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enfance

"A l'âge de quinze ans, dans mon village, quand le soleil brûlait et que les oiseaux chantaient les chansons du paradis, je rêvais de Dieu. Mon âme se projetait au loin... Plus d'une fois j'ai rêvé... et pleuré, sans savoir d'où venaient ces larmes. Ainsi passa ma jeunesse. Dans une sorte de contemplation, dans une sorte de rêve. Plus tard, quand la vie me heurtait, je courais me réfugier dans un coin pour prier en secret." Pourtant à l'aube de sa vie d'adulte, Raspoutine trouvait un exutoire non dans un élan romantique, mais dans la débauche, les bagarres et l'alcool : "J'étais insatisfait. Il y avait plein de choses auxquelles je ne trouvais pas de réponses, alors j'ai commencé à boire".

Auteur: Raspoutine Grégory Efimovitch

Info: interview au journal Temps nouveau en 1911, sur ses années de jeunesse, in Fédorovski Vladimir, Le roman de Raspoutine

[ adulte ] [ alcool ] [ fuite ] [ poivrot ]

 

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pessimisme

Je n'ai rien écrit de tout l'été. Dehors la campagne brûlait. Dans trois jours les enfants vont rentrer à l'école. En septembre, jadis, j'allais me baigner dans les deux rivières qui longeaient la vallée. Il y a cinquante ans qu'elles meurent sous les saules et les peupliers. En un demi-siècle nous avons exterminé plus de la moitié des espèces vivantes autour de nous. comment des truites et des écrevisses pourraient survivre dans quelques sombres mares d'eau croupie?

J'observais tout à l'heure un nid de frelons dans un amandier creux. Ils m'observaient aussi, envoyaient des éclaireurs tourner autour de ma tête. Leur colère vrombissait. Nous avons détruit tout ce qui nous gênait ou rapportait 30 centimes. Je vais marcher tous les jours sur une terre qui meurt. Je marche dans mes souvenirs. Dans mes souvenirs même les villes étaient bleues.

Auteur: Frégni René

Info: Carnets de prison

[ écologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

animal domestique

MON CHIEN
Nous sommes deux dans cette chambre : mon chien et moi... Dehors, la tempête hurle et sanglote.
La bête me fait face et me regarde droit dans les yeux.
Et moi je la fixe de même.

Elle a l'air de vouloir me dire quelque chose. Elle est muette. Elle ne parle point et ne se comprend pas elle-même. Mais moi je la comprends.

Je sais que la même émotion nous habite et qu'il n'y a point de différence entre nous. Nous sommes faits de la même matière, et la petite flamme qui palpite en moi vacille également en elle.

La mort va venir et secouer son aile énorme et glacée.
"C'est fini."
Et plus jamais personne ne saura quelle était la petite flamme qui brûlait en nous.
Ce ne sont pas un homme et une bête qui s'entre-regardent.
Mais deux paires d'yeux tout pareils qui s'interrogent.
Et dans chacune d'elles la même vie se blottit frileusement contre l'autre.

Auteur: Tourguéniev Ivan

Info: poèmes en prose

[ homme-animal ]

 

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illusion

Un matin, au réveil, j’ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison. La plus grande idée de ma vie, un vrai chef d’œuvre. J’allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel – voilà mon idée. Cela me donnerait l’occasion de lire et de travailler en même temps. J’ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l’escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée. Le soleil brûlait la rue, arrachait de mes yeux les derniers lambeaux de sommeil. Bizarre. Maintenant que j’étais bien réveillé, mon idée ne me semblait plus aussi géniale ; c’était simplement l’une de ces idées qui naissent dans le demi-sommeil. Un rêve, un simple rêve, un délire fumeux. Je ne pouvais pas trouver de boulot de veilleur de nuit dans cette ville portuaire, pour cette simple raison qu’aucun hôtel n’employait de veilleur de nuit. Déduction mathématique assez élémentaire. J’ai donc remonté l’escalier jusqu’à notre appartement et je me suis assis.

