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sciences

En 1905 Einstein, âgé de vingt-six ans, était sorti depuis trois ans des privations. Alors examinateur de brevets en Suisse, il publia dans "Annalen der Physik" cinq articles sur des sujets entièrement différents. Trois d'entre eux figurent parmi les plus importants de l'histoire de la physique. Un, très simple, donnait l'explication quantique de l'effet photoélectrique - c'est le travail pour lequel, seize ans plus tard, il recevra le prix Nobel. Un autre article portait sur le phénomène du mouvement brownien, c'est à dire des déplacements apparemment erratiques de minuscules particules en suspension dans un liquide. Einstein montrait que ces mouvements satisfont une loi statistique claire. C'était comme un tour de passe-passe, facile une fois explicité : avant cela, les scientifiques décents pouvait encore douter de l'existence concrète des atomes et des molécules. Un article aussi proche d'une preuve concrète directe qu'un théoricien peut donner. Le troisième document présentait la théorie de la relativité restreinte, fusionnant tranquillement l'espace, le temps et la matière en une seule unité fondamentale. Une démonstration qui ne contient pas de références et ne cite aucune autorité. Chacun de ces articles est écrit dans un style différent des autres physiciens théoriciens, avec très peu de mathématiques et beaucoup de commentaires écrits. Les conclusions, les bizarres conclusions, émergent avec la plus grande facilité et le raisonnement est plus que solide. On dirait qu'il a atteint ses conclusions avec la pensée pure, sans aide, sans écouter les opinions des autres. Dans une large et surprenante mesure, c'est précisément ce qu'il a fait.

Auteur: Snow Charles Percy

Info: Variété des hommes, 1966, 100-1

[ visionnaire ] [ historique ] [ éloge ] [ mathématiques ] [ langage ]

 

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citation s'appliquant à ce logiciel

Une vérité qui n'est pas de simple logique, comme "il est mort donc il n'est plus là" est toujours éphémère. Ce qu'on pourra aussi nommer "la moins mauvaise approximation de l'exactitude", est donc très très souvent un point de vue fugace sur une situation qui ne l'est pas moins.

Nous avons alors la littérature, qui permet de retranscrire telle ou telle appréciation/formulation d'une situation, de la figer, la ralentir, l'observer sous plusieurs angles, etc... Nous voilà avec un extrait.

Tel est un des objectifs principaux de FLP : capturer ces instants verbalisés du réel (ou pas), figés par le langage et le talent des écrivants. Et puis, une fois captés par l'esprit du lecteur, les insérer dans le corpus de la base de données de manière... comment dire ? ... intelligente. En s'appuyant sur le langage, le sens des mots et des phrases.

Que signifie ceci ? Eh bien que la personne qui insert un extrait sur FLP doit y mettre du sien, prenne de temps de la distanciation, le relise, y réfléchisse... tout ça afin de confronter sa réflexivité propre avec les règles d'étiquetage et d'insertion des auteurs... Ensuite une discussion pourra éventuellement s'installer avec d'autres, modérateurs parfois, sur la signification de l'extrait (au sens du signe de Pierce) ou sur son étiquetage, voire ses sources, la qualité d'une traduction... .

Rien n'est arrêté, rien ne le sera jamais. FLP est un espace où tout extrait/signe peut être stocké et "rangé". Ensemble. L'aventure, le jeu, continuent. .

Auteur: Mg

Info: 12 déc 2019

[ . ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pute

Véronique Cheminot, célèbre naguère au quartier latin sous le nom expressif de la Ventouse, était une splendide goujate que dix années, au moins, de prostitution sur vingt-cinq, n’avaient pu flétrir. Et Dieu sait pourtant l’effroyable périple de ce paquebot de turpitudes !



Née dans un port breton, d’une ribaude à matelots malencontreusement fruitée par un cosmopolite inconnu, nourrie, on ne savait comment, dans cet égout, polluée dès son enfance, putréfiée à dix ans, vendue par sa mère à quinze, on l’avait vue se débiter dans toutes les halles à poisson de la luxure, se détailler à la main sur tous les comptoirs du stupre, pendre à tous les crocs de la grande triperie du libertinage.



Le boulevard Saint-Michel l’avait assez connue, cette rousse audacieuse qui avait l’air de porter sur sa tête tous les incendies qu’elle allumait dans les reins juvéniles des écoles !



