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Gaule

De Gaulle avait dit que les Français étaient des veaux... Jospin les traitait de moutons... Chirac disait qu'ils faisaient le complexe du lapin parce qu'ils supportaient tout à partir du moment où ce "tout" ne venait pas de la droite.

Auteur: Caroff André Carpouzis

Info: Le Complexe du lapin, p27

[ triade ]

 

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vacherie

Il paraissait peu vraisemblable, de toute façon, que les Français votent à nouveau pour Jacques Chirac : il avait vraiment l'air trop con, ça en devenait une atteinte à l'image du pays. Lorsqu'on voyait ce grand benêt, les mains croisées derrière le dos, visiter un comice agricole ou assister à une réunion de chefs d'Etat, on en ressentait une sorte de gêne, on avait de la peine pour lui.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Plateforme"

[ président ] [ pantin ]

 

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risque zéro

On a agité le fétiche du principe de précaution, et même celui du principe d’extrême précaution, pour essayer de combler les désirs des populations. Or les populations n’ont pas de désirs, sauf celui de faire tourner en bourriques leurs dirigeants à travers des "psychoses collectives", c’est-à-dire des bouffées délirantes mises en scène par les médiatiques, et auxquelles les politiques doivent aussitôt répondre par une surenchère dans le délire. Ce sont des fêtes, des fêtes noires, des fêtes de la peur, des parades de la peur. Dans la crise de la vache folle, tout le monde a raconté que Chirac avait gagné parce qu’il avait dit, en somme, qu’il fallait absolument qu’il n’y ait plus de risques du tout, nulle part, dans aucun domaine. Pas de risque, ça signifie la mort, ça signifie la table rase, la disparition de tout, la paix des cimetières et des nurseries fusionnées.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 283

[ dictature sanitaire ] [ expiation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nationalisme

Notre problème, ce n'est pas les étrangers, c'est qu'il y a overdose. C'est peut-être vrai qu'il n'y a pas plus d'étrangers qu'avant la guerre, mais ce n'est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d'avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des musulmans et des Noirs (...) Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler... Si vous ajoutez le bruit et l'odeur, hé bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et ce n'est pas être raciste que de dire cela.

Auteur: Chirac Jacques

Info: 19 juin 1991

 

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judaïsme

L'abbé Grégoire [dans son "Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs", en 1788] consacre plusieurs pages à la condition de la femme chez les juifs. "Un autre obstacle à leur réforme, pense-t-il, c'est le peu d'estime qu'ils ont toujours eu pour les personnes du sexe." Il continue en écrivant que "la considération pour les personnes du sexe est la mesure du progrès d'une nation dans la vie sociale", après avoir cité la prière que les mâles juifs prononcent pour bénir Dieu qui ne les a pas faits femmes. Et Jacques Chirac [dans son discours sur la laïcité] de faire écho: "Le degré de civilisation d'une société se mesure d'abord à la place qu'y occupent les femmes." On finirait par croire que la France est féministe depuis le XVIIIe siècle. (...) Il ne reste rien à ajouter, sinon à souligner les similitudes observables dans le traitement des juifs et des musulmans sur une relative longue durée.

Auteur: Benbassa Esther

Info: Le président Chirac en nouvel abbé Grégoire, La République face à ses minorités, Les juifs hier, les musulmans aujourd'hui

 

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analyse politique française

De gaulliste, la droite devint orléaniste. De la “fracture sociale” de Philippe Séguin, elle passa à la “facture fiscale” d’Alain Juppé. Soumise culturellement à la nouvelle gauche issue des années 1980, elle se “recentra” : la création de l’UMP, le 23 avril 2002, concrétisa l’emprise de l’idéologie européiste sur la droite.

Historiquement force de transformation de la société, le Parti socialiste se réduisit progressivement à une “gauche morale”. Il troqua le mot d’ordre rimbaldien qui avait symbolisé son projet et contribué à sa victoire – “Changer la vie” – pour un “Touche pas à mon pote” conforme à son nouvel objet social, menant une politique de droite avec des mots de gauche.

