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aqua simplex

L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l’argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil, dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l’hydrogène et de l’oxygène, puis d’un nouveau choc a fait ruisseler en eau ces éléments primitifs. Tous les agents de l’atmosphère et de l’espace, toutes les forces cosmiques ont travaillé de concert à modifier incessamment l’aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. Toutefois notre regard n’est point assez vaste pour embrasser dans son ensemble le circuit de la goutte, et nous nous bornons à la suivre dans ses détours et ses chutes depuis son apparition dans la source jusqu’à son mélange avec l’eau du grand fleuve ou de l’océan.


Auteur: Reclus Elisée

Info: Histoire d'un ruisseau. Chapitre I, La Source

[ polymorphe ] [ multi-usage ] [ pluridisciplinaire ] [ combinable ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

flic

Depuis son entrée dans la police, elle a vu un père enfermer son fils dans un frigo pour le punir et l'y oublier, un détenu des sous-sols du Palais de justice lui cracher au visage pour essayer de lui refiler son hépatite, des Versaillaises à serre-tête de velours se prostituer, une petite vieille de quatre-vingts ans se faire défoncer la gueule pour vingt euros, des pendus se vider dès qu'elle les touchait, des victimes du chômage de longue durée perdre l'argent qu'ils n'avaient pas en jeux de grattage, un chat manger les parties molles du visage de son maître décédé depuis une semaine, les rues de Paris défiler à plus de 110 km/h, les traces de sang d'un collègue sur l'ordinateur après qu'il s'était tiré une balle dans l'oeil, un enfant survivre à une chute du quatrième étage. Elle a vu surnager tout cela parmi les mille tâches ingrates qui forment son ordinaire, elle est allée perdre sa tranquillité d'âme dans les mauvais lieux, obligée de vivre au-dessus de l'étonnement, de tout connaître du pire de l'existence, pour un salaire à peine décent, et elle se demande toujours comment elle n'a pas les yeux sales, stupéfaite qu'ils n'aient pas conservé, dans leur profondeur, le pâle reflet de la misère.

Auteur: Boris Hugo

Info: Police, p. 11-12

[ profession ] [ faits divers ]

 

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autodestruction

La personne dite "psychotiquement déprimée" qui tente de se suicider ne le fait pas par désespoir ou par conviction abstraite qu'avoirs et dettes de la vie ne correspondent pas. Et certainement pas parce que la mort semble soudainement séduisante. La personne dont l'invisible agonie atteint un certain niveau insupportable se suicidera de la même manière qu'une personne piégée finit par sauter de la fenêtre d'un gratte-ciel en feu. Ne vous méprenez pas sur les personnes qui se jettent par la fenêtre d'un immeuble en feu. Leur terreur de tomber d'une grande hauteur est pareillement grande à celle que vous ou moi ressentons en nous tenant spéculativement à la même fenêtre pour regarder la vue ;  la peur de tomber reste une constante. La variable ici est l'autre terreur, les flammes du brasier : lorsqu'elles s'approchent suffisamment, tomber vers la mort devient la moins terrible des deux terreurs. Ce n'est pas le désir de tomber, c'est la terreur des flammes. Et pourtant, personne au sol, sur le trottoir, ceux qui regardent vers le haut et crient "Non !" et "Tenez bon !", ne peut comprendre le saut. Pas vraiment. Il faudrait pourvoir être personnellement piégé et sentir les flammes pour comprendre vraiment la terreur qui va bien au-delà de la chute.

Auteur: Wallace David Foster

Info:

[ causes-effets ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chute

Dans la perspective cyclologique et involutive générale de l’Humanité, la conquête successive du feu, de la roue, de la poulie, de la brouette, des métaux, de l’écriture, du collier de trait, de la vapeur, puis de l’électricité, ne représente pas strictement parlant un progrès, mais un effet progressif de compensation, eu égard à la perte progressive de ses prérogatives spirituelles et des pouvoirs que celles-ci conféraient sur la matière, sans la nécessité des outils. Au fur et à mesure qu’elle s’éloigne de sa source spirituelle, l’Humanité se "solidifie", se "matérialise", et cherche dans la conquête des pouvoirs techniques le souvenir des pouvoirs naturels perdus. La soif de conquête et de domination est un aspect de cette nostalgie et de cette angoisse. Moins on conjugue le verbe être, plus on conjugue le verbe avoir. Tous ces hommes qui déferlent depuis le déluge de Noé, ces envahisseurs successifs, Scythes, Aryens, Akkadiens, Hyksos, Celtes, Perses, Germains, Mongols, Arabes, Européens, etc., ne sont pas seulement animés d’une soif de conquête et de pillage. Mus par des impératifs physiques (changements climatiques, famines, séismes, etc.) ils le sont aussi par une inconsciente et permanente nostalgie : celle de la Parole perdue et de l’Unité perdue de l’Humanité que, même dans le sang, maladroitement, ils recherchent.

