’oublier dans le désir de l’autre qui, s’il n’existe pas, me fait ressentir de nouveau cet appel du vide de l’automne dernier. Cet homme simple, qui ne tergiverse pas, et dont j’imagine les mains me pétrir le corps comme un boulanger la pâte, je l’ai rencontré hier chez Cécile : son cousin, de passage à Paris, qui m’a regardée comme si j’étais une glace italienne vanille-fraise.
[…]
Voilà la nuit que j’ai vécue, me ramenant à cette sensation que j’ai eue parfois, sous les étoiles en pleine nature, d’être aussi violente et douce que les animaux qui m’entouraient. Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne Rubinstein
Cet homme fait l’amoureux mais ne me désire pas. Dois-je comprendre que je suis désormais trop vieille pour que mon corps suffise à l’exciter ? Pourtant c’est bien de cela que j’ai envie, d’un homme gourmand de mes fesses, de mes seins, de mon ventre et dont l’insatiabilité tempère, minimise la mienne (et mon besoin de consolation impossible à rassasier). Ce n’est pas tant le manque qui me taraude que le besoin de m’oublier dans le désir de l’autre qui, s’il n’existe pas, me fait ressentir de nouveau cet appel du vide de l’automne dernier. Cet homme simple, qui ne tergiverse pas, et dont j’imagine les mains me pétrir le corps comme un boulanger la pâte, je l’ai rencontré hier chez Cécile : son cousin, de passage à Paris, qui m’a regardée comme si j’étais une glace italienne vanille-fraise.

[…]

Voilà la nuit que j’ai vécue, me ramenant à cette sensation que j’ai eue parfois, sous les étoiles en pleine nature, d’être aussi violente et douce que les animaux qui m’entouraient. Ça s’appelle baiser et Dieu que c’est bon.

Auteur: Rubinstein Marianne

Info: Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel

[ sexualité ] [ plaisir ]

 

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christianisme

La formule "immaculée conception" en français remonte au moins à 1525. Elle s’impose peu à peu. Au début du XIXe siècle, elle est courante dans l’Église de France.

Cependant, ce n’est qu’en 1854 que le pape Pie IX promulgue ce dogme comme une vérité infaillible. Le dogme déclare : Marie, en vertu des mérites de Jésus-Christ, a été, dès le premier instant de sa conception, préservée de la tâche du péché originel. Dogme difficile à recevoir pour beaucoup de chrétiens catholiques ou non-catholiques, la foi les obligeant à croire que tous les êtres humains ont été marqués du péché originel et que seul le sacrifice du Christ, accompli sur la Croix, et dont la grâce est communiquée par le baptême, nous en a délivrés. Or, Marie n’a pas été baptisée et le sacrifice de la Croix n’était pas accompli au moment de sa naissance. Ces raisons de refuser le dogme continuent de valoir auprès de beaucoup de protestants et d’orthodoxes.

Mais le dogme de 1854 ne les ignore pas. il affirme au contraire que c’est en rapport au sacrifice du Christ que Marie dans sa conception a été préventivement préservée. Cette vérité est inscrite implicitement dans les paroles de l’Ange qui salue en Marie la "pleine de grâce". [...] Le privilège de Marie signifie que, dans son être le plus profond, elle est au contraire, et par elle-même, dans un état d’Alliance avec Dieu. Et c’est pourquoi Marie est nommée l’Arche d’Alliance.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 1858, quatre ans après la proclamation de 1854, se produisit à Lourdes un événement inattendu et peut-être unique dans l’histoire de l’Église : la Vierge elle-même vient confirmer la déclaration romaine, confiant son message à une jeune fille illettrée, enfant d’un pauvre boulanger. [...]

Cette mystérieuse déclaration se répand alors dans le monde entier, plongeant les théologiens et les saints dans un abîme de réflexion, car elle ouvre une fenêtre sur le mystère de la sainte Trinité. Ce fut en particulier l’œuvre d’un prêtre polonais, franciscain, le Père Maximilien Kolbe, missionnaire au Japon. Il fonde à Nagasaki un ordre des Chevaliers de l’Immaculée Conception et construit une chapelle dédiée à l’Immaculée... Ce sera la seule construction qui échappera miraculeusement à la bombe atomique.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 111 à 113

[ historique ] [ réfutation ] [ miracles ]

 

