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dépoétisation

Or, quand on a le souci de prendre des photos, le souci du choix de la vue à conserver, qui découpe dans un ensemble le coin à retenir, nous voilà fixés tout entier sur le seul problème visuel, délaissant le global, et ce qui aurait pu être une expérience devient un spectacle. Bien plus, les manipulations et soucis de l’appareil, même si vous êtes un spécialiste, la luminosité, l’angle de vue, vous fixent sur un exercice technique et interdit radicalement le mécanisme intellectuel, la réflexion, l’offrande de soi au vent, à la mer, au flux des gens… et combien plus interdisent la montée de l’exaltation profonde devant ce qui est unique, et combien plus, si l’on est chrétien, l’action de grâce vers Dieu. Non, l’appareil commande. On ne voit plus, on regarde et on cherche ce qu’il faut photographier. Et quand la bonne photo est enfin prise, vous voyez tous ces voyageurs se désintéresser subitement de tout : le boulot à faire a été fait. Que pourraient-ils donc faire de plus au milieu des ruines du Parthénon ? On se demande soudain ce que l’on fait là.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 192

[ tourisme ] [ critique ] [ vision productiviste du paysage ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cosmosophie

Selon une légende d’inspiration gnostique, une lutte se déroula au ciel entre les anges, dans laquelle les partisans de Michel vainquirent ceux du Dragon. Les anges qui, irrésolus, se contentèrent de regarder furent relégués ici-bas afin d’y opérer le choix auquel ils n’avaient pu se résoudre là-haut, choix d’autant plus malaisé qu’ils n’emportaient aucun souvenir du combat et encore moins de leur attitude équivoque. Ainsi le démarrage de l’histoire aurait pour cause un flottement, et l’homme résulterait d’une vacillation originelle, de l’incapacité où il était, avant son bannissement, de prendre parti. Jeté sur la terre pour apprendre à opter, il sera condamné à l’acte, à l’aventure, et il n’y sera propre que dans la mesure où il aura étouffé en lui le spectateur. Le ciel seul permettant jusqu’à un certain point la neutralité, l’histoire, tout au rebours, apparaîtra comme la punition de ceux qui, avant de s’incarner, ne trouvaient aucune raison de se rallier à un camp plutôt qu’à un autre. On comprend pourquoi les humains sont si empressés d’épouser une cause, de s’agglutiner, de se rassembler autour d’une vérité. Autour de quelle espèce de vérité ?

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Écartèlement

[ indécision initiale ] [ humains ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

progrès

A Kyoto, l’équipe du Panasonic’s Nanotechnology Research Laboratory élabore une micro-pile "au sucre" qui utilise comme carburant le glucose contenu dans le sang humain (The Engineer . 25/07/03. Sciences et Avenir. Septembre 2003). Celle-ci pourrait alimenter un pacemaker, un implant auditif ou toute autre prothèse nécessitant une alimentation électrique. "Parmi ses autres applications, on peut imaginer des robots nourris au sucre...On pourrait implanter dans le corps humain des robots-soigneurs intelligents micro ou nanométriques... ils interviendraient chirurgicalement ou par diffusion d’un médicament. Une fois leur tâche accomplie, ils n’auraient plus qu’à ressortir par l’un des orifices naturels..."

Sachant que le-risque-zéro-n’existe-pas, voilà qui promet de superbes aléas thérapeutiques, voire épidémiques. Sans compter, "dualité" aidant, la merveilleuse arme de destruction massive que pourraient constituer des robots vampires.
En admettant même la possibilité du risque zéro, le choix d’une médecine high-tech dans une société morbide plutôt qu’une prévention naturelle dans un milieu salubre, qui ne voit que ces nano-machines ne peuvent être que les produits et les agents dans le corps humain d’une machinerie totale, dont nous ne serions plus que des pièces intégrées. L’homme-machine matérialisant ainsi notre machinisme mental.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Aujourd'hui le nanomonde", pages 206-207

[ pharmakos ] [ nanotechnologie ] [ surenchère ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

