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météo

Le froid m'a longtemps préoccupée, en qualité d'intrigue / Récits d'explorateurs polaires, contes enfantins... Il devenait sujet et dictait l'ordre des fictions. Le froid est un état d'abstraction : la neige en est une de ses manifestations, légère et molle par opposition au givre ou au gel. Le froid n'est pas une métaphore de la mort (comme chez Dante), ou de l'enfer, il est un état de fixité, qui arrête le temps, et donne une durée à l'objet. C'est un état de pause - comme la pause vidéo. C'est un état de sensation : il se mesure aux frissons ou à la gelure.
C'est un état de dualité : il brûle quand il est trop fort (sous la glace, le feu). C'est un état d'absorption : il absorbe les sons, les odeurs, les formes. Et c'est aussi un état des choses, qui se mesure à l'aide du mercure du thermomètre...

Auteur: Tallec Nathalie

Info: L'abécédaire de Nathalie T., catalogue de son expo, Solo intégral, My Way

[ température ] [ fraîcheur ] [ hiver ]

 

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confort

Pauvre vieille Terre ! Toute l'ancienne misère n'existe plus, presque toute la souffrance non plus. Et pourtant cela ne va pas. La maladie et la famine sont vaincues. La vie est sur le point de devenir éternelle. La guerre ne se rencontre plus que dans les livres d'histoire, un phénomène anthropologique lointain, une étrange pratique obsolète de nos ancêtres, comme le cannibalisme ou la saignée. Et pourtant, cela ne va pas ! Je passe en revue tout ce que je sais de l'histoire humaine - et j'en sais beaucoup, vraiment, les pestes, les massacres, tous les épisodes de torture pratiquée par pur amusement, les grandes et médiocres bassesses, le catalogue complet des péchés que Sophocle, Shakespeare et Strindberg comprenaient si bien - et je me demande pourquoi nous ne nous réjouissons pas plus de ce que nous avons atteint. Je dois en conclure que nous sommes une race entreprenante, jamais satisfaite de rien, même du plus merveilleux état de satisfaction.

Auteur: Silverberg Robert

Info: Starborne

[ souffrance ] [ insatisfaction ]

 

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désenchantement

Le supermarché est l’authentique paradis moderne ; la lutte s’arrête à sa porte. Les pauvres, par exemple, n’y entrent pas […] Les boîtes de nuit offrent un tableau tout différent Beaucoup de frustrés continuent –contre toute espérance- à les fréquenter. Ils ont ainsi l’occasion de vérifier, minute après minute, leur propre humiliation ; nous sommes ici beaucoup plus proches de l’enfer. Il existe ceci dit des supermarchés du sexe, qui produisent un catalogue assez complet de l’offre porno ; mais l’essentiel leur manque. En effet, le but majoritaire de la quête sexuelle n’est pas le plaisir, mais la gratification narcissique, l’hommage rendu par des partenaires désirables à sa propre excellence érotique. C’est d’ailleurs pour cela que le sida n’a pas changé grand-chose ; le préservatif diminue le plaisir, mais le but recherché n’est pas, contrairement au cas des produits alimentaires, le plaisir : c’est l’ivresse narcissique de la conquête. […] Enfin on peut ajouter, pour être complet, que certains êtres porteurs de valeurs déviantes associent la sexualité et l’amour.

Auteur: Houellebecq Michel

Info:

[ couple ] [ pessimisme ]

 

