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prolétariat

Les membres des classes populaires ne s'intéressent qu'assez peu aux théories et aux mouvements intellectuels; ils ne sont pas spécialement en quête de promotion sociale ou de réussite financière, mais ils s'intéressent toujours aux "gens". Ils partagent la passion du romancier pour les nuances des comportements individuels et les impondérables des relations humaines, non pas pour en faire la théorie, mais pour le plaisir d'en parler: "Quelle drôle de fille!" - "Tu te rends compte, dire un truc pareil!" - "Qu'est-ce qu'elle a bien pu vouloir dire?". L'anecdote la plus banale est contée sur le mode dramatique, avec une abondance de fioritures rhétoriques, de détails annexes et de modulations vocales. Les membres des classes populaires n'ont pas seulement le goût de la narration mais aussi celui du jugement à l'emporte-pièce; et ce n'est pas la finesse qui leur fait défaut.

Auteur: Hoggart Richard

Info: La culture du pauvre

[ altruisme ] [ simplicité ]

 

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rapports humains

Les enfants avec autisme ont souvent une démarche, un comportement général un peu étrange. Les autres remarquaient ainsi qu'en classe je ne réagissais pas de la même façon aux sollicitations de la maîtresse ou du prof. Très observateurs, ils se firent ainsi vite un jugement sur leur petit camarade. Instantanément, les enfants savent qui sera populaire ou aimé du groupe, et qui sera mis à l'écart. La société des adultes est similaire, seule son hypocrisie sociale est plus raffinée : au lieu de taper directement, on utilisera certaines phrases d'exclusion, certaines attitudes, pour un résultat à peu près analogue. Il était donc à peu près impensable pour les autres élèves que je participe à leurs jeux de groupe. Même en supposant qu'un jeu auquel je puisse participer fût mis en place, s'ils étaient habitués à ce que je sois exclu, ils ne m'acceptaient qu'avec peine dans leur groupe.

Auteur: Schovanec Josef

Info: Je suis à l'Est !

[ différence ] [ bannissement ] [ gamins ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sociologie

J'ai voulu restituer la violence de ce monde-là, qui est une violence très particulière, qui est une violence très forte, qui elle-même est due à la misère et à l'exclusion, qui est la violence partout, la violence de tous contre tous, des hommes sur les femmes, des hétérosexuels sur les gays, des ouvriers sur les Rmistes, des Rmistes sur les étrangers qu'ils voient à la télévision (puisqu'ils en croisent eux-mêmes assez peu). C'est des choses qui sont toujours très difficiles à dire parce que quand on parle de ces mondes-là, quand on parle de ces milieux-là dont on parle en fait quasiment jamais, parce que quand on parle des classes populaires, on parle en général des ouvriers, et on oublie ces gens-là, on n'en parle pas. Et si on parle de ces gens-là et de cette violence qui peut exister dans ce monde-là, on est toujours taxé de racisme de classe, voilà, ou de prolophobie, comme on dit. Alors que ça me semble absolument essentiel de montrer ces réalités-là si on veut les changer.

Auteur: Édouard Louis

Info: interview Librairie Mollat, https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA

[ Gaule ] [ classes sociales ]

 

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divertissement

Certain sociologues à vocation critique sont tentés de voir dans cette littérature de série et surtout dans ses formes les plus modernistes l'expression d'un vaste complot de la bourgeoisie, c'est-à-dire une manière particulièrement subtile de fournir un nouvel opium au peuple pour le faire tenir tranquille. Il faut cependant observer que la grande majorité des producteurs de cette littérature sont eux-mêmes d'origine populaire. Il s'agit en général d'anciens boursiers qui ont "réussi" parce qu'ils avaient le "don du baratin" et qui connaissent leur public populaire comme seuls le connaissent ceux qui en sont issus. Si complot il y a, il est parfaitement diabolique puisqu'il faudrait supposer que "les autres" auraient entraîné les plus brillants sujets des classes populaires à devenir, par intérêt ou inconscience, les agents de l'abrutissement de leur propre classe d'origine. En fait, dans leurs mémoire, les auteurs de cette littérature populaire insistent toujours sur leur "sentiment d'appartenance au peuple".
(...) Ce serait surestimer la technique de la plupart de ces professionnels que de les croire capables de doser lucidement les ingrédients qui font leur succès. En fait, les écrivains à guimauve croient à leurs fadaises au moins autant que leurs lecteurs.

