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poème

Ce jour-là, quand je t'ai vue,
j'étais comme quand on regarde le soleil;
j'avais un grand feu dans la tête,
je ne savais plus ce que je faisais,
j'allais tout de travers comme un qui à trop bu,
et mes mains tremblaient.

Je suis allé tout seul par le sentier des bois,
je croyais te voir marcher devant moi,
et je te parlais,
mais tu ne me répondais pas.

J'avais peur de te voir, j'avais peur de t’entendre,
j'avais peur du bruit de tes pieds dans l'herbe,
j'avais peur de ton rire dans les branches;
et je me disais:" Tu es fou,
ah! si on te voyait, comme on se moquerait de toi!"
Ca ne servait à rien du tout.

Et, quand je suis rentré, c'était minuit passé,
mais je n'ai pas pu m'endormir.
Et le lendemain, en soignant mes bêtes,
je répétais ton nom, je disais:" Marianne..."
Les bêtes tournaient la tête pour entendre;
je me fâchais, je leur criais:" Ça vous regarde ?
allons, tranquilles, eh! Comtesse, eh l la Rousse."
et je les prenais par les cornes.

Ça a duré ainsi trois jours
et puis je n'ai plus eu la force.
Il a fallu que je la revoie.
Elle est venue, elle a passé,
elle n'a pas pris garde à moi.

Auteur: Ramuz Charles-Ferdinand

Info: Le Petit Village

[ pensée-d'homme ] [ femmes-hommes ]

 

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itérations linguistiques

REPETITION. Nabokov signale qu'au commencement d'Anna Karénine, dans le texte russe, le mot 'maison' revient huit fois en six phrases et que cette répétition est un artifice délibéré de la part de l'auteur. Pourtant, dans la traduction française, le mot 'maison' n'apparaît qu'une fois, dans la traduction tchèque pas plus de deux fois. Dans le même livre : partout où Tolstoï écrit 'skazal' (dit), je trouve dans la traduction proféra, rétorqua, reprit, cria, avait conclu, etc. Les traducteurs sont fous des synonymes. (Je récuse la notion même de synonyme : chaque mot a son sens propre et il est sémantiquement irremplaçable). Pascal : 'Quand dans un discours se trouvent des mots répétés et qu'essayant de les corriger on les trouve si propres qu'on gâterait le discours, il faut les laisser, c'en est la marque.' La richesse du vocabulaire n'est pas une valeur en soi : chez Hemingway c'est la limitation du vocabulaire, la répétition des mêmes mots dans le même paragraphe qui font la mélodie et la beauté de son style. 

Le raffinement ludique de la répétition dans l'incipit d'une des plus belles proses françaises : 'J'aimais éperdument la Comtesse de… ; j'avais vingt ans et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le plus aimé, partant le plus heureux des hommes…' Vivant Denon : Point de lendemain. 

(Voir : LITANIE.)

Auteur: Kundera Milan

Info: L'Art du roman

[ spécificités ] [ intraduisible ] [ idiomes musiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

phonétique

Sarah la comtesse poupine
Très vivante et bonne copine
Ne Se nourrit que de chopines
Mais reste très portée... sur la chose

De Pégase c'est son préféré
Et Monsieur porte la particule
Du coup beaucoup adoreraient
Lui mettre un pied au... train

Faut dire qu'elle tellement accorte
Avec de ces allures de déesse
Quon noserait pas, j'vous l'accorde
Lui saisir bien franchement... les mains

Et de Pégase en bon vieux garçon
N'a pas l'esprit très volcanique
Alors quElle, elle est plus sans façons
Escomptant bien qu'un soir il la loue

(Refrain)
Particule n'égale pas partouze
Cette Sarah bande vraiment pour des prunes
Pégase, antique cheval à réactions
N'en eut pas la moindre... hélas... non, rien... aucune

Sarah Glisse alors une main avide
Car sa passion n'est pas très limpide
Pensant enfin le mettre sur orbite
D'un seul coup elle lui saisit la jambe

Mais ce geste est bien moins qu'une chatouille
Sarah alors le tripatouille
Lui un ptit peu gêné... bafouille
Mais très chère vous me cassez... les couilles

