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crépuscule

L'orbe d'or du soleil tombé des cieux sans bornes
S'enfonce avec lenteur dans l'immobile mer,
Et pour suprême adieu baigne d'un rose éclair
Le givre qui pétille à la cime des mornes.

En un mélancolique et languissant soupir,
Le vent des hauts, le long des ravins emplis d'ombres,
Agite doucement les tamariniers sombres
Où les oiseaux siffleurs viennent de s'assoupir.

Parmi les caféiers et les cannes mûries,
Les effluves du sol, comme d'un encensoir,
S'exhalent en mêlant dans le souffle du soir
A l’arôme des bois l'odeur des sucreries.

Une étoile jaillit du bleu noir de la nuit,
Toute vive, et palpite en sa blancheur de perle ;
Puis la mer des soleils et des mondes déferle
Et flambe sur les flots que sa gloire éblouit.

Et l'âme, qui contemple, et soi-même s'oublie
Dans la splendide paix du silence divin,
Sans regrets ni désirs, sachant que tout est vain,
En un rêve éternel s'abîme ensevelie.

Auteur: Leconte de Lisle Charles-Marie

Info: L'orbe d'or

[ couchant ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

portrait

Daphné se réveilla par hasard, car la nuit en arrivant ne témoigne d'aucune de ces turbulences qui annoncent le jour. Il était sept heures du soir. Ce repos esthétique d'avant dîner, ce beauty sleep, formait partie de l'administration de son visage. Suivit une enquête, très poussée, sur son corps, couleur de cannelle, dans le miroir à trois faces. Daphné croyait obéir à des lois particulières ; elle était régie au contraire , et plus que d'autres,  par le commun. Une unité humaine, parmi les 1 660 000 000 qui peuplent le monde. C'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est-à-dire à peu près un jeune homme d'hier. Elle avait pris aux mâles leur vivacité, leur pétulance et faisait mentir l'histoire naturelle qui veut les femelles calmes, lourdes et stationnaires. Elle courait comme une folle à travers les verdures de la vingtième année, ce qui ne l'empêchait pas au passage de s'étrangler de nos plus vieux nœuds coulants.

Auteur: Morand Paul

Info: L'Europe galante (1925, 250 p., Grasset, les cahiers rouges, p. 207)

[ captation de genre ] [ masculinisation de la femme ] [ étrangeté ]

 

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ville

Deux lieux m'attirent quand je suis en voyage et c'est à eux, où que j'arrive, que je fais mes premières visites. L'église, si je suis en pays chrétien, et le marché. L'église, car j'y sais retrouver partout la même odeur de pierre froide, de cire, de myrrhe et d'encens. Elle est en quelque sorte ma maison portative, mon chez-moi permanent dans son imagerie connue, son calme et sa réserve. Le marché, car j'y sens l'âme d'une terre et la peau des hommes, le fruit de leur travail dans un étourdissant mélange d'odeurs effroyables et délicieuses, de graisse crue ou grillée, de citronnelle, de coriandre coupée grossièrement aux ciseaux, de fientes d'oiseaux captifs, de viandes fades fraîchement tuées, de jasmin, de peaux tannées, de soufre, de cannelle, de pétales de roses et de boyaux, d'amandes fraîches ou grillées, de camphre, d'éther et de miel, de saucisses et de menthe, de lilas, d'huile, de soupes, de beignets, de morue et de poulpes, d'algues séchées et de grains.

Auteur: Claudel Philippe

Info: Parfums

[ périple ] [ odeurs ]

 

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foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

occident

C'est d'abord au port de Séville que débarque l'essentiel des produits d'Amérique. L'espagnol Nicolas Monardès, à la fois négociant et médecin, en dresse la liste en 1565 dans un traité qui connaît immédiatement un vif succès. Il fait ainsi découvrir à l'Europe l'ananas, le maïs, la cacahuète, la tomate d'abord nommée pomme d'or, car elle est jaune, puis le chocolat qui fera fureur à partir de 1600 et le tabac, d'abord considéré comme un médicament y compris contre les migraines, l'asthme et les épidémies de peste ! Les épices d'Extrême-Orient (150 000 tonnes débarquées à Lisbonne au cours du XVIe siècle) sont, elles aussi, pourvues de vertus curatives : le clou de girofle soulage la douleur, le gingembre stimule le sang et la digestion. Quant au sucre qui arrive des Antilles dès 1570, il est en fait originaire d'Inde, et cultivé en Espagne depuis 1400. Lors de son deuxième voyage vers l'Amérique en 1493, Christophe Colomb emporte quelques plants de canne à sucre et l'implante avec succès sur les îles.

Auteur: Coppin Brigitte

Info: Les produits du nouveau monde

[ historique ] [ nourriture ] [ nord-sud ]

 

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plante hallucinogène

Le bocal contenant le peyotl était là, sur le plancher, près de la chaise. Je me baissai, saisis au hasard un des boutons et le plaçai dans ma bouche. Il avait un goût de moisi. De mes dents, je le coupai en deux puis entrepris de mâcher l’une des moitiés. Une amertume forte et âcre m’envahit et m’engourdit presque aussitôt la bouche. L’amertume persistait et augmentait au fur et à mesure que je mâchais, activant ma salivation d’une manière incroyable. Mes parois buccales et mes gencives me donnaient l’impression d’avoir mangé quelque chose de très salé, du poisson ou de la viande séchée, qui obligerait à une longue mastication. Un peu plus tard je commençai à mâcher la seconde moitié dont je ne goûtai même plus la saveur amère. Le peyotl avait une consistance granuleuse, un peu comme une orange très fibreuse ou de la canne à sucre, et j’ignorai si je devais l’avaler ou le cracher. A ce moment notre hôte se leva et nous invita tous à gagner le porche.

