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alerte
Ramón Castaños époussetait le comptoir quand il perçut au loin un cri aigu. Il tendit l'oreille et ne discerna que la rumeur de la matinée. Il pensa qu'il s'agissait d'une de ces nombreuses gélinottes qui peuplaient le bois. Il poursuivit sa besogne. Il s’apprêtait à nettoyer une étagère lorsque le cri jaillit de nouveau, cette fois proche et clair. Suivi d'un autre et d'un troisième. Ramón délaissa l'étagère et, d'un bond, sauta par-dessus le comptoir. Il sortit pour voir ce qu'il se passait. On était dimanche, de bon matin : personne, alors que les cris se répétaient, de plus en plus frénétiques. Il remonta la rue et distingua à quelque distance trois enfants qui couraient en braillant :
- Y'a une morte ! Y'a une morte !
Ramón s'avança vers eux, en arrêta un tandis que les deux autres s'égayaient dans le village.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
- On l'a tuée ! On l'a tuée ! brama le gamin.
- Qui ? Où ça ?
Sans répondre le garçon repartit dans la direction d'où il était venu. Ramon le suivit. Ils s'élancèrent le long du sentier qui conduisait à la rivière jusqu'à ce qu'ils débouchent dans un champ de sorgho.
Auteur:
Arriaga Guillermo
Années: 1958 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: acteur, réalisateur, scénariste et producteur pour le cinéma, et écrivain.
Continent – Pays: Amérique du Sud – Mexique
Info:
Un doux parfum de mort
[
alarme
]
[
progressive
]
racisme
Nous avons établi des données sur ce que nommons race et intelligence. Mon opinion est nous ne savons pas ce qu'elles signifient. Il n'y a pas assez de travail ; il n'y a pas assez de personnes qui s'y sont employées à ce stade... Et la définition d'"héréditaire" constitue un sérieux problème.
Par exemple : disons qu'existait une croyance selon laquelle les personnes dotées d'une crête frontale sont stupides. Une croyance répandue. Et cette crête était encodée génétiquement. Ce qui conduisait à ce que ces individus soient victimes de discrimination, à l'école par exemple, vu que la crête indiquait aux enseignants qu'ils n'étaient pas susceptibles d'être intelligents, et qu'on leur donnait donc des leçons plus simples ; ils étaient ignorés ou quelque chose comme ça.
Ce mécanisme peut donc être appréhendé comme la forme d'une différence d'intelligence génétiquement héréditaire entre individus - avec et sans crête. Ceci impliquant qu'une caractéristique codée dans le génome peut modifier une interaction des individus entre eux au point de produire une différence d'intelligence.
[...] Nous sommes si peu avancés dans l'étude de ce genre de sujet que nous ne savons rien. Et la nature taboue de ces questions engendre un vacuum empli de perspectives artificiellement pures (et probablement erronées).
Auteur:
Weinstein Bret Samuel
Années: 1969 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, blogueur, biologiste et théoricien de l'évolution
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
[
apparence
]
[
préjugés
]
thérapies
Dans l'Europe du XVI°s, les gens, y compris les médecins diplômés et les guérisseurs populaires, croyaient en général que les cadavres possédaient des pouvoirs de guérison puissants. Cela conduisait à une pratique qui paraît maintenant bizarre voire révoltante, mais qui était bien connue à l'époque de Meister Frantz : c'était l'ingestion, le port ou l'usage médical de parties de corps humain pour soigner les maladies ou les blessures. (...) Boire le sang, "la plus noble des humeurs", était considéré (comme ) un remède très puissant ; les usages étaient nombreux, dont dissoudre des caillots sanguins, protéger des humeurs douloureuses ou de la toux, prévenir les convulsions, libérer des menstruations bloquées ou même guérir les flatulences. Comme les écoles de médecine croyaient que le sang était produit en continu par le foie, son approvisionnement était en théorie illimité, diminuant ainsi toute inquiétude sur les saignées fréquentes, ou phlébotomies, destinées à restaurer l'équilibre entre les humeurs. L'âge et la virilité déterminant la puissance du fluide, le sang des jeunes criminels exécutés d'un coup, dont la force vive n'avait pas eu le temps de s'échapper, était très prisé. Les épileptiques, voulant boire le sang frais et chaud des "pauvres pécheurs" [exécutés], s'alignaient souvent près de l'échafaud après une décapitation - une scène choquante pour nous mais banale pour Frantz Schmidt et ses contemporains.