Auteur: Hoggart Richard

Info: La culture du pauvre

[ distraction ] [ sociologie ]

 

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Russie

Il faut comprendre le personnage d'Eltsine et le distinguer de son entourage. Il était l'émanation d'un conte populaire russe, Ivan le petit sot, mais doté d'un flair extraordinaire.
Après l'échec du putsch, il a posé comme incontournable la formule de ‘non-régression' au système communiste. J'ignore s'il existait une alternative, dès lors que tout était nationalisé et qu'il n'y avait pas de classe moyenne. Mais Eltsine a commis l'erreur de ne pas préciser avec qui et comment il entendait dénationaliser.
On prétend fréquemment que la mafia a pris le pouvoir. C'est une contrevérité : elle n'a joué qu'un rôle d'appoint. Eltsine m'a confié qu'il n'avait eu d'autre choix que de conclure un pacte avec la nomenklatura, de l'acheter pour la tenir éloignée du pouvoir. Je ne le juge pas, bien que la corruption ait tué la Russie ; je ne sais s'il y avait une autre possibilité que d'entériner un tel accord et de garantir aux anciens politiques, aux hommes d'affaires et aux ex-barons rouges qu'ils deviendraient propriétaires de biens et de concessions immenses pour des sommes symboliques.
Quoi qu'il en soit, cette décision eut un coût politique terrible, dont le résultat, en 1999, fut l'arrivée d'un nouveau "sauveur", Vladimir Poutine, l'antithèse de la perestroïka !

Auteur: Fédorovski Vladimir

Info: Le roman de la Perestroïka, A la cour des tsars rouges

[ historique ]

 

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sentimentalisme

En gens pressés que nous sommes, nous avons été trop vite avec nos bons moujiks, conclut-il. Nous les avons mis à la mode, et toute une partie de notre littérature s’est jetée dessus comme sur un trésor nouvellement découvert, et s’y est consacrée pendant des années. Nus couronnions de lauriers des têtes pouilleuses. Or depuis qu’il existe, depuis un millier d’années, le paysan russe ne nous a donné que la "Kamarinskaïa". Un poète russe remarquable et non dépourvu d’esprit, en voyant pour la première fois sur la scène la grande Rachel, s’écria, enthousiasmé : "Je n’échangerais pas Rachel contre un moujik !" J’irai plus loin encore : "je refuse d’échanger Rachel contre tous les moujiks russes. Il est temps de voir les choses elles sont et de ne pas mélanger notre vulgaire goudron national au bouquet de l’impératrice."

Lipoutine en convient aussitôt, mais observa qu’au nom de l’idée il était nécessaire en ce temps-là de jouer la comédie et de célébrer le moujik. Il ajouta que des dames de la haute société avaient versé des larmes abondantes à la lecture d’Anton Goremyka, et que certaines d’entre elles étaient même allées jusqu’à écrire de Paris à leurs gérants, pour qu’à l’avenir les paysans fussent traités aussi humainement que possible.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "Les démons", trauction de Boris de Schloezer, éditions Gallimard, 1955, page 78

[ classe populaire ] [ apitoiement ] [ hypocrisie sociale ] [ ficelle dramaturgique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

classes sociales

La Russie est coupée en deux : la rupture est sensible depuis la réforme de Pierre le Grand, qui aboutit à créer une nouvelle noblesse. Pierre le Grand a réalisé ce dont, plus tard, Napoléon a rêvé, quand il imaginait la Légion d’honneur.

Le résultat est patent. Dostoïevski le rappelle régulièrement, depuis ses Carnets de la maison morte. Les gens du peuple éprouvent pour les privilégiés un sentiment qui prend souvent la figure de la haine. Les privilégiés, de leur côté, ne cessent, par patriotisme, de dire leur admiration pour le peuple, sans oublier pourtant le mépris qu’autrefois leur inspiraient les "puants".

Ce mépris est renforcé depuis que l’occidentalisation des élites leur donne l’impression de participer à la civilisation. Le moujik est un sauvage. Le moujik s’enivre abominablement.

Que le moujik vive dans une grande misère matérielle et spirituelle, Dostoïevski ne songe pas à le nier. Mais il croit fermement – a-t-il tort ? a-t-il raison ? – que le peuple, qui n’est pas un parangon de vertu, a gardé la conscience du bien et du mal, celle qu’on acquise Adam et Eve en mangeant le fruit de l’arbre. Il se persuade par ailleurs que la classe privilégiée est en train de perdre cette conscience. La licence en matière de mœurs est un signe.

Auteur: Backès Jean-Louis

Info: "Dostoïevski et la logique", YCMA-Press, Paris, 2021, pages 320-321

[ valeurs ] [ hiérarchie ] [ sagesse populaire ] [ bon sens ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

pouvoir

Le gouvernement représentatif veut dire, essentiellement, la représentation des intérêts commerciaux. Le gouvernement travaille généralement dans l’intérêt des hommes d’affaires avec une unicité d’objectif assez constante. Et, dans sa sollicitude pour les intérêts des hommes d’affaires, il est soutenu par l’opinion publique, car il y a une certaine conviction naïve, inconditionnelle, répandue dans le peuple, selon laquelle les intérêts matériels de la population coïncident, d’une manière occulte, avec les intérêts pécuniaires des hommes d’affaires qui vivent à l’intérieur du champ d’action des mêmes règles gouvernementales.

