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enfance

Je me suis construit contre le héros qu'on m'imposait, enfant. Par exemple, vous me dites Le petit chose, et je vois un enfer noir comme la nuit, mais avec du brouillard qui serait noir ! Il faut ajouter Poil de carotte, La petite fille aux allumettes, Sans famille, et l'horreur des horreurs: Mateo Falcone... L'histoire d'un petit garçon en Corse qui rencontre un bandit qui s'est échappé. Les gendarmes arrivent et l'achètent en lui donnant une montre, pour qu'il le dénonce. Le père voit la montre et demande à son fils ce qui s'est passé, puis le tue, parce qu'il a trahi. Voilà le héros exemplaire que j'avais. C'était d'un sinistre... En face il y avait Le petit prince. Je déteste le Petit prince. Spécialement la séquence "Apprivoise-moi". C'est une leçon d'hypocrisie, de manipulation, qui reflète tellement la prise en main des adultes sur les enfants que dès le départ j'ai éprouvé de la haine pour ce truc qu'on me lisait assez souvent.

Auteur: Ponti Claude

Info: Télérama N° 3332, novembre 2013, Dossier Les héros nous veulent-ils du bien, Salon du livre jeunesse de Montreuil

[ convention ] [ obligation ]

 

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écrivain-sur-écrivain

C'est un lettré ultra-raffiné. Il est descendu jusqu'à la racine des auteurs du XVIIe siècle et du XIXe. Il écrit le Michelet comme Michelet et fera du Bossuet tant qu'on voudra. Cependant il peut assister poliment, ainsi qu'un écolier bien sage, à la dispute absurde de deux ignorants sur les mérites réciproques de Bossuet et de Michelet, jouissant même de l'excès de leur sottise. Car il a le sens de la caricature, de la déformation des individus par les tics, les travers et les circonstances. Il y a en lui de la vision de La Bruyère et de celle de Meredith, obscurcie par un brouillard de puérilité qui tient à la persistance inouïe de souvenirs d'enfance. Je le devine hanté par lui-même, parcouru de mille ruisselets venus de son ascendance et de sa prime jeunesse. S'il arrive à se guider, contenir, ordonner au point de vue littéraire, il écrira un beau matin, en marge de la vie, quelque chose d'étonnant. Ce n'est pas l'étoffe qui lui manque.

Auteur: Daudet Léon

Info: Dans "Souvenirs littéraires", à propos de Marcel Proust

[ éloge ] [ style ] [ sensibilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychose

Ça a commencé doucement, progressivement, presque sans que je le remarque. C’était comme par une belle journée ensoleillée, quand le brouillard s’installe petit à petit. D’abord comme un voile mince devant le soleil, puis de plus en plus dense, mais le soleil brille toujours, et ce n’est que quand il ne brille plus, quand tout est froid et que les oiseaux ne chantent plus, que vous remarquez ce qui se passe. Mais à ce moment là, le brouillard est tombé, le soleil a disparu, les points de repère se fondent dans le paysage et vous n’avez plus assez de temps pour retrouver votre chemin avant que le brouillard ne soit si épais que tous les chemins deviennent invisibles. Alors vous avez peur. Car vous ne savez pas ce qui se passe, ni pourquoi, ni combien de temps ça va durer ; vous comprenez que vous êtes seul et sur le point de vous perdre, et vous avez peur de ne jamais retrouver le chemin pour rentrer chez vous.

Auteur: Lauveng Arnhild

Info: Demain j'étais folle : Un voyage en schizophrénie

[ témoignage ]

 

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saison

Je m'assis sur un petit billot et sortis une cigarette. Devant moi l'Iennisseï s'étalait comme un plateau d'argent ciselé par le vent. Sur la rive opposée, au-delà de la barrière sombre des sapins, ondoyait la profondeur bleutée de la taïga qui était incroyablement automnale. J'ai toujours l'impression, je ne sais pourquoi, qu'ici l'automne n'apparaît pas sur place, mais qu'il vient d'ailleurs, sous la forme d'un air bleuté à la teneur particulière, qui jaunit, flétrit, resserre tout, tandis que soudain, de pair avec une vigueur physique accrue, nous voyons sourdre en nous une étonnante réceptivité à la nature. Et soumis à cette calme volonté, nous avons envie de grimper. sur la plus haute falaise et de tomber à genoux, en regardant la mer lointaine de l'Ienisseï....

Et longtemps s'inscrira en nous le chatoiement funèbre des rives, d'un jaune strié de vert sombre, et la fissure de feu traversant un nuage gris basalte bouchant le nord, jusqu'à ce que dans la fraîcheur d'un petit matin, un coup sourd de rame résonnant dans le brouillard ne donne des ailes au premier poème.

Auteur: Tarkovski Mikhaïl

Info: Le temps gelé, p. 36-37

[ émerveillement ]

 

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rencontre

Quand le rayon est tombé sur les boucles emmêlées d'une chevelure auburn, j'ai pensé : il ronge une tête humaine. J'ai continué d'avancer. J'attendais une réaction en espérant que le déranger pendant qu'il était en train de se nourrir serait une provocation suffisante pour qu'il m'attaque. Je portais une arme qui aurait pu le vaporiser en un fin brouillard de chair et de sang, une issue qui m'aurait apporté bien moins d'ennuis et de paperasse que la capture de l'animal vivant. J'ai à nouveau dirigé la lumière vers le haut de la bête et j'ai réalisé que je m'étais trompé. Il ne rongeait rien. Le crâne de l'animal était caché, et la tête humaine était tout simplement... Non, ce n'était toujours pas ça. La tête humaine était tout simplement unie au corps de l'animal. De la fourrure et des taches apparaissaient sur le cou humain, qui se fondait dans les épaules du léopard. Je me suis accroupi à ses côtés en songeant - avant toute chose - à ce que ses griffes pourraient me faire si j'avais ne serait-ce qu'un moment d'inattention.

Auteur: Egan Greg

Info: Axiomatique

[ surprise ] [ hybride ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

échographie

Le jour où Pierre reçut la grande photo sur carton, il sauta en l'air, ne se contint plus.

- Je distingue très mal l'image.

On apercevait, en un brouillard de grisaille, le bas de la cage thoracique, l'ombre mate du bassin maternel et le squelette de l'enfant bien formé, la tête en bas, genoux au menton, faisant une immobile culbute où s'arrondissait son épine dorsale annelée dans un recroquevillement de momie péruvienne, comme dans les plus anciens ensevelissements humains, comme dans les jarres néolithiques.

- Que c'est laid ! dit Pierre, déçu.

- C'est ravissant, dit Hedwige, enthousiaste.

Quelques jours plus tard, ce fut une autre affaire. Cette fois, Pierre voulut écouter au stéthoscope battre le cœur de l'embryon. Il se penchait sur cette grande caverne habitée qu'était le corps d'Hedwige, appuyait son front contre elle, enfonçant aux oreilles les deux écouteurs, prêtant une attention auditive à ce ronron, à ce léger cliquetis qu'était le cœur de son enfant.

- Si tu me continues à me tourmenter ainsi, il aura des convulsions, cria Hedwige, crispée.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard, p. 230, 231)

[ poésie du détail ] [ couple ] [ famille ] [ cocasserie émouvante ]

 

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oppresseurs

GALILÉE : La pratique de la science me paraît à cet égard exiger un courage particulier. Elle procède avec du savoir qui s'acquiert par le doute. Procurant du savoir pour tous sur tout, elle vise à faire de tous des douteurs. Or, la plus grande partie de la population est maintenue par ses princes, ses propriétaires terriens et ses prêtres dans un brouillard nacré de superstitions et de vieilles formules qui masque leurs machinations. La misère de la multitude est vieille comme la montagne, et du haut de la chaire de l'Église et de l'Université elle est dite indestructible comme la montagne. Notre nouvel art du doute a ravi le grand public. Celui-ci nous a arraché des mains le télescope et l'a braqué sur ses bourreaux, princes, propriétaires terriens, curés. Ces hommes égoïstes et violents, qui se sont avidement approprié les fruits de la science, ont senti en même temps le regard froid de la science braqué sur une misère millénaire, mais artificielle, qu'il était manifestement possible d'éliminer en les éliminant eux-mêmes. Ils ont multiplié contre nous les menaces et les tentatives de corruption, irrésistibles pour des âmes faibles.

Auteur: Brecht Bertolt

Info: La vie de Galilée

[ pouvoirs ] [ manipulateurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Il se passe actuellement dans mon âme quelque chose que je n'arrive absolument pas à analyser moi-même. J'ai peu de désirs, peu de projets, je me pose peu de questions, et il y a tellement de pensées qui s'emmêlent et s'agitent dans ma tête que je ne parviens pas à les démêler. Si au moins je pouvais attraper l'extrémité d'une seule d'entre elles ! Par exemple, il m'arrive d'avoir l'impression que tout est clair, et je commence à croire vraiment que tout est limpide, littéralement tout, et soudain, tout paraît se recouvrir de brouillard et il m'est impossible de comprendre quoi que ce soit. Et surtout, je n'ai personne avec qui partager mes pensées. Maman ? Elle arrive à la maison, elle mange et elle se couche. Elle est si fatiguée maintenant. Tamara ? Mais comment partager quoi que ce soit avec elle et que saisira-t-elle dans ce que je lui dirai, et partager quoi ? En fait, la seule chose qu'il y ait en moi, c'est un vide, un vide véritable. Je ne comprends rien, ou plus exactement je comprends tout, seulement je ne sais pas ce qu'il y a à comprendre.

Auteur: Moukhina Lena

Info: Le Journal de Léna, 27 novembre 1941

[ perdu ]

 

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abstraction quantique

...le comportement des choses à petite échelle est si fantastique, si merveilleusement et admirablement différent de tout ce qui se passe à grande échelle ! Vous pouvez dire : "Les électrons se comportent comme des ondes" - non, ils ne se comportent pas exactement ainsi ; "ils agissent comme des particules" - non, ils ne se comportent pas comme ceci ; "ils agissent comme une sorte de brouillard autour du noyau" - non, ce n'est pas ça exactement. Eh bien, si vous voulez obtenir une image claire et nette d'un atome, afin de pouvoir dire correctement comment il va se comporter - avoir une bonne image de la réalité, en d'autres termes - je ne sais pas comment le faire, parce que cette image doit être mathématique. Étrange !
Je ne sais comment nous pouvons écrire des formulations mathématiques et calculer ce que une chose va faire sans être capable de l'imaginer. C'est un peu comme avoir un ordinateur dans lequel on met des chiffres et l'ordinateur peut faire le calcul pour déterminer l'heure à laquelle une voiture arrivera à différentes destinations, alors qu'il ne peut pas imaginer la voiture.

Auteur: Feynman Richard Phillips

Info: In Christopher Sykes (ed.) No Ordinary Genius: The Illustrated Richard Feynman. Chapter Six (p. 149) W.W. Norton & Company, Inc. New York, New York, USA. 1994

 

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Ajouté à la BD par miguel

fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

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