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rapports humains

... je réponds aux messages sur Tinder, dernière étape de mon rituel matinal. J'y suis inscrit depuis trois mois, moins pour trouver I'amour que pour m'entrainer à capter l'attention, séduire et sortir de ma zone de confort. J'avais besoin dune bonne remise à niveau dans tous ces domaines. Ainsi, chaque jour, derrière l'écran, je m'exerce à me mettre en valeur, à faire ma propre publicité, à me différencier tout en étant conforme. Une version 2.0 de la séduction dans laquelle chacun peut, en fonction de sa valeur sur le marché, fixer les termes, conditions et contre-parties de son consentement à devenir l'objet du désir de l'autre. Méthodique, je rejoue la même séquence avec des dizaines, des centaines de filles différentes et ajuste ma stratégie après chaque échec. Il existe une formule, un mode opératoire pour tout, même pour plaire. La première étape consiste à maximiser ses "matchs" . Au début, mon score était négligeable, à peine 1 % de mes "likes" . Pour remédier, j'ai fait évaluer mes photos par des inconnues sur un site spécialisé, anonymement et sur plusieurs critères: charisme, attractivité, intelligence, confiance en soi... Cette étude m'a permis d'observer que la version optimale de moi souriait à peine, déboutonnait le col de sa chemise et ne regardait pas l'objectif de l'apparel. Désormais, mon taux de "matchs" dépasse les 3%. C'est mieux, mais doute encore loin des champions du "PageRank".

Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ cybernétiques ] [ orthogonaux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Je pense et repense tous les jours à ce profond silence. La solitude où je suis entretient encore mes chagrins et ma profonde mélancolie. Des intérêts d’honneur et de famille m’attachent encore pour sept ou huit mois dans ce pays-ci : je commence à sentir combien ce temps me va coûter cher.

Ce sera la dernière lettre dont je t’accablerai : je ne te demande qu’une grâce, qui est de croire que je t’aime encore ; peut-être que c’est la seule chose que je puisse à présent espérer de toi.

Mets au feu toutes les bagatelles que tu sais. J’ai juré de ne plus écrire de ma vie, puisque je n’ai pas réussi pour la seule personne du monde à qui j’aurais souhaité de plaire.

L’état d’incertitude où je suis me paraît plus rude que tous les malheurs que je crains. Je vous demande en grâce, Madame, de m’instruire d’une chose qui doit intéresser toute ma vie. La dernière lettre que vous m’écrivîtes était une lettre très tendre ; je la relus cent milles fois, et je n’aurais jamais soupçonné qu’elle dût être la dernière.

Mon cher cœur, si tu ne m’aimes plus, cache-le-moi encore pour quelque temps ; je n’ai pas encore la force qu’il faut pour pouvoir l’apprendre. Ayez pitié d’un homme que vous avez aimé, si vous n’avez pas pitié du plus malheureux de tous les hommes.

Auteur: Montesquieu Charles de

Info: Lettre à à Marie-Anne Goyon de Matignon, marquise de Graves. In Correspondance de Montesquieu, Paris, Champion, 1914, p. 74

[ rupture ] [ couple ] [ épistole ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

modernité

Le temps pseudo-cyclique consommable est le temps spectaculaire, à la fois comme temps de la consommation des images, au sens restreint, et comme image de la consommation du temps, dans toute son extension. Le temps de la consommation des images, médium de toutes les marchandises, est inséparablement le champ où s'exercent pleinement les instruments du spectacle, et le but que ceux-ci présentent globalement, comme lieu et comme figure centrale de toutes les consommations particulières : on sait que les gains de temps constamment recherchés par la société moderne - qu'il s'agisse de la vitesse des transports ou de l'usage des potages en sachets - se traduisent positivement pour la population des Etats-Unis dans ce fait que la seule contemplation de la télévision l'occupe en moyenne entre trois et six heures par jour. L'image sociale de la consommation du temps, de son côté, est exclusivement dominée par les moments de loisirs et de vacances, moments représentés à distance et désirables par postulat, comme toute marchandise spectaculaire. Cette marchandise est ici explicitement donnée comme le moment de la vie réelle, dont il s'agit d'attendre le retour cyclique. Mais dans ces moments même assignés à la vie, c'est encore le spectacle qui se donne à voir et à reproduire, en atteignant un degré plus intense. Ce qui a été représenté comme la vie réelle se révèle simplement comme la vie plus réellement spectaculaire.