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exploitation

Qui a dit que le capitalisme de plateforme ne créait pas de travail ? Il en crée… à la pelle même. Ou plutôt, il externalise des travailleurs : il les recrute, fixe les prix, les déconnecte quand il n’en veut plus. Car, bien sûr, les petites mains de l’ubérisation et des plateformes n’ont pas de statut salarié, elles sont autoentrepreneuses… Et leur patron, c’est une application sur leur smartphone. On avait déjà des chauffeurs Uber et des livreurs à vélo. À ce jeu-là, un nouveau job est apparu : il a l’étrange nom de "juicer" (juice en argot anglais signifie électricité). Entre eux, ils s’appellent aussi "chargeurs" ou "hunters" (pour chasseurs) de trottinettes électriques. Depuis un an, ces véhicules en libre-service ont débarqué dans les villes françaises. Souvent, négligemment abandonnés sur un bout de trottoir.

Les chargeurs sortent à la tombée de la nuit récupérer les engins dont l’emplacement est indiqué sur leur smartphone, les ramènent chez eux pour recharger les batteries et les replacent à l’aube, entre 5 et 7 heures du matin, bien alignés. À Paris, ils sont neuf opérateurs : Lime, Bird, VOI, Bolt, Wind… L’entreprise californienne Lime revendique 30 000 locations par jour. On ne sait pas exactement combien sont les juicers, les plateformes sont moins bavardes sur cet aspect du business.

Quand on en parle avec Pierre, on sent que c’est un convaincu. "On n’a rien sans rien, il faut travailler dur", répète-t-il. Il a 21 ans et a créé sa microentreprise en janvier. Il est boulanger à Lyon à plein temps pour 1 600 euros brut. "En étant juicer, je me fais 600 euros supplémentaires par mois. Ça me paie des loisirs, un week-end, un resto." Il a beau dire, "ça ne me prend pas beaucoup de temps", quand on fait le décompte, ça commence à chiffrer… "Je me fixe l’objectif de 5 trottinettes par sortie." Chacune est payée 5 à 6 euros selon l’opérateur. "J’y passe une à deux heures, le soir, après le boulot, et un peu plus le week-end", plus une heure le matin pour redéposer son butin à 5 h 30. Au total donc, un deuxième travail à près de 20 heures par semaine, payés 7 euros de l’heure quand le Smic est à 10,03… Et tout ça, sans mutuelle, chômage ni congés payés, indemnités en cas de maladie ou d’accident du travail . "Mais je suis libre, je m’organise comme je veux."

Auteur: Internet

Info: L'Humanité, https://www.humanite.fr/les-jobs-pourris-du-nouveau-monde-670705?

[ surmenage ] [ autoentrepreneur-salarié ] [ esclavage moderne ] [ loi de la jungle ] [ Jobs à la con ] [ illusion ]

