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rejet

La route que j'avais devant moi, j'aurais presque pu la voir. J'étais pauvre et j'allais le rester. L'argent, je n'en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n'était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. Devenir avocat, conseiller, ingénieur ou quelque chose d'approchant me semblait impossible. Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. Tout cela était impossible. Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour la Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Souvenirs d'un pas grand-chose

[ normalité ]

 

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barbarie

Le problème, ce n'est pas non plus que ça soit une religieuse. Aprés tout, religieuse, c'est un boulot comme un autre. Comme le mien, dans un autre style. Et puis je n'ai aucune sympathie pour quelque religion que ce soit. Si Dieu existe, il ne nous fait pas de cadeaux. S'il n'existe pas, alors c'est la plus mauvaise idée de tous les temps. Si on faisait le compte de tous ceux qui sont morts à cause de lui, il arriverait loin devant la peste, le choléra, la variole, la syphilis et le sida réunis. D'ailleurs, ceux qui tuent en son nom n'hésitent en général pas à massacrer les enfant innocents... ...les arabes jetaient les bébés chrétiens sous les sabots des chevaux pendant les croisades. Les chrétiens brûlaient les enfants Aztèques. Les allemands gazaient les enfants juifs par millions. Aujourd'hui, au Darfour, le Janjaweeds tuent les enfants à la machette.

Auteur: Matz Alexis Nolent

Info: Le Tueur, Tome 6 : Modus Vivendi

[ . ]

 

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vieillesse

Sur le fait de plaquer ton job à 50 ans, je sais pas quoi dire. Il fallait que je plaque le mien. Mon corps entier morflait, pouvais même plus lever mes bras. Si quelqu’un me touchait, ce simple contact m’envoyait des vagues et décharges d’agonie. J’étais fini. Ils s’étaient acharnés sur mon corps et mon esprit pendant des décennies. Et j’avais pas un centime. Il fallait que je me noie dans l’alcool pour effacer de mon esprit ce qui se passait. J’en étais arrivé à la conclusion qu’une vie de clochard serait préférable. Je le pense vraiment. Il fallait vraiment que ça se termine. Mon dernier jour au boulot, un type a glissé une remarque sur mon passage : "Ce vieux a vraiment des couilles pour démissionner à son âge." Je me rendais même pas compte de mon âge. Les années s’étaient justes empilées jusqu’à former un tas de merde.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Sur l'écriture", lettre à A. D. Winans, 22 février 1985

[ travail ] [ destruction ] [ constat ] [ délabrement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

funérailles

Le bras sur l'accoudoir, il regardait par la portière avec un air de componction les stores baissés de l'avenue. Un qui s'écarte : vieille femme aux aguets. Nez aplati blanc contre le carreau. Remercie sa bonne étoile que son tour soit passé encore une fois. Inouï l'intérêt qu'elles prennent à un cadavre. Heureuses de nous voir partir ; nous leur donnons une telle peine à l'arrivée. Besogne qui semble être dans leur goût. Cachotteries chuchotées dans les coins. Elles trottent menu à pas fourrés dans leurs pantoufles de crainte qu'il s'éveille. Puis l'affairement autour du lit. Sa toilette. Molly et Mme Fleming faisant le lit. Tirez un peu plus de votre côté. Notre linceul. On ne sait jamais qui vous manipulera mort. Savonnage et shampoing. Je crois qu'on taille les ongles et les cheveux. On en garde un peu dans une enveloppe. Continuent tout de même à pousser. Vilain boulot.

Auteur: Joyce James

Info: In "Ulysse", t. 1, Gallimard-folio, p. 147 - trad. Auguste Morel

[ rites ] [ monologue intérieur ] [ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclic

Si j'essaye d'expliquer mon inquiétude, je peux dire qu'elle repose sur la peur d'attendre tellement longtemps que je ne saurais plus ce que j'attends. Tu vois ce que je veux dire ? Tu te dis qu'à force, tu oublieras même que tu attends. Exemple tu te lèves, tu pars bosser, tu rentres, tu te mets devant la télé. Ou t'allumes la radio. Tout d'un coup, tu baisses le son : attends, t'as le sentiment d'avoir oublié quelque chose. Tu te poses des questions, ça t'intrigue, c'est quoi ce truc? Puis tu laisses tomber. Tu remets le son. Tu te dis que ça doit être un truc au boulot - un truc trivial. Pas important. Bon laisse tomber. Mais ce moment en vérité - voilà ce qui me fait flipper si j'y pense sérieusement-, correspond à l'instant précis où tu oublies que tu attends quelque chose. Et alors sans t'en rendre compte tu perds espoir.

