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résistance

Nous serions de grandes troupes sur ces contre-allées car nous étions nombreux à développer une allergie aux illusions virtuelles. Les sommations de l’époque nous fatiguaient : Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! Nous étions dégoûtés du clignotement des villes. Si nous écrasions à coups de talon les écrans livides de nos vies high-tech s’ouvrirait un chemin noir, une lueur de tunnel à travers le dispositif.

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Dans "Les chemins noirs", page 35

[ collectif-individu ] [ ancien-moderne ] [ révolte ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

personnage

L'archiviste en chef des Archives départementales de Larcheville : Tout était facile pour cette poupée Carabosse. Elle circulait entre les bureaux avec une vélocité gracieuse, déposait une punaise dans un cendrier, compulsait un catalogue, rajustait l'alignement d'une pile de magazines, émettait des sourires menus comme les messages des abeilles, mais si sincères et si profonds qu'on les percevait comme des ondes. Elle prononçait des paroles d'une parfaite accortise. On la sentait amicale. Elle rayonnait. Peut-être pas comme un matin de printemps, mais au moins comme un sapin de Noël. Elle avait les mêmes clignotements joyeux, quelque chose de pailleté comme la fête, une allure de guirlande posée sur un bûche.

Auteur: Bartelt Franz

Info: Hôtel du Grand Cerf

[ femme-par-homme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

insomnie

Sur le réveil digital de David Temple, l'affichage lumineux indiquait 3 : 12 du matin. Cela faisait plus de trois heures qu'il était allongé tout éveillé, et il savait que le vide grandissait à l'intérieur. Les petits points entre le 3 et le 12 clignotaient en silence pour enregistrer chaque seconde qui passait et, à chaque clignotement, il sentait son esprit se remplir d'un vide familier et douloureux. Comment le vide peut-il être douloureux ? S'il n'y a rien, d'où vient la souffrance ? Comment un vide peut-il être plein de néant ? Et s'il est déjà plein, comment se fait-il qu'il se remplisse encore à chaque seconde ? Et pourquoi poser ces questions, se dit-il, puisque je sais que je ne connais pas les réponses et que, dans des moments pareils, je sais que je ne les connaîtrai jamais ?

Auteur: Campbell Alastair

Info: Tout est dans la tête

 

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poème oulipien

LA TABLE est dégagée

— non de la moindre chose

mais tu fais tout un plat

du jour impératif

— mange-le / hier est

un corps qui n’est plus là



                 *



TU APPUIES SUR ON et rien ne

se passe comme prévu — pousse

le volume à l’extrême / quelque

chose a-t-il changé dans la pièce

— au bout d’un moment les objets

devant toi sont-ils devenus

rouges — comme si de dehors

un feu à soi se rappelait



                 *



L’ŒIL parce qu’un faux mouvement l’électrise

ne perçoit qu’une partie du problème

— cela arrive le matin / il neige

dans la pièce — tu n’y vis pas vraiment

mais en allant de a à b comment

pouvais-tu l’éviter — c’est un jour sans

sujet fixe — et maintenant cet éclair

qui détraque tout — tu cherches son nom

dans le dictionnaire — on dirait qu’il se

cache / au cœur même du clignotement



 

Auteur: Forte Frédéric

Info: Trois sentiments particuliers

[ poésie contemporaine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

Au sommet de chacun des clochers, ensemble et d'un seul coup, un mouvement venait de se mettre en marche, mouvement minuscule mais régulier : l'alternance régulière d'un carré noir et d'un carré blanc, se succédant toutes les deux ou trois secondes, avait commencé de se déclencher comme une lumière alternative, un clignotement binaire rappelant le clapet automatique de certains appareils à l'usine : Anthime a considéré sans les comprendre ces impulsions mécaniques aux allures de déclics ou de clins d'œil, adressés au loin par autant d'inconnus.

Puis s'arrêtant aussi net qu'il avait surgi, le grondement enveloppant du vent a soudain laissé place au bruit qu'il avait jusqu'ici couvert : c'étaient en vérité les cloches qui, venant de se mettre en branle du haut de ces beffrois, sonnaient à l'unisson dans un désordre grave, menaçant, lourd et dans lequel, bien qu'il n'en eût que peu d'expérience car trop jeune pour avoir jusque-là suivi beaucoup d'enterrements, Anthime a reconnu d'instinct le timbre du tocsin - que l'on n'actionne que rarement et duquel seule l'image venait de lui parvenir avant le son.