Auteur: Debord Guy

Info: La société du spectacle, 153.

[ accélération ] [ imprégnation publicitaire ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

paranormal

Télépathie : du grec "têle" loin, et "pathos" souffrance, passion, affect. Comme souvent on dirait que les grecs anciens ont fixé les choses. On pourrait arguer qu'il y a là un "verrouillage de la pensée ?". Tel n'est pas mon propos ici.

Cette notion peu claire, télé psychique, (qui semble néanmoins exister même si c'est sans aucun contrôle) sous laquelle on pourra trouver des termes comme "synchronicité", "coïncidence", "hasard", "chance", "destin", "sérendipité", "prémonition", "transmission de pensée", etc... est-elle liée à l'"émotion" ? Etat dont l'importance centrale semble avoir été mise de côté par nos civilisations guerrières hiérarchisées et rationnelles. Alors que l'émoi semble être au coeur de notre fonctionnement depuis qu'on a montré que tout épisode émotionnel est un profond bouleversement dont la fonction est l’adaptation du cerveau.

Ma belle mère a perdu son époux il a quelques années. Il adorait les violettes.

Grande champignonneuse - au contraire de son mari -, elle se retrouva dans les bois un dimanche matin peu après les obsèques. Alors en lisière de forêt lors de sa routinière et attentive ballade elle vint à repérer une violette, puis d'autres... toujours plus nombreuses.

De fil en aiguille belle-maman se retrouva avec un un bon gros panier plein de morilles.

Une histoire que ses enfants rapportent volontiers.

Je crois qu'il en existe de semblables dans toutes les vraies familles.

Auteur: Mg

Info: 30 juillet 2018

[ question ]

 

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colonialisme

"Terra nullius", c'est un petit concept amusant, tu sais. C'est quelque chose que les Anglais ont inventé quand ils sont arrivés ici, en voyant qu'il n'y avait pas des masses de terres cultivées en Australie. Il se trouve que les Aborigènes formaient un peuple semi-nomade, qui vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Et juste parce qu'eux ne passaient pas la moitié de la journée courbés sur des champs de patates, les Anglais les ont considérés comme inférieurs. Ils partaient du principe que le travail de la terre était un maillon obligatoire dans l'évolution de toute civilisation, en oubliant que les premiers qui étaient venus ici avaient failli mourir de faim après avoir essayé de vivre sur ce que leur donnait cette terre stérile. Mais les Aborigènes connaissaient la nature de A à Z, se déplaçaient pour trouver leur nourriture en fonction des saisons, et semblaient vivre dans l'abondance. Le Capitaine Cook en parlait comme des êtres les plus heureux qu'il ait jamais rencontrés. Ils n'avaient tout simplement pas besoin de travailler la terre. Mais parce qu'ils n'étaient pas sédentaires, les Anglais ont décidé que cette terre n'appartenait à personne. C'est donc devenu terra nullius. Et selon ce principe, les Anglais pouvaient sans scrupule établir des titres de propriétés aux colons intéressés, sans se soucier de ce que les Aborigènes pouvaient en penser. En fin de compte, ils n'étaient pas propriétaires de leur terre.