Auteur:
Harrington Joel F.
Années: 195? - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: historien spécialiste de l'Europe
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
L'honneur du bourreau, pp. 250-251
[
superstitions
]
[
santé
]
[
historique
]
vêtements féminins
Ce soir-là Daphné s'habillait pour se rendre à l'Opéra, au bal du grand prix. La fête était dédiée aux ombres de Paul et Virginie. Dans l'espoir de plaire à J.G. Domergue, elle mit une robe d'ananas avec cacatoès, disait-elle stylisés. Puis elle passa dans la chambre d'Iris. Iris était costumée en sauvage. Elle portait sur la tête un diadème de lianes électriques dans l'espoir d'être remarquée de Beltran y Masses. Iris venait d'un état pluvieux du centre-ouest américain et d'une excellente famille démocrate, Luthérienne et maçonnique depuis 1921 ; sa mauvaise réputation marchait à grandes journées, bien qu'elle eût été envoyée en France pour acquérir le fini français, ou french polish (c'est-à-dire que maintenant quand elle se prenait un pied dans le tapis elle disait m.....) . Plus cet ange extravagant se conduisait mal, plus les puits de pétrole de sa dot augmentaient leurs rendements, car le centre de la terre appartient au diable. C'est Iris qui aide Daphné dans sa lutte contre la pauvreté, avec le succès qu'on devine.
Assez échauffées par le vin et par les cris, serrées l'une contre l'autre les deux femmes se promenaient dans les couloirs de l'Opéra. Une nourrice nègre patrouillait de ci et de là. A en juger par sa taille et sa démarche ce devait être un homme et même un homme âgé.
Auteur:
Morand Paul
Années: 1888 - 1976
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
L'Europe galante (1925, 250 p., Grasset, les cahiers rouges, p.219)
[
classe
]
[
élégance
]
[
faute de goût
]
[
inélégance
]
[
accoutrement
]
Justification non voulue pour police routière
Nous étions des adolescent et ma cousine Tanya me conduisait à une party. Il faut savoir que Tanya est une vraie blonde. Nous roulions donc et arrive une voiture de police derrière nous. Tanya alors accélère et dépasse une voiture. La bagnole des flics nous suit. Alors Tanya accélère de plus belle et dépasse une nouvelle voiture. Puis une troisième. Maintenant nous sommes la voiture de tête sur la route. Alors la bagnole des flics nous dépasse, nous coince et on les voit maintenant marcher vers nous, flingue à la main. Alors Tanya n'ouvre pas sa fenêtre mais sa porte. Le flic la bloque violemment avec son pied et lui indique de rester dans la voiture. Nous sommes maintenant faces contre terre. Alors ma copine explique à l'officier de police que quand elle l'a vu derrière elle a pensé que c'était parce qu'il poursuivait la voiture devant elle. Et que quand ils ont aussi dépassé elle avait pensé que ce devait être la voiture suivante qui était en cause. Et que, finalement, qu'ils étaient simplement pressés, probablement à la chasse de quelque bandit... c'est pourquoi ils devaient la dépasser. Nous sommes toujours au sol. Ils y a maintenant au moins 10 policiers autour de nous... tous morts de rire. Ils nous ont dé menottées et laissé partir. Je vous jure qu'elle était vraiment sincère.
