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jazz

Oui, c'est ainsi qu'elle le comprenait.
Ceux-là changeaient la hideur en beauté. De la matière brute de la souffrance ils faisaient jaillir tendresse et espoir.
Sinon, comment expliquer Monk ? Comment expliquer Lester Young et Chet Baker ? Commet expliquer que les ténèbres puissent engendrer pareille lumière ? Comment sur un tel champ de boue pourrait fleurir la fille aux gardenias ?
Lentement, morceau par morceau, standard après standard, son jeune esprit s'était refait à l'idée qu'il y avait peut-être une toute petite possibilité de continuer à vivre. Simplement continuer.

Auteur: Malte Marcus

Info: Les harmoniques : Beau Danube Blues

[ thérapie ] [ musique ]

 

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douane

La plupart des immigrants venaient d'Italie et d'Europe orientale. Des chaloupes les emmenaient jusqu'à Ellis Island. Là, dans un entrepôt pour matériel humain, étrangement décoré, fait de brique rouge et de pierre grise, ils étaient étiquetés, douchés, parqués sur des bancs dans des boxes d'attente. Ils prenaient tout de suite conscience de l'énorme pouvoir des fonctionnaires de l'immigration. Ces fonctionnaires changeaient les noms qu'ils ne pouvaient pas prononcer et arrachaient les gens à leurs familles, renvoyant d'où ils venaient les vieillards, les mauvais sujets, les personnages louches et également ceux qu'ils jugeaient insolents.

Auteur: Doctorow Edgar Laurence

Info: Ragtime

[ émigré ] [ usa ] [ frontière ]

 

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contemplation

Nu Nu étudiait intensément la silhouette des bananiers, des papayers au crépuscule, la forme des volutes de fumée qui montaient du feu et la configuration des nuages. Passant beaucoup d'heures à contempler le ciel, elle observait leur formation et cherchait à leur donner un sens. Elle était fascinée par la fugacité de leur présence. Ils changeaient constamment de forme, moulés par quelques mains invisible, avant de disparaitre au bout d'un instant dans l'infini d'où il avait surgi.
Elle ressentait de la pitié pour ceux qui ne voyaient là que des nuages porteurs de rien d'autre que d'un temps clément ou d'un orage.

Auteur: Sendker Jan-Philipp

Info: Un coeur bien accordé

[ ciel ]

 

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crépuscule

Les montagnes, les belles montagnes qui lui avaient tant plu alors qu’il s’en approchait, s’obscurcissaient à présent toujours davantage, et faisaient tomber de sombres taches menaçantes sur la surface de lac que pailletait encore l’or pâle du couchant, parmi les noirs reflets des monts ; tout prenait autour de lui, en s’enveloppant dans les ombres de la nuit, des formes de plus en plus étranges. Le noir et l’or du lac se touchaient et se confondaient comme s’il y passait un léger courant d’air. Le regard de Victor, seulement habitué aux belles et heureuses impressions du jour, ne pouvait pas se détourner de ce spectacle, où les choses imperceptiblement changeaient de couleur en se laissant envelopper par la tranquillité de la nuit. 

Auteur: Stifter Adalbert

Info: L’Homme sans postérité, 1844, cité par Éric Grolier dans Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

[ fondu-enchainé ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

crépuscule

Vingt heures. Venu du sud, comme un insecte noir rampant sur une nappe bleue froissée, un vieux cargo fatigué se frayait un passage dans la houle des Caraïbes, vers l'entrée du port de Santiago à Cuba. La fumée de son unique cheminée s'envolait dans une brume bleutée, poussée par un vent d'est, tandis que le soleil s'enfonçait sous la ligne d'horizon, ne formant plus qu'une énorme balle orange magnifiée par l'atmosphère terrestre. C'était l'un de ces derniers cargos qui traversaient les océans à la demande, en direction de ports exotiques aux quatre coins du monde, sans suivre d'itinéraire fixe. Leurs horaires dépendaient des exigences du fret et de ses propriétaires, et ainsi les destinations changeaient à chaque port. Ils accostaient, déchargeaient leur cargaison et repartaient au loin comme des spectres dans la nuit.

Auteur: Cussler Clive

Info: Bouddha

[ mer ] [ bateau ]

 

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humour

Lee Lightouch et Pato Conchi franchirent la frontière à l’aube. Lightouch était habillé de cuir, Conchi de lin. Le premier portait un couvre-chef gras de sueur, le deuxième allait boucles au vent. L’un était grand, l’autre rond. Le grand maigre, arborant moustache et barbiche, marchait mains dans les poches, le gros glabre avait glissé une machette dans sa ceinture. Leur mule les suivait comme une ombre. Ils voyagèrent cinq jours d’affilée. Le soir, ils mangèrent du lard : une couenne était attachée au bat. Ils firent de petits feux sans fumée. Le matin, ils burent une infusion de chicorée. Les nuages à l’horizon ne changeaient ni de taille ni de couleur, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Sauf le soir, quand ils viraient au rouge, comme d’ailleurs le reste du monde.
– C’est magnifique, dit Lightouch.
– Bof, dit Conchi.