Harry s'assit à une table bancale. Le café était bon. Trente-huit ans, une vie ratée. Sirotant son café, il se rappela ses conneries - et ses bons moments. Il en avait tout simplement eu ras le bol - de la valse des assurances, des petits boulots, des hautes cloisons vitrées, des clients : il avait tout bonnement eu ras le bol de tromper sa femme, de coincer les secrétaires dans l'ascenseur et les couloirs ; ras le bol des fêtes de Noël et du Nouvel An et des anniversaires, des traites à payer pour la voiture neuve ou le mobilier - l'eau, le gaz et l'électricité - toute la saloperie écœurante du quotidien.
Il en avait eu ras le bol et il s'était tiré, point final. Le divorce arriva assez vite, l'alcool arriva assez vite, et brusquement il se retrouva dans le vide. Il ne possédait rien, il découvrit que le dénuement aussi était difficile à assumer. C'était un fardeau d'un autre style. Si seulement il existait une solution intermédiaire acceptable. Apparemment, on n'avait le choix qu'entre deux voies : persévérer dans l'arnaque ou devenir un clochard.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Au sud de nulle part" pages 64-65

[ résumé ] [ crise ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Plus que toute autre forme artistique, la photographie requiert d’être froid et dépassionné. (…)

Le traumatisme et la souffrance sont les fondements de l’art. J’y crois. Mais confronté à la tragédie, un peintre spécialisé dans les fresques ou dans les aquarelles peut vivre ce moment en être humain et redevenir artiste après. Face à la mort d’un être cher, un sculpteur ou un portraitiste peut d’abord souffrir, faire son deuil, guérir – puis créer. La plupart des artistes traversent l’existence de cette manière. Ils peuvent avoir des réactions normales face aux vicissitudes de l’expérience humaine. Ils peuvent traverser le monde avec compassion et camaraderie.

Ils peuvent créer plus tard. En dehors, ailleurs, au-delà.

Mais la photo est immédiate. Elle n’offre pas le luxe du temps. Confronté au sang, à la mort ou au changement, un photographe n’a pas d’autre choix que de saisir son appareil. L’artiste vient en premier, l’être humain en second. La photo est la captation neutre des événements, la chronique du sublime comme de l’effroyable. La nécessité veut que ce travail soit effectué sans émotion, sans attache, sans amour.

Auteur: Abby Geni

Info: Farallon Islands

[ distanciation ] [ froideur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

subjonctif

Cher monsieur, lorsque ma fille nous fit inscrire à votre groupe, un peu à la légère, ma petite-fille et moi et que vous nous acceptâtes avec gentillesse, cela me réjouit. Quoique d'origine italienne, la France et son langage prirent une large place dans ma vie. Que vous souhaitassiez de vos adhérents qu'ils parlassent un français de choix, quoi de plus méritoire, mais, ne serait-il pas normal que je craignisse ne pas être une recrue de qualité. En effet à plus de quatre-vingt-trois années, qui ne furent pas toutes de lumière, il serait bon que j'émisse quelques réserves quant à mon aptitude de maîtriser ce français pétillant comme le champagne. Le grand siècle fut vraiment très grand, même si parfois il était bon que j'avouasse un certain désaccord quant à ses idées. Aujourd'hui on peut en mesurer les erreurs ! Que vous ne fussiez pas trop sévère à mon encontre, cela comblerait mon désir de toujours vouloir écrire un français correct sinon de choix. Circonstances atténuantes : mon âge et mes origines italiennes. Que vous reçussiez mes salutations cordiales, que vous souffrissiez mes remerciements, tout serait parfait !

Auteur: Salvatore B. inconnu

Info: In Bouissière A, Le bar du s.., adhérents 944. Ecrit avec Y. Salvatore

[ . ]

 

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surrégulation

...Je crois que nous vivons dans une société beaucoup trop régulée. Le degré de liberté qu'avaient mes parents était bien supérieur à celui dont jouissent les jeunes générations d'aujourd'hui. A peu près tous les domaines de notre vie sont normalisés: comment nourrir ses enfants, comment les élever, leur scolarisation. Enfant, je me souviens de jeux innocents consistant à franchir les murs mitoyens et à pénétrer chez le voisin. Aujourd'hui vous risquez de finir au tribunal pour mineurs. Tout est régulé et contrôlé: marcher dans la rue, conduire une voiture, etc. Et puis, il y a les polices intellectuelles, le "politically correct" qui surveille subrepticement nos comportements les plus intimes. Plus une société est civilisée et normée, moins elle a de choix moraux à faire. Aujourd'hui, le seul dilemme auquel on est confronté est le choix entre deux paires de baskets. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que cet ensemble de conventions, de régulations et de lois a toujours été perçu de façon positive, comme faisant partie des dernières contractions des Lumières. Les dictatures du futur seront obséquieuses et patelines plutôt qu'ouvertement violentes, elles seront douces mais sinistres.

Auteur: Ballard James Graham

Info: interview par Henriette Korthals-Altes dans l'express 01/07/2001

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

illusion

La réalisation majeure du nouveau complexe militaro-cognitif a consisté à rendre superflue toute oppression directe et manifeste : les individus sont bien mieux contrôlés et "poussés" dans la direction qui convient lorsqu’ils continuent de se vivre comme des acteurs libres et autonomes de leurs propres existences… Il y a une autre leçon essentielle de Wikileaks : notre absence de liberté est dangereuse au plus haut point lorsqu’elle est vécue comme le médium même de notre liberté. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que ce flux communicationnel incessant qui permet à chacun de faire connaître à tous ses opinions et de former à volonté des communautés virtuelles ? Dans la mesure où la licence et le libre choix font figure de valeurs suprêmes, il semble que le contrôle social et la domination ne menacent plus le sujet et sa liberté : l’individu supposément libre en fait l’expérience en tant qu’expérience de soi-même et, ce faisant, les conforte. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que nos manières de "surfer" sur la Toile sans la moindre contrainte ? Voilà comment opère aujourd’hui "le fascisme qui a l’odeur de la démocratie".

Auteur: Zizek Slavoj

Info:

[ indépendance ] [ GAFAM ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

supermarché

Elle commença à avoir de la difficulté à choisir. On trouvait trop de préparations différentes de nourriture pour chats, trop de formes, de tailles et de marques de stylos à bille, d’espèces de shampoing, de types de tomates en conserve – entières, écrasées, en sauce, en pâte –, les collants se présentaient en d’innombrables teintes, avec empiècements ou bas brillants, très fins ou opaques, en douzaines de fibres différentes, avec les doigts ou l’entrejambe renforcés, taille petite, royale, régulière ou irrégulière. Et il y avait les marques de dentifrice, les brosses à dents de formes multiples et de poils de dureté graduée, les draps dont l’épaisseur de fil offrait une gamme infinie et dont les coloris atteignaient la centaine : floraux, à rayures, à points, à dessins humoristiques, de lin, damassés, de coton égyptien, à carreaux, brodés, monogrammés, de finette. Trop d’espèces de pommes, trop de boissons sucrées, trop de jus de fruits, trop d’eaux minérales venues d’innombrables sources d’une grande pureté – et les magasins eux-mêmes, surréels, éclairés brillamment, clonés en d’extravagants centres commerciaux, source encore de fastidieux et interminables choix qui rendaient impossible un vrai choix.

Auteur: Proulx Annie

Info: Les Crimes de l'accordéon

[ hésitation ] [ perdu ] [ abondance ]

 

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évolution

L'érosion des différences entre auteur et lecteur telle qu'elle se déploie dans l'environnement numérique actuel est un écho fidèle des anthologies populaires de la Renaissance et des livres de "lieux communs" qui circulaient librement avant le siècle des Lumières. La culture numérique se constitue alors en avatar de pratiques lettrées répandues avant le XVIIIe siècle ! Ainsi, les utilisateurs d'aujourd'hui forment des sélections de textes, d'images ou de n'importe quel matériel disponible sur la toile, et partagent leur choix tout en l'insérant dans des contextes divers et souvent indépendants de leurs origines. Le lecteur devient auteur non pas en éliminant la trace du créateur original mais plutôt en déplaçant le morceau choisi, en lui trouvant un contexte inédit, en le faisant circuler dans le voisinage d'autres objets. Mieux encore, ces morceaux choisis peuvent circuler dans des espaces nouveaux, dans les mondes virtuels et dans des formats variables mais compatibles. Ainsi, le choix du format est un concentrateur de la conception de l'objet livre : il devient un cas exemplaire des différentes options, parfois conflictuelles, qui se présentent quand on réfléchit sur l'avenir du livre et de ses supports.

Auteur: Milad Doueihi

Info: La Grande Conversion numérique. Le livre à l'heure du numérique : objet fétiche, objet de résistance.

[ lecture ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
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