Auteur: Nesbo Jo

Info: L'homme chauve-souris : Une enquête de l'inspecteur Harry Hole

[ envahisseurs ]

 

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première épître aux Corinthiens

Saint Paul déclare d’abord que l’amour serait encore là quand bien même nous posséderions la totalité du savoir. Dans la seconde partie de l’extrait, il déclare ensuite que l’amour n’existe que pour des êtres incomplets, c’est-à-dire pour des êtres qui disposent d’un savoir partiel. Lorsque je "le connaîtrai comme je suis moi-même connu de lui", y aura-t-il encore l’amour ? Bien que, contrairement au savoir, l’ "amour ne finira jamais", ce n’est que "maintenant" (alors que je suis encore incomplet) que "demeurent la foi, l’espérance et l’amour". Le seul moyen de sortir de cette impasse est de lire les deux propositions contradictoires selon la formule féminine de la sexuation chez Lacan : même en étant "totalisé" (achevé, sans exception), le champ du savoir demeure d’une certaine manière pas-tout, incomplet. L’amour n’est pas une exception au Tout du savoir, mais précisément ce "rien" qui rend incomplet tout champ du savoir achevé. [...] Seul un manque, un être vulnérable est capable d’amour : le mystère dernier de l’amour est donc que l’incomplétude, en un sens, est supérieur à la complétude. D’un côté, seul aime un être imparfait et soumis au manque : nous aimons parce que nous ne savons pas tout. De l’autre, même si nous savions tout, l’amour serait encore inexplicablement supérieur à la science de toutes choses. Peut-être que l’accomplissement réel du Christianisme consiste à élever un Être aimant (imparfait) au rang de Dieu, c’est-à-dire à l’ultime perfection.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 210-211

[ lecture psychanalytique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

pouvoir

Le gouvernement représentatif veut dire, essentiellement, la représentation des intérêts commerciaux. Le gouvernement travaille généralement dans l’intérêt des hommes d’affaires avec une unicité d’objectif assez constante. Et, dans sa sollicitude pour les intérêts des hommes d’affaires, il est soutenu par l’opinion publique, car il y a une certaine conviction naïve, inconditionnelle, répandue dans le peuple, selon laquelle les intérêts matériels de la population coïncident, d’une manière occulte, avec les intérêts pécuniaires des hommes d’affaires qui vivent à l’intérieur du champ d’action des mêmes règles gouvernementales.

Cette conviction est un article de métaphysique populaire, en ce qu’elle est fondée sur une solidarité d’intérêts présumée sans qu’aucune critique ne soit émise, plutôt que sur une lucidité à propos des relations entre l’entreprise commerciale et le bien-être matériel des classes qui ne sont pas composées essentiellement d’hommes d’affaires. Cette conviction est particulièrement bien ancrée dans la portion plus conservatrice de la population, ainsi que dans les classes professionnelles, contrairement aux portions vulgaires de la société qui sont empreintes de notions socialistes ou anarchistes.

Mais étant donné que l’élément conservateur comprend une masse substantielle de citoyens matériellement influents, et effectivement la majorité des honnêtes citoyens, il en découle que, avec l’assentiment de la majorité du peuple, même en y incluant ceux qui n’ont aucun intérêt pécuniaire à être d’accord, le gouvernement constitutionnel est devenu, globalement, un simple département de l’organisation commerciale et est guidé par les conseils des hommes d’affaires.

Auteur: Thorstein Bunde Veblen

Info: The Theory of Business Enterprise [1904]. Traduction française : Théorie de l’entreprise d’affaires, Pierre-Guillaume de Roux Editions, Trad. de l’anglais (États-Unis) par Anthony Valois, Préface de François Bousquet, 2018, p. 200

[ masque ] [ propagande ]

 