Auteur: Biermann Mika

Info: Booming

[ western ] [ décalage ]

 

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cité imaginaire

Si je n'avais pas vu le nom de la ville en grosses lettres lorsque j'ai atterri à Trude, j'aurais pensé être arrivé au même aéroport que celui d'où j'étais parti. Les banlieues que l'on m'a fait traverser n'étaient pas différentes des autres, avec les mêmes maisons jaunes et vertes. En suivant les mêmes flèches on faisait le tour de parterres de fleurs similaires dans des quartiers identique. Les rues du centre présentaient des enseignes d'emballage de marchandises qui ne changeaient en rien. C'était la première fois que je venais à Trude, mais je connaissais déjà l'hôtel où je descendais au hasard ; j'avais déjà entendu et exprimé mes conversations avec les acheteurs et les vendeurs de ferraille ; d'autres journées comme celle-ci s'étaient terminées en regardant à travers les mêmes lunettes des nombrils similaires qui se balançaient. Pourquoi venir à Trude ? Me suis-je demandé. Et je voulais déjà partir. - Vous pouvez prendre un vol quand vous voulez, - m'ont-ils dit, - mais vous arriverez à une autre Trude, la même point par point, le monde est couvert par un unique Trude qui ne commence ni ne finit, seul le nom à l'aéroport change.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ normalisée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

tradition primordiale

À ce point de vue, on peut dire que celui qui possède véritablement le "don des langues", c’est celui qui parle à chacun son propre langage, en ce sens qu’il s’exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s’adresse. C’est aussi ce à quoi il est fait allusion, d’une manière plus extérieure, lorsqu’il est dit que les Rose-Croix devaient adopter le costume et les habitudes des pays où ils se trouvaient ; et certains ajoutent même qu’ils devaient prendre un nouveau nom chaque fois qu’ils changeaient de pays, comme s’ils revêtaient alors une individualité nouvelle. Ainsi, le Rose-Croix, en vertu du degré spirituel qu’il avait atteint, n’était plus lié exclusivement à aucune forme définie, non plus qu’aux conditions spéciales d’aucun lieu déterminé, et c’est pourquoi il était un "Cosmopolite" au vrai sens de ce mot. Le même enseignement se rencontre dans l’ésotérisme islamique : Mohyid-din ibn Arabi dit que "le vrai sage ne se lie à aucune croyance", parce qu’il est au-delà de toutes les croyances particulières, ayant obtenu la connaissance de ce qui est leur principe commun ; mais c’est précisément pour cela qu’il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 237

[ synthèse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

idéalisme déçu

Car quel intérêt pour ses élèves à chercher le savoir, là où d’autres activités sont susceptibles de leur rapporter bien plus d’argent ? Mieux vaut concentrer son attention sur les savoir-être : être beau pour vendre et gagner beaucoup d’argent, voire passer à la télé, se constituer un réseau relationnel, afin d’être pistonné à l’un des nombreux postes moyennement juteux restant (la maison grandit, la voiture grossit), voire même à partager le gâteau ; hériter après des années de plus en plus longues à mesure de l’augmentation de l’espérance de vie à avaler les couleuvres lâchées par les générations précédentes.

Comme beaucoup, il avait vu la dégradation du prestige de sa profession, en interne comme dans la société. Alors que, lorsqu’il avait débuté, un enseignant pouvait s’offrir avec son salaire une vie si ce n’est bourgeoise, tout du moins confortable, au crépuscule de sa carrière, ses jeunes collègues les plus avisés changeaient d’orientation professionnelle. Quant à leur statut social, il équivalait désormais à celui d’un gardien de parking : les uns gardent les voitures, les autres les enfants.

Là où la soif de savoir est absente, des espaces se créent. Les diplômés ont tout le temps au cours de leur carrière pour oublier leurs chères connaissances et s’insérer dans la société de consommation. Leur activité la plus intellectuelle consiste dès lors à programmer leur smartphone, qui l’est devenu à leur place.

Auteur: Danoux Gabrielle

Info: Le chemin du fort

[ progrès technologique ] [ pédagogie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

A partir de là, après sept jours et sept nuits, l'homme arrive à Zobéïde, ville blanche, bien exposée à la lune, avec des rues qui tournent sur elles-mêmes comme des files d'une pelote. Voici ce qu'on raconte à propos de sa fondation : des hommes de diverses nations firent un rêve semblable, ils virent une femme courir en pleine nuit dans une ville inconnue, ils la virent de dos avec ses cheveux longs, et elle était nue. Ils rêvèrent qu'ils la suivaient. A la fin, chacun la perdit. Ayant rêvé, ils partirent à la recherche de la ville, ils ne la trouvèrent pas mais se retrouvèrent ensemble ; ils décidèrent de construire une ville comme dans leur rêve. Dans la disposition des rues chacun reconstitua l'itinéraire de sa poursuite : là où il avait perdu les traces de la fugitive, il ordonna l'espace et les murs autrement que dans le rêve, de telle sorte qu'elle ne puisse plus s'échapper. Ce qui donna la ville de Zobéïde où ils s'établirent dans l'attente qu'une nuit se répète la scène. Aucun d'entre eux, ni en rêve, ni à l'état de vaille, ne revit jamais la femme. Les rues de la ville étaient celles par lesquelles ils allaient au travail tous les jours, sans plus aucune relation avec la poursuite du rêve. Qui du reste était déjà oublié depuis longtemps. D'autres hommes arrivèrent d'autres pays, ayant fait un rêve semblable au leur, et ils reconnaissaient dans la ville de Zobéïde quelque chose des rues de leur rêve, et ils changeaient de place arcades et escaliers de manière à ce que cela ressemble mieux au chemin de la dame poursuivie et que là où elle avait disparu il ne reste plus d'issues par ou s'échapper. Les premiers arrivés ne comprenaient pas ce qui attirait ces gens à Zobéïde, dans cette ville sans grâce, cette souricière.

Auteur: Calvino Italo

Info: les villes invisibles

[ légende ] [ littérature ] [ femmes-hommes ]

 

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