Auteur: Phaure Jean

Info: Dans "Cycle de l'humanité adamique", page 323

[ interprétation historique ] [ décadence ] [ évolution inverse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

historique

... à la fin de l'année 1314 (Philippe Le Bel) mourut des suites d'un accident de chasse causé en forêt de Compiègne par un sanglier. Deux ou trois siècles plus tôt, une telle mort aurait été perçue comme héroïque, et même vraiment royale. Mais au début du XIVe siècle, ce n'est plus le cas. Même si elle est due à un porc sauvage, cette mort rappelle l'étrange mort du prince Philippe, fils de Louis VI Le Gros, près de deux cents ans auparavant : dans une rue de Paris, au mois d'octobre 1131, un vulgaire porcus diabolicus, comme l'écrit Suger, s'était jeté dans les pattes du cheval du jeune prince, provoquant une chute mortelle et souillant la dynastie capétienne d'une flétrissure indélébile que même les fleurs de lis virginales des armoiries royales ne pourront jamais tout à fait effacer. (...) Un simple cochon girovague fut cause de la mort de ce rex junior coronatus, et cette mort fut, dans toute la chrétienté, ressentie comme particulièrement honteuse. Rien de tel pour Philippe Le Bel au mois de novembre 1314. Et pourtant, chroniques, libelles et pamphlets ne manquèrent pas de souligner qu'une fois encore la monarchie française était victime d'un porc et que le roi honni payait là toutes ses trahisons et ses turpitudes.

Auteur: Pastoureau Michel

Info: Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, p. 82-83

[ animal ]

 

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poème

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu’on te
voie.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et inhale
une bouffée de cigarette
et les putes et les barmens
et les employés d’épicerie
ne savent pas
qu’il est
là.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l’air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.

puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c’est suffisamment sympa
pour faire
pleurer un homme, mais
je ne pleure pas,
et vous ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Last Night of the Earth Poems 1992

[ égoïsme ]

 

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guerre

Le front est une cage dans laquelle il faut attendre nerveusement les événements. Nous sommes étendus sous la grille formée par la trajectoire des obus et nous vivons dans la tension de l'inconnu. Sur nous plane le hasard. Lorsqu'un projectile arrive, je puis me baisser, et c'est tout ; je ne puis ni savoir exactement où il va tomber, ni influencer son point de chute.
C'est ce hasard qui nous rend indifférents. Il y a quelques mois, j'étais assis dans un abri et je jouais aux cartes ; au bout d'un instant, je me lève et je vais voir des connaissances dans un autre abri. Lorsque je revins, il ne restait plus une miette du premier ; il avait été écrabouillé par une marmite. Je retournai vers le second abri et j'arrivai juste à temps pour aider à le dégager, car il venait d'être détruit à son tour.
C'est par hasard que je reste en vie, comme c'est par hasard que je puis être touché. Dans l'abri "à l'épreuve des bombes", je puis être mis en pièces, tandis que, à découvert, sous dix heures du bombardement le plus violent, je peux ne pas recevoir une blessure. Ce n'est que parmi les hasards que chaque soldat survit. Et chaque soldat a foi et confiance dans le hasard.

