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patrie

Vous êtes nés dans ce pays et vous en êtes fier et vous lui êtes attaché. Vous seriez né dans un autre pays, vous en seriez tout aussi fier et vous lui seriez attaché de même. Mieux, même : né ici, on vous aurait aussitôt transporté dans un autre pays où vous auriez été élevé et auriez grandi ? Vous seriez de ce pays et c'est de lui que vous seriez fier et ce pays auquel vous seriez attaché. Supposez que les bruns se mettent à être fiers d'être bruns, avec une idée de prévalence, - et qui dit prévalence dit bientôt rivalité, - sur les blonds ou vice versa ? Vous voyez si vous êtes comique avec votre orgueil national et votre patriotisme : vous avez eu autant de part à être de ce pays plutôt que d'un autre, que les bruns à être bruns et les blonds à être blonds.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Passe-temps, Oeuvres, Mercure de France 1988 <p.253>

 

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écrivain-sur-écrivain

Je ne comprends pas les gens qui trouvent que Michel Houellebecq n’a pas de style. Faut-il qu’ils manquent d’oreille ! Houellebecq a le style imperturbable, c’est bien différent — le style Buster Keaton, deadpan, pince-sans-rire, tongue-in-cheek. En fait c’est un des tons les plus difficiles à trouver et surtout à garder, à tenir sur la distance. Lui s’acquitte de cet exercice de haute voltige avec une virtuosité sans égale, qui forcément se doit de rester discrète, comme tout le reste : il y a là une contradiction dans les termes, cette maestria pataude, qui fait toute la tension de la phrase et de la page, page après page (je suis en train de lire Sérotonine). Un autre avantage, c’est un effet comique permanent. On connaissait l’Apocalypse en riant, voici la dépression planétaire à se tordre : plus c’est triste, plus c’est drôle ; plus c’est désespéré et désespérant, plus on s’amuse.

Auteur: Camus Renaud

Info:

[ éloge ]

 
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rigoler

Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d'un animal, mais parce qu'on aura surpris chez lui une attitude d'homme ou une expression humaine. On rira d'un chapeau ; mais ce qu'on raille alors, ce n'est pas le morceau de feutre ou de paille, c'est la forme que des hommes lui ont donnée, c'est le caprice humain dont il a pris le moule. Comment un fait aussi important, dans sa simplicité, n'a-t-il pas fixé d'avantage l'attention des philosophes ? Plusieurs ont défini l'homme "un animal qui sait rire". Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire, car si quelque animal y parvient, ou quelque objet inanimé, c'est par une ressemblance avec l'homme, par la marque que l'homme y imprime ou par l'usage que l'homme en fait.

Auteur: Bergson Henri

Info: Le rire, Quadrige, PUF 1940, p.2-3

[ comparer ] [ animal particulier ]

 

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mort originale

Crever de rire, que pouvait-on imaginer de mieux, finalement ? Quelle plus belle sortie pour ceux qui n’attendent plus rien ? Tellement moins solennelle que le suicide, tellement moins vulgaire aussi. Monsieur avait essayé, plusieurs fois, dans des cinémas où l’on projetait des films dits "comiques". Il était bon public, comique troupier, vaudeville, burlesque, tout lui plaisait, il était toujours le premier à s’esclaffer, il en pleurait presque, mais comme, par peur de la foule, il n’assistait qu’aux séances où les spectateurs étaient clairsemés, en début d’après-midi généralement, son enthousiasme retombait vite, le silence de la salle le glaçait peu à peu, un sentiment d’effroyable tristesse finissait par l’envahir, et il désertait bien avant la séance. Alors, il traînait pendant des heures dans les rues de Rowena, faisant de brèves escales dans les cafés, puis il rentrait se coucher, même s’il faisait encore jour. Bref, la grande vie. C’était tellement difficile de mourir de rire.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, pages 169-170

[ frénésie ] [ échec ]

 

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fable

BEGI ET SA GOULUE DE SŒUR
Un jour, Begi était couché sur le sol à côté d’un panier de poulet frit que sa mère avait préparé à l’occasion d’une fête. Sa sœur pensa que Begi était endormi, elle prit la plus grosse cuisse de poulet et alla la cacher sous le toit.
Lorsque la famille se réunit pour manger, Begi refusa ce qu’on lui offrait. Il dit : "Il y a un oiseau plus gros qui rôtit sous le toit."
"Que tu es bête", lui dit sa mère, mais sa sœur savait ce qu’il voulait dire.
Il grimpa sous le toit, prit la cuisse de poulet et la mangea.
"C’est toi qui l’as prise et qui l’as mise là", dit sa sœur. "Tu voulais le plus gros morceau."
"Non", dit Begi. "J’ai rêvé que le désir d’avoir le plus gros morceau était le meilleur moyen d’avoir le plus petit."
Et il lui donna l’os.

Auteur: Brunner John

Info: Dans "Tous à Zanzibar", trad. Didier Merle, Librairie Générale Française, 1995, pages 538-539

[ avidité ] [ moralité ] [ parodie ] [ comique ]

 
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emmerdeur

Feu sir Thomas Robinson, dont la société n'était rien moins qu'agréable, avait contracté l'habitude de se rendre très souvent chez un particulier qui ne se souciait nullement de sa compagnie. Il affectait de ne faire aucun cas des réponses de la servante, qui lui disait que son maître et sa maîtresse étaient absents, et se procurait souvent l'entrée de la maison sous les prétextes suivants ! : "Oh eh bien, en attendant qu'ils reviennent, je vais causer un instant avec les enfants; je jaserai un peu avec le perroquet, je profiterai de cette occasion pour régler ma montre sur la pendule du salon..."