Auteur:
Internet
Années: 1985 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: R
Profession et précisions: tous
Continent – Pays: Tous
Info:
homme-animal
Fervent défenseur de la nature et auteur de best-sellers Lawrence Anthony vivait à Thula Thula en Afrique du Sud. Très connu pour son action en faveur des animaux du zoo de Bagdad et du rhinocéros blanc, il avait reçu de nombreuses distinctions internationales.
Son dernier livre, "L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants" raconte l'histoire de pachydermes sur une réserve de chasse. Alors qu'un troupeau d'éléphants allait être massacré à cause des dangers qu'il représentait pour les populations locales, Lawrence Anthony, réussira à les protéger, principalement par sa relation privilégiée avec la matriarche qui conduisait le troupeau : Nana. Le 7 Mars 2012 Lawrence Anthony décéda d'une attaque cardiaque en plein sommeil a 61 ans, laissant son épouse et ses 2 fils.
Deux jours après son décès, des éléphants sauvages arrivèrent non loin de son domicile, mené par deux grandes matriarches, dont Nana. D'autres groupes sauvages vinrent séparément pour se rassembler à proximité du logis de l'humain qui les avait protégés. On dénombra 31 éléphants qui avaient marché plus de 20 km pour venir.
Lawrence racontait comment Nana "savait" quand il revenait de ses nombreux voyages. Elle venait lui dire bonjour, souvent de loin.
Françoise, la femme de Lawrence, raconte que ce qui l'a frappée c'est que les éléphants n'étaient pas venus en groupe dans les parages depuis plus de 3 ans. "Ils sont restés dans les environs pendant 2 jours et 2 nuits sans rien manger, puis, un matin, ils sont repartis", a-t-elle précisé.
J'ai envie ici de connecter cet article avec le beau texte de Koestler ou il est évoqué une "interdépendance" entre les êtres qui nous échappe. J'aime à croire qu'avec les éléphants de la réserve de Thula Thula nous en avons eu un exemple.
Auteur:
Mg
Années: 1958 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: musicien, compilateur, sémioticien, directeur, guitariste, compositeur-chercheur, entrepreneur, astacologue, écrivain, imprimeur-éditeur-producteur, linguiste, père de famille, chansonnier, politicien très local, brocanteur, bûcheron, agent-couchettes...
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
26 mars 2013
[
parapsychologie
]
chanson paillarde
Père Dupanloup dans son berceau, (2ex en écho)
Bandait déjà comme un taureau (2e x en écho)
Pour satisfaire ses caprices,
Il baisait déjà sa nourrice
(refr) Zut, merde, pine et boxon,
Père Dupanloup est un cochon.
Père Dupanloup dans la cuisine, (x2)
Battait les œufs avec sa pine. (x2)
Nom de Dieu, dit la cuisinière,
Fous-la moi donc dans le derrière.
(refrain)
Père Dupanloup monte en ballon, (x2)
Mais il avait l'système si long, (x2)
Qu'à trois cents mètres dans l'atmosphère
Ses couilles trainaient encore par terre.
(refrain)
Père Dupanloup monte en bateau, (x2)
Mais il avait l'organe si beau, (x2)
Qu'il avait bien cent mille grenouilles
A lui sucer la peau des couilles.
(refrain)
Père Dupanloup dans un wagon (x2)
Se conduisait comme un cochon. (x2)
Passant sa bite par la portière,
Il éborgna le garde-barrière.
(refrain)
Père Dupanloup à l'Institut, (x2)
Ne voulait voir que des culs nus. (x2)
Pour respecter les bonnes manières,
Il enculait tous ses confrères
(refrain)
Au passage d'la Bérésina (x2)
Le Père Dupanloup était là (x2)
Mettant sa bite sur la rivière,
Fit passer l'armée toute entière.
(refrain)
A la prise de la Smalah, (x2)
Dupanloup était encore là (x2)
On le chercha devant, derrière,
Il enculait les dromadaires.
(refrain)
Père Dupanloup dans son cercueil
Bandait encore comme un chevreuil.
