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cénacle

Au fil des journées Emma devenait toujours plus critique, surtout avec ses amis locaux, principalement la bande d'André, un musicien, ami de Miguel, pivot d'une clique d'artistes quadragénaires, tous issus de la bourgeoisie. Elle les analysait, les jaugeant maintenant comme de tristes êtres, qui se croyaient métamorphosés parce qu'après avoir vécu ces expériences - par lesquelles ils avaient eu l'impression de se faire peur - ils étaient simplement intégrés. Des petits bourgeois, ridicules par cette mise en place progressive et étudiée de façades plus ou moins réussies, plus ou moins souriantes, assorties de quelques petites excentricités d'habillement, de tournures verbales supposément originales. Elle voyait à présent des cadres moyens du fin tissu social helvétique, un de ces rassemblement de gens qui craignent toute forme de marginalité. Sérail dérisoire ou l'on se fait la bise comme les stars de la télévision pour marquer sa différence, pour montrer son appartenance à un cercle qui serait plus humain, plus averti, éclairé, mais qui, quand il existe, elle ne le savait que trop, n'a que le fonctionnement d'un groupe de pression. Elle riait presque en se remémorant qu'ils avaient créé une structure à but artistique baptisée "Les gars sympas " c'était à n'y pas croire.

Telle était donc l'intelligentsia, les révoltés de cet endroit ?... en était-ce de même pour la culture occidentale en général ?... Etaient-ce eux les artistes ?... Emma se surprenait à fulminer intérieurement. Traumatisée par l'enfant elle ne voyait plus chez eux qu'une forme d'élitisme atroce, imbécile, soumis aux conventions, aux diplômes, loin de la vie, la vraie, celle avec des excréments, des bleus, du sang, des cris. Elle aurait préféré ne pas les juger mais c'était impossible, elle les voyait si distants, si étriqués, prenant brusquement conscience qu'elle n'en n'avait jamais vu un plaisanter ou simplement discuter avec une caissière édentée ou un clodo en pleine cuite. Oui, c'était ça, égoïstes : lors des fêtes qui réunissaient les familles, elle voyait bien que leurs enfants leur cassaient les pieds, comme s'ils ne les avaient pondus que par convention, par simple peur de la mort, ou pire, par ennui. Pas comme dans son pays où la jeunesse était synonyme de joie, de plaisir... de folie qui se développe.

Elle les dépréciait, ils étaient froids, pédants. Elle analysait leurs postures, leurs attitudes - vues par elle comme un mélange de classe et de réserve étudiées - des limitations quoi, y voyant pour preuve que l'humour grossier, même sciemment provocateur, les faisaient se raidir immédiatement. Comprenant aussi qu'il fallait bien qu'ils conservent la cohérence de leur statut social. Ils étaient carrément bridés, oui, c'était ça : sans ouverture... s'auto bombardaient non racistes... tolérants... ne semblaient pas supporter par ailleurs qu'on fasse part de la moindre forme de non allégeance à leur endroit, empêtrés dans leurs représentations, leur foutu confort. Mais stop. Il fallait revenir sur terre, être positive. Qu'avaient-ils de différents des autres humains, somme toute ?... N'était-elle pas comme eux ?.

Auteur: MG

Info: In Jean-Sébastien, 1999

[ sociologie ] [ suisse ]

 

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big brother

Les vrais maitres du monde

Pendant des décennies, les idéologies extrêmes que ce soit de gauche ou de droite se sont affrontées sur le concept de conspiration d'un gouvernement secret tirant les ficelles et manipulant les keyplayers politiques et autres capitaines d'industrie. Le concept de Nouvel Ordre Mondial est aussi souvent tourné en dérision puisque présenté comme la théorie d'une conspiration de l'ombre. En fait il distrait les esprits qui manquent de la sophistication nécessaire pour comprendre les nuances de la géopolitique. Il se trouve que cette idée de base - une collusion profonde et globale entre Wall Street et le gouvernement avec un agenda mondialiste - est opérationnelle et représente en l'occurrence ce qu'un certain nombre d'initiés appellent le "Deep State". Cet "Etat profond" est un hybride de la sécurité nationale et des organismes d'application de la loi : Ministère de la Défense, Département d'État, Ministère de la Sécurité intérieure, CIA et Ministère de la Justice. On peut aussi y inclure le Département du Trésor en raison de sa compétence sur les flux financiers, de sa forte implication lors de la mise en application des sanctions internationales, et sa symbiose organique avec Wall Street. Constitué d'un réseau complexe de portes tournantes entre le complexe militaro-industriel, Wall Street, la Silicon Valley et quelques grandes entreprises, il consolide les intérêts de celles sous contrat avec la défense nationale US, les intérêts des banksters, influence et pousse à des actions militaires, use et abuse des organismes de renseignements et de surveillance, à la fois extérieurs et intérieurs.