Auteur: Fante John

Info: La route de Los Angeles

[ eurêka ] [ demi-sommeil ] [ élan rompu ]

 
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zoner

Au lieu de se reprendre en main ou de faire quelque chose d’utile, il avait erré dans les rues de son quartier et rapidement perdu rythme et contrôle. Ses jambes lui semblaient plus légères que d’habitude et il accélérait le pas sans le remarquer. Bientôt il finit par arpenter la moitié de la ville et perdit un peu de son poids superflu, ce qui était une sensation agréable. Il commençait à boire dès le matin pour que l’ivresse ne retombe pas et au fil de la journée, il passait à des boissons de plus en plus fortes pour atteindre un nouvel état d’ébriété. En même temps, il se sentait plus lucide que jamais, tout lui semblait étalé au grand jour, les erreurs des années précédentes, son éternelle inertie, l’imposture de sa vie. Il voyait ça comme une césure, il parlait à des personnes totalement étrangères jusqu’à tard dans la nuit, finissait au pieu avec des femmes qu’il n’aurait jamais daigné regarder autrefois et brûlait de la graisse et des cellules grises à fond la caisse.

Auteur: Melle Thomas

Info: Dans "3000€"

[ alcoolisme ] [ errance ] [ désordonné ] [ liberté ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

cunnilingus

Toi sous moi, dans une chambre volée, ta tête entre mes cuisses et ta langue glissant en moi, lapant ma vulve, accélérant ton rythme avec l'expérience de tes années passées, mais peut-être était-ce déjà un adieu, tant pis, il était bon, tu me léchais et je fondais longuement dans ta bouche, la honte d'imaginer ton visage devant mon sexe disparaissait, la fougue que tu mettais à m'embrasser avait fait tomber d'un coup mes réticences, j'écarte davantage encore mes jambes pour que tu puisses en moi t'enfoncer plus avant, me dévorer l'intérieur des cuisses, les embrasser, promener ta langue à la jointure de mes fesses, la faire glisser vers les lèvres, et m'embrasser aussi profondément que si mon sexe avait été ma bouche pour te répondre. Plus ta langue excitait mon clitoris, dont je ne savais plus s'il était encore caché à l'intérieur de mes lèvres tant il me brûlait, plus l'impression que cela te plaisait faisait s'évanouir mes hésitations et toute timidité. À force de ne plus me demander si tu aimais vraiment, toi aussi, je découvris ce que voulait dire s'abandonner...

Auteur: Filippetti Aurélie

Info: Un homme dans la poche

[ pensée-de-femme ] [ érotisme ]

 

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couple

Le simple fait d’être ensemble, dans une voiture, dans un café, dans une chambre de motel, augmentait la puissance électrique de leur vie, les faisait brûler tous les deux d’une lumière différente. Le visage de la femme changeait du tout au tout, elle devenait plus belle quand elle était avec lui. De la même façon, il changeait quand il était avec elle. […] Chaque fois qu’ils se retrouvaient, c’était un peu comme une sorte d’immolation, leur énergie brûlait à une vitesse folle ; ils étaient tous les deux des personnes ordinaires, un homme ordinaire et une femme ordinaire, pris dans une histoire d’amour extraordinaire qui exigerait des quantités terrifiantes de ressources intérieures pour nourrir le feu de cet amour qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ce n’était pas tant l’infidélité qui les inquiétait, ni même ce que les gens en ville pouvaient dire d’eux. C’était simplement cette quantité d’énergie qu’ils devaient mobiliser s’ils voulaient continuer à s’aimer. Ils découvraient, au cours du film, que les exigences de ce genre d’amour étaient trop grandes pour eux. Ils tentaient de se contenter du minimum. Ils tentaient de se rationner. Ils se rendaient compte tous les deux que ce rationnement faisait que cet amour divin s’amenuisait et finirait par mourir. […] Au bout du compte, il ne restait plus qu’eux deux […]. Rien qu’eux d’eux. Le fantôme, le fantôme sacré de l’amour, avait disparu.

Auteur: Tesich Steve

Info: Karoo

[ amour ] [ passion destructrice ] [ déclin ] [ égoïsme à deux ]

 

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désespérée

Elle ne voulait plus vivre. Elle voulait mourir

mais parce qu'elle ne voulait pas le reconnaître

elle tombait malade chaque jour

d'une maladie nouvelle

elle brûlait à petit feu dans une fièvre éternelle

et se promenait partout avec sa fièvre avec ses maladies

comme on promène une meute de chiots espiègles et fidèles

avec soi en laisse.

Oh. Elle marchait droite et mince dans les rues

et souriait à tout le monde de loin.