Le tocsin, vu l'état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation.

Auteur: Echenoz Jean

Info: 14, pp 10,11

[ ww1 ] [ enclenchement ] [ campaniles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

Des formes noires, parmi les arbres, étaient accroupies, gisantes ou assises, appuyées contre les troncs, collées à la terre, moins indiquées qu’effacées par la lumière trouble, dans toutes les postures de la douleur, de l’accablement et du désespoir. Un nouveau coup de mine éclata sur la falaise suivi par un léger frémissement du sol sous mes pieds. L’œuvre se poursuivait. L’œuvre !… Et ceci était l’endroit où certains de ses serviteurs s’étaient retirés pour mourir.
Ils mouraient lentement ; aucun doute là-dessus. Ce n’était pas des ennemis, ce n’était pas des criminels ; ils n’étaient plus quoi que ce fût dans ce monde désormais, rien que les ombres noires de la maladie et de l’épuisement, répandues confusément dans la pénombre verdâtre. Amenés de tous les points de la côte, en vertu de ce qu’il y a de plus régulier dans les contrats d’engagement à terme, dépaysés dans un milieu contraire soumis à un régime inaccoutumé, ils ne tardaient pas à dépérir, cessaient d’être utiles et dès lors étaient autorisés à se traîner jusqu’ici et à reposer. Ces formes moribondes étaient libres comme l’air et presque aussi diaphanes. Je commençai à distinguer la lueur de leurs yeux sous les arbres. Ensuite en regardant à mes pieds, j’aperçus un visage tout près de ma main. La noire ossature était étendue de toute sa longueur, l’épaule contre un arbre ; avec lenteur, les paupières se soulevèrent ; les yeux creux me considérèrent, énormes et vides : il y eut une sorte de clignotement aveuglé dans la profondeur des orbites, elle s’éteignit peu à peu.

Auteur: Conrad Joseph Teodor Korzeniowski

Info: Au coeur des ténèbres

[ afrique ] [ oppression ] [ agonie ]

 
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jazz

Souvent, je songeais que mon père était né de la musique - une mélodie entêtée qui prit la forme d'un homme. Il entendait de la musique partout, dans le grincement de ressorts rouillés du lit et le bourdonnement des mouches. Pour lui, les robinets qui goutent étaient remplis de rythmes, comme les clignotements irréguliers du néon déglingué derrière notre fenêtre. Certains secouaient la tête et le prenaient pour un dingo, mais je n'ai jamais cru cela. Il mettait les enregistrements d'Art Tatum, d'Arthur Rubenstein et d'autres, et s'exclamait les yeux étincelants : " Qu'est-ce que c'est bath ! De toute beauté ! " On écoutait parfois des disques toute la nuit. Quand il n'y avait pas de concerts à la régulière, Papa avait de courts engagements dans des bars d'hôtel, où son jeu exquis n'était pas souvent, et c'est le moins que l'on puisse dire, pas apprécié à sa juste valeur. C'était toujours les mêmes types qui posaient problème - un ivrogne de passage, sans la moindre oreille musicale, d'ordinaire flanqué d'une quelconque pute flasque de bar d'hôtel. Ils chancelaient jusqu'au piano, appuyés sur les touches, et disaient un truc du style : " Et la pédale douce, vieux ? " ou bien " Tu connais celui-ci ? " avant de se mettre à siffler un air mièvre en crachotant dans l'oreille de papa des sifflements faux et puants. Il prenait chaque fois son mal en patience, ne prononçant jamais le moindre mot, mais moi qui le connaissais, je voyais son esprit se flétrir juste derrière ses yeux. Quand je sentais sa blessure, je m'imaginais être l'Abominable Docteur Phibes, échafaudant des morts diaboliques pour ces critiques de comptoir de bar, ou bien je me transformais en Rodan, attrapant mes victimes par leur cou gras et rougeaud avec mes talons-rasoirs. Je les emportais à tire-d'aile vers un caveau souterrain, où, bourreau masqué, j'attendais, prête à mettre fin partout à la vie des imbéciles et des chahuteurs qui ne reconnaissaient pas la beauté quand ils l'entendaient.

Auteur: Albany Amy-Jo

Info: Low Down : jazz, came, et autres contes de la princesse Be-Bop

[ univers sonore ] [ papa ]

 

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