Selon Mike Lofgren et bien d'autres initiés, il n'y a pas de théorie du complot. L'état profond se cache au vu et au su de tout le monde et va bien au-delà de ce que le Président Eisenhower expliqua en avertissant des dangers dans son discours d'adieu il ya plus de cinquante ans. (https://www.youtube.com/watch?v=8y06NSBBRtY) Un exemple, entre autres, selon Lofgren, 70% du budget du renseignement US va aux entreprises privées. En outre, alors que Wall Street et le gouvernement fédéral sucent l'argent de l'économie, on relègue des dizaines de millions de personnes aux coupons alimentaires et on incarcère toujours plus de monde. Cogitez : il y a plus de détenus aux USA qu'en Chine, État totalitaire quatre fois plus peuplé. On constate aussi que la croissance de l'oligarchie corporatiste (faut-il parler de corporatocratie ?) facilite et consolide l'Etat profond. Les portes tournantes entre le gouvernement et l'argent de Wall Street permettent toujours plus aux plus grandes entreprises d'offrir des emplois surpayés aux ex responsables gouvernementaux et autres yes men. Cette cabale quasi-secrète qui tire les ficelles à Washington et conditionne une grande partie de la politique étrangère américaine est maintenue via une idéologie corporatiste qui développe et défend des thèmes comme : déréglementation, externalisation, désindustrialisation et financiarisation.

L'exceptionnalisme américain, ou grand "Consensus de Washington", cultive ainsi une guerre perpétuelle via le maintien de son impérialisme économique - à l'étranger - tout en consolidant les intérêts de l'oligarchie principalement aux USA. Le président en place est sans importance tant qu'il est possible de perpétuer la guerre contre le terrorisme et autres objectifs géopolitiques fallacieux. "Tant que les budgets passent et que les factures sont payées à temps, les listes de promotion sont confirmées, les budgets noirs (c.-à-secrets) tamponnés, les subventions fiscales particulières pour certaines sociétés approuvés sans controverse, etc. Bref, aussi longtemps qu'on ne pose pas trop de questions gênantes, les engrenages qui maillent cet état hybride moulinent sans bruit, Ainsi on s'explique aisément pourquoi les USA renaclent à intervenir avec les russes pour éradiquer DAECH (ou ISIS, ou Etat islamique), tout comme on comprend mieux les manoeuvres machiavéliques qui ont installé un immense bordel en Lybie et en Irak entre autres exemples.

La très mauvaise nouvelle est que plusieurs informations concordantes indiquent que les élites chinoises et même russes sont de plus en plus de mèche avec ce qu'on appellera ici "les mondialistes". On nous a bassinés depuis toujours avec la "démocratie" en nous faisant croire la formule de Lincoln : "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple" où le peuple resterait toujours à la manoeuvre et ne déléguerait à l'exécutif que les tâches qu'il ne peut effectuer lui-même. Illusion. Il semble alors que le développement de ce genre de cénacle, de groupe d'influence dissimulé, de cooptation d'un "cerveau reptilien du tissu social" qui n'a d'autres but que sa propre conservation, ne pourra être maitrisé et contenu que dans de petits états, gérés via un système de démocratie directe à la Suisse, où de surcroit des conditions de vie contraignantes demeureront afin de pousser les gens vers la solidarité et la conscience politique. En ayant aussi, auparavant, réglé une des plus grandes injustices de ce monde, à savoir la manière dont les oligarques mondiaux se passent leurs fortunes et ressources d'une génération à l'autre. Car, comme ils ont les moyens et le niveau intellectuel, ils peuvent aisément bien éduquer des descendants qui comprennent leur(s) avantage(s). De fait l'inégalité de la naissance est devenue, avec le développement de l'oligarchie mondiale (les 99% contre le 1%), la plus frappante de notre monde.

Auteur: Internet

Info: 24 septembre 2015, Trad et adaptation MG, d'après http://theantimedia.org/forget-the-new-world-order-heres-who-really-runs-the-world/

[ marchands d'armes ] [ géopolitique ]

 

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écrivain-sur-écrivains

Les contents

Dans l’extrait d’Apostrophes qui tourne en boucle ces derniers temps sur internet, ce qui me frappe, c’est la toute fin de l’émission. Quand Matzneff est réellement surpris de la violence de l’attaque de Denise Bombardier, mais, en fait, quand il est surpris par deux autres choses. La première, c’est que visiblement à l’inverse de tous les autres invités, à commencer par Pivot lui-même, elle, elle ne tombe pas sous son charme et elle ne sourit pas quand il parle. Elle ne l’admire pas. Parce que, tous les autres, finalement, ils sourient, d’un sourire gentil : "le gentil farfadet que voilà..." ou "celui-là alors...". Et puis, il est surpris par l’attaque elle-même : comment se fait-il que la vie, la société, vienne le juger, lui — pas lui Gabriel Matzneff, non. Lui, l’écrivain. Lui, le grand écrivain. L’esthète. La littérature. "Comment peut-on ne pas m’aimer ?" Evidemment que la littérature justifie tout, dit-il. Et le plus important est la surprise de Matzneff à ce moment-là : que peut-on me vouloir à moi, qui écris aussi bien ? Je dis tout sur moi, je suis sincère, et j’écris bien. C’est ça, n’est-ce pas, qui justifie l’ensemble, et appelle le sourire de mes convives — il s’agit, réellement, d’une atmosphère de salon, juste avant un dîner. Comment pourrait-il en être autrement ?

Or qui a dit que Matzneff était un écrivain ? Je veux dire, vous avez lu un jour un seul de ses romans, vous avez essayé ? — Ses romans sont publiés, depuis des décennies, aux éditions de la Table ronde — un éditeur de droite dure. Personne, je crois bien, ne les lit. Mais, ses journaux, ils paraissent tous chez Gallimard, et ce n’est pas aujourd’hui que ça a commencé. C’est-à-dire que, tant qu’à dire les choses, celui qui devrait être poursuivi pour complicité de viol et éloge de la pédophilie, n’est-ce pas, en toute logique, c'est son éditeur. Mais, bon, pour moi, ici, il ne s’agira pas de morale ou de justice. — Ses journaux, que j’ai feuilletés il y a des années de ça, qu’en dire ? Mais c’est absolument, désespérément nul. Nul, creux, vaniteux, idiot — ça n’existe tout simplement pas. Ça existe, je dirais, parce que c’est tellement ridicule qu’on se sent souillé quand on le lit, — quand on en est témoin. — Ce sentiment du ridicule senti et qui vous transperce, Dostoïevski en parle. Mais voilà, on dit que, la langue de Matnzeff, "c’est une belle langue". — Pardon pour l’image. Disons, "C’est bien écrit..."

Un bavardage content, qui existe et qui, aussi bien, pourrait ne pas exister. Où chaque page, chaque journée, effacent la précédente, sans jamais rien changer. — Avec une constante : le "je" qui parle est content. Content d’être adoré par des jeunes adolescentes, mais pas seulement — par ses collègues écrivains, auxquels, comme le genre l’y invite, il décoche des petites piques, nous dirons de "petites vacheries entre copains", parce que, et oui, l’essentiel est bien là, tout se passe entre copains. Et nous faisons du style. Et c’est si beau, le style.

C’est ce sourire content qui m’a toujours frappé. Et c’est un sourire que je perçois, sous différentes formes, parfois moins fort, parfois plus fort, chez toute une série d’autres écrivains français. Parce que le sourire peut changer, mais pas le contentement.

Je m’étais déjà interrogé, à propos de d’Ormesson et des écrivains cités comme modèles de l’esprit français par notre président. Et, bizarrement, je me dis que c’est réellement une caractéristique de ce qu’on appelle l’esprit français, ce contentement à se regarder si beau dans le miroir et faire des phrases dessus. J’ai beau chercher, je ne trouve pas ça dans la littérature russe — non, vraiment. Et Dieu sait Tolstoï a écrit des journaux... Le seul, peut-être, c’est Edouard Limonov, qui est un vrai fasciste. Mais Limonov, comme écrivain, ce n’est juste rien du tout.

Mais regardez, je ne sais pas, Léautaud — il est, vraiment, considéré comme un écrivain. Il écrit, il écrit, il écrit. Moi je et mes chats. Mais il écrit, et il fait des volumes, et il est un "grand écrivain". Et lui aussi, il fait du style. Ou, d’une autre façon, Jouhandeau. Cette espèce de saloperie absolue — là encore, d’ailleurs, publiée chez Gallimard. Matzneff, aujourd’hui, il est très malheureux, nous savons bien, il va même perdre les subsides que le CNL lui donnait tous les ans, parce qu’il est un vieillard nécessiteux (!...) — du fait que personne, dit-il lui-même, n’achète ses livres. Mais Jouhandeau, lui, il prospère : et Guéret est très très fière de son auteur, et organise, si je ne me trompe pas, un festival de littérature où sont présents beaucoup de mes amis, ou de gens qui sont publiés par les mêmes éditeurs que moi, et, visiblement, ça ne dérange personne que, non seulement ce type soit un antisémite acharné (dans ses livres comme dans ses lettres), mais qu’il passe son temps à faire des phrases sur sa vie, sur des centaines et des centaines de pages, toujours pareil, à ragoter, à se complaire, à s’admirer, finalement, même en se détestant — mais il ne se déteste guère. Et là encore, comme la crapule qu’il a toujours été, à être content. Absolument certain, comme aujourd’hui Matzneff, que Dieu reconnaîtra les siens, puisque la littérature est le sommet de la création, et qu’il est lui, un créateur de ce sommet.

Et combien d’autres écrivains, hommes et femmes, chez nous, font ça, une carrière à écrire sur ça — le potin et la joie d’être soi, ou la joie d’être si laid et d’être soi (c’est absolument la même chose), la joie d’avoir pour amis des amis qui vous ont pour ami et qui sont contents d’être contents et de vous voir content. Oui, l’éternel ragot.

Et, il faut bien le dire, souvent, c’est ça, ce qu’on appelle "notre littérature" et que j’aurais tendance à appeler "notre honte" ...

Auteur: Markowicz André

Info: https://www.facebook.com/andre.markowicz/posts/2599408370271459

[ cénacles ] [ prestige littéraire ] [ vacheries ] [ compromission ] [ conservatisme bourgeois ] [ Gaule ]

 

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Ajouté à la BD par miguel