Auteur: Castaneda Carlos

Info: Dans "L'herbe du diable et La petite fumée", trad. de Marcel Kahn et Nicole Ménant avec la collaboration de Henri Sylvestre, éditions du Soleil noir, Paris, 1972, pages 43-44

[ dégustation ] [ expérience psychédélique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

musique

Un jour qu'Haendel avait une compagnie nombreuse à dîner, il pria ses convives de l'excuser de ce qu'il ne leur servait que du porter. Puis, entre la poire et le fromage, au moment où la conversation était la plus animée, il se leva de table en s'écriant : - il me vient une idée. Avant de sortir sur la pointe du pied et revenir un instant après. Au bout de quelques minutes, il en fit autant en faisant la même exclamation. A la troisième fois, un des convives, curieux de savoir quelle pouvait être l'idée d'un si grand homme, le suivit sans qu'il s'en aperçut, et le vit enfiler un long corridor au bout duquel il entra dans une chambre dont il ferma la porte sur lui. Son ami regarda par le trou de la serrure et vit ce célèbre musicien qui, après s'être agenouillé devant un quartaut de vin de Champagne, en avoir tiré la cannelle et avalé cinq à six bonnes gorgées, se leva de son humble posture et revint vers sa compagnie pour causer et boire du porter avec elle.

Auteur: Internet

Info: In Encyclopédie comique, ou Recueil anglais de gaietés, de plaisanteries, de traits d'esprit, de bons mots, d'anecdotes... 1677

[ avarice ] [ anecdote ]

 

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brocante

Ces temps-ci, son boulot, à défaut de son gagne-pain, consistait à revendre de l’illusion, en chiffonnier hardi. Avec Bessie, il écumait les territoires les moins substantiels du comté, et récupérait les artefacts-fantômes qu’il dénichait en chemin? Il pouvait s’agir de vieilles nippes spectrales, ou d’un souvenir encore vif d’une caisse à thé datant de l’enfance, ou bien de trucs qui n’avaient aucun sens, des vestiges d’un rêve quelconque. Freddy se rappelait la fois où Jem avait trouvé une sorte de pommeau de canne recourbé, sculpté pour ressembler à un poisson allongé et minutieusement chantourné, mais doté d’une trompe évoquant celle d’un éléphant avec des trucs qui ressemblaient à des yeux de verre tout le long des deux côtés. Ils avaient essayé d’en jouer, mais le tube était bourré de sciure toute tassée avec, enfouis dedans, de drôles de bidules en plastique. L’instrument avait dû rejoindre les autres curiosités là-bas dans la pièce principale du fantôme de la maison de Jem, parce qu’on ne savait jamais, le pommeau-poisson devait sûrement trôner dans la vitrine de Jem avec l’uniforme de grenadier fantôme et des souvenirs de chaises.

Auteur: Moore Alan

Info: Jérusalem

[ marché aux puces ]

 

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nord-sud

L’intervention de Zelensky au festival cannois va de soi si vous regardez ça sous l’angle de ce qu’on appelle "la mise en scène" : un mauvais acteur, un comédien professionnel, sous l’œil d’autres professionnels de leurs propres professions.

Je crois que j’avais dû dire quelque chose dans ce sens il y a longtemps. Il aura donc fallu la mise en scène d’une énième guerre mondiale et la menace d’une autre catastrophe pour qu’on sache que Cannes est un outil de propagande comme un autre. Ils propagent l’esthétique occidentale, quoi…

S’en rendre compte n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. La vérité des images avance lentement. Maintenant, imaginez que la guerre elle-même soit cette esthétique déployée lors d’un festival mondial, dont les parties prenantes sont les États en conflit, ou plutôt "en intérêts", diffusant des représentations dont on est tous spectateurs… vous comme moi.

J’entends qu’on dit souvent "conflit d’intérêt", ce qui est une tautologie. Il n’y a de conflit, petit ou grand, que s’il y a intérêt. Brutus, Néron, Biden, ou Poutine, Constantinople, l’Irak ou l’Ukraine, il n’y a pas grand-chose qui a changé, mise à part la massification du meurtre.

Auteur: Godard Jean-Luc

Info: 23 mai 2022

[ ukraine-russie ] [ géopolitique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

manie personnelle

On rencontre partout des gens comme ce monsieur José, ils occupent leur temps, ou celui qu'ils croient que la vie leur laisse, à collectionner des timbres, des monnaies, des médailles, des potiches, des cartes postales, des boîtes d'allumettes, des livres, des montres, des chandails de sport, des autographes, des pierres, des personnages en terre cuite, des cannettes vides de boissons rafraîchissantes, des petits anges, des cactus, des programmes d'opéra, des briquets, des stylos, des hiboux, des boîtes à musique, des bouteilles, des bonsaïs, des tableaux, des gobelets, des obélisques en cristal, des canards en porcelaine, des jouets anciens, des masques de carnaval, poussés probablement par quelque chose que nous pourrions appeler angoisse métaphysique, peut-être parce qu'ils n'acceptent pas l'idée que le chaos soit le seul arbitre de l'univers, et donc avec leurs faibles forces et sans aide divine, ils tentent d'introduire un peu d'ordre dans le monde, ils y réussissent pendant un certain temps, mais seulement aussi longtemps qu'ils parviennent à défendre leur collection car quand vient le jour de la disperser et ce jour arrive inéluctablement, à cause de la mort ou de la lassitude du collectionneur, tout retourne au chaos originel, tout replonge dans le désordre.

Auteur: Saramago José

Info: Tous les noms

[ rangement ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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