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: A l'Ouest rien de nouveau, Chapitre VI

[ chance ]

 

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destin

Cela nous amène à faire une incursion dans le royaume de Spinoza selon lequel, et je trouve cette idée fort judicieuse, si une pierre pouvait raisonner, elle penserait dans sa chute : "Je veux tomber à la vitesse de 360 mètres par seconde. " Le libre-arbitre pour nous, c'est-à-dire le désir, la conscience que nous avons de vouloir faire ce que nous faisons, pourrait bien n'être qu'illusoire ; et la psychologie des profondeurs semble le confirmer : nombre de nos pulsions dans la vie trouvent leur origine dans un inconscient qui échappe à notre contrôle. Nous agissons comme les insectes, bien que le terme d' "instinct" ne s'applique peut-être pas à l'homme. Quel que soit le terme employé, il n'en demeure pas moins que notre conduite, qui nous semble résulter de notre libre arbitre, pourrait bien pour une grande part nous contrôler à tel point que dans la pratique nous ne sommes que des pierres qui tombent, condamnées à tomber à une certaine vitesse obéissant aux lois de la nature, aussi rigides et immuables que les forces qui entraînent la formation d'un cristal. Chacun de nous se sent peut-être unique et doté d'une destinée propre et sans précédent dans l'univers... pourtant nous sommes sans doute pour Dieu des millions de cristaux identiques aux yeux du Grand Savant du Cosmos.

Auteur: Dick Philip K.

Info: Le grand O

[ impuissance ]

 

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monde fermé

Telles furent les conséquences immédiates de la déforestation et d'autres actions de l'homme sur l'environnement. Les conséquences ultérieures prirent la forme d'une famine et d'une chute dramatique qui firent sombrer la population dans le cannibalisme. Les récits faits par les insulaires survivants de cette famine sont graphiquement confirmés par la prolifération de petites statues appelées moaï kavakana, qui montrent des individus affamés aux joues creuses et aux côtes saillantes. Le capitaine Cook, en 1774, décrivit les Pascuans comme des êtres "petits, maigres, effarouchés et misérables". Le nombre de sites d'habitation sur les basses terres côtières, où se concentrait la majorité de la population, diminua de 70% par rapport à son chiffre maximal atteint en 1400-1600 et les années 1700, suggérant une diminution identique du nombre d'habitants. Pour remplacer leurs anciennes sources de viande sauvage, les Pascuans se tournèrent vers la source la plus abondante et qui jusqu'alors n'avait pas été exploitée : les humains, dont on vit apparaître fréquemment les os non seulement dans les cimetières mais aussi (brisés pour en extraire la moelle) sur les tas de détritus des Pascuans de la fin de la période. La tradition orale des insulaires est riche de récits hantés par le cannibalisme; la pire injure que l'on pouvait lancer à un ennemi était : "la chair de ta mère est coincée entre mes dents".

Auteur: Diamond Jared Mason

Info: Effondrement, Chapitre Crépuscule sur l'île de Pâques

[ épuisement des ressources ] [ anthropophages ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cosmologie

Toutefois, le plus extraordinaire reste à venir ! La relativité prédit l'existence d'ondes gravitationnelles : de même qu'une charge électrique qui se déplace produit une onde électromagnétique, une masse qui se déplace (comme dans une explosion par exemple) produit une courbure dans l'espace-temps qui se propage, un peu comme la chute d'une pierre dans une mare provoque des rides à sa surface. Quand ces ondes traversent le laboratoire, la courbure de l'espace-temps semble mettre en mouvement les objets les uns par rapport aux autres. Parce que la force gravitationnelle est très faible, cet effet est extraordinairement petit mais les techniques de mesure d'accélération ont fait de tels progrès qu'il est maintenant envisageable de mesurer ces mouvements. Un très important réseau d'antennes gravitationnelles se met en place à travers le monde (États-Unis, Europe, Japon, Inde), qui devrait permettre de détecter ces ondes gravitationnelles. Et l'Agence Spatiale Européenne a décidé fin 2013 de mettre en place dans les vingt ans qui viennent un observatoire d'ondes gravitationnelles dans l'espace. Une mission spatiale, LISAPathfinder, sera lancée dès 2015 pour en tester les principales technologies.

Alors que pendant des siècles, c'est la lumière qui nous a permis d'observer et de comprendre l'Univers, nous allons bientôt être en mesure de l'observer grâce aux ondes de gravitation, de cette même gravitation dont nous avons découvert qu'elle est le premier moteur de l'Univers.

Auteur: Binétruy Pierre

Info: A la poursuite des ondes gravitationnelles

[ science physique ] [ relativité générale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel