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solidarité

Oui, des camarades, il y en a eu,
On partageait le dernier bout de pain misérable,
la dernière bouffée de gros gris.
On croyait à la force,
à la témérité.
On ne croyait pas aux rumeurs délirantes,
on était capable de serrer les dents,
de sortir du jeu.
Il y avait même des amis, et ce n'était pas chose facile
que de trouver une goutte d'amitié - une seule -
dans l'océan d'hostilité.
Accroché à une paille, le corps contrariait l'esprit
mais refusait de sombrer.
Certains n'étaient plus que des cabans
- pas des hommes, des ombres
indifférentes à tout sauf à la bouffe.

Auteur: Baldaev Danzig

Info: Gardien de Camp, Tatouages et dessins du goulag

[ goulag ] [ camp de concentration ] [ famine ]

 

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témoignage

(Mais) j'étais rentré de la déportation depuis trois mois, et je vivais mal. Ce que j'avais vu et souffert brûlait en moi, je me sentais plus proche des morts que des vivants, et coupable d'être homme, car les hommes avaient édifié Auschwitz, et Auschwitz avait englouti des millions d'êtres humains, et beaucoup de mes amis, et une femme qui était toujours dans mon coeur. Il me semblait que je me purifierais en racontant, et je me sentais pareil au vieux marin de Coleridge qui saisit par la manche, dans la rue, les gens conviés à des noces pour leur infliger son histoire de malédiction.

Auteur: Levi Primo

Info: Le Système périodique

[ rapport ] [ déposition ] [ camp de concentration ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mémoire

De temps à autre, Jasek arrive avec du pain et du lard. En voyant ce pain enveloppé d'une superbe croûte, épaisse, dorée, je salive. Je regarde Jasek manger, je suis ses lèvres, les mouvements de ses mâchoires. Sans rien dire, il sépare la croûte et me l'offre. Elle craque sous ma dent. La première bouchée est goulue. Puis je me freine. Je veux savourer un instant de bonheur; en moi, remonte le souvenir des miches de pain, de la maison, des camps scouts. Depuis soixante-dix ans, le pain campagnard, sa croûte épaisse et odorante, me ramènent systématiquement à Auschwitz et à Jasek que je remercie par delà les décennies.

Auteur: Esrail Raphaël

Info: L'Espérance d'un baiser

[ gratitude ] [ camp de concentration ]

 

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atroce

Ce ne fut pas pour apaiser leur douleur, ni même pour se concilier leurs victimes, que les soldats allemands organisèrent la musique dans les camps de la mort.
Ce fut pour augmenter l'obéissance et les souder tous dans la fusion non personnelle, non privée, qu'engendre toute musique.
Ce fut par plaisir, plaisir esthétique et jouissance sadique, éprouvés à l'audition d'airs aimés et à la vision d'un ballet d'humiliation dansé par la troupe de ceux qui portaient les péchés de ceux qui les humiliaient.
Ce fut une musique rituelle.
Primo Levi a mis à nu la plus ancienne fonction assignée à la musique. La musique, écrit-il, étant ressentie comme un "maléfice". Elle était une "hypnose du rythme continu qui annihile la pensée et endort la douleur".

Auteur: Quignard Pascal

Info: La haine de la musique

[ beaux-arts ] [ camp de concentration ]

 

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témoignage

Pour mon malheur, ou du moins ma malchance, je ne trouvais que deux sortes d’attitudes chez les gens du dehors. Les uns évitaient de vous questionner, vous traitaient comme si vous reveniez d’un banal voyage à l’étranger. Vous voilà donc de retour ! Mais c’est qu’ils craignaient les réponses, avaient horreur de l’inconfort moral qu’elles auraient pu leur apporter. Les autres posaient des tas de questions superficielles, stupides –dans le genre : c’était dur, hein ?-, mais si on leur répondait, même succinctement, au plus vrai, au plus profond, opaque, indicible, de l’expérience vécue, ils devenaient muets, s’inquiétaient, agitaient les mains, invoquaient n’importe quelle divinité tutélaire pour en rester là. Et ils tombaient dans le silence, comme on tombe dans le vide, un trou noir, un rêve.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ camps de concentration ] [ malaise ] [ gêne ] [ évitement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

persécutions

Grand-mère revint de chez les voisins en racontant qu'un jeune garçon de 14 ans, qui avait réussi à s'enfuir en rampant du ravin, s'était réfugié dans la cour des maraîchers et racontait des choses atroces : là-bas, on déshabillait tout le monde, on alignait les gens au bord du ravin et on tirait dans la nuque du premier de façon à en tuer plusieurs avec une seule balle. On entassait les tués, on les recouvrait d'une couche de terre, et on recommençait l'opération. Mais beaucoup de fusillés étaient encore en vie, si bien que la terre bougeait et certains sortaient en rampant. Alors on les frappait sur la tête et on les poussait à nouveau dans le ravin. Mais lui, on ne l'avait pas vu, il était sorti en rampant et était accouru.

Auteur: Kuznetsov Anatoli

Info: Babi Yar

[ camps de concentration ] [ antisémitisme ]

 

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survie

La faculté qu'a l'homme de se creuser un trou, de sécréter une coquille, de dresser autour de soi une fragile barrière de défense, même dans des circonstances apparemment désespérées, est un phénomène stupéfiant qui demanderait à être étudié de près. Il s'agit là d'un précieux travail d'adaptation, en partie passif et inconscient, en partie actif : planter un clou au-dessus de sa couchette pour y suspendre ses chaussures pendant la nuit ; conclure tacitement des pactes de non-agression avec ses voisins ; deviner et accepter les habitudes et les lois du Kommando et du Block où l'on se trouve. En vertu de quoi, au bout de quelques semaines, on parvient à atteindre un certain équilibre, un certain degré d'assurance face aux imprévus ; on s'est fait un nid, le choc de la transplantation est passé.

Auteur: Levi Primo

Info:

[ camp de concentration ]

 

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judaïsme

L'exemple suivant suffira à illustrer l'ambiguïté, voire l'irresponsabilité de certains savants. L'allemand Fritz Haber (1868-1934), reçut le prix Nobel de chimie en 1918 pour avoir réussi la synthèse de l'ammoniac à partir de l'azote de l'air. Il a ouvert la voie de l'amélioration de la production agricole par l'utilisation d'engrais azotés, ce qui a représenté un progrès considérable pour l'humanité. Mais il est aussi tristement célèbre pour avoir découvert et expérimenté des gaz asphyxiants utilisés pendant la Première Guerre mondiale. Une de ces substances hautement toxique (le Zyklon B) mise au point par ce grand savant devint, en 1943, l'instrument de l'extermination de malades incurables, de malades mentaux et surtout celui de l'Holocauste. Hitler ne lui sut pas gré de ses découvertes. Malgré l'intervention personnelle du grand physicien Max Plank, Fritz Haber a dû, dès 1933, fuir l'Allemagne et se réfugier en Angleterre, parce que lui-même était... juif.

Auteur: Girod Michel

Info: Penser le racisme, Calmann-Lévy, 2004, pages 29-30

[ absurde ] [ camp de concentration ]

 

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temps

Je suis né 13 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. En mes jeunes années, nous parlions très fréquemment de la guerre, de ses anecdotes et autres atrocités. Vu de mes dix ans cet événement, rapporté principalement par mes parents lors des repas familiaux, semblait extraordinairement éloigné à l'époque. Aujourd'hui, la cinquantaine bien installée et l'année 2010 se profilant, je ne suis pas loin de penser que je suis né quasi en fin de seconde guerre mondiale.
De plus ma mère - qui aimerait se croire juive - nous a tant bassiné sur l'horreur des camps, (chose tout à fait compréhensible), que j'ai passé une grande partie de ma jeunesse a percevoir la foule d'"au-dessus" dans une sorte de grand spleen. Supermarchés, gares ou festivals de musique, je ne voyais souvent qu'un rassemblement de primates en sursis, tout prêts de se faire embarquer dans des wagons plombés.

Auteur: MG

Info: 20 janvier 2009

[ relatif ] [ camp de concentration ] [ horreur ]

 

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homme-animal

La tentative la plus téméraire pour élargir le fossé entre humains et animaux fut une doctrine rendue célèbre à partir de 1630 par le philosophe et homme de science français René Descartes. Cette doctrine déclarait que les animaux n'étaient que de purs et simples machines ou automates, pareils à des horloges, capables d'avoir un comportement complexe, mais totalement incapables de parler, de raisonner ou même d'avoir des sensations, soutenant que les animaux n'éprouvaient pas de douleur et que leur cris, leurs hurlements, leurs contorsions n'étaient que des réflexes externes, sans lien avec une sensation interne.
Elargir à ce point le fossé entre l'homme et l'animal fournissait de loin la meilleure rationalisation jamais entendue en faveur de l'exploitation humaine des animaux. Le cartésianisme, justifiant l'ascendant des hommes, les autorisait à les maltraiter et libérait, comme le dit Descartes, "de tout soupçon de crime, si souvent qu'ils mangeassent de la viande ou tuassent des animaux".

Auteur: Patterson Charles

Info: Un éternel Treblinka

[ camp de concentration ]

 

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