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encéphale

La riche connectivité réciproque entre thalamus et cortex participerait à la genèse d'oscillations dont les divers "modes" signeraient les états de conscience distincts. Dans le mode "relais", les EEG sont désynchronisés comme pendant l'éveil ou le sommeil paradoxal. Dans le mode "oscillant", les EEG sont synchronisés comme pendant le sommeil lent. Le mode relais serait associé à la décharge tonique des neurones thalamiques ; le mode oscillant à des décharges en rafales avec longues périodes d'inhibition et potentiels d'action Ca++** lents. Les neurones cholinergiques du tronc cérébral […] interviendraient dans le passage d'un mode à l'autre et les entrées sensorielles lors de l'éveil "mettraient à l'heure" les rythmes internes avec corrélation temporelles des activités spontanées et évoquées […] La conscience serait une "propriété intrinsèque" résultant de l'expression de ces dispositions dans des conditions de cohérence définie ; elle assumerait la "reconstruction de la réalité extérieure en une réalité neurale intérieure".

Cette activité assurerait la cohérence temporelle à travers l'ensemble du cerveau ainsi que la simulation de la réalité. L'organisation radiale ou "verticale" des relations thalamocorticales interviendrait dans la "liaison" temporelle des composants fragmentés de la réalité externe et de la vie interne du sujet en une seule construction, le "soi". Selon Rodolfo Llinas, la subjectivité, ou le soi, serait engendrée par le dialogue entre le thalamus et le cortex.

Auteur: Changeux Jean-Pierre

Info: Du vrai, du beau, du bien, p. 213. *électroencéphalogramme **Calcium

[ organe régulateur ] [ neuroscience ] [ ego ] [ homme-machine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

novlangue

(Parlant du langage utilisé au sein de l'entreprise)
Cette langue obéit à cinq règles de base :
L'entreprise fait compliqué quand on peut faire simple. Elle utilise " initialiser " à la place de commencer, verbe qui fait beaucoup trop trivial, " finaliser" au lieu du très ordinaire finir, et " positionner " pour le terre-à-terre placer.
Elle choisit son vocabulaire de façon à se donner plus d'importance qu'elle n'en a réellement. " Coordonner ", " optimiser ", sont plus porteurs qu'" exécuter ". Mais c'est " décider " qui trône au panthéon des verbes, d'une courte tête devant " piloter " ou " chapeauter ". Elle ne lésine pas sur les mots en " ence " : pertinence, compétence, expérience, efficience, cohérence, excellence, tous ces mots donnent en apparence de l'importance.
Elle considère la grammaire comme une vieillerie obsolète. Elle abuse des circonlocutions, boursoufle la syntaxe, se revêt de toute une quincaillerie de termes techniques et administratifs, et malmène les mots. Car elle sait dévoyer le français avec maestria: l'entreprise aime les barbarismes. Par exemple, "décliner" n'est pas employé dans son sens usuel; quand on décline un logo, un message, une valeur, cela ne signifie pas qu'on les abaisse, mais qu'ils sont adoptés par d'autres instances, situées en dessous. De même, le très usité " solutionner ", qui remplace sans coup férir résoudre, est d'autant moins français qu'il donne une vraie prestance de cadre.

Auteur: Maier Corinne

Info: Bonjour paresse, De l'art et la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise

[ branché ]

 

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classes sociales

Dostoïevski est particulièrement sensible à une caractéristique de sa nation. Depuis Pierre le Grand, qui a joué la carte de l’européanisation brutale, la structure de la société a été assez profondément modifiée. Certes il existe, probablement depuis toujours, une opposition entre deux grandes classes. Ce qui est relativement nouveau, depuis Pierre le Grand, tient en deux traits importants.

D’une part la noblesse recrute largement, s’enrichit de nouvelles ouailles, depuis que l’administration, dominée par la logique de la "table des rangs", confère la noblesse aux plus gradés, automatiquement, sans considérer les traditions familiales. Pouchkine n’est sans doute pas le seul à avoir signalé le phénomène, dont il estime avoir lui-même à souffrir. On assiste à des conflits à l’intérieur de la classe privilégiée. Certaines pages de L’Idiot peignent avec précision cet état de choses. Une fois de plus, la cohérence de l’objet dont on parle demanderait un examen sérieux.

