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Usa

J'ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j'ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j'étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J'ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J'ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J'ai aidé au viol d'une demi-douzaine de républiques d'Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J'ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J'ai apporté la lumière en République Dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J'ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j'ai aidé à ce que l'entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. (...) Quand je repense à tout ça, je pourrais donner à Al Capone quelques conseils. Le mieux qu'Al Capone pouvait faire, c'était de racketter trois quartiers. Moi, j'agissais sur trois continents !

Auteur: Butler Smedley

Info:

[ guerre ] [ barbarie ] [ impérialisme ] [ confession ]

 

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civilisation

Il est extraordinaire qu'aujourd'hui, maintenant que la colonisation des États-Unis par les Juifs est pratiquement achevée, les Américains n'aient pas encore compris qu'ils ont été conquis et vassalisés par un peuple étranger. Il est extraordinaire qu'ils ignorent à un degré inimaginable les premiers éléments de la question juive. Leur candeur dépasse, s'il est possible, celle des Français d'avant guerre. C'est qu'ils n'ont pas, comme nous — bien qu'ils aient subi autant que nous, l'avilissement des immortels principes — une tradition de l'antisémitisme qui va de Saint Louis à Drumont et à Céline. C'est aussi parce que, lorsque des Américains ont commencé à ouvrir les yeux, il était trop tard. Les Juifs qui s'étaient introduits dans la place avaient déjà conquis la maîtrise des ondes, du papier imprimé et de la publicité. Impossible de prononcer le mot "juif", de dénoncer le péril juif sans être aussitôt muselé, brisé, anéanti. Certes, il existe une opposition. Des clubs, des salons, des universités sont fermés aux Juifs. Des Américains peu nombreux mais résolus ont deviné le péril. Nous parlerons plus loin de ces révoltés. Disons tout de suite que leur action n'éveille aucun écho, qu'elle se limite à des manifestations isolées sans vigueur ni envergure. Le peuple d'Amérique ne soupçonne pas sa propre servitude. Lui qui est tellement susceptible, tellement intransigeant lorsqu'on aborde la question nègre, lui qui redoute tellement d'être submergé par une vague noire venue des États du Sud, il contemple avec apathie le noyautage des trusts et du gouvernement par les impérialistes juifs. Il subit, il accepte sans réagir. Et surtout il ne comprend absolument pas que le problème juif est un problème de race. Il s'imagine encore qu'il s'agit d'une affaire religieuse et il s'indigne à juste titre qu'on puisse ranimer des préjugés médiévaux pour reprocher à de libres citoyens leurs conceptions métaphysiques.

Auteur: Cousteau Pierre-Antoine

Info: l'Amérique Juive (1942, 100 p.)

[ antisémitisme ] [ capitalisme ] [ prédation ] [ noyautage ] [ nouveau monde ]

 

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principe généalogique

Quand on a appris que “iel” entrait au dico, on s’est encore esclaffés, on a fait des blagues douteuses sur le mode “Iel, mon mari !”, on s’est indignés à coups d’éditos, les plus éminentes sommités ont été consultées et la première dame a mis son grain de poivre. Pas sûr qu’il suffise de rire ou de protester pour arrêter cette dinguerie. Avec l’institutionnalisation d’un pronom “non-binaire”, car Le Robert est une institution, la police du langage franchit un cran. Il ne s’agit plus seulement de corriger les inégalités en amendant la langue (principe du politiquement correct), il s’agit d’effacer dans la langue ce qui relève encore de l’évidence concrète pour l’écrasante majorité des hommes : la différence des sexes.

Je ne sais pas si les promoteurs de cet escamotage ont lu Orwell et Klemperer, mais ils savent instinctivement que pour changer le réel, il faut subvertir le langage : inventez le mot et la chose adviendra. Bien avant l’arrivée de “iel”, de nombreux organismes avaient montré leur volonté de collaborer à l’ordre sémantique nouveau en proposant de cocher, à la rubrique “sexe”, la case “femme”, “homme” ou “autre”. Les responsables du Conservatoire national d’art dramatique savent bien qu’il y a deux sexes. En proposant aux candidats ce choix qui n’existe pas, ils espèrent faire moderne et échapper ainsi aux futures épurations. […]

En octobre, les autorités américaines ont délivré le premier passeport mentionnant le genre “X”. La révolution non binaire est en marche. Le capitalisme a ouvert le chemin de l’avenir radieux et désexualisé : en Amérique, tout cadre qui se respecte fait figurer “ses pronoms” sur ses profils de réseaux sociaux. […] Avec la “non-binarité”, le fantasme de la table rase est en phase d’être accompli. La révolution du genre ne veut pas mettre à bas l’ordre social ou politique, mais l’ordre anthropologique, le soubassement symbolique de l’espèce. Je ne veux pas vous faire peur, mais il n’est pas exclu qu’elle y parvienne.

Auteur: Lévy Elisabeth

Info: "Les non-bin errent" (éditorial), dans le Causeur de décembre 2021

[ indifférenciation ] [ dissolution ] [ filiation ] [ ultra-individualisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

industrie du divertissement

Ce sont des Juifs qui ont imaginé la technique perverse des burlesque shows, l'exploitation systématique d'un érotisme que l'on exacerbe avec de diaboliques raffinements sans jamais lui permettre de se satisfaire. Ce sont eux qui ont inventé les taxi girls, cette forme de la traite des blanches plus avilissante que la prostitution. Ce sont eux qui ont multiplié à travers New-York ces gigantesques salles de spectacle dont la monstruosité est la honte de notre époque. À Paris, le Rex de M.Jacques Haïk, avec son plafond badigeonné au bleu d'outremer et piqué d'étoiles, avec ses nymphes de plâtre, ses minarets, ses balcons gothiques et ses pergolas, nous offre un assez bel exemple de ce que peut réaliser Israël lorsqu'il a les coudées franches. Les Juifs de New-York ne sont ni moins ni plus barbares que M.Jacques Haïk, mais comme ils sont beaucoup plus puissants que leurs compatriotes du ghetto de Paris, leur mauvais goût s'étale et s'impose avec plus d'insolence encore. C'est une débauche de colonnades corinthiennes et de gargouilles, d'ornements massifs outrageusement dorés, et de lambris aux couleurs criardes, l'accumulation forcenée de tout ce qu'il ne faut pas faire, de tout ce qu'il faut éviter. Le voyageur qui a visité le Paramount de New-York, ou le Roxy, ou l'Hippodrome, se hâte de conclure que les Américains ne conçoivent que des monstruosités. Ce qui est très injuste. Je ne prétends certes point que les Américains ont dans l'ensemble le goût très sûr. (Ils ont cependant créé en Nouvelle-Angleterre et dans les États du Sud un "style colonial" qui ne manque pas de charme). Mais les fautes de goût les plus visibles, les plus affligeantes que l'on note à New-York et ailleurs (je pense aux castels médiévaux des ploutocrates d'Hollywood) sont d'abord la manifestation de l'esthétique juive triomphante. Les vrais Américains — en ceci comme pour bien d'autres choses — supportent les conséquences de leur méconnaissance du problème juif. Ils se sont laissé asservir et on les tient pour responsables des attentats auxquels se livrent leurs conquérants. On dit également chez nous, pour flétrir l'immonde Paris-Soir des distingués industriels Beghin et Prouvost, qu'il a introduit dans notre presse les mœurs américaines. Américaines ? Allons donc... Il n'y a pas de journaux américains à New-York. Il n'y a que des journaux juifs. Et ceux qui ne le sont pas complètement ont bien été forcés de suivre le mouvement, de copier la formule qui réussit si merveilleusement, de tout sacrifier au scandale, au sensationnel, de fignoler des présentations tapageuses, d'élever à la hauteur d'un art le mépris du lecteur.

Auteur: Cousteau Pierre-Antoine

Info: l'Amérique Juive (1942, 100 p.)

[ laideur ] [ antisémitisme ] [ nouveau monde ] [ presse ] [ colonisation ] [ noyautage ] [ capitalisme ] [ cosmopolitisme ]

 

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géopolitique

Le grand paradoxe des bombardements de l’OTAN en Yougoslavie n’a donc pas été celui dont se sont plaints les pacifistes occidentaux (en bombardant la Yougoslavie dans le but d’empêcher la purification ethnique du Kosovo, l’OTAN a en réalité déclenché une purification à grande échelle et a ainsi créé la catastrophe humanitaire même qu’elle était censée prévenir), mais un plus grand paradoxe encore, inclus dans l’idéologie victimaire : le fait que l’OTAN a privilégié la faction kosovar "modérée" d’Ibrahim Rugova, désormais discréditée, au détriment de l’Armée de libération du Kosovo "radicale" (UCK). Cela signifie que l’OTAN a volontairement bloqué la résistance armée des Albanais eux-mêmes. [...] Après l’accord sur le retrait de l’armée serbe du Kosovo, cette méfiance à l’égard de l’UCK a refait surface de plus belle : une fois encore était évoqué le "danger" que représenterait l’accession au pouvoir de l’UCK – comme les sources de l’OTAN et les médias ont aimé à le répéter – la "place étant libre" depuis le retrait de l’armée serbe du Kosovo. Le contenu réel de cette méfiance n’aurait pas pu être plus clair : d’accord pour défendre les Albanais sans défense face aux monstres serbes, mais à la condition qu’ils ne puissent en aucune manière se défendre eux-mêmes en s’affirmant comme sujets politiques autonomes et souverains, des sujets n’ayant aucun besoin du parapluie bienveillant du "protectorat" de l’OTAN...