Elle ne passait pas généralement pour une bonne fille. Quoiqu’elle eût fait d’étranges coups de tête pour des hommes qu’elle prétendait avoir aimés, cette avide guerrière se livrait à de terrifiques déprédations qui la rendaient infiniment redoutable aux familles. À l’exception de quelques rares et singuliers caprices qui lui faisaient mettre parfois dans son lit des vagabonds sans asile, — et qu’on expliquait inexactement par la fangeuse nostalgie de sujétion particulière à ces réfractaires, — ses caresses les plus authentiques étaient d’une vénalité escaladante, qui montait jusqu’au lyrisme. Elle avait gardé cette ingénuité de croire fermement que les hommes qui la désiraient étaient tous des apoplectiques d’argent qu’aucune saignée ne pouvait jamais anémier.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 78-79

[ parcours ] [ proies préférées ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sexe

Quand Faria lui avait fait ses adieux, Vich était remonté et, à nouveau, l’avait prise. Quand il l’avait forcée à se redresser, fatiguée, elle avait protesté. Il lui avait serré les chevilles, l’avait pénétrée vivement : elle avait roulé sous lui, affalée, flic flac. Elle exsudait du vin aigre et, lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, la chambre empestait sa mauvaise odeur. Sa maîtresse commençait à l’irriter, avec cette façon qu’elle avait désormais de lui donner des conseils stupides d’un ton impérieux. Qu’avait-il besoin qu’elle lui apprît comment l’orateur de Ferdinand à Rome devait se comporter ! Les draps étaient maculés de son fard. Elle le dégoûtait.
En même temps, elle l’attirait. Les épais replis de sa chair l’enveloppaient. Il logea sa tête entre ses gros seins. Parfois, transpirant et trépignant entre ses cuisses, il se sentait sombrer comme dans un bain de gras. Dans le noir, ses mains étaient de doux coussinets de viande humaine terminés par des ongles de porcelaine. Il frissonna, pressa sa bouche contre elle afin de s’empêcher de hurler lorsqu'il fut au point culminant. Le plaisir de la femme se manifesta sous la forme de longs soupirs interrompus par de menus grognements et plaintes. De la chassie s’était accumulée sur ses cils. Une minuscule bille de salive gonfla et éclata à la commissure de ses lèvres. S’habillant déjà, il songea : elle suinte. Des jaunes délavés tachaient le ciel au levant, promesse d’une nouvelle journée de chaleur. Il referma doucement la porte derrière lui pour ne pas la réveiller.

Auteur: Norfolk Lawrence

Info: Le rhinocéros du pape

[ orgasme ] [ obèse ] [ pulsion ]

 

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roman des origines

La majorité de nos hommes du 19e siècle ont une affaire de baptême plus ou moins raté dans leurs souvenirs d’enfance. Pas de baptême ; ou baptême truqué ; ou encore baptême compliqué, clandestin. Libre à quiconque, bien entendu, de penser qu’il s’agit là d’un détail insignifiant qui n’aurait à être pris en compte que si on se rangeait sur les positions d’un culte archaïque dépassé. Que si on imaginait qu’il y a eu un crime à la naissance des temps, une affaire de ratage devenu tout de suite sanglant. Une tache sur l’Harmonie. […] Pourtant, si le baptême est bien cette tentative de diviser tout de suite, de démanteler dès la naissance le réseau du moi cohérent et cuirassé par le rappel du péché originel arbitraire, contracté sans faute personnelle, ne serait-il pas normal que, ayant été écartés de cette espèce d’essai de transfert d’une façon ou d’une autre, chacun à sa manière et dans des conditions biographiques diverses […], ils se soient racontés de manière sublimatoire qu’ils étaient nés le plus naturellement du monde dans l’immersion de l’Harmonie qu’ils avaient désormais à retrouver, reconstituer, réchauffer ? Quelle raison auraient-il eu d’imaginer qu’ils écrivaient à partir d’une exclusion dont ils n’étaient pas conscients, alors que tout leur travail consistait à démontrer que l’exclusion originelle (la première Faute biblique, la première exclusion que le baptême entend "absorber" et résorber) n’était qu’une invention, un mythe forgé par un complot de curés fanatiques ? Exclus de l’opération qui tente l’impossible effacement de l’exclusion, comment auraient-ils pu se réveiller ?