Là on imagine le malaise
Vlan d'un coup la voilà dans les fraises
Alors que notre belle obèse
Voulait tout simplement qu'il.... l'a... dmire

(Refrain)
Se sentant un peu paniquer
Sarah fait alors mander son concierge
Lui fière chandelle, la voyant tourniquer
Ordonne de suite qu'elle se fasse..... soigner

Pégase remarque alors son valet gascon
Car il a le teint un peu bistre
Indice certain qu'il s'adonne au flacon
Donc certainement pas un... cuistre

Il l'invite alors très enthousiaste
A sortir boire des vins pas si chastes
Arguant qu'ces instants succulents
Passent mieux ainsi qu'en s'en... nuyant

Hélas en ville tout est fermé
Ce qu'on appelle une contrariété
Ils n'eurent donc plus qu'à circuler
Alors qu'ils eussent pu s'en... nivrer

Particule n'égale pas partouze
Cette Sarah bandait pour rien du tout
Pégase, antique cheval à réactions
Ne sut ni boire ni même tirer un....
Valet gascon.

Auteur: MG

Info: chanson : Sarah et de Pégase 2009

[ jeu de mots ]

 

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hommes-femmes

Qu’il me suffise, pour donner ici une idée des choses, d’évoquer par exemple une histoire comme celle qui s’est passée en pleine période de floraison de cet amour courtois, l’histoire de cette comtesse DE COMMINGES, fille d’un certain Guillaume DE MONTPELLIER, qui, à ce titre, se trouvait l’héritière naturelle d’un comté qui est précisément le comté de Montpellier. Un certain Pierre D’ARAGON, roi d’Aragon et fort ambitieux de s’installer au nord des Pyrénées - malgré l’obstacle que lui a fait à cette époque la première poussée historique du Nord contre le Midi, à savoir le fait de la croisade des Albigeois, et des victoires de Simon DE MONTFORT sur les comtes de Toulouse - du fait que cette femme se trouve l’héritière naturelle, quand son père mourra, d’un comté de Montpellier, il veut à ce seul titre l’avoir.

La personne semble, elle, être fort peu de nature à s’impliquer dans ces intrigues plus ou moins sordides. Tout semble indiquer qu’il s’agit d’une personnalité extrêmement réservée, voire proche d’une certaine sainteté, au sens religieux du terme. C’est en effet à Rome, et en odeur de sainteté qu’elle finit. Cette personne se trouvera, par l’intermédiaire des combinaisons politiques et avec la pression d’un seigneur de même puissance, Pierre D’ARAGON, contrainte de quitter son mari. Une intervention papale force celui-ci à la reprendre, mais à la mort de son père plus rien ne tient, tout se passe selon les volontés du plus puissant seigneur.

Elle est effectivement répudiée par son mari qui en a fait d’autres, et qui en a vu d’autres, elle épouse ledit Pierre D’ARAGON qui n’a d’autre conduite avec elle que de la maltraiter, au point qu’elle doit s’enfuir, et c’est ainsi qu’elle termine sa vie à Rome sous la protection du pape qui, à l’occasion, se trouvait fonctionner comme le seul protecteur de l’innocence persécutée. Le style de cette histoire est simplement pour vous montrer quelle est, dans une société féodale, la position effective de la femme.

Elle est à proprement parler ce que les structures élémentaires montrent - les structures élémentaires de la parenté - c’est-à-dire un corrélatif des fonctions d’échange social, un support d’un certain nombre de biens et de signes de puissance.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire VII, L'éthique

[ moyen-âge ] [ historique ] [ rapports ] [ valeur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

pensée-de-femme

Elle [M-A Murail à l’âge de 12 ans] :

De toutes mes forces je refuse the murder of soul ! L'assassinat d’une âme à cause de deux ou trois bambins. Le matériel ne me tuera pas. Frotter les cuivres, faire l’argenterie, vu ? Dans une famille chacun doit porter sa part de médiocrité quotidienne ou bien il y a une sacrifiée. L'éternelle sacrifiée. Mais moi, je ne serai pas celle-là. Pas par égoïsme mais par refus de la facilité, je ne serai pas celle-là.