Bref, alors que l’OTAN intervenait pour protéger les victimes kosovars, elle prenait bien soin par ailleurs qu’ils restent des victimes, les habitants d’un pays dévasté à la population passive et non pas une force politico-militaire capable de se défendre elle-même. La stratégie de l’OTAN a ainsi été perverse au strict sens freudien du terme : elle s’est rendue elle-même (co)responsable des calamités qu’elle était censée combattre [...]. C’est ce même paradoxe victimaire que l’on rencontre ici : l’Autre ne doit être défendu que s’il demeure victime (c’est la raison pour laquelle nous fûmes bombardés d’images de mères kosovars sans défense, de récits émouvants de la souffrance d’enfants et de vieillards). Et c’est au moment où la victime cesse de se comporter comme une victime, en voulant répliquer en son nom, qu’elle se transforme magiquement et immédiatement en un Autre terroriste, intégriste ou trafiquant de drogue... Il s’agit donc, et cela est crucial, de reconnaître sans détour dans cette idéologique victimaire mondiale, dans cette identification du sujet humain lui-même à "quelque chose qui peut être blessé", le mode idéologique typique du capitalisme mondial contemporain. Cette idéologie victimaire est le mode même par lequel s’exerce le règne du Capital, et ce d’autant plus implacablement qu’il s’exerce la plupart du temps de façon invisible à l’œil nu.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 87 à 89

[ interprétation psychanalytique ] [ instrumentalisation ] [ manipulation affective ] [ domination américaine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nord-sud

Après l’entretien que vous avez accordé au " Figaro " il y a tout juste un an, intitulé " La Troisième Guerre mondiale a commencé ". Vous constatez désormais la défaite de l’Occident. Mais la guerre n’est pas terminée.

La guerre n’est pas terminée mais l’Occident est sorti de l’illusion d’une victoire ukrainienne possible. Ce n’était pas encore clair pour tous quand j’écrivais, mais aujourd’hui, après l’échec de la contre-offensive cet été et le constat de l’incapacité des États-Unis et des autres pays de l’OTAN à fournir suffisamment d’armes à l’Ukraine, le Pentagone serait d’accord avec moi.

Mon constat de la défaite de l’Occident repose sur trois facteurs. D’abord, la déficience industrielle des États-Unis avec la révélation du caractère fictif du PIB américain. Dans mon livre, je dégonfle ce PIB et montre les causes profondes du déclin industriel: l’insuffisance des formations d’ingénieur et plus généralement le déclin du niveau éducatif, dès 1965 aux Usa.

Plus en profondeur, la disparition du protestantisme américain est le deuxième facteur de la chute de l’Occident. Mon livre est au fond une suite à " L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ", de Max Weber. Celui-ci pensait, à la veille de la guerre de 1914, avec justesse, que l’ascension de l’Occident était en son cœur celle du monde protestant – Angleterre, États-Unis, Allemagne unifiée par la Prusse, Scandinavie. La chance de la France fut d’être géographiquement collée au peloton de tête. Le protestantisme avait produit un niveau éducatif élevé, inédit dans l’histoire humaine, l’alphabétisation universelle, parce qu’il exigeait que tout fidèle puisse lire lui-même les Écritures saintes. De plus, la peur de la damnation, le besoin de se sentir élu de Dieu induisaient une éthique du travail, une forte moralité individuelle et collective. Avec, au négatif, certains des pires racismes qui aient existé – anti-Noir aux États-Unis ou anti-juif en Allemagne – puisque, avec ses élus et ses damnés, le protestantisme renonçait à l’égalité catholique des hommes. L’avance éducative et l’éthique du travail ont produit une avance économique et industrielle considérable.