Le socialisme visait à représenter le peuple, à agir en son nom et pour son bien – Léon Blum fut porté à Matignon par le Front populaire. Le gaullisme prétendait, lui, en être l’incarnation naturelle – “le gaullisme, c’est le métro aux heures de pointe”, avait résumé André Malraux. Ces deux traditions politiques populaires ont fini par s’embourgeoiser et par converger en un même centrisme européiste. Mitterrand et Delors ont liquidé le socialisme en mars 1983 ; Chirac et Juppé en firent de même avec le gaullisme en octobre 1995. Dans les deux cas, le sabordage se fit pour et par l’Europe, au nom de celle‐ci et par son truchement.

Auteur: Morelle Aquilino

Info: Le Figaro Magazine du 8 octobre 2021

[ historique ] [ vingtième siècle ]

 

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greenwashing

Les installations nucléaires de Cadarache ont été promues, avec Iter, comme le fleuron d’une production "d’énergie quasiment inépuisable, sûre, et d’un faible impact sur l’environnement", ainsi que le rappelle le site officiel d’Iter. Les démiurges promettaient d’amplifier d’un facteur dix la puissance apportée aux systèmes de chauffage du réacteur, passant de 50 mégawatts à 500 mégawatts. Le banquier Macron, employeur temporaire de Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur, louait, comme Jacques Chirac avant lui, la production d’une "énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets".

Après-coup, le "retour d’expérience" est moins enthousiasmant, ainsi que le rappelle cet article du Canard Enchaîné́ en date du 27 octobre 2021, qui cite l’Iter Organization elle-même :

"Il est évident que l’ensemble des systèmes de l’installation Iter consommera plus d’énergie que le plasma en produira."

Quant au journaliste scientifique Stephen B. Krivit, spécialiste des questions énergétiques, il estime qu’avec Iter, un petit groupe de chercheurs experts en fusion nucléaire s’est surtout efforcé d’abuser le gogo, afin de maintenir les financements publics. Selon Krivit, le bilan énergétique de l’installation de fusion nucléaire serait proche de zéro. Non pas 50 mégawatts pour 500 mégawatts, mais plutôt 500 mégawatts pour 500 mégawatts. Sans compter, à propos du faible impact sur l’"environnement", les quantités de métaux nécessaires à la production des aimants supraconducteurs du réacteur (niobium-titane ; niobium-étain), arrachés aux entrailles de la forêt brésilienne ; puis, en aval, les 40 000 tonnes (a minima) de déchets à stocker, dont du béryllium irradié. Autrement dit une substance classée par le Centre de recherche international sur le cancer (IARC) dans le groupe 1 des cancérogènes reconnus, ici au niveau des poumons.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/provence_nucle_aire.pdf

[ coûts cachés ] [ gaspillage ] [ débiteur ]