Un matin, alors que la servante le vit arriver de loin par la fenêtre, elle courut à la porte et, la tenant entrebâillée, lui cria plus haut qu'à l'ordinaire : "Monsieur, mon maître et ma maîtresse sont sortis; les enfants sont couchés, le perroquet vient de mourir, et la pendule est arrêtée".

Auteur: Internet

Info: In Encyclopédie comique, ou Recueil anglais de gaietés, de plaisanteries, de traits d'esprit, de bons mots, d'anecdotes... 1677

[ casse-pied ] [ contre-mesure ]

 

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théorie des discours psychanalytique

[...] dans le discours du Maître, c’est la fidélité à l’identité du sujet, garantie par S1, par le Signifiant Maître (son mandat ou son titre symbolique), qui définit la dignité éthique du sujet. L’identification au Signifiant Maître conduit à un mode tragique de l’existence : c’est la fidélité du sujet au Signifiant Maître (à la mission qui donne sens et consistance à sa vie, disons) qui est constamment mise à l’épreuve. Sa tentative ne peut qu’échouer en raison du reste inassimilable par le Signifiant Maître. A l’opposé, il y a cet insaisissable glissement du sujet manquant de tout point d’ancrage stable dans le Signifiant Maître, dont la consistance n’est soutenue que par le biais du pur reste, d’un pur déchet, d’un pur excès, d’un petit bout de Réel "indigne" et intrinsèquement comique. Une telle identification au reste introduit bien sûr à un mode comique de l’existence. Le processus parodique y produit une subversion consistante de toutes les identifications symboliques trop assurées.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 66-67

[ explications ] [ résumé ] [ effets ]

 

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littérature

- Rabelais, dit-il, est le premier écrivain à l'ère de l'imprimerie. Comme Luther est le dernier écrivain de l'ère manuscrite. Bien sûr, dit-il, sans l'imprimerie Luther serait resté un simple moine hérétique. L'imprimerie, dit-il, en ôtant la mousse à la surface de sa tasse, a fait de Luther le puissant qu'il est devenu mais c'était essentiellement un prédicateur, et non un écrivain. Il connaissait son public et écrivait pour lui. Rabelais, lui, dit-il en suçant sa cuiller, a compris ce que signifiait pour l'écrivain ce nouveau miracle qui était l'imprimerie. Ça signifiait avoir gagné le monde et perdu le public. Ne plus savoir qui vous lisait ni pourquoi. Ne plus savoir pour qui vous écriviez. Rabelais, dit-il, trouvait ça insupportable, comique et délectable, tout ça en même temps. - Tu comptes écrire sur Rabelais ? demande-t-elle. - Oui, dit-il. Je crois que oui. Je voudrais expliquer aux gens sa modernité. Ce qu'il signifie et devrait signifier pour nous tous, maintenant. Il la regarde. Elle sourit.

Auteur: Josipovici Gabriel David

Info: Tout passe

[ évolution ] [ historique ] [ lecture ]

 
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rigoler

Le rire est directement contraire à cette forcenée attention à soi, qui est le fond du sérieux. Le rire secoue tout le corps comme un vêtement, laissant chaque partie s'ébattre à sa guise. Par essence le rire est un abandon de gouvernement, et le premier remède contre cet absurde gouvernement qui noue et paralyse. Le rire rétablit les échanges en déliant ; il aère, nettoie et repose. Quoi de mieux ? Mais le rire a ceci de mauvais qu'il attaque le sérieux en son centre et menace de le détrôner. Et c'est un scandale, pour celui qui s'est fait de belles raisons d'être triste, que toutes ces raisons se perdent soudain par cette négation de toute attitude qu'est le rire. "Ne prétendez point" se ramène à ceci : "ne tendez point". Mais on veut prétendre. Ainsi le rire est comme une violence, et une tentative de vous faire sauter comme un nourrisson. Il faut toutes les précautions de l'art comique pour que le rire soit vainqueur. Mais aussi ce triomphe est beau.

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, Gallimard 1960p.173>

[ décoincer ] [ désinhiber ]

 

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constitution européenne

Des Oui-Oui magnifiques, dorés sur tranche, on vient d’en voir toute une meute rassemblée par Jack Lang dans un superbe comité de soutien comique du oui au oui. "Femmes et hommes de culture, de science, de recherche et de sport attachés depuis toujours à la construction européenne" comme ils se présentent eux-mêmes avec cette modestie qui les caractérise. Tous ces écrivains audiovisuels, ces acteurs mûris en studio et ces penseurs de synthèse, toutes ces vedettes cuites au micro-ondes, toutes ces élites pour Soleil vert ne nous dissuadent pas seulement d’être tentés par le non ; ils nous avertissent d’arrêter de faire joujou avec l’idée grotesque qu’on pourrait dire oui ou dire non. Chez Oui-Oui, on ne peut voter que oui ou oui. [...]

Dans ces conditions, pourquoi perdre son temps à imprimer des bulletins non ? Le jour du référendum, l’électeur ne devrait avoir à se décider qu’entre deux piles de oui : ainsi ne saurait-il faire d’autre choix que le seul. Ainsi saurait-il également ce qu’à l’avenir, en Europe, signifiera le mot choix.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1757

[ parodie de démocratie ] [ lavage de cerveau ]

 

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