Avec sa pine en arc de cercle
Il voulait faire sauter le couvercle.
(refrain)
Auteur:
Internet
Années: 1985 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: R
Profession et précisions: tous
Continent – Pays: Tous
Info:
[
musique
]
[
tradition salace
]
[
art populacier
]
[
grossièreté
]
coup d'un soir
[...] elle m’a ramené
chez elle, un endroit très chic
avec deux lits, parquet ciré
dans la cuisine, et une télé qui se déplaçait
comme un tigre, alors j’ai déposé les steaks,
le whisky et les bières sur la table,
ensuite on a mangé, elle a fait une bonne salade,
on a descendu quelques verres en regardant
le tigre se déplacer et puis j’ai cassé l’ambiance
j’ai dit à l’abeille que j’étais en train de mourir,
qu’ils m’avaient brisé les ailes,
que poursuivre me semblait peine perdue,
que la picole me conduisait juste
d’échec en échec,
mais ça elle ne l’a pas compris,
et plus tard sur le lit,
elle m’a grimpé dessus
cette abeille
je lui ai empoigné les fesses
et c’était assez réel, elle avait le dard
baissé, et j’ai dit,
magnifique o magnifique
mais je pouvais rien faire,
j’étais en train de mourir et elle était morte,
et plus tard une fois rhabillés,
je lui ai dit au revoir à la porte,
j’ai dit pardonne-moi, et puis la porte
m’a claqué au nez
alors j’ai traversé le hall en courant j’ai couru
dehors en mal d’oxygène
ces petits yeux de pierre cliquetaient dans
ma tête, alors j’ai pris la route
30 bornes vers le sud jusqu’à la plage
arrivé là je me suis posté sur la jetée
j’ai regardé les vagues,
imaginé de gigantesques batailles navales,
je me suis changé en sel en sable en son,
et rapidement les yeux ont disparu
alors j’ai allumé une cigarette,
j’ai toussé, et marché
vers la voiture.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019
[
baise
]
[
impuissance
]
[
femmes-hommes
]
[
terreur
]
après coup
J'ai manqué les deux dernière semaines parce que j'ai été enlevé par un groupe d'écureuils complètement cinglés qui m'ont kidnappé avant de m'enfermer dans une pièce sombre et froide. Heureusement il y a eu un tremblement de terre et j'ai pu m'échapper et courir vers une cabine téléphonique pour vous appeler. Mais par dommage, pile au même moment, il y eut une éclipse de soleil, et l'obscurité m'a fait me perdre de sorte que je suis tombé dans une grande caisse en bois qui a été mise immédiatement dans un bateau en partance pour les USA. Là-bas j'ai été arrêté comme illégal et mis en prison pour deux jours avant d'être extradé vers la France. J'allais arriver chez moi quand un camion fou m'a renversé, et j'ai eu les 2 jambes abîmées. L'ambulance qui me conduisait à l'hôpital a alors percuté un van et le choc m'a éjecté et propulsé dans la mer. La, heureusement, un groupe de dauphins a pu me sauver la vie et m'a ramené en Angleterre. Mais du coup je n'avais plus mes papiers. J'ai essayé de l'expliquer mais mon anglais est tellement mauvais qu'ils ont compris que je préparai une mission secrète pour déstabiliser leur gouvernement. Donc je me suis à nouveau retrouvé en prison. Heureusement j'y ai trouvé une cuillère en acier qui m'a permis de creuser un trou pour m'échapper. Après quatre jours de planque à Brighton, j'ai réussi à trouver un bateau et à me cacher dedans. Manque de pot, ce bateau a heurté un rocher et a coulé à mi-chemin dans la manche, ainsi ai-je du m'accrocher à un morceau de bois et attendre et me laisser dériver jusqu'au Havre. Deux jours ont passé et finalement j'ai vu la terre. Sur le rivage, j'étais sans connaissance. Je ne savais plus trop ou j'en étais. Un pêcheur m'a porté dans sa petite maison où, avec son épouse, ils m'ont nourri et redonné la santé. Je souffrais aussi d'un peu d'amnésie. Alors, après trois jours, ils m'ont amené à la police qui m'a arrêté - vous n'allez pas me croire - parce que je ressemble à un gangster célèbre. Bref il a fallu les convaincre que je n'étais pas la bonne personne. Ils m'ont laissé partir et j'ai pu rentrer à la maison. Mais, à cause de tous ces malheurs j'avais perdu mes clefs. Alors j'ai dû escalader le mur pour atteindre une fenêtre ouverte et suis tombé, me cassant un bras. Donc, si tout va bien, je serai là la semaine prochaine.