 
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vacheries

Les Inrocks, c'est un torche-cul infect. Lana Del Rey est une grosse arnaque dès ses débuts. Cabrel se prend pour les Eagles. Voulzy est un branleur. Dominique A, Miossec et Katerine m’inspirent de l’indifférence. Johnny Hallyday et Patrick Bruel, la ringardise française à son maximum, sont les seuls à vendre des disques dans ce pays à la mords-moi le nœud. Johnny, c’est le ringard absolu qui fascine par une sauvagerie de chien husky à qui on a coupé la queue. Obispo pareil, dans sa voix, il y a la puissance perdue de la France. Daft Punk, c'est de la daube. Les Enfoirés, c’est une espèce de mafia avec Goldman dans le rôle d'Al Capone. Alain Souchon a une carrière de lèche cul, c’est le plus grand stratège de la chanson française qui est passé de Pompidou à Sarkozy sans broncher. Renaud se prend pour Jésus-Christ, il fait une traversée du désert en Ricard et de se présenter en croix avec une idéologie qui se veut trotskiste et qui en fait est d’extrême droite, il est si con qu'il pourrait s'appeler Citroën. Pour la grippe A y a des vaccins, pour Renaud l'euthanasie. Les chansons de John Lennon peuvent servir au Crédit Agricole, Paul McCartney est le Jacques Chirac de la chanson. Angèle, c’est une Chantal Goya 2.0. qui fait des chorégraphies de peep-show. PNL, c'est une vaste et funeste blague, une musique macroniste, comme il y a eu une musique pompidolienne dont l'acmé était Téléphone, des petits Macron qui essaient de faire du pognon avec le QI d'une fourchette. C'est un problème pour tout le métier d'avoir un mec qui cartonne autant en étant aussi nul comme Yannick Noah. Patrick Juvet, si on l’avait vu en 77, on lui aurait explosé la gueule. Les chansons de Zaz sont les plus opportunistes du XXIème siècle, c’est de la démagogie comme on n’a jamais poussé la démagogie, je ne sais pas qui les écrit, mais on sent que quelqu’un s’est dit : "Le public, c’est vraiment des cons, je vais leur balancer une grosse merde et on va cartonner". Les salles ne prennent pas de risques, elles préfèrent programmer des gros cons comme Polnareff. Le peuple français est le conglomérat qui reprend le plus de choses américaines avec des chanteurs aux noms débiles comme Dick Rivers ou Eddy Mitchell, il pense qu’Elvis a tout piqué à Johnny et prend Claude François pour James Brown. Les rappeurs actuels et les yéyés, c'est pareil. Vincent Delerme, s’il n’était pas le fils de l’autre, il n’aurait jamais fait un disque, idem pour Charlotte Gainsbourg. J’ai lu dans la presse que les cuivres de Bénabar faisaient beaucoup penser à Otis Redding, ça me sidère, les Bénabar, les Grand Corps Malade, c'est du zéro de chez zéro. Dans la musique, je ne connais que des mecs chargés, si tu mets Gainsbourg à l'eau, ça devient Jean-Jacques Debout. Pascal Nègre d'Universal Music est un charcutier, normalement, il devrait découper des têtes de veaux et ne pas diriger une multinationale. Le système médiatique est scatophage, il faut lui balancer de la merde à la gueule, et tous ceux qu’on qualifiait d’artistes et que j’ai rencontrés, je me suis rendu compte que c’était des triples merdes.

Auteur: Murat Jean-Louis

Info:

[ Gaule ] [ variétés ] [ show-biz ] [ dénigrement ]

 

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biopouvoir

C’est d’ailleurs ce laboratoire P4 de Lyon qui assure les transferts de technologie et la formation des équipes chinoises, sous la houlette de l’Inserm, après le démarrage des travaux à Wuhan en 2011. Pourquoi la France transfère-t-elle des technologies aussi dangereuses ? D’abord pour des raisons sanitaires, afin d’ "aider les Chinois à bloquer H7N9, H5N1, SRAS ou un prochain coronavirus", explique un expert à l’AFP en 2014. Apparemment, il y a eu une petite complication.

Ensuite, pour rester dans la compétition mondiale. La santé, c’est la vitrine ; l’important, c’est la guerre : si la France ne va pas à Wuhan, d’autres iront. Enfin, par naïveté. Selon le même expert, les Français pensent que les Chinois respecteront l’accord : "L’accueil de Français à Wuhan est de nature à rassurer sur ce qui s’y passe". Là aussi, il y a eu une petite complication. [...]

[En 2013,] La représentante du techno-gratin dauphinois [Geneviève Fioraso] signe avec ses homologues chinois 11 accords de partenariat dans les domaines de l’enseignement, de la recherche et de l’innovation. Elle assiste à la signature de protocoles d’accord entre l’Institut Pasteur de Shanghai et des partenaires, dont BioMérieux, représenté par son patron Alain Mérieux, ami de Jacques Chirac et élu RPR au conseil régional de Rhône-Alpes. [...]

Au printemps 2016, le premier train assurant la liaison Wuhan-Lyon parcourt le trajet en quinze jours. La Route de la soie transporte désormais des produits chimiques et des articles manufacturés de Chine, du vin et du matériel biotechnologique de France. [...]

Le 23 février 2017, le Premier ministre Bernard Cazeneuve se rend à Wuhan pour l’accréditation officielle du laboratoire. Le directeur du P4 lyonnais, Hervé Raoul, annonce une coopération avec une cinquantaine de chercheurs français, sous l’égide de l’Inserm. La France financera cette coopération à hauteur d’un million d’euros sur cinq ans. Le patron du labo de virologie lyonnais VirPath, Bruno Lina, se félicite de la disponibilité, à Wuhan, de singes pour tester des vaccins – sans les emmerdeurs de la cause animale. [...]

Cette ouverture n’enchante pas les Américains. Eux-mêmes construisent à tout va des laboratoires de haute sécurité sur leur territoire, passant de 465 à 1295 entre 2001 et 2014. La compétition avec la Chine s’accélère. Le biochimiste Richard Ebright, expert en biosécurité de la Rutgers University (New Jersey), rappelle en 2017 que "le SRAS s’est échappé de laboratoires de haute sécurité de Pékin à de multiples reprises". [...]

Inquiète, l’ambassade des États-Unis en Chine visite le laboratoire de Wuhan et envoie dès janvier 2018 des câbles alarmés au gouvernement américain. Les visiteurs font état de manquements de sécurité et d’un nombre insuffisant de techniciens formés ; ils recommandent de fournir une assistance aux Chinois. Ça, c’est l’histoire racontée par le Washington Post en avril 2020, donnant le beau rôle à des Américains empêtrés dans le Covid-19 comme des amateurs. Voilà des câbles diplomatiques ressortis à point nommé, dans la guerre froide sino-américaine. [...]

Qu’en est-il vraiment ? Demandez aux Chinois. En fait, les Américains sont plus impliqués dans le laboratoire de Wuhan qu’ils ne le laissent croire. Le partenariat franco-chinois battant de l’aile, ils s’engouffrent dans la brèche dès 2015 pour mener des collaborations scientifiques avec le labo P4. [...]

A l’occasion de sa visite d’État en Chine en janvier 2018, Emmanuel Macron signe malgré tout avec Xi Jinping des accors de coopération. Leur déclaration commune souligne : "la Chine et la France conduiront des recherches de pointe conjointes sur les maladies infectieuses et émergentes, en s’appuyant sur le laboratoire P4 de Wuhan".

C’est se leurrer sur le partenaire. D’après un fonctionnaire français cité par le journaliste Antoine Izambard dans son livre France Chine, les liaisons dangereuses :

"Nous leur avons demandé ce qu’étaient devenus les P3 et ils nous ont répondu que certains, situés dans une région proche de l’Himalaya, avaient gelé durant l’hiver et que d’autres avaient disparu. C’était assez déroutant".

Quant aux 50 chercheurs français attendus au P4 de Wuhan – cette coopération qui rassurait tant lors de la signature de l’accord – ils ne sont jamais venus. Le comité franco-chinois sur les maladies infectieuses ne s’est plus réuni depuis 2016. Les Chinois font ce qu’ils veulent, à l’abri des regards dans leur enceinte confinée.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Le règne machinal", éditions Service compris, 2021, pages 105 à 110

[ historique ] [ infectiologie ] [ orient-occident ]

 

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confusion

1 Je lis en page quatre de mon quotidien que les campagnes de mesures au-dessus de l'Antarctique ne sont pas bonnes cette année : le trou de la couche d’ozone s’y agrandit dangereusement. En lisant plus avant, je passe des chimistes de la haute atmosphère aux P-DG d’Atochem et de Monsanto, lesquels modifient leurs chaînes de production pour remplacer les innocents chlorofluorocarbones, accusés de crime contre l’écosphère. Quelques paragraphes plus loin, ce sont les chefs d’État des grands pays industrialisés qui se mêlent de chimie, de réfrigérateurs, d’aérosols et de gaz inertes. Mais en bas de la colonne, voici que les météorologues ne sont plus d’accord avec les chimistes et parlent de fluctuations cycliques. Du coup, les industriels ne savent plus que faire. Les têtes couronnées hésitent elles aussi. Faut-il attendre ? Est-il déjà trop tard ? Plus bas, les pays du tiers monde et les écologistes ajoutent leur grain de sel et parlent de traités internationaux, de droit des générations futures, de droit au développement et de moratoires.

2 Le même article mêle ainsi réactions chimiques et réactions politiques. Un même fil attache la plus ésotérique des sciences et la plus basse politique, le ciel le plus lointain et telle usine dans la banlieue de Lyon, le danger le plus global et les prochaines élections, ou le prochain conseil d’administration. Les tailles, les enjeux, les durées, les acteurs ne sont pas comparables et pourtant les voilà engagés dans la même histoire.

3 En page six de mon quotidien, j’apprends que le virus du sida de Paris a contaminé celui du laboratoire du professeur Gallo, que MM. Chirac et Reagan avaient pourtant juré solennellement de ne pas remettre en cause l’historique de cette découverte, que les industries chimiques tardent à mettre sur le marché des médicaments réclamés à hauts cris par des malades organisés en associations militantes, que l’épidémie se répand en Afrique noire. De nouveau, des têtes couronnées, des chimistes, des biologistes, des patients désespérés, des industriels se trouvent engagés dans une même histoire incertaine.

4 En page huit, il s’agit d’ordinateurs et de puces contrôlées par les Japonais, en page neuf d’embryons congelés, en page dix de forêt qui brûle entraînant dans ses colonnes de fumées des espèces rares que certains naturalistes veulent protéger ; en page onze, de baleines munies de colliers auxquels sont accrochées des radios balises ; toujours en page onze, c’est un terril du Nord, symbole de l’exploitation ouvrière, que l’on vient de classer comme réserve écologique à cause de la flore rare qui s’y est développée. En page douze, le pape, les évêques, Roussel-Uclaf, les trompes de Fallope, les fondamentalistes texans s’assemblent autour du même contraceptif en une étrange cohorte. En page quatorze, c’est le nombre de lignes de la télévision haute définition qui rattache M. Delors, Thomson, la CEE, les commissions de standardisation, les Japonais encore, et les producteurs de téléfilms. Changez de quelques lignes le standard de l’écran, et les milliards de francs, les millions de téléviseurs, les milliers d’heures de téléfilms, les centaines d’ingénieurs, les dizaines de P-DG valsent.

5 Heureusement qu’il y a dans le journal quelques pages reposantes où l’on parle de pure politique (une réunion du parti radical), et le supplément des livres où les romans relatent les aventures exaltantes du moi profond (je t’aime, moi non plus). Sans ces pages lisses, on attraperait le tournis. C’est qu’ils se multiplient, ces articles hybrides qui dessinent des imbroglios de science, de politique, d’économie, de droit, de religion, de technique, de fiction. Si la lecture du journal quotidien est la prière de l’homme moderne, alors c’est un homme bien étrange qui prie aujourd’hui en lisant ces affaires embrouillées. Toute la culture et toute la nature s’y trouvent rebrassées chaque jour.

6 Pourtant, nul ne paraît s’en soucier. Les pages Économie, Politique, Sciences, Livres, Culture, Religion, Faits divers se partagent les maquettes comme si de rien n’était. Le plus petit virus du sida vous fait passer du sexe à l’inconscient, à l’Afrique, aux cultures de cellules, à l’ADN, à San Francisco, mais les analystes, les penseurs, les journalistes et les décideurs vous découperont le fin réseau que le virus dessine en petits compartiments propres où l’on ne trouvera que de la science, que de l’économie, que des représentations sociales, que des faits divers, que de la pitié, que du sexe. Pressez le plus innocent aérosol et vous serez dirigés vers l'Antarctique, et de là vers l’université de Californie à Irvine, les chaînes de montage de Lyon, la chimie des gaz inertes, et de là peut-être vers l’ONU, mais ce fil fragile sera rompu en autant de segments qu’il y a de disciplines pures : ne mélangeons pas la connaissance, l’intérêt, la justice, le pouvoir. Ne mélangeons pas le ciel et la terre, le global et le local, l’humain et l’inhumain. "Mais ces imbroglios font le mélange, direz-vous, ils tissent notre monde ?" — "Qu’ils soient comme s’ils n’existaient pas", répondent les analystes. Ils ont tranché le nœud gordien avec un glaive bien affuté. Le timon est rompu : à gauche la connaissance des choses, à droite l’intérêt, le pouvoir et la politique des hommes.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. La prolifération des hybrides. Incipit

[ binarisme simplificateur ] [ infobésité ]

 

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