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signes adn

Un penseur observa que tous les livres, quelque divers qu'ils soient, comportent des éléments égaux : l'espace, le point, la virgule, les vingt-deux lettres de l'alphabet. Il fit également état d'un fait que tous les voyageurs ont confirmé : il n'y a pas, dans la vaste Bibliothèque, deux livres identiques. De ces prémisses incontroversables il déduisit que la Bibliothèque est totale, et que ses étagères consignent toutes les combinaisons possibles des vingt et quelques symboles orthographiques (nombre, quoique très vaste, non infini), c'est-à-dire tout ce qu'il est possible d'exprimer, dans toutes les langues. Tout : l'histoire minutieuse de l'avenir, les autobiographies des archanges, le catalogue fidèle de la Bibliothèque, des milliers et des milliers de catalogues mensongers, la démonstration de la fausseté de ces catalogues, la démonstration de la fausseté du catalogue véritable, l'évangile gnostique de Basilide, le commentaire de cet évangile, le commentaire du commentaire de cet évangile, le récit véridique de ta mort, la traduction de chaque livre en toutes les langues, les interpolations de chaque livre dans tous les livres.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Fictions, La bibliothèque de Babel

[ alphabet génétique ] [ caractères typographiques ] [ analogie génique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

auto-observation

Dans un admirable texte où Michaux décrit "le dépouillement par l’espace", l’on trouve ces lignes : "Le voyageur était émerveillé. Le participant était brassé. Cependant l’observateur incorruptible assistait. Telles étaient les trois faces de celui qui pourtant ne se sentait plus personne." L’observateur incorruptible est partout présent chez Henri Michaux. Tous les feux d’artifice, tous les désastres, toutes les dérives internes, il les vit avec le souci de les percevoir, d’en prendre consignation. Il sauvegarde à tout prix une faculté vigile qui, dans le pire dérèglement de la perception, parvient encore à enregistrer l'expérience traversée, pour en donner, après coup, dans une réminiscence aiguë, la description complète. L’écriture, la peinture deviennent ainsi chez Michaux des expériences secondes, mais sans lesquelles l’expérience première serait demeurée improductive : expériences où l'ivresse est revécue lucidement (et qui attestent qu'au sein même de l’ivresse une lucidité veillait) ; expériences qui récupèrent une aventure antécédente demeurée jusque-là inexprimée ; relation narrative développée à distance d’une épreuve révolue, mais où s’engage une nouvelle épreuve, une nouvelle aventure : celle de la narration écrite ou peinte. 

Auteur: Starobinski Jean

Info: "H M : témoignage, combat, rituel", Catalogue illustré de l’exposition, Galerie Engelberts, Genève, 1966. En référence au chapitre V. des Grandes épreuves de l’esprit, op. cit., p. 377.

[ triade ] [ témoignage ] [ création ] [ beaux-arts ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

duper

Durant les vacances de l'été 1894, qu'il passa à Belle-Île avec moi et Willy, je voyais parfois Paul Masson s'installer sur un rocher et sortir de sa poche un paquet de fiches vierges qu'il entreprenait de remplir. Que fais-tu donc ? Lui demandai-je. - Je travaille. Je travaille de mon métier. Je suis attaché au catalogue de la Nationale. Je relève des titres.... J'étais assez crédule, et je m'ébahis d'admiration : - Oh !... Tu peux faire ça de mémoire ? Il pointa vers moi sa petite barbiche d'horloger : - De mémoire ? Où serait le mérite ? Je fais mieux. J'ai constaté que la Nationale est pauvre en ouvrages latins et italiens du XVe siècle. De même en manuscrits allemands. De même en autographes intimes de souverains, et bien d'autres petites lacunes... En attendant que la chance et l'érudition les comblent, j'inscris les titres d'oeuvres extrêmement intéressantes - qui auraient dû être écrites... Qu'au moins les titres sauvent le prestige du catalogue, du Khatalogue... - Mais, dis-je avec naïveté, puisque les livres n'existent pas ? - Ah ! dit-il avec un geste frivole, je ne peux pas tout faire.