 
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racisme

Et donc je pris un car à Greyhound pour Los Angeles qui s'arrêtait dans toutes les petites villes du désert. Le type assis à côté de moi était un vieux boulanger adorable, quatre-vingts ans bien sonnés, qui avait fait cuire des tourtes toute sa vie. Je suppose qu'il est mort à présent. Il venait d'une de ces villes de l'Owens Valley où les champs bruissent de jets d'eau propulsés par les arroseurs mécaniques qui forment des arc-en-ciel brouillés au-dessus des ouvriers agricoles, des éoliennes, des colonnes d'alimentation et de la luzerne verte, mais les rues des villes, là-bas, étaient toujours poussiéreuses comme les cours intérieures des maisonnettes en pisé où roulaient les buissons d'amarante ; là-bas les devantures craquaient, la poussière apportée par l'air donnait aux Whites et aux Sierras la couleur de son bleu de travail. Je suppose qu'il savait presque tout ce qu'il y a à savoir sur la confection des tourtes. Les tourtes étaient d'un blanc nuageux quand il les mettaient dans le four et elles en ressortaient toutes brunes, croustillantes et parfumées aux fruits californiens. L'été dernier, pour son soixante-dix -neuvième anniversaire, il avait pris sa retraite, mais même encore aujourd'hui il aimait faire des tourtes. Je le voyais à présent tel qu'il était : un bouddha à la perfection onctueuse, au parler doux et serein comme un ventilateur qui tourne sans bruit et vous rafraîchit les nuits d'intense chaleur. Aussi l'ajoutai-je à mon panthéon des hommes divins, étant disposé à vénérer en lui le dieu des tourtes et des murmures. Son meilleur ami était à l'hôpital, aussi lui avait-il préparé quelques tourtes aux pommes. Elles étaient encore chaudes et sentaient le four ; tout le long du trajet j'inhalais leur parfum. Il me parla des dizaines d'années passées devant la porte du four au petit matin, et moi je ne cessai de me répéter Quel homme merveilleux ! voici au moins une personne dont la vie a été agréable et utile à tout le monde ; nous arrivâmes à Los Angeles à la nuit tombée et il me serra la main. Je me dis que je ne le verrais plus. Mais les probabilités sont étranges. De même qu'il y a de fortes chances pour que, dans un groupe de seulement trente personnes ( non pas trois cent cinquante et quelques, comme on pourrait le croire), deux soient nées le même jour, de même, alors que je rentrais à Los Angeles, cette fois-ci dans un car pratiquement vide, je revis mon ami et, ravi, allai m'asseoir à côté de lui. Lui aussi me retrouva avec plaisir, les heures s'écoulèrent au gré joyeux des tourtes jusqu'à ce que nous ne soyons plus très loin de ma ville. - Soudain, il me désigna un point au loin. - Regardez, dit-il, c'est Manzanar, ce camp de concentration où ils ont mis tous ces pauvres Japonais. - je n'y avais jamais été, aussi suivis-je son doigt, mais c'était bien trop loin ; je ne pus distinguer grand-chose. - Je ne comprends toujours pas comment on a pu faire tant de mal à ces pauvres gens, dit le vieux boulanger. - C'est abominable, dis-je. - Le boulanger me regarda droit dans les yeux, et je vis quelque chose se lever en lui, quelque chose qu'il devait dire : - Si seulement ç'avait été LES JUIFS !

Je le regardai, sans voix. Puis me levai et changeai de siège.

Qu'avait-il vu toutes ces années, quand il pétrissait cette pâte aussi pâle qu'un visage, la striant de ses ongles avant de la livrer aux flammes du gaz ?

Nous arrivâmes dans ma ville, je récupérai mon sac et me levai. J'étais tendu parce que j'allais devoir passer devant lui. Quand je fus au niveau de son siège, je lui dis au revoir d'une voix basse. Mais il ne me répondit pas.

Et je me demandai ce que j'aurais dû faire. Aurais-je dû rester assis et discuter avec cet homme ? Aurais-je dû ne pas lui dire au revoir ? Quoi que j'aie fait, c'était une erreur. Sinon pourquoi aurais-je eu honte ainsi ?...

Auteur: Vollmann William T.

Info: Treize récits et treize épitaphes

[ antisémitisme ]

 

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économie politique

Vous posez la question du libéralisme. Il y a un malentendu total à propos d’Adam Smith et de sa main invisible. Les grands économistes prix Nobel se sont réunis – si j’ai bon souvenir c’était en 2006 – ils se sont réunis à Kirkcaldy, qui est le lieu de naissance de M. Adam Smith, et ils s’étaient cotisés pour mettre un grand buste d’Adam Smith sur la place. M. Alan Greenspan qui à l’époque était encore à la tête de la Federal Reserve – la banque centrale américaine – a fait un splendide discours qu’on retient certainement parce que c’est un discours qui nous expliquait que toute crise d’ordre financier était impossible. On était en 2006. Ce monsieur n’était pas un imbécile – il n’est toujours pas un imbécile, il vit toujours [c’est toujours vrai : il a 97 ans] – mais c’est un Libertarien, comme on dit, radical. C’est quelqu’un qui est convaincu que la main invisible d’Adam Smith règle absolument tout. Quand il a été accusé – c’était dans les derniers jours du mois de septembre ou peut-être dans les premiers du mois d’octobre, juste après l’effondrement – quand il a été interpellé devant le sénat américain, il a fait une référence assez obscure au fait que les banquiers n’avaient pas suivi leur intérêt et qu’il n’aurait pas pu prévoir ça. C’était une référence à la main invisible d’Adam Smith qui dit la chose suivante : " Il ne faut pas demander au boucher, au brasseur, au boulanger de veiller tous à l’intérêt général. Ils veilleront à l’intérêt général bien plus sûrement en s’occupant – de manière assez égoïste – de leurs propres affaires ".