Moi [M-A Murail aujourd’hui] :

Tu refuses d'être une femme comme "celle-là", j'ai refusé d'être une mère comme "celle-là". Puis j'ai été une femme comme les autres, une mère comme toutes les mères. Est-ce que je le regrette ? C'est ça que tu veux savoir ?

Je me suis parfois étonnée de ce que maman se satisfit d'une vie artistique par procuration, mais j'ai été blessée de ce que mon père, malgré ses quatre enfants, considérait sa vie comme ratée parce qu'il était un poète incompris.

Qu'est-ce que j'en conclus ? Que pour moi le carton plein, la vie réussie, c'est Dickens et ses dix enfants ? Mais il s'agit là d'une figure masculine.

Si tu regardes du côté des femmes écrivains, que vois-tu ?

Jane Austen, pas d'enfant ; les sœurs Brontë, pas d'enfant ; Madame d'Aulnoy, une "Chatte blanche" et un "Oiseau bleu" ; Béatrix Potter, des lapins ; Marguerite Yourcenar, pas d'enfant ; Colette, une fille à 40 ans ; Alexandra David-Néel, un fils adoptif tibétain ; Simone de Beauvoir, une fille adoptée à l'âge adulte ; Anaïs Nin, pas d'enfant ; Virginia Woolf, pas d'enfant ; Hannah Arendt, pas d'enfant ; Selma Lagerlöf, pas d'enfant ; Karen Blixen, pas d'enfant … OK, la comtesse de Ségur, huit enfants, mais elle publia après les avoir élevés.

Aurais-je écrit mieux si j'avais été une femme libre, sans enfant à surveiller au jardin, sans caddie à remplir à Carrefour ? J'aurais sans doute écrit davantage. Et sûrement autre chose.

J'écrivais dans le brouhaha de la vie, mon cahier sur les genoux, des gamins prenant leur goûter ou faisant leurs devoirs à côté de moi, avec Goldorak en fond sonore.

Je n'ai eu la chambre à soi qu'à 42 ans, et contrairement à la recommandation de Virginia, elle ne fermait pas à clé. Quand j'écrivais, j'avais un ange dans mon dos.

Auteur: Murail Marie-Aude

Info: En nous beaucoup d'hommes respirent

[ écriture ] [ femmes-par-femme ] [ littérature ] [ maternité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

"Je t'aime", déclara Bouton d'or. 'Je sais que cela doit te surprendre, puisque tout ce que j'ai fait, c'est te mépriser, te dégrader et te narguer, mais je t'aime depuis plusieurs heures maintenant, et plus à chaque seconde. Je pensais il y a une heure que je t'aimais plus qu'aucune femme n'avait jamais aimé un homme, mais une demi-heure après, j'ai su que ce que je ressentais avant n'était rien comparé à ce que je ressentais précédemment. Mais dix minutes plus tard, j'ai compris que mon amour précédent n'était qu'une flaque d'eau par comparaison à la haute mer avant une tempête. Tes yeux sont ainsi, le savais-tu ? Eh bien, oui. C'était il y a combien de minutes ? Vingt ? Avais-je fait le point sur mes sentiments à ce moment-là ? Ça n'a pas d'importance. Bouton d'or ne parvenait toujours pas à le regarder. Le soleil se levait derrière elle maintenant ; elle pouvait sentir la chaleur dans son dos, et cela lui donnait du courage. 'Je t'aime tellement plus maintenant qu'il y a vingt minutes que c'est sans comparaison. Je t'aime tellement plus maintenant que lorsque tu as ouvert la porte de ton taudis, c'est incomparable. Il n'y a de place dans mon corps que pour toi. Mes bras t'aiment, mes oreilles t'adorent, mes genoux tremblent d'aveugle affection. Mon esprit te supplie de lui demander quelque chose pour qu'il obéisse. Veux-tu que je te suive pour le reste de tes jours ? Je le ferai. Veux-tu que je rampe? je  ramperai. Je resterai calme pour toi ou chanterai pour toi, ou si tu as faim, tu me laisseras t'apporter à manger, ou si tu as soif et que rien ne pourrait l'étancher à part le vin d'Arabie, j'irai en Arabie, même s'il faut traverser le monde pour rapporter une bouteille pour ton déjeuner. Tout ce que je peux faire pour toi, je le ferai ; tout ce que je ne peux pas faire, j'apprendrai à le faire. Je sais que je ne peux rivaliser avec la comtesse en compétences, en sagesse ou en attrait, et j'ai vu la façon dont elle te regardait. Et j'ai vu la façon dont tu la regardais. Mais rappelle-toi, s'il te plaît, qu'elle est vieille et a d'autres intérêts, alors que j'ai dix-sept ans et pour moi il n'y a que toi. Cher Westley, je ne t'ai jamais appelé comme ça auparavant, n'est-ce pas ?  Et avec ça, elle osa la chose la plus courageuse qu'elle ait jamais faite ; elle le regarda droit dans les yeux.