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littérature

Les sillons encore frais ressemblaient aux lignes d'une pièce de velours côtelé toute neuve et donnaient à cette vaste étendue un aspect mesquinement utilitaire. Tous les accidents de terrain avaient disparu ; plus la moindre trace d'histoire : ne restait que celle des quelques derniers mois. Et pourtant à chaque motte de terre, à chaque pierre, s'attachaient des souvenirs innombrables - échos des chansons entendues lors des moissons passées, paroles échangées, faits et gestes audacieux. Sur chaque pouce de terrain, combien n'y avait-il pas eu de manifestations d'énergie et de gaieté, de jeux brutaux, de querelles ? Sur chaque mètre carré, des groupes de glaneurs s'étaient courbés au soleil. Les mariages d'amour qui avaient peuplé le hameau voisin s'étaient noués ici, après le dernier coup de faux et avant la rentrée des blés. Sous la haie qui bordait le champ, des filles s'étaient données à des amoureux qui n'avaient même plus tourné la tête pour leur accorder un regard à la moisson suivante ; dans les blés, plus d'un homme avait fait des serments d'amour à une femme : après le mariage, au temps des semailles le printemps suivant, la voix de cette même femme l'avait fait tressaillir par son ton aigre et autoritaire. Mais de tout cela, ni Jude, ni les corbeaux qui l'entouraient, n'avaient cure : ils ne voyaient là qu'un terrain dénudé, bon champ de travail pour l'un, bon grenier de provisions pour les autres.

Auteur: Hardy Thomas

Info: Jude l'obscur

[ campagne - ]

 

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paradigme

[...] ce faisceau de notions (dogme, dogmatique, dogmaticité) est en lien étroit avec la logique de la structure langagière telle que l’a énoncée et vécue notre propre civilisation depuis plus de deux millénaires. Est-ce à dire que ces mots arides ne sont qu’une manière occidentale de se mouvoir à l’égard de l’essence même du penser, et se proposent à nous comme expression particulière d’un universel propre à l’espèce parlante ?



Mettons à l’épreuve ce propos en évoquant la résistance du concept de dogme aux métamorphoses de la représentation dans la civilisation européenne entraînée par l’élan industrialiste. Il est avéré qu’en réduisant le champ de ce concept aux exégèses de la Révélation chrétienne, ou plus généralement bibliques (incluant ainsi l’Écriture juive), le système de pensée, qui à compter du XVIIIe siècle cherchait sa voie au milieu des décombres de la tradition, s’est focalisé sur le conflit porteur du fondement fiduciaire de l’Occident : la foi et la raison sont-elles compatibles ?


Mais, foi en quoi, en qui, et que veut dire précisément avoir foi en quelque chose ou en quelqu’un ? Voilà sans doute l’interrogation basique à laquelle il nous faut accéder [...] : le théâtre de la parole.  Autrement dit : sur la mise en scène de l’homme et du monde par le langage. 

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, page 18

[ sens ] [ évolution ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

jungle

Ce qui m'étonnait le plus était l'infini mimétisme de la nature vierge. Ici rien ne répondait à son aspect ; il se créait un monde d'apparences qui cachait la réalité, qui remettait en question beaucoup de vérités. Les caïmans à l’affût dans les bas fonds de la forêt inondée, immobiles, la gueule prête, ressemblaient à des troncs pourris, recouverts d'anatifes ; les lianes avaient l'air de reptiles, les serpents de lianes, quand leur peaux n'avaient pas des nervures de bois précieux, des ocelles d'ailes de phalènes, des écailles d'ananas ou des anneaux de corail ; les plantes aquatiques formaient le tissus serré d'un tapis touffus, cachaient l'eau qui coulait en dessous, prenaient l'aspect d'une végétation de terre ferme ; les écorces tombées prenaient tout à coup une consistance de laurier en saumure ; les champignons étaient des coulées de cuivre, des saupoudrages de souffre, près de l'aspect trompeur d'un caméléon un peu trop branche, un peu trop lapis-lazuli, un peut trop plomb strié d'un jaune intense, lequel simulait à présent des éclaboussures de soleil tombées à travers des feuilles qui ne laissaient jamais passer le soleil tout entier. La forêt vierge était le domaine du mensonge, du piège, du faux semblant ; tout était travesti, stratagème, jeu d'apparences, métamorphoses. Domaine du lézard concombre, de la châtaigne hérisson, de la chrysalide mille-pattes, de la larve à corps de carotte, du poisson-torpille, qui foudroyait du fond de la vase visqueuse.

Auteur: Carpentier Alejo

Info: Le partage des eaux, pp 222 et 223

[ masques ] [ littérature ] [ reflets ]

 

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