Auteur: McIntosh Matthew

Info: Well

[ déprime ] [ littérature ] [ introspection ] [ amorce ] [ perdu ] [ toska ]

 
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labeur

Le boulot était simple et crétin, mais les employés trouvaient toujours un sujet d'agitation. Ils s'en faisaient pour leur boulot. Il y avait là un mélange de gars et de filles et il ne semblait pas y avoir de contremaître. Après quelques heures, une dispute éclata entre deux femmes. C'était au sujet des magazines. On emballait des bandes dessinée et quelque chose avait foiré. Les deux femmes devenaient violentes.
"Ecoutez, j'ai dit, ces bouquins ne valent la peine ni d'être lus, ni qu'on se dispute à leur sujet.
- Ça va, machin, qu'elle me dit, on sait que tu penses que ce boulot n'est pas assez bon pour toi.
- Pas assez bon ?
- Ouais, ça se voit. Tu crois qu'on avait pas remarqué ?"
C'est là que j'ai appris pour la première fois qu'il ne suffisait pas de faire son boulot, mais qu'il fallait aussi y trouver de l'intérêt, voire une passion.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Factotum

[ psychologie ]

 

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écriture

Je suis un rouage modeste mais assez opérationnel de l'industrie du cinéma. Je reprends des scenarii écrits par d'autres. Je réécris. Je coupe et je polis. Je coupe ce qui est en trop. Je polis ce qui reste. Je suis un écrivaillon doté d'une plume qui a fini par être considéré comme un talent. Les gens qui vivent à Los Angeles et qui font un boulot similaire au mien, on les appelle les "nègres d'Hollywood". L'expression "nègre de New York", mystérieusement, n'existe pas. À New York, le nègre, on l'appelle doc.
Je n'ai jamais rien écrit moi-même. Il y a très longtemps, j'ai essayé, mais j'ai abandonné après plusieurs tentatives. Je ne suis peut-être qu'un écrivaillon, mais je sais ce qu'est le talent, et j'ai compris assez vite que je n'en avais pas. Ce ne fut pas une prise de conscience dévastatrice. Plutôt quelque chose de l'ordre d'une confirmation de ce que je soupçonnais depuis le début.

Auteur: Tesich Steve

Info: Karoo

[ lucidité ] [ humilité ]

 

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lecture

Pour supporter l'épreuve, j'ai apporté quelques classiques. Je suis sous le ciel de Tunisie et je plonge dans les ruelles de Saint-Pétersbourg, qui sont aussi tortueuses que l'âme de Raskolnikov. Pour mémoire, le héros de Crime et Châtiment est un étudiant qui sèche les cours parce qu'il est fauché. Comme il n'y avait pas de McDo au XIXème siècle, il n'a pas de petit boulot non plus. C'est un jeune homme intelligent et exalté, à la mégalomanie fiévreuse.
Son indigence blesse son narcissisme et comme il est cinglé, il décide d'assassiner une vieille usurière méchante pour lui piquer son bas de laine. Il légitime son geste en l'enrobant d'alibis existentiels retors. La justification du crime est un des thèmes du roman. Raskolnikov prépare son sale coup, je suis emporté par la puissance narrative de Dostoïevski et la sono de la piscine crache "Vas-y Francky, c'est bon, vas-y Francky, c'est bon, bon, bon".

Auteur: Blanc-Gras Julien

Info: Touriste

[ musique ] [ tube ] [ littérature ]

 
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illusion

Un matin, au réveil, j’ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison. La plus grande idée de ma vie, un vrai chef d’œuvre. J’allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel – voilà mon idée. Cela me donnerait l’occasion de lire et de travailler en même temps. J’ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l’escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée. Le soleil brûlait la rue, arrachait de mes yeux les derniers lambeaux de sommeil. Bizarre. Maintenant que j’étais bien réveillé, mon idée ne me semblait plus aussi géniale ; c’était simplement l’une de ces idées qui naissent dans le demi-sommeil. Un rêve, un simple rêve, un délire fumeux. Je ne pouvais pas trouver de boulot de veilleur de nuit dans cette ville portuaire, pour cette simple raison qu’aucun hôtel n’employait de veilleur de nuit. Déduction mathématique assez élémentaire. J’ai donc remonté l’escalier jusqu’à notre appartement et je me suis assis.

Auteur: Fante John

Info: La route de Los Angeles

[ eurêka ] [ demi-sommeil ] [ élan rompu ]

 
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brocante

Ces temps-ci, son boulot, à défaut de son gagne-pain, consistait à revendre de l’illusion, en chiffonnier hardi. Avec Bessie, il écumait les territoires les moins substantiels du comté, et récupérait les artefacts-fantômes qu’il dénichait en chemin? Il pouvait s’agir de vieilles nippes spectrales, ou d’un souvenir encore vif d’une caisse à thé datant de l’enfance, ou bien de trucs qui n’avaient aucun sens, des vestiges d’un rêve quelconque. Freddy se rappelait la fois où Jem avait trouvé une sorte de pommeau de canne recourbé, sculpté pour ressembler à un poisson allongé et minutieusement chantourné, mais doté d’une trompe évoquant celle d’un éléphant avec des trucs qui ressemblaient à des yeux de verre tout le long des deux côtés. Ils avaient essayé d’en jouer, mais le tube était bourré de sciure toute tassée avec, enfouis dedans, de drôles de bidules en plastique. L’instrument avait dû rejoindre les autres curiosités là-bas dans la pièce principale du fantôme de la maison de Jem, parce qu’on ne savait jamais, le pommeau-poisson devait sûrement trôner dans la vitrine de Jem avec l’uniforme de grenadier fantôme et des souvenirs de chaises.

Auteur: Moore Alan

Info: Jérusalem

[ marché aux puces ]

 

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