Oui. De loin

En réalité elle ne voulait plus vivre

Elle ne désirait rien – que la terre et l'herbe

le ciel et l'eau. Oui. Les éléments purs et éternels

Elle regardait le cœur serré par la pitié

toutes les créatures jeunes et vivantes

car elle avait compris – oh – elle avait très tôt compris

non seulement que la vie n'est que cruauté

mais qu'elle est aussi une épreuve

oui une épreuve : pour rien

et que le surhumain fait sur nous des tests

comme ça

comme nous allons au spectacle

pour passer notre temps

Elle savait qu'il n'existe ni sens ni gloire ni salut

elle savait que dans ce monde plein de dieux tout est inutile

Et elle voulait mourir

Oh oui elle voulait mourir

comme le lin qui s'effiloche en terre

comme le chanvre qui fond dans la rivière

comme l'aigrette du pissenlit qui disparaît dans le vent

Elle ne voulait plus vivre

non

elle avait peur que dans longtemps des siècles plus tard

les éléments de son corps aillent par hasard se réunir

et se souvenir de sa vie de Marta son nom

Aussi souriait-elle à tous écartelée et lointaine

Auteur: Petreu Marta

Info: De loin, 15 mai 2004. Traduit du roumain par Ed Pastenague

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

[...] Tu sais, mon bien aimé, et tous le savent, combien j'ai perdu en toi ; tu sais dans quelles terribles circonstances l'indignité d'une trahison publique m'arracha au siècle en même temps que toi, et je souffre incomparablement plus de la manière dont je t'ai perdu que ta perte même. Plus grand est l'objet de la douleur, plus grands doivent être les remèdes de la consolation. Toi seul, et non un autre, toi seul, qui seul es la cause de ma douleur, m'apporteras la grâce de la consolation. Toi seul, qui m'as contristée, pourras me rendre la joie, ou du moins soulager ma peine. Toi seul me le dois car aveuglément j'ai accompli toutes tes volontés, au point que j'eus, ne pouvant me décider à t'opposer la moindre résistance, le courage de me perdre moi-même, sur ton ordre. Bien plus, mon amour, par un effet incroyable, s'est tourné en tel délire qu'il s'enleva, sans espoir de le recouvrer jamais, à lui-même l'unique objet de son désir, le jour où pour t'obéir je pris l'habit et acceptai de changer de coeur. Je te prouvai ainsi que tu règnes en seul maître sur mon âme comme sur mon corps. Dieu le sait, jamais je n'ai cherché en toi que toi-même. C'est toi seul que je désirais, non ce qui t'appartenait ou ce que tu représentes. Je n'attendais ni mariage, ni avantages matériels, ne songeais ni à mon plaisir ni à mes volontés, mais je n'ai cherché, tu le sais bien, qu'à satisfaire les tiennes. Le nom d'épouse paraît plus sacré et plus fort ; pourtant celui d'amie m'a toujours été plus doux. J'aurais aimé, permets-moi de le dire, celui de concubine et de fille de joie, tant il me semblait qu'en m'humiliant davantage j'augmentais mes titres à ta reconnaissance et nuisais mois à la gloire de ton génie. [...] Quel roi, quel philosophe, pouvait égaler ta gloire ? Quel pays, quelle ville, quel village n'aspirait à te voir ? Qui donc, je le demande, lorsque tu paraissais en public, n'accourait pour te regarder et, quand tu t'éloignais, ne te suivait du regard, le cou tendu ? Quelle femme mariée, quelle jeune fille, ne te désirait en ton absence, ne brûlait quand tu étais là ? Quelle reine, quelle grande dame, n'a pas envié mes joies et mon lit ? [...]

Auteur: Héloïse

Info: à Abélard, 12 e siècle

[ regrets ]

 

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mourir

Paticha s'appelait Patricia, mais à cinq ans, le monde est aussi petit que les mots. À chaque fois que nous traversions la rivière pendant les mois de pluie, il nous fallait faire appel à l'aide d'un compagnon milicien. A cet endroit dont je vous parle, celui qui nous faisait traverser était un jeune sergent de milice : Artemio. Artemio était le père de Paticha et il arrivait avec elle à notre rencontre pour convenir de la manière et de l'heure de notre traversée. En général, Paticha apportait une petite casserole de café et quelques assiettes creuses. Tandis que nous discutions avec Artemio, Paticha regardait fixement la fumée qui sortait de ma pipe. J'avais déjà appris l'art difficile qui consiste à fumer, mordiller la pipe tout en conversant. Les premières fois, Paticha restait prudemment à l'abri des jambes de son père, d'où elle observait la pipe et les volutes de fumée qui, de temps en temps, s'en échappaient. Après quelques rencontres qui la mirent en confiance, Paticha s'approcha timidement mais pas trop. Elle attendit le moment où elle me supposait le plus occupé à discuter avec son père et - enfin ! - s'assit à côté de moi sans quitter du regard la fumée qui m'entourait. Elle finit par approcher sa Petite main droite et tenta de toucher le foyer de la pipe... elle se brûla bien sûr, mais resta assise à côté de moi. Dans sa langue maternelle je lui demandai son nom : - "Paticha", répondit-elle, et son père de s'empresser de préciser que c'était "Patricia", mais qu'elle ne savait encore pas bien parler.
Bon. Paticha voulait être zapatiste quand elle serait grande. Cette date probable était, pour Paticha, très proche puisque, d'après ses calculs, à six ans on est assez grand pour traverser la frontière de la rivière et partir avec ces hommes et ces femmes qui marchent la nuit, transportant des armes et des nuages pour protéger leur chemin.
Un après-midi, alors que nous tentions seuls la traversée de la rivière parce que personne n'était venu nous aider, Artemio apparut les yeux embués de larmes. Paticha était malade et la fièvre commençait à l'emporter loin de nous. Nous renonçâmes à cette traversée hasardeuse et nous rendîmes à la cabane d'Artemio. Paticha brûlait de tremblements fiévreux. Ses yeux brillants trouvèrent à nouveau la pipe entre mes lèvres, et elle y risqua de nouveau sa petite main. Cette fois, la chaleur du foyer ne la brûla pas puisqu'elle était déjà brûlante des derniers tremblements. Je lâchai la pipe dans sa main qui reposa le long de son corps. Nous fîmes tout ce qui était possible sur place, sans médicaments, sans docteur, sans rien, et la nuit tombée, les chiffons mouillés sur le corps de Paticha séchaient rapidement ; nous la baignâmes plusieurs fois tout habillée et la pipe dans la main. En quatre heures, elle avait quitté nos mains et la vie... Elle cessa de trembler, ferma les yeux et, finalement, se mit à refroidir, refroidir... La fièvre l'abandonnait en même temps que la vie. Sa petite main resta accrochée à la pipe, et c'est avec elle que nous l'enterrions le lendemain.
Paticha n'a jamais existé aux yeux de ce pays, elle n'est jamais morte parce que sa naissance n'a été inscrite sur aucun registre. "Non nato", c'est-à-dire "non né", telle serait plus tard la mention sur un document perdu parmi tant de bureaux et de fonctionnaires.
Je me suis trouvé une autre pipe, mais le petit morceau de coeur qui s'est enfui avec Paticha, je n'ai pu le remplacer d'aucune façon.
Il est douloureux de savoir que l'histoire de Paticha n'est pas une fable, que c'est une réalité courante dans notre Patrie. Mais ça n'est pas le plus terrible : ce qui est sinistre, c'est que nous soyons obligés de prendre les armes contre le Gouvernement suprême pour que vous, enfants d'autres terres, connaissiez cette histoire et constatiez que ce qu'il se passe n'est pas juste. Les "Patichas"qui ne naissent jamais et meurent toujours, pullulent sous les cieux du Mexique. Je vous demande si nous pouvons continuer de connaître ces injustices et faire comme si de rien n'était, comme si personne n'était né et personne n'était mort. Je vous demande si, sachant cela, nous devons nous contenter de la montagne de promesses avec laquelle le mauvais gouvernement compte nous arracher nos armes et notre dignité. Je vous demande si, avec ce gros poids sur la poitrine, nous devons nous rendre. Je suis sûr que non. Ne l'oubliez pas, ne nous oubliez pas. Salut et bonne chance pour vos examens. Appliquez-vous en histoire, sans elle tout est inutile et dépourvu de sens. Voilà.

Auteur: Subcomandante Marcos Paco Ignacio Taibo II

Info: Montagnes du Sud-Est mexicain, 1998. Sous le pseudo de Subcomandante Marcos

[ enfant ] [ d'une petite fille ]

 
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