D’autre part, la nouvelle aristocratie qui mêle ancienne noblesse et vilains savonnés, construit son unité de façade autour d’un style de vie qu’ignorait l’ancienne Russie. L’histoire de la barbe, qui peut faire rire, est hautement symbolique. Les gentilshommes, comme le disent Pouchkine et bien d’autres, sont rasés. Il est vrai qu’au début du XIXe siècle, une évolution s’est produite. Les perruques disparaissent. Les portraits exhibent des moustaches, des favoris voire des barbes entières. Cette évolution du système pileux dans l’aristocratie ne signifie pas un retour aux mœurs traditionnelles. C’est l’effet d’une mode venue de l’Occident.

Auteur: Backès Jean-Louis

Info: "Dostoïevski et la logique", YCMA-Press, Paris, 2021, pages 310-311

[ historique ] [ occidentalisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie

PHILITT : À vous écouter, Jung ne satisfait ni au matérialisme exigé par la méthode freudienne, ni à la spiritualité suggérée par ses objets d’étude. Y a-t-il selon vous une contribution positive de Jung à la psychologie ?

AA : Tout n’est assurément pas noir, et le principal intérêt de l’œuvre de Jung, qu’aucune critique ne saurait ravir, est son caractère exemplaire en termes d’élaboration symbolique et imaginaire de ses pensées. Jung déploie une construction fantasmatique qui se constitue au fil des années en un corpus d’une incroyable inventivité et d’une cohérence propre. Il est toutefois important de ne pas oublier que cette démarche originale d’exégèse de soi est marquée par le fer d’une subjectivité qui abolit toute tentative d’objectivation et de généralisation. Le psychologue s’inscrivant dans la continuité de la psychologie analytique s’intéressera donc à Jung comme un exemple et un modèle de créativité, d’inventivité et d’originalité, sans se sentir obligé de transposer les phases typiques du processus d’individuation à sa propre trajectoire, et sans non plus les imposer comme données interprétatives à autrui. La psychologie analytique pourrait alors se rapprocher de la psychanalyse qui ne cherche pas à se résorber dans le discours scientifique, mais qui se propose comme un outil privilégié pour nous inviter à mettre en mots notre souffrance en démêlant les discours dans lesquels notre pensée est prise. J’estime que la psychanalyse ne vise donc pas à remplacer la religion mais, rappelant que le moi n’est pas tout, et qu’il ne pourra jamais l’être, elle invite le sujet à des questionnements d’ordre proprement religieux.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Interview sur https://philitt.fr/, le 17. 1.2022. A l'occasion de la sortie de son ouvrage, Jung et l’occulte. La psychologie analytique au regard de la Tradition (éditions R&N)

[ vingtième siècle ]

 
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anthropocentrisme

Marquée par Nietzsche, la fin du dix-neuvième siècle vit l'éclosion d'une grande passion des élites occidentales (souvent désœuvrée, donc peu occupées à leur survie) pour le spiritisme (Hugo, etc), la télépathie et autres phénomènes parapsychiques (Warcollier et consort). Marottes qui créèrent évidemment des conflits avec la science balisée, rationnelle et reproductible. Elle donnent surtout un bel éclairage sur les appétences intellectuelles d'alors. C'est ainsi que "La Belle époque" accoucha de théories fort diverses, toutes du domaine psychique humain - donc aisées à monter ou réfuter - et qui, pour la même raison, peuvent se mélanger les unes les autres. Chacune étayée comme il se peut, tout naturellement et pour des raisons bien compréhensibles de cohérence apparente, par les théories précédentes, mythes et autres constructions religieuses de l'histoire humaine.
Citons dans le désordre : la théosophie, les resucées d'ouvrage rosicruciens genre Blavatsky, l'inconscient collectif des psys et analystes, la vie après la mort de Cayce et suivants, le structuralisme de De Saussure, vite dépassé par le post structuralisme... Avec en parallèle la continuation des infinis développement de la Gnose, tentative de la compréhension du Grand Tout, de fait un mot fourre-tout impliquant, toujours dans le désordre : "quête", "subversion", "théologie", "individualisme" (donc égoïsme), etc...
Estimation générale qui me porte à revenir vers Rutherford : "Toute science est soit de la physique, soit collection de timbres."
Et Max Born : "Je suis maintenant convaincu que la physique théorique est la vraie philosophie."
Pour réitérer ce constat, aussi valable pour ces deux citations : l'homme, encore et toujours, ne parle qu'a lui-même. Aah Monade, quand tu nous tiens !