Aujourd’hui, symétriquement, l’effondrement récent du protestantisme a enclenché un déclin intellectuel, une disparition de l’éthique du travail et une cupidité de masse (nom officiel: néolibéralisme): l’ascension se retourne en chute de l’Occident.  

Cette analyse de l’élément religieux ne dénote chez moi aucune nostalgie ou déploration moralisante : c’est un constat historique. D’ailleurs le racisme associé au protestantisme disparaît aussi et les États-Unis ont eu leur premier président noir, Obama. On ne peut que s’en féliciter.

- Et quel est le troisième facteur ?

Le troisième facteur de la défaite occidentale est la préférence du reste du monde pour la Russie. Celle-ci s’est découvert partout des alliés économiques discrets. Un nouveau soft power russe conservateur (anti-lgbt) a fonctionné à plein régime lorsqu’il est devenu clair que la Russie tenait le choc économique. Notre modernité culturelle paraît en effet assez largement folle au monde extérieur, constatation d’anthropologue, pas de moraliste rétro. Et de plus, comme nous vivons du travail sous-payé des hommes, des femmes et des enfants de l’ancien tiers-monde, notre morale n’est pas crédible.

Dans ce livre je veux échapper à l’émotion et au jugement moral permanent qui nous enveloppent et proposer une analyse dépassionnée de la situation géopolitique. Attention, coming out intellectuel en approche : je m’intéresse dans mon livre aux causes profondes et de longue durée de la guerre d’Ukraine, je pleure la disparition de mon père spirituel en histoire, Emmanuel Le Roy Ladurie, et j’avoue tout : je ne suis pas un agent du Kremlin, je suis le dernier représentant de l’école historique française des Annales!



 

Auteur: Todd Emmanuel

Info: propos recueillis par Alexandre De­vec­chio, Le Figaro du 13 janvier 2024

[ historique ] [ christianisme ] [ géopolitique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

gestion capitaliste avancée

Peut-être faudrait-il considérer le citoyen non pas simplement comme un électeur en colère, mais comme un consommateur politique pressé d'acheter.

La question de la consommation nous entraîne au coeur de la nouvelle économie, et en particulier des pratiques de la société géante Wal-Mart. Ce distributeur mondial pratiquant le discount employait 1,4 million de salariés à travers le monde en 2004 ; avec 258 milliards de dollars de recettes, il représentait "2% du PIB américain et huit fois la taille de Microsoft". Cette nouvelle société a innové sur le plan de ses fournisseurs, faisant appel à une industrie chinoise en plein essor, et dans son utilisation des technologies avancées. Selon le McKinsey Institute, Wal-Mart est l'acmé même de l'entreprise de l'arête tranchante (cutting edge), avec sa productivité assise sur une "innovation managériale continue", laquelle a concentré le pouvoir au centre du géant, a laissé les syndicats démunis, traitant sa masse de salariés comme s'il s'agissait d'employés provisoires et temporaires. Pour les consommateurs, l'attrait de ce mégalithe tient à ce qu'ils trouvent au même endroit tout ce qu'ils peuvent désirer acheter : vêtements, produits auto, alimentation, parfum, ordinateurs, etc... La centralisation du commandement paraît se refléter dans la position du consommateur qui déambule dans les allées de Wal-Mart, tous les articles étant disponibles instantanément - les habits se trouvant à quelques pas seulement des ordinateurs. Bien que ses employés, si j'en crois mon expérience, soient pour la plupart serviables, le vendeur, en tant que représentant d'une classe, a été évacué chez Wal-Mart du processus de consommation : il n'y a pas ici de médiation ni de persuasion sur le mode du face-à-face. En cela, la société ressemble aux autres bureaucraties de l'arête tranchante qui ont écrémé leur couches de personnel intermédiaires, interprétatives. La décision relative au produit discount à acheter dépend de l'image et du marketing en général.

Si absurde que cela puisse paraître, nous pourrions préciser ainsi la question sur l'économie et la politique : les gens font-ils leur marché parmi les politiciens comme ils font leurs courses chez Wal-Mart? Pour dire les choses autrement, l'emprise centralisée des organisations politiques s'est-elle accrue aux dépens de la politique des partis, locale et médiatrice? Le marchandisage des dirigeants politiques a-t-il fini par ressembler à celui de la vente de savonnettes, avec des marques aussitôt reconnaissables que le consommateur politique choisirait sur les rayonnages?

Si la réponse à toutes les questions qui précèdent est oui, le coeur de la politique devient le marketing, ce qui paraît mauvais pour la vie politique. L'idée même de démocratie requiert la médiation et discussion en face-à-face ; elle requiert la délibération plutôt que le packaging. Suivant cet axe de pensée, on observerait avec consternation que tous les artifices séducteurs de la publicité sont désormais utilisés pour vendre les personnalités et les idées des politiciens ; plus subtilement, de mêmes que la publicité rend rarement les choses difficiles à la clientèle, le politicien fait tout pour être d'achat facile.

C'est cette réponse évidente que j'entends contester. Non qu'elle soit fausse, mais le fait est que la nouvelle économie rend le marketing et la politique plus compliqués. Wal-Mart a certainement opprimé ses employés, mais ce groupe répond à un véritable besoin de la clientèle. Il faudrait être snob pour regarder de haut les produits bon marché; devrions-nous regarder de haut la politique "bon marché" ? La version politique du mégastore pourrait réprimer la démocratie locale mais permettre, comme le fait la publicité, la fantaisie individuelle ; éroder le contenu et la substance de la politique, mais stimuler l'imagination pour le changement.

Le politiquement droit n'y verra que frivolité intellectuelle. Les avatars du nouveau capitalisme ont cependant plaidé avec force que les nouvelles structures mobilisent l'imagination du changement. Il nous faut au moins garder l'esprit ouvert sur les façons dont les hommes politiques sont aujourd'hui vendus, et les institutions qui les vendent, même si cet effort pour garder l'esprit ouvert en la matière, il me faut l'admettre, m'est personnellement difficile, puisque la disparition de la politique locale, médiatrice, me paraît être une blessure fatale. Si l'économie continue de se diriger vers le modèle de l'arête tranchante, cependant, et que les idéaux politiques demeurent empreints de nostalgie, l'idéal n'est plus qu'un regret impuissant.

Auteur: Sennett Richard

Info: La culture du nouveau capitalisme

[ hard discount ] [ émergence des extrêmes ] [ inégalités ] [ analogie ] [ efficacité managériale ]

 

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pouvoir

Cela porte un nom: ploutocratie
L'interventionnisme sert à enrichir les riches et appauvrir les pauvres; le non-interventionnisme sert à enrichir les riches et appauvrir les pauvres.
Face à l'interventionnisme sans précédent des Etats pour sauver un secteur financier en échec depuis 2008, d'aucuns ont cédé à la tentation facile d'une critique libérale qui a identifié son unique coupable: l'Etat. Ainsi, l'étatisme serait le responsable de tous les maux actuels. Mais ces penseurs, hors de la réalité, ne voient que la partie du problème qui les arrange. Car la critique libérale de l'interventionnisme échoue totalement à expliquer le non-interventionnisme obstiné par lequel, l'autre moitié du temps, ce même Etat faillit entièrement dans la régulation et l'imposition de sanctions un tant soit peu opérantes contre les abus du système financier.
J'ai écrit ici en août dernier que le capitalisme de marché n'a jamais existé, car il n'existe qu'à temps partiel: uniquement quand ses promoteurs, l'élite de la finance, en retirent d'énormes profits. Et qu'il cesse d'exister quand ces derniers en retirent des pertes. Le capitalisme libéral s'avère donc aussi utopique que le communisme sous l'URSS.
Un "libre marché" subventionné
Aux Etats-Unis, lorsque la période est à l'euphorie boursière, le système se fait ultra-libéral et dérégulateur pour permettre aux acteurs des marchés de maximiser leurs gains, libres de toute contrainte réglementaire. L'Etat et les autorités de surveillance démissionnent, les standards de l'éthique s'effondrent, comme ce fut le cas aux Etats-Unis avant 2000 (crise des valeurs technologiques), avant 2002 (scandales comptables) et avant 2008 (crise des subprimes). Aux Etats-Unis, quelque 250 lois et réglementations fédérales et étatiques favorisant la protection de l'épargne ont ainsi été démantelées depuis les années 1980 à la demande des banques, ouvrant l'ère du crédit prédateur qui a mené à la crise des subprimes.
Mais lorsque la période est au krach boursier, la finance sollicite l'interventionnisme maximal de l'Etat et des banques centrales, sommés de subventionner les chantres du non-interventionnisme. Le système se fait étatiste au plus haut degré pour protéger les acteurs du "libre marché" de toute perte ou sanction, alors qu'ils ont échoué. Ainsi, quand l'Etat intervient, c'est pour enrichir les riches, et quand il s'abstient d'intervenir, c'est aussi pour enrichir les riches. Le système s'autorise à être ultra libéral à la hausse et hyper interventionniste à la baisse, opérant dans les deux cas une redistribution dans un seul sens: de la base vers le haut. Il ne s'agit donc pas d'être pour ou contre l'interventionnisme étatique, mais contre le mélange prédateur des deux, savamment organisé pour n'agir que dans l'intérêt du secteur financier. Un interventionnisme qui agirait pour sauver à la fois les banques et les plus démunis de la société serait plus défendable que le présent système. Un non-interventionnisme qui laisserait les banques faillir, et priverait aussi de protection les moins favorisés, serait plus défendable que le présent système.
Mais le système actuel, où l'élite gagne à tous les coups, porte un nom. Et ce n'est pas l'étatisme. C'est la ploutocratie (gouvernement par la classe des riches). Les Etats-Unis, modèle dominant de notre ère, ne sont pas une démocratie, mais une ploutocratie. Nous vivons en ploutocratie. Francis Fukuyama, auteur de La fin de l'histoire, a récemment écrit plusieurs essais sur la ploutocratie américaine. D'après le magazine The American Interest, les Etats-Unis, qui étaient une ploutocratie industrielle en 1890-1920, sont devenus une ploutocratie financière dès les années 1990. L'élite de la finance, lobby désormais plus puissant que celui de la défense, sponsorise aujourd'hui l'Etat afin qu'il serve ses intérêts. C'est ainsi qu'aucun dirigeant financier n'a eu à répondre des abus sans précédent de la spéculation sur les subprimes, alors que 50 millions d'Américains sont à la soupe populaire. Les amendes payées par Wall Street représentent moins de 5% des profits engrangés durant la bulle. Et des scandales outranciers comme les manipulations du taux LIBOR resteront probablement impunis. A chaque euphorie, le non-interventionnisme de l'Etat aboutit à sur enrichir les élites financières (25 gérants de hedge funds ont gagné, sur la seule année 2006, autant que le PIB de l'Islande), et à chaque crise l'interventionnisme appauvrit les pauvres: entre 1970 et 2008, le revenu de 0,1% des plus riches a progressé de 385%, tandis que le revenu de 90% de la population n'a pas bougé. L'impunité fait partie de la ploutocratie, tout comme le non-interventionnisme, dans la mesure où c'est un non-interventionnisme acheté.

Auteur: Zaki Myret

Info: 28 octobre 2012

[ fric ] [ injustice ] [ avidité ] [ société ] [ USA ]

 

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économie politique

Vous posez la question du libéralisme. Il y a un malentendu total à propos d’Adam Smith et de sa main invisible. Les grands économistes prix Nobel se sont réunis – si j’ai bon souvenir c’était en 2006 – ils se sont réunis à Kirkcaldy, qui est le lieu de naissance de M. Adam Smith, et ils s’étaient cotisés pour mettre un grand buste d’Adam Smith sur la place. M. Alan Greenspan qui à l’époque était encore à la tête de la Federal Reserve – la banque centrale américaine – a fait un splendide discours qu’on retient certainement parce que c’est un discours qui nous expliquait que toute crise d’ordre financier était impossible. On était en 2006. Ce monsieur n’était pas un imbécile – il n’est toujours pas un imbécile, il vit toujours [c’est toujours vrai : il a 97 ans] – mais c’est un Libertarien, comme on dit, radical. C’est quelqu’un qui est convaincu que la main invisible d’Adam Smith règle absolument tout. Quand il a été accusé – c’était dans les derniers jours du mois de septembre ou peut-être dans les premiers du mois d’octobre, juste après l’effondrement – quand il a été interpellé devant le sénat américain, il a fait une référence assez obscure au fait que les banquiers n’avaient pas suivi leur intérêt et qu’il n’aurait pas pu prévoir ça. C’était une référence à la main invisible d’Adam Smith qui dit la chose suivante : " Il ne faut pas demander au boucher, au brasseur, au boulanger de veiller tous à l’intérêt général. Ils veilleront à l’intérêt général bien plus sûrement en s’occupant – de manière assez égoïste – de leurs propres affaires ".

À quoi répondait Adam Smith quand il a dit ça ? C’était une réflexion encore – il était Écossais mais, bien entendu, il s’exprimait dans le cadre de la Grande-Bretagne à l’époque – c’était encore une contribution au grand débat qui durait depuis la révolution, la Révolution anglaise [1642-1651], la révolte contre le roi Charles Ier, dirigée par Olivier Cromwell. Que se passe-t-il ? Un général remplace la royauté, on se débarrasse ensuite [de son fils qui lui a succédé] et on ré-instaure la royauté [en 1660]. Alors, dans toute la période qui suit, grand débat en Grande-Bretagne : où faut-il mettre le seuil ? Où faut-il arrêter le pouvoir de l’État sur les citoyens pour respecter au mieux la liberté des citoyens individuels ? Donc, débat qui dure depuis pratiquement un siècle au moment où Adam Smith pose la question. Dans son livre majeur La richesse des nations publié en 1776, il répond toujours à cette question : que le roi ne s’occupe pas trop de la vie individuelle des citoyens ! Le système va fonctionner de manière spontanée, bien mieux que si on réglait une société uniquement par injonctions venant d’en-haut.

M. Adam Smith, il faut bien le dire, c’est quelqu’un qu’on appellerait " de gauche " aujourd’hui : il fait des remarques extrêmement déplaisantes sur les patrons et est très très positif sur les ouvriers. Quand la Révolution française éclate en France, il est l’un des rares en Grande-Bretagne à prendre parti officiellement pour la Révolution française. Il meurt très rapidement – si j’ai bon souvenir, il meurt en 1790 – mais c’est quelqu’un qui se situerait maintenant à l’extrême-gauche s’il fallait le situer. Quand les grands banquiers de Wall Street vont dévoiler un buste en son honneur à Kirkcaldy, dans sa ville natale, il y a là un énorme malentendu.

La question à laquelle il répondait, c’était celle de la Révolution anglaise. Ce n’était pas une réflexion sur le libéralisme ou même sur l’ultra-libéralisme qui conduit maintenant à dire que, à la limite, il faudrait que l’État ne s’occupe plus que d’une seule chose, c’est la propriété privée, et pour le reste, il faut laisser les initiatives aux individus. Vous savez que il y a en particulier des Libertariens qui sont, je dirais, la forme ultime de l’ultra-libéralisme, des gens comme M. Rothbard aux États-Unis qui prônait que même la défense nationale soit assurée simplement par l’initiative individuelle : " S’il y a des gens qui ont de l’argent et qui veulent qu’on protège le pays, eh bien pourquoi ne le mettraient-ils pas à disposition ? " C’est la position qu’on appelait au début du XIXe siècle " l’État veilleur de nuit " : l’État doit s’occuper uniquement de veiller, peut-être même pas à la sécurité nationale, mais à la défense de la propriété.

Auteur: Jorion Paul

Info: Conférence de l’hôtel de ville du 29 novembre 2018 à Saint-Étienne : " Se débarrasser du capitalisme est une question de survie " En réponse à une question de la salle, au sujet du penseur ultra-libéral Murray Rothbard

[ historique ] [ absurde ] [ relativité ] [ inversion ] [ renversement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-machine

Des scientifiques ont mis au point une intelligence artificielle si avancée qu’elle serait trop dangereuse pour être rendue publique

Un groupe d’informaticiens précédemment soutenus par Elon Musk a développé une intelligence artificielle (IA) avancée, jugée "trop dangereuse" pour être rendue publique.

OpenAI, entreprise de recherche à but non lucratif basée à San Francisco (USA), affirme que son système de prédiction du langage "à la caméléon", appelé GPT-2, ne sortira qu’en version limitée et à très petite échelle, en raison de "préoccupations concernant les applications malveillantes de cette technologie". En effet, le modèle informatique qui génère des paragraphes de textes originaux en fonction de ce qui lui a été donné à "lire", est un peu trop performant, selon l’entreprise qui l’a créé.

Le système élabore des "échantillons de texte synthétique d’une qualité sans précédent", que les chercheurs estiment tellement avancés et convaincants que l’IA pourrait être utilisée pour créer de fausses informations, se faire passer pour certaines personnes, et abuser ou duper des individus sur les réseaux sociaux. "GPT-2 possède un objectif simple : prédire le mot suivant, en tenant compte de tous les mots précédents dans un texte", explique l’équipe OpenAI sur son blog.

Dans le but d’alimenter l’imagination de GPT–2, les chercheurs ont fourni à leur IA un jeu de données de huit millions de pages internet. Une fois toutes les informations assimilées, leur IA peut alors converser sur le sujet, tel qu’il le comprend, et générer un texte aléatoire mais convaincant, qu’il s’agisse de nouvelles de célébrités, de changements climatiques, de la guerre de Sécession ou de fanfictions inspirés de l’univers de Tolkien.