Auteur: Goldman William

Info: The Princess Bride

[ aplaventrique ]

 

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emploi du temps

L’été, à Iasnaïa Poliana, Lev Nikolaïevitch [Tolstoï] se lève entre dix heures et dix heures et demie. Après avoir fait sa toilette et revêtu toujours la même blouse noire, il boit son café et du thé en compagnie de sa femme. Il en boit à son content, sans se presser. S’il fait beau, le thé est servi en plein air, dans le jardin, entre les acacias, sous un grand tilleul à la vaste frondaison ; s’il pleut, la comtesse attend Lev Nikolaïevitch au salon.

Une fois terminé son thé, qu’il accompagne de deux œufs à la coque, Lev Nikolaïevitch descend dans son petit cabinet de travail aux murs entièrement couverts de rayonnages à livres de facture toute simple et se plonge dans son activité intellectuelle.

Il s’y consacre assidûment, sérieusement, jusqu’à trois heures et plus, après quoi il va travailler dans les champs s’il a quelque chose à y faire. ce n’est pas toujours le cas, car le comte ne travaille que pour les pauvres, les faibles, les veuves et les orphelins. S’il n’a rien à faire aux champs, Lev Nikolaïevitch prend un panier et s’en va en forêt ramasser des champignons, ce qui lui permet de passer quelques heures seul avec la nature et avec lui-même.

Il arrive qu’il consacre ce temps entre trois et six heures à un hôte de passage. Des personnes de connaissance ou totalement inconnues viennent parfois exprès de régions très lointaines de Russie ou de pays étrangers pour lui poser les questions les plus diverses sur la vie.

[...]

Lev Nikolaïevitch revient vers six heures et retrouve pour le repas sa nombreuse famille qui comprend dix enfants de tous âges, depuis son fils aîné de 26 ans à un nourrisson de deux mois. Il faut y ajouter les invités, les camarades des fils, les cousines et les amies des filles, les précepteurs, les gouvernantes et parfois des amis du comte et de la comtesse venus leur rendre visite. Une immense table traverse sur toute sa longueur la grande salle blanche de la vieille demeure familiale aux murs couverts de portraits d’ancêtres, qui résonne durant le repas de conversations joyeuses et bruyantes de tous les âges sur les sujets les plus divers.

Après le repas, Lev Nikolaïevitch trie et lit le volumineux courrier qui vient de lui être apporté de Toula : des lettres, des revues, des brochures et diverses correspondances en provenance du monde entier. Il est aidé dans cette tâche très fatigante par sa fille aînée Tatiana, qui souvent rédige aussi les réponses selon les instructions de son père.

Vers neuf heures, toute la famille, à l’exception des plus petits, qui vont se coucher, se réunit à nouveau dans la grande salle pour le thé du soir accompagné de fruits et se livre aux divertissements les plus variés. C’est tantôt la lecture à haute voix d’une œuvre littéraire [...], tantôt du chant [...].

Auteur: Répine Ilia

Info: "Le Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï. Souvenirs personnels", dans "Lettres à Tolstoï et à sa famille", trad. Laure Troubetzkoy, éditions Vendémiaire, 2021

[ organisation des journées ]

 

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