Auteur: Mg

Info: 22 juillet 2018

[ vingtième-siècle ] [ surhomme ] [ quantique ]

 

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religion

Ce qu'il faut souligner fortement, c'est que ces apparitions [mariales] en série n'étaient pas sans liens avec la politique du trône et de l'autel. Rue du Bac, la Vierge avait pleuré à chaudes larmes sur le renversement de Charles X, devenu bigot sur le tard. Les prédictions et les menaces qu'elle avait proférées à La Salette furent présentées par le clergé comme une mise en garde anticipée contre la révolution de 1848 qui avait instauré la Deuxième République. A Lourdes, enfin, la Vierge avait opportunément déclaré à Bernadette : "Je suis l'Immaculée Conception", quatre ans à peine après que Pie IX eut proclamé ce dogme sans même convoquer un concile, ce qui ne s'était encore jamais vu dans l'histoire de l'Église, et dix ans tout juste avant que ce pape se fasse proclamer infaillible, ainsi que ses successeurs, en matière de dogme. C'était vraiment pour lui une aubaine que la Vierge de Lourdes en personne fût venue certifier en quatre mots cette infaillibilité. De plus, l'apparition avait eu lieu au moment où Pie IX, monarque absolu, résistait, avec l'aide de l'Autriche, à l'unification de l'Italie sous une monarchie constitutionnelle, entreprise qui exigeait l'absorption des États pontificaux.
Tout comme ses prédécesseurs immédiats Léon XII et Grégoire XVI, Pie IX était bien résolu à "ne pas transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne", ainsi qu'il l'écrivit en toutes lettres dans son fameux Syllabus. On peut donc dire que, par-delà les motifs politiques mais en parfaite cohérence avec ceux-ci, la promotion d'un occultisme bien encadré fut pour l'Église du XIX siècle une riposte à l'essor de la culture rationaliste.

Auteur: Sède Gérard de baron Géraud de Liéoux

Info: L'occultisme dans la politique : De Pythagore à nos jours... pp. 161-162

[ pouvoir ] [ idées ] [ manipulation ]

 

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écologie

Dans la mesure où la survie future de la société dépend de fait que l'humanité trouve une alternative au mode de production des espèces (déjà sur des bases légales), nous pourrions étendre la métaphore et comparer les contre-attaques intrusives du système quand à ses propres droits animaux à un désordre auto-imune fatal, puisque la société cherche activement à détruire ce qui pourrait la sauver (Quoique sous une forme modifiée). Dans cette guerre contre la vérité, l'individu est recruté comme un "anticorps".
D'où la cohérence frappante avec laquelle les gens des milieux les plus divers répondent à la critique des droits des animaux actuels. Quoique complètement non coordonnées et spontanées, leurs réponses sont néanmoins coordonnées au niveau idéologique, formant une toile transparente de "bon sens". Indépendamment les uns des autres, les individus offrent les mêmes arguments fallacieux pour détourner la force morale de cette critique des droits des animaux. Mis en demeure de repenser la base morale de l'agriculture animale, chaque mangeur de viande a la même demi-douzaine de réponses à disposition pour y répondre, souvent exprimées de manière malicieuse comme des "questions"
- Et le lion qui mange la gazelle? (D'autres animaux mangent des animaux, il est donc naturel et éthique pour nous de les manger.)
- Qu'en est-il des plantes? (Les plantes sont vivantes, après tout. Un changement vers le végétarisme entraînerait plus de morts de végétaux.)
- Et les Américains de souche ? Eux priaient pour les animaux après les avoir tués, et utilisaient toutes les parties de leurs corps. (Ce n'est donc pas mauvais pour nous de tuer des animaux, si nous le faisons "respectueusement" sans gaspiller les autres parties de leur corps.)
- Et si nous mettons fin à l'agriculture animale, d'où viendra la terre pour cultiver toutes les nouvelles cultures dont nous aurons besoin? (Le véganisme conduirait à une apocalypse écologique.)
- Si nous cessions de manger de la viande, que deviendront tous les animaux de ferme? (Nous leur faisons une fleur en les amenant à l'existence, ils nous "doivent" quelque chose).

Auteur: Sanbonmatsu John

Info: The Animal Of Bad Faith, anti-veganism as a societal autoimmune disorder

[ environnement ]

 

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lecteur-écrivain

Pour apprendre à lire, il s’agit tout d’abord de faire suffisamment confiance à un auteur pour pouvoir s’immerger dans son texte avec ce qui s’appelle une "bonne résistance", c’est à dire ni trop de résistance (auquel cas rien ne rentre), ni trop peu (car sinon rien ne reste).

Cette étape présuppose toujours une certaine croyance en l’Autre, puisque les mots appartiennent à l’Autre, viennent de l’Autre "supposé savoir", et y retournent.

À ce stade, je fais donc acte de soumission volontaire, ce que les crétins, faute de mots plus appropriés peut-être, considèrent avec un certain mépris comme "être fan"...

Puis vient le moment de la négation, le moment où, au nom de "l’esprit critique" (sans lequel "je" ne saurais exister), je commence à nier l’autorité de mon auteur sur le mode du "pas tout" : oui, c’est vrai, cet auteur je l’aime vraiment beaucoup, mais là il se trompe, ce n’est pas ça, c’est incomplet, je ne suis pas d’accord avec ça, c’est faux par moments, je ne m’identifie pas à lui, j’ai mon jugement propre, je sais trier le bon grain de l’ivraie!

La majorité de ceux qui lisent en restent à ce stade binaire, moi ou lui, qui est l’étape du désaveu de la soumission, la lecture "utilitariste", se servir de cet auteur pour...

Mais pour le lecteur persévérant, le chercheur authentique, l’amoureux du texte, il existe un troisième temps, le temps de la négation de la négation, sans lequel aucune lecture ne porte de fruits réellement savoureux.

Je nie donc la première négation en considérant que l’auteur, dans sa cohérence, cherche la vérité, mais son savoir le dépasse lui-même, et va beaucoup plus loin que sa «personne», j’accepte donc de prendre son texte dans son intégralité, et je destitue l’auteur de son savoir.

Cette étape seule permet la sortie d’une fausse opposition soumission-insoumission, en dissociant l’auteur de son savoir, je ne me soumets plus à l’auteur en tant que personne, mais accepte, assume et revendique ma dépendance au signifiant, la réconciliation n’étant pas sortie imaginaire de l’aliénation, mais réconciliation avec l’aliénation elle-même, l’auteur se parlant in fine à lui-même, essayant de résoudre lui-même sa subordination au signifiant.

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Facebook, note du 27.11.18

[ tiers exclu ]

 
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surpopulation

Le groupe Ummo-science a reçu quelques lettres, lors de sa création. Si certaines sont des faux grossiers, une au moins contient une idée intéressante. En effet, si une population a atteint un niveau scientifique élevé, celui-ci peut a priori également être utilisé pour prolonger la vie, grâce à des remplacements d'organes ou des prothèses diverses et variées. Sur Terre il est devenu commun, passé un certain âge, de procéder à des opérations de la cataracte, en remplaçant les cristallins par des prothèses. Même chose pour les articulations des hanches, des genoux et des épaules, etc.

Une science extraterrestre encore plus performante devrait permettre de maintenir les individus en vie à des âges encore plus importants. Ce texte Ummite apporterait une réponse qu'on pourrait qualifier d'originale. Sur cette planète, l'état décrépit n'existerait pas. Les êtres de cette planète, selon ces textes, pratiqueraient une communication télépathique avec leur "âme collective", activité présentée comme quotidienne. On retrouve le même thème sur Terre avec la transe, la méditation, etc. 

Ma foi, pourquoi pas ?

Cette activité méditative serait considérée comme l'acte le plus important de chaque jour. Ce faisant "l'individu informerait l'âme collective planétaire". Il se considèrerait ainsi, dès sa naissance, comme "à son service". Il émanerait de cette noosphère et, à sa mort, y retournerait. La mort ne serait donc pas considérée comme un évènement dramatique, pas plus que ne l'est pour des humains le sevrage, la puberté, etc.

La fin de vie passerait donc par le suicide. Quand ? Lorsque les capacités de connexion télépathiques disparaitraient. Or cette activité serait considérée comme essentielle, tout le reste étant secondaire. Quand des individus verraient cette faculté disparaître, ils décideraient alors de mettre fin à leur existence, leur mort étant provoquée instantanément par action de micro-ondes sur leur encéphale. Le corps ne serait pas brûlé, mais ses constituants seraient convertis en ... hélium.

Ces fins de vie seraient décidées au niveau des couples, car non seulement le célibat serait inconnu, mais l'appariement vaudrait pour l'ensemble de l'existence, comme chez nos pigeons.

On découvre donc dans ces textes un modèle de société ayant sa cohérence, du premier au dernier jour de la vie. Un société organisée telle une fourmilière.

Auteur: Petit Jean-Pierre

Info: http://www.ufo-science.com/wpf/?page_id=7830

[ science-fiction ] [ solution ]

 
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catharisme

Quoiqu’il en soit à un certain tournant de la vie commune en Europe, la question de ce qui ne va pas dans la Création comme telle s’est posée. Elle s’est posée pour des gens dont vous verrez très suffisamment la notion qu’actuellement il nous est très difficile de savoir ce qu’ils pensaient bien exactement, je veux dire ce qu’a représenté effectivement, dans toutes ses incidences profondes, ce mouvement religieux et mystique qui s’appelle "l’hérésie cathare".

On peut même dire que c’est le seul exemple historique où une puissance temporelle se soit trouvée d’une telle efficace qu’elle a réussi à supprimer presque toutes les traces du procès. Tel est le tour de force qu’a réalisé la Sainte Église Catholique et Romaine. Nous en sommes à trouver dans des coins des documents dont très peu se présentent avec un caractère satisfaisant. Les procès d’inquisition eux-mêmes se sont volatilisés et nous n’avons que quelques témoignages latéraux de ci de là.

Par exemple, un père dominicain nous dit que ces cathares étaient dans tous les cas de très braves gens, foncièrement chrétiens dans leur manière de vivre et particulièrement de mœurs d’une pureté exceptionnelle. Je crois bien que les mœurs étaient d’une pureté exceptionnelle, puisque le fond des choses était qu’il fallait foncièrement et essentiellement se garder de quelque acte qui pût, d’aucune façon, favoriser la perpétuation de ce monde exécrable et mauvais dans son essence.

La pratique de la perfection consistant donc essentiellement à viser à atteindre, dans l’état de détachement le plus avancé, la mort qui était pour eux le signal de la réintégration dans un monde de lumière, dans un monde animique caractérisé par la pureté et la lumière, et qui était le monde du vrai, du bon Créateur originel, celui dont toute la création avait été souillée par l’intervention du mauvais Créateur, du démiurge, lequel y avait introduit cet élément épouvantable qui est celui de la génération, et aussi bien de la putréfaction, c’est-à-dire de la transformation.

C’est dans la perspective aristotélicienne de la transformation de la matière en une autre matière qui s’engendre elle-même, que cette perpétuité de la matière était le lieu où était le mal. La solution, comme vous le voyez, est simple. Elle a une certaine cohérence si elle n’a peut-être pas toute la rigueur désirable.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire VII, L'éthique, séance du 27 janvier 1960

[ christianisme ] [ résumé ] [ principes ]

 
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