Cette conviction est un article de métaphysique populaire, en ce qu’elle est fondée sur une solidarité d’intérêts présumée sans qu’aucune critique ne soit émise, plutôt que sur une lucidité à propos des relations entre l’entreprise commerciale et le bien-être matériel des classes qui ne sont pas composées essentiellement d’hommes d’affaires. Cette conviction est particulièrement bien ancrée dans la portion plus conservatrice de la population, ainsi que dans les classes professionnelles, contrairement aux portions vulgaires de la société qui sont empreintes de notions socialistes ou anarchistes.

Mais étant donné que l’élément conservateur comprend une masse substantielle de citoyens matériellement influents, et effectivement la majorité des honnêtes citoyens, il en découle que, avec l’assentiment de la majorité du peuple, même en y incluant ceux qui n’ont aucun intérêt pécuniaire à être d’accord, le gouvernement constitutionnel est devenu, globalement, un simple département de l’organisation commerciale et est guidé par les conseils des hommes d’affaires.

Auteur: Thorstein Bunde Veblen

Info: The Theory of Business Enterprise [1904]. Traduction française : Théorie de l’entreprise d’affaires, Pierre-Guillaume de Roux Editions, Trad. de l’anglais (États-Unis) par Anthony Valois, Préface de François Bousquet, 2018, p. 200

[ masque ] [ propagande ]

 

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résistance populaire

La classe managériale (dont ce serait une grave erreur de penser qu’elle est l’héritière, même dégénérée, des anciens seigneurs : ceux-ci faisaient piétiner cyniquement par leurs chevaux les récoltes des manants, ils imposaient le droit de cuissage et défendaient les frontières contre les envahisseurs ; les élitocrates ouvrent les frontières aux envahisseurs, ils imposent le devoir de cuissage, et c’est toute la vie des manants qu’ils piétinent) ne restaura la honte que pour fustiger le manque d’hygiène des basses couches de la nouvelle société avancée qui tergiversaient encore bêtement et ralentissaient l’instauration d’un monde.com sans tabac et sans alcool. On vit la France d’ "en haut" […] pilonner sans répit la France des ploucs, dite aussi parfois "moisie" dans le vocabulaire répulsif des élitocrates ; et, sur ce ton bienveillant qui cache toujours la haine la plus venimeuse, lui répéter qu’à l’aube du troisième millénaire, il fallait qu’elle apprenne enfin, elle aussi, à évoluer, à s’assouplir, à se différencier, à se pluraliser, à se flexibiliser par tous les bouts au lieu de se cramponner à son vieux pantalon jacobin, passé de mode.

On vit les nouvelles élites, si joliment nomades, si gracieusement mobiles, terroriser les "gens ordinaires", c’est-à-dire le peuple, et entreprendre de guérir celui-ci de son "populisme". Comme l’écrit encore Michéa : "On sait à quel point, depuis quelques années, les médias officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot [populisme] à seule fin de dénoncer comme "fascistes" ou "moralisateurs" (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des "experts" sur l’organisation de leur vie."

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 189-190

[ à deux vitesses ] [ formatage de la pensée ] [ adaptation forcée ] [ mondialosation ] [ nomades vs sédentaires ] [ argent ] [ fric sans frontières ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

droit de vote

Certes, le régime représentatif, même avec le suffrage universel, est loin d’être partout aussi dévoyé. De pareilles défaillances se rencontrent surtout dans les grandes villes où s’amasse, comme dans un abcès, ce qu’il y a de moins sain dans le sang du pays. Contre de semblables aberrations on se flatte de se prémunir avec l’instruction. Une partie des erreurs ou des maux qu’on est tenté d’attribuer à la démocratie provient sans conteste de ce que les droits politiques ont été plus vite étendus que la capacité de les exercer. Par suite, l’instruction nationale est le premier besoin des peuples modernes, de ceux surtout qui vivent sous le régime du suffrage universel ; mais, sur ce point encore, à combien de mécomptes le libéralisme ne s’est-il pas déjà heurté ! Mainte fois déçu par les classes supérieures ou moyennes, comment peut-il se flatter de réussir en une ou deux générations avec les masses ? L’éducation des princes a de tout temps fait le désespoir des politiques et des philosophes. Or, quel souverain plus difficile à instruire que le peuple, plus malaisé à dresser à l’art de régner ? Il n’a pour cela ni aptitude, ni temps, ni maîtres. L’éducation politique est essentiellement différente de l’enseignement que peut donner l’école, lequel risque parfois d’aggraver, au lieu de le corriger, l’un des principaux défauts du populaire, la présomption. L’éducation politique est bien plutôt le fruit des mœurs, des traditions, de l’expérience, que d’études tronquées et de vagues leçons de pédagogues, en cela non moins ignorants que leurs élèves. Tant que cette éducation, qui ne s’acquiert que par les épreuves, ne sera pas faite, ce qu’on peut encore espérer de mieux pour les démocraties modernes, c’est le règne de la médiocrité.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les mécomptes du libéralisme, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 69, 1885

[ problème ] [ inconvénients ] [ bon usage ]

 

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