Ci-dessous quelques exemples édités, pour vous rendre compte de la puissance de l’IA créée par OpenAI :

Humain : "Miley Cyrus a été prise en flagrant délit de vol à Abercrombie and Fitch sur Hollywood Boulevard aujourd’hui !". Réponse de GPT-2 : "La chanteuse, âgée de 19 ans, a été filmée et escortée hors du magasin par des gardes de sécurité. La chanteuse portait un sweat à capuche noir avec les étiquettes ‘‘Blurred Lines’’ à l’avant et "Fashion Police" à l’arrière".

Humain : "Recycler, c’est bon pour le monde. NON ! VOUS NE POUVEZ PAS AVOIR PLUS TORD !!". Réponse de GPT-2 : "Le recyclage n’est PAS bon pour le monde. C’est mauvais pour l’environnement, pour notre santé et pour notre économie. Je ne plaisante pas. Le recyclage n’est pas bon pour l’environnement. C’est destructeur pour la Terre et c’est un contributeur majeur au réchauffement climatique".

Humain : "Pour les devoirs d’aujourd’hui, veuillez décrire les raisons de la guerre civile américaine". Réponse de GPT-2 : "Par Donny Ferguson. Il est facile de comprendre pourquoi la guerre civile s’est produite, car tant de gens et tant de livres, de télévisions et de films nous disent que c’est la cause, que cela a à voir avec la race, l’économie ou la religion. On s’entend généralement pour dire qu’il s’agissait essentiellement d’une guerre d’esclavage de la part du capitalisme, à propos d’un siècle d’esclavage. Mais ce n’est pas ce à quoi la plupart des gens pensent quand ils pensent à la guerre civile".

Et pour finir, cet exemple du fanfiction issu de l’univers de Tolkien. Humain : "Legolas et Gimli avançaient vers les orcs, levant leurs armes avec des cris de guerre déchirants". Réponse de GPT-2 : "La réponse des orcs fut une attaque assourdissante de griffe, griffe et griffe ! ; même Elrond fut contraint de battre en retraite. "Vous êtes entre de bonnes mains" a déclaré Gimli, qui avait été parmi les premiers à charger les orcs ; il ne leur fallut que deux mots avant que leurs adversaires ne soient réduits à un bourbier ensanglanté, et que le nain tue pour la première fois de la nuit". (Si vous souhaitez lire entièrement ce tribut étrange à Tolkien, c’est ici, en anglais).

Malgré la nature déroutante de ces étranges annonces créées par l’IA, le modèle de langage émis n’est pas parfait, ce que l’équipe reconnaît totalement. "Comme le montrent les exemples ci-dessus, notre modèle est capable de générer des échantillons à partir d’une variété de textes se sentant proches de la qualité humaine et offrant une cohérence sur une page ou plus" ont déclaré les chercheurs. "Néanmoins, nous avons observé divers modes d’échec, tels que du texte répétitif, des échecs de modélisation cohérente (par exemple, le modèle écrit parfois sur des incendies se déroulant sous l’eau) et des changements de sujet non naturels", ont ajouté les chercheurs.

Cela étant dit, d’après OpenAI, leur IA peut générer des modèles avec du texte cohérent, personnalisé et évolutif, ce qui pourrait être utilisé à des fins malveillantes, en plus des avantages connus.

"Ces résultats, combinés à des résultats antérieurs sur l’imagerie synthétique, l’audio et la vidéo, impliquent que ces technologies réduisent le coût de production de faux contenus et de campagnes de désinformation", écrivent les chercheurs. "En raison des craintes que des modèles linguistiques de ce type soient utilisés pour générer un langage trompeur, partial ou abusif, nous ne publierons qu’une version beaucoup plus restreinte de GPT–2, avec un code d’échantillonnage", ajoutent-ils.

Certains scientifiques suggèrent néanmoins que les craintes relatives aux capacités de GPT-2 sont exagérées, et que l’entreprise OpenAI souhaite simplement se faire de la publicité. L’entreprise a rétorqué qu'elle pense avoir raison de se méfier des IA trop compétentes. "Les règles selon lesquelles vous pouvez contrôler la technologie ont fondamentalement changé" a déclaré Jack Clark, directeur des politiques de la société OpenAI. "Nous n’affirmons pas savoir quelle est la bonne chose à faire dans cette situation (…). Nous essayons de construire la route au fur et à mesure que nous avançons", a-t-il ajouté.

Auteur: Internet

Info: https://trustmyscience.com Traduction Stéphanie Schmidt 20 février 2019

 
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