Auteur: Colette Sidonie Gabrielle

Info: Mes apprentissages, dialogue avec Masson qui travaille alors à la Bibliothèque Nationale

[ mystification ] [ ambigüité ] [ blagues ]

 

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quête

Il est imaginable que le monde, la réalité, le cosmos - le terme importe peu - recèle un nombre de sections : vibratoires, inter dimensionnelles, que sais-je, qui nous sont totalement incompréhensibles. Je mets ceci en avant parce que nous paraissons très loin de nous figurer une explication "cohérente" du phénomène OVNIs. Il parait logique de penser, une fois établi un catalogue de toutes les manifestations rapportées, qu'il ne s'agit pas d'un phénomène seulement physique et que son rapport au "temps" nous échappe totalement. De plus nous sommes incapables de savoir dans quelle mesure il s'agit d'une réalité ou d'un effet psychique ? Il est aussi difficile de croire qu'il n'y ait qu'une cause ou entité unique dans cet "extérieur". Je pressens la derrière une multiplicité d'interactions, plusieurs plans "parallèles" ou "latéraux", un monde élargi, bien plus complexe que le notre, si simple, avec ses sempiternelles notions de temps, de matière et d'esprit. Ou alors sommes-nous une bio culture "test", mise en branle par quelque facétieuse entité, qui bricolerait, à temps perdu, quelque fourmilière biologique microbienne, sur un support sphérique offrant les conditions idoines pour ce faire ?

Auteur: Mg

Info: 18 juin 2009

[ extraterrestre ] [ question ]

 

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réfléchir

L'écriture transforme la liste et la liste à son tour transforme la série et la classe. Elle "transforme la série" : je veux dire par là que, dans l'écrit, la perception du schème organisateur (pattern) est surtout (quoique pas exclusivement) d'ordre visuel. Dans certains domaines, quand il s'agit de nombres par exemple, il serait extrêmement difficile de formuler une série (une liste organisée) sans transposer les données auditives en données visuelles, simplement parce que, pour ce qui est de l'examen global des informations fournies, l'oeil opère très différemment de l'oreille. La liste transforme la classe, lui donne corps. Je veux dire par là que la liste implique nécessairement une limite, un commencement et une fin. Quand on ne se sert que du langage oral, il y a peu d'occasions, voire aucune, où l'on ait à faire la liste des légumes, des arbres ou des fruits. (…) Un problème du genre : la tomate est-elle un fruit ou un légume ? ne rime absolument à rien dans un contexte oral ; il est même d'un intérêt douteux pour la plupart d'entre nous, mais il peut se révéler décisif concernant la classification et l'évolution des espèces naturelles. C'est ce genre de problèmes qu'engendrent les listes écrites.

Auteur: Goody Jack

Info: La raison graphique, pp. 186/187

[ cataloguer ] [ recenser ] [ réflexion ] [ imaginer ] [ lecture ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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savoirs

Les sciences de la découverte sont :

I.  Mathématiques.  Etude scientifique d'hypothèses d'abord formulées et qu'on retrace ensuite jusqu'à leurs conséquences.

II. Cénoscopiques, ou philosophiques. Sur les phénomènes en général, tels qu'accessibles à toute personne à tout moment, et non sur des classes particulières de phénomènes. Sans recours à des expériences ou expérimentations spéciales pour régler des questions théoriques.

III. Idioscopiques, ou sciences spécialisées, qui ont recours à des expérimentations particulières ou autres expériences pour résoudre des questions théoriques. 

Ces trois grandes divisions, constituent ensemble l'agrégat de ces sciences que l'on appelle parfois Sciences Théoriques, mais que je préfère appeler Sciences heurétiques, ou Sciences de la Découverte, parce que d'une part, je ne puis donner un sens précis au mot "théorique" qui soit réellement applicable à ces formes d'activité et à aucune autre, alors que d'autre part, je trouve que plus mes connaissance à leur sujet deviennent intimes, plus elles se montrent clairement détachées de toutes les autres actions humaines du à une singularité presque absolue, proportionnelle à la réussite d'efforts, animés par la même envie  d'apprendre ce qui n'est pas déjà connu, apprentissage qui n'est que l'objet d'un désir pour son propre compte.

 

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: 1906 [c.] Manuscrit Id : MS [R] 601, Catalogue Robin. Trad et réarrangement Mg

[ classifiés ] [ quête personnelle ] [ ordonnés ] [ triade ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

ambition

Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires/Plon 1997, p.637-638

[ dérisoire ]

 

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