Auteur:
Internet
Années: 1985 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: R
Profession et précisions: tous
Continent – Pays: Tous
Info:
[
enfumage
]
[
provocation
]
lectures
Je lus tous les livres de D.H. Lawrence. Cela m'amena à d'autres. Cela m'amena à H.D. la poétesse. Et puis à Huxley - le plus jeune, l'ami de Lawrence. Tous ces livres qui m'arrivaient dessus ! Un livre conduisait à un autre. Arriva Dos Passos. Pas très bon, non, vraiment, mais assez bon quand même. Il me fallut plus d'une journée pour avaler sa trilogie sur les U.S.A. Dreiser ne me fit rien. Mais Sherwood Anderson, alors là, si ! Et puis ce fut Hemingway. Quels frissons ! En voilà un qui savait pondre ses lignes. Quel plaisir ! Les mots n'étaient plus ternes, les mots étaient des choses qui pouvaient vous faire chantonner l'esprit. Il suffisait de les lire et de se laisser aller à leur magie pour pouvoir vivre sans douleur et garder l'espoir, quoi qu'il arrive.
Mais retour à la maison
"EXTINCTIONS DES FEUX ! " hurlait mon père.
C'était les Russes que je lisais maintenant, Gorki et Tourgueniev. Mon père avait pour règle que toutes les lumières devaient être éteintes à huit heures du soir : il voulait pouvoir dormir pour être frais et dispo au boulot le lendemain. A la maison il ne parlait que de ça. Il en causait à ma mère dès l'instant où il franchissait la porte et jusqu'au moment où ils s'endormaient enfin. Il était fermement décidé à monter dans la hiérarchie.
"Bon alors, maintenant, ça suffit, ces putains de bouquins ! Extinction des feux !"
Pour moi, tous ces types qui débarquaient dans ma vie du fin fond de nulle part étaient la seule chance que j'avais d'en sortir. C'étaient les seuls qui savaient me parler.
"D'accord ! D'accord !" lui répondais-je.
Après quoi, je prenais la lampe de chevet, me faufilait sous la couverture, y ramenais l'oreiller et continuais de lire mes dernières acquisitions en les appuyant contre l'oreiller, là, en plein sous la couvrante. Au bout d'un moment, la lampe se mettait à chauffer, ça devenait étouffant et j'avais du mal à respirer. Je soulevais la couverture pour reprendre un bol d'air.
"Mais qu'est-ce qui se passe ? Ca serait-y que je verrais de la lumière ? Henry, tu m'éteins tout ça !"
Je rabaissais la couverture à toute vitesse et attendais le moment où mon père se mettait à ronfler.
Tourgueniev était un mec très sérieux mais qui arrivait à me faire rire parce qu'une vérité sur laquelle on tombe pour la première fois, c'est souvent très amusant. Quand en plus la vérité du monsieur est la même que la vôtre et qu'il vous donne l'impression d'être en train de la dire à votre place, ça devient génial.
Je lisais mes livres la nuit, comme ça, sous la couverture et à la lumière d'une lampe qui chauffait. Tous ces bons passages, je les lisais en suffoquant. Pure magie.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Souvenirs d'un pas grand-chose
[
enfance
]
[
hiérarchie
]
[
réflexivité
]
[
littérature
]
[
écrivains
]