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 135-136

[ sacrement chrétien ] [ rafistolage ] [ onction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ignorance

Dans la nature humaine il n’y a pas de loi, il n’y a pas de destinée, il n’y a pas de fatalité. Comment peut-il y avoir une loi dans l’infinité ? La liberté est sa devise. La liberté est sa nature et son héritage. Soyez libre et ayez alors autant de personnalités que vous voudrez. Alors nous jouerons comme l’acteur qui vient sur la scène jouer le rôle d’un mendiant. Comparez-le avec le vrai mendiant qui déambule dans la rue. La scène est peut-être la même dans les deux cas, les mots sont peut-être les mêmes, et pourtant quelle différence ! L’un jouit de la misère tandis que l’autre en souffre amèrement. Qu’est-ce qui fait la différence ? L’un est libre et l’autre ne l’est pas. L’acteur sait que son dénuement n’est pas réel et qu’il ne l’a assumé que pour le spectacle, tandis que le vrai mendiant y voit un état déjà trop familier qu’il doit supporter bon gré mal gré. Telle est la loi. Tant que nous n’avons aucune connaissance de notre nature réelle, nous sommes des mendiants, poussés de-ci de-là par toutes les forces de la nature et rendus esclaves de tout ce qui est dans la nature ; dans le monde entier nous crions au secours, mais le secours n’arrive jamais ; nous nous adressons à des êtres imaginaires et il ne vient pas davantage. Mais nous espérons toujours qu’il viendra, et ainsi une vie se passe à pleurer, à se lamenter, à espérer, et la même pièce se répète encore et toujours.

Auteur: Vivekânanda Swâmi

Info: Dans "Jnâna-Yoga", pages 319-320

[ samsâra ] [ mâyâ ] [ identification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hygiénisme

Nous vivons l’âge du sucre sans sucre, des guerres sans guerre, du thé sans thé, des débats où tout le monde est d’accord pour que demain soit mieux qu’hier, et des procès où il faut réveiller les morts, de vrais coupables jugés depuis longtemps, pour avoir une chance de ne pas se tromper.

Si l’époque se révèle difficile à saisir, c’est à cause de tout ce qu’elle a éliminé de réel, sans arrêter de vouloir nous faire croire à la survie de sa réalité en simili. Il ne va plus rester grand-chose, si ça continue à ce train-là. Tout est certifié hypocalorique, la vie, la mort, les supposées idées, les livres, les conflits "propres" dans le Golfe, l’art, les pseudo passions, la prétendue information, les émissions.

On décrète des "journées sans tabac". Pourquoi pas des années sans femmes ? Des femmes garanties sans cholestérol ? Des idéologies sans matières grasses ?
Avec quoi pourrions-nous assouvir le besoin de négatif, en nous, depuis que le négatif a été décrété hors-la-loi, si ce n’est avec les dangers du passé ? Nous sommes bien trop fragiles, désormais, bien trop privés d’immunités pour nous offrir d’autres ennemis qu’à titre vraiment très posthume. Voilà le revers de notre bien-être. Nous ne pouvons plus nous affronter qu’à des événements archivés, peignés de multiples commentaires, rediffusés cinq fois par an, mieux pétrifiés que les voies piétonnes de nos centres-villes tétanisés. Plus de surprises autres qu’organisées. Même nos haines solidement justifiées donnent l’impression d’avoir été trouvées dans des réserves naturelles pour faune et flore en grand péril.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "L'empire du bien"

[ dénégation ] [ penchants obscurs ] [ édulcoré ]

 

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contemplation

J'ai un ami qui est artiste et qui adopte parfois un point de vue avec lequel je ne suis pas très d'accord. Il désigne une fleur et dit "regarde comme elle est belle", et je suis d'accord. Puis il dit : "Moi, en tant qu'artiste, je peux voir à quel point c'est beau, mais toi, comme tout scientifique, tu démontes tout cela pour en faire une chose terne", je pense que c'est légèrement cinglé. Tout d'abord, la beauté qu'il voit est accessible à d'autres personnes et à moi aussi, je crois. Même si je ne suis pas aussi sensible que lui sur le plan esthétique... je peux apprécier la beauté d'une fleur. En même temps, j'y vois beaucoup plus de choses que lui. Je peux imaginer les cellules qui la composent, les processus compliqués à l'intérieur, qui ont aussi leur beauté. Je veux dire qu'il n'y a pas que la beauté à cette dimension de quelque centimètres ; il y a aussi celle des dimensions plus petites, la structure interne, les mécanismes. Le fait que les couleurs de la fleur aient évolué afin d'attirer les insectes pour la polliniser est intéressant ; ça signifie que les insectes perçoivent la couleur. Ce qui amène cette question : ce sens esthétique existe-t-il aussi dans les formes inférieures ? Pourquoi est-ce esthétique ? Toutes sortes d'interrogations intéressantes amenées par les connaissances scientifiques qui ajoutent une sorte de fascination, du mystère et de l'admiration pour une fleur. Elles ne font qu'ajouter. Je ne comprends pas comment cela pourrait soustraire quelque chose.

Auteur: Feynman Richard Phillips

Info: The Pleasure of Finding Things Out: The Best Short Works of RF

[ décorticage ] [ insatiable curiosité ] [ strates mémorielles ] [ points de vue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

système philosophique

Et c’est ainsi que, dans la construction de sa physique, Descartes accepte toujours de jouer toute sa philosophie sur n’importe laquelle de ses conclusions : car si l’on prétend attribuer au maillon le plus faible la même force qu’au maillon le plus solide, réciproquement la chaîne entière n’a jamais que la force de son maillon le plus faible. Pari gagné sur le mouvement de la Terre : "Je confesse que, s’il est faux, tous les fondements de ma philosophie le sont aussi." (A Mersenne, fin novembre 1633). Pari perdu sur l’instantanéité de la lumière : "Si on m’en pouvait prouver la fausseté, je serais prêt à confesser que je ne sais rien en philosophie." (A Beeckman, 22 août 1634.) L’important est sans doute que le dogmatisme cartésien devait nécessairement jouer ce jeu fou, puisqu’il voulait l’unité de la chaîne sans rien sacrifier de la spécificité des maillons.

Le jeu a été joué, il a été perdu, et – selon toute vraisemblance – il ne pouvait pas être gagné : il nous a laissés devant l’opposition entre une raison individuelle, puissance de critique, et une pluralité de disciplines sans unité. De ce coup de dés, il reste la tentation d’un jeu qui ne peut pas, selon toute vraisemblance, être gagné : la philosophie, qui consiste à jouer justement contre la vraisemblance. Il en reste aussi un ouvrage, le Discours de la méthode : curieusement, on ne le lit plus guère et il a la réputation d’énoncer des banalités depuis que nul ne se risque sur les chemins qu’il proposait.

Auteur: Beyssade Jean-Marie

Info: Commentaire au Discours de la méthode de René Descartes, Librairie générale française, 1973, page 101

[ épreuve ] [ erreur ] [ critique ]

 

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voyage

J'établirai dans quelques lignes comment Simon, bien malgré lui, à son corps défendant, fut obligé de quitter Vancouver en coup de vent, sans prendre congé de personne, pas même de Monika, sa sublime troubadour hollandaise au corps de sirène et à la bouche vorace, pour rentrer en toute hâte à Paris afin de venir au secours de Judith sa soeur tant aimée qui une nouvelle fois, par pure distraction ou par simple désoeuvrement, avait tenté de mettre fin à ses jours ; comment se présentant au guichet de l'aéroport international de Vancouver, la mine défaite et les yeux humides, il s'aperçut que son passeport était périmé, terminé, achevé ; comment, volontaire et déterminé, il s'engouffra alors dans le premier taxi venu qui poireautait dans la file d'attente à l'ombre des touristes en fleurs direction le consulat de France où après avoir plaidé sa cause auprès du conseiller culturel, ce brave M. Boitillon, compagnon de beuverie et partenaire de chagrin, il repartit avec le précieux sésame en poche, toujours dans le même taxi qui poireautait cette fois à l'ombre du pacifique océan, direction l'aéroport ; comment une fois passé la douane, la milice, la police, les experts du contre-espionnage et des Jack Daniel's qu'il vida d'un seul trait à l'ombre du calme douillet d'une cabine de toilettes venant tout juste d'être récurée par une employée philippine ; comment il se réveilla le lendemain matin, hagard et sombre, désorienté et perdu, en entendant la voix lasse du commandant de bord lui souhaiter un bon séjour à Paris.

Auteur: Sagalovitsch Laurent

Info: La métaphysique du hors-jeu

[ précipitation ] [ absurde ]

 

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