À quoi répondait Adam Smith quand il a dit ça ? C’était une réflexion encore – il était Écossais mais, bien entendu, il s’exprimait dans le cadre de la Grande-Bretagne à l’époque – c’était encore une contribution au grand débat qui durait depuis la révolution, la Révolution anglaise [1642-1651], la révolte contre le roi Charles Ier, dirigée par Olivier Cromwell. Que se passe-t-il ? Un général remplace la royauté, on se débarrasse ensuite [de son fils qui lui a succédé] et on ré-instaure la royauté [en 1660]. Alors, dans toute la période qui suit, grand débat en Grande-Bretagne : où faut-il mettre le seuil ? Où faut-il arrêter le pouvoir de l’État sur les citoyens pour respecter au mieux la liberté des citoyens individuels ? Donc, débat qui dure depuis pratiquement un siècle au moment où Adam Smith pose la question. Dans son livre majeur La richesse des nations publié en 1776, il répond toujours à cette question : que le roi ne s’occupe pas trop de la vie individuelle des citoyens ! Le système va fonctionner de manière spontanée, bien mieux que si on réglait une société uniquement par injonctions venant d’en-haut.

M. Adam Smith, il faut bien le dire, c’est quelqu’un qu’on appellerait " de gauche " aujourd’hui : il fait des remarques extrêmement déplaisantes sur les patrons et est très très positif sur les ouvriers. Quand la Révolution française éclate en France, il est l’un des rares en Grande-Bretagne à prendre parti officiellement pour la Révolution française. Il meurt très rapidement – si j’ai bon souvenir, il meurt en 1790 – mais c’est quelqu’un qui se situerait maintenant à l’extrême-gauche s’il fallait le situer. Quand les grands banquiers de Wall Street vont dévoiler un buste en son honneur à Kirkcaldy, dans sa ville natale, il y a là un énorme malentendu.

La question à laquelle il répondait, c’était celle de la Révolution anglaise. Ce n’était pas une réflexion sur le libéralisme ou même sur l’ultra-libéralisme qui conduit maintenant à dire que, à la limite, il faudrait que l’État ne s’occupe plus que d’une seule chose, c’est la propriété privée, et pour le reste, il faut laisser les initiatives aux individus. Vous savez que il y a en particulier des Libertariens qui sont, je dirais, la forme ultime de l’ultra-libéralisme, des gens comme M. Rothbard aux États-Unis qui prônait que même la défense nationale soit assurée simplement par l’initiative individuelle : " S’il y a des gens qui ont de l’argent et qui veulent qu’on protège le pays, eh bien pourquoi ne le mettraient-ils pas à disposition ? " C’est la position qu’on appelait au début du XIXe siècle " l’État veilleur de nuit " : l’État doit s’occuper uniquement de veiller, peut-être même pas à la sécurité nationale, mais à la défense de la propriété.

Auteur: Jorion Paul

Info: Conférence de l’hôtel de ville du 29 novembre 2018 à Saint-Étienne : " Se débarrasser du capitalisme est une question de survie " En réponse à une question de la salle, au sujet du penseur ultra-libéral Murray Rothbard

[ historique ] [ absurde ] [ relativité ] [ inversion ] [ renversement ]

 

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manipulation génétique

Des scientifiques de Cambridge créent le premier organisme vivant au monde avec un ADN entièrement redessiné
Les chercheurs créent un génome synthétique, en mouvement avec des bénéfices médicaux potentiels. C'est le premier organisme vivant au monde dont le code ADN est entièrement synthétique et radicalement modifié.

Le microbe fabriqué en laboratoire, une souche de bactéries que l'on trouve normalement dans le sol et dans l'intestin humain, est semblable à ses cousins naturels, mais survit grâce à un ensemble plus restreint d'instructions génétiques.

Cette existence démontre que la vie peut exister avec un code génétique restreint et ouvre la voie à des organismes dont les mécanismes biologiques sont piratés pour fabriquer des médicaments et du matériel utile, ou pour ajouter de nouvelles caractéristiques telles que la résistance aux virus.

En deux ans, des chercheurs du laboratoire de biologie moléculaire de l'Université de Cambridge ont lu et redessiné l'ADN de la bactérie Escherichia coli (E. coli), avant de créer des cellules avec une version synthétique du génome modifié.

Le génome artificiel contient 4m de paires de bases, les unités du code génétique épelées par les lettres G, A, T et C. Imprimé en entier sur des feuilles A4, il compte 970 pages, faisant de ce génome le plus grand que les scientifiques aient jamais édifié, de loin.

"Il n'était pas du tout clair s'il était possible de créer un génome de cette taille et s'il était possible de le modifier autant", a déclaré Jason Chin, un expert en biologie de synthèse qui a dirigé le projet.

L'ADN enroulé à l'intérieur d'une cellule contient les instructions dont il a besoin pour fonctionner. Lorsque la cellule a besoin de plus de protéines pour croître, par exemple, elle lit l'ADN qui code la bonne protéine. Les lettres d'ADN sont lues dans des trios appelés codons, tels que TCG et TCA.

Presque toute vie, de la méduse à l'homme, utilise 64 codons. Mais beaucoup d'entre eux font le même travail. Au total, 61 codons produisent 20 acides aminés naturels, qui peuvent être enfilés ensemble comme des perles sur une ficelle pour construire n'importe quelle protéine de la nature. Trois autres codons sont en effet des panneaux stop : ils indiquent à la cellule lorsque la protéine est prête, comme le point marquant la fin de cette phrase.

L'équipe de Cambridge a entrepris de remodeler le génome d'E. coli en enlevant certains de ses codons superflus. Travaillant sur un ordinateur, les scientifiques ont examiné l'ADN de l'insecte. Chaque fois qu'ils rencontraient TCG, un codon qui fabrique un acide aminé appelé sérine, ils le réécrivaient en AGC, qui fait le même travail. Ils ont remplacé deux autres codons de la même manière.

Plus de 18 000 éditions plus tard, les scientifiques avaient retiré toutes les occurrences des trois codons du génome de l'insecte. Le nouveau code génétique a ensuite été synthétisé chimiquement et, morceau par morceau, ajouté à E. coli où il a remplacé le génome naturel de l'organisme. Le résultat, rapporté dans Nature, est un microbe avec un code ADN complètement synthétique et radicalement modifié. Connu sous le nom de Syn61, ce bug est un peu plus long que la normale, et grandit plus lentement, mais survit néanmoins.

"C'est assez incroyable", a déclaré Chin. Lorsque l'insecte a été créé, peu avant Noël, l'équipe de recherche a fait prendre une photo dans le laboratoire avec une plaque des microbes comme figure centrale dans une reconstitution de la nativité.

De telles formes de vie ainsi conçues pourraient s'avérer utiles, croit Chin. Parce que leur ADN est différent, les virus envahisseurs auront du mal à se propager en elles, ce qui les rendra de fait résistantes aux virus. Ce qui pourrait apporter des avantages. E. coli est déjà utilisé par l'industrie biopharmaceutique pour produire de l'insuline pour le diabète et d'autres composés médicaux contre le cancer, la sclérose en plaques, les crises cardiaques et les maladies oculaires, mais des cycles de production entiers peuvent être gâchés lorsque les cultures bactériennes sont contaminées par des virus ou autres microbes. Mais ce n'est pas tout : dans le cadre de travaux futurs, le code génétique libéré pourrait être réutilisé pour que les cellules produisent des enzymes, des protéines et des médicaments de synthèse.

En 2010, des scientifiques américains ont annoncé la création du premier organisme au monde doté d'un génome synthétique. L'insecte, Mycoplasma mycoides, a un génome plus petit que E. coli - environ 1m de paires de bases - et n'a pas été radicalement remanié. Commentant les derniers travaux, Clyde Hutchison, du groupe de recherche américain, a déclaré : "Cette échelle de remplacement du génome est plus grande que n'importe quel remplacement complet du génome rapporté jusqu'ici."

"Ils ont porté le domaine de la génomique synthétique à un nouveau niveau, non seulement en construisant avec succès le plus grand génome synthétique à ce jour, mais aussi en apportant les plus grands changements de codage à un génome à ce jour", a déclaré Tom Ellis, un chercheur en biologie synthétique à Imperial College de Londres.

Mais il se peut que les données ne durent pas longtemps. Ellis et d'autres construisent un génome synthétique pour la levure de boulangerie, tandis que les scientifiques de Harvard font des génomes bactériens avec plus de modifications au codage. Il n'est pas surprenant que l'E. coli redessiné ne pousse pas aussi bien que les souches naturelles, a ajouté Ellis. "Si quelque chose est surprenant, c'est qu'il grandisse après tant de changements," dit-il.

Auteur: Internet

Info: https://www.theguardian.com, Ian Sample rédacteur scientifique Wed 15 mai 2019 18.00 